Kilo-drames TOME II

By MohamedLMClt

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La perte est une peste, va-t-elle la surmonter ou s'enfoncer ? More

Partie 1 - « La mort n'arrête pas l'amour. »
Partie 2 - « Comment vivre ? »
Partie 3 - « Un janvier different. »
Partie 5 - « Se comprendre »
Partie 6 - « Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain. »
Partie 7 - « L'amour est sensé nous enrichir »
Partie 8 - « Le temps d'un instant »
Partie 9 - « Boum... Boum... Tachychardie »
Partie 10 - « Parce que tu m'aimes. »
Partie 11 - « L'Amour des maux. »
Partie 12 - « Devenir sa femme »
Partie 13 - « Une rencontre »
Partie 14 - « Les jeunes mariés »
Partie 15 : « Le coeur supplicié »
Partie 16 - « L'ombre brisée »
Partie 17 - « Nid à problème »
Partie 18 : « Son coeur dur s'immole »
Partie 19 - « Le premier amour... »
KILO-DRAMES PARTIES FANTÔMES
KD #3 ALTERNATIVE // Partie 20 // Les souvenirs.
Partie 21 : « Désir ou désillusion »
Partie 22 : « Les battements de son coeur »

Partie 4 - « Une pilule dure à avaler »

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By MohamedLMClt

Désolée du retard.
En espérant que cette longue partie vous plaise.
J'attends vos commentaires avec impatiences.
Sachez que ce sont vos commentaires qui me motivent à écrire plus vite.  Surtout ce TOME II.
Donc n'hésitez pas à donner vos avis.
Bonne lecture.
________________

Je ne m'y attendais pas à celle-là. En fait, je ne m'attendais pas à ce genre de journée. Tout est inattendue. La présence de Djibril. La présence de Junayd. Junayd... Junayd... enfin Serpent. Je ne m'attendais pas à l'avoir face à moi, aujourd'hui, surtout pas dans dans la même voiture, et encore moins, dans le bijou de mon responsable. Tout sonne faux.

Comment peut-il se permettre ? En soi... il ne fait rien de mal, il vient chercher des comptes. T'as quand même failli le réduire en chair à pâté, me susurre ma pensée.

Pendant une fraction de seconde, je me suis surprise à jeter un œil sur lui. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu de si près.

Quelque chose en lui a changé. J'ai l'impression qu'il a pris de l'âge. Je pense que c'est sa barbe bien fournie et mal entretenue qui donne cet effet. Ses cheveux ont poussé. Ils ont l'air de chercher leur place sur sa tête : bon, c'est pas un grand changement, ça a toujours été le cas.

Par contre ses yeux vairons n'ont pas bougé d'un iota. Tu croyais quoi ? s'interpose mon esprit, qu'ils allaient changé de couleur ? Ils sont encore plus beaux que dans mes souvenirs. Ce vert émeraude et ce noir mystérieux me fascineront toujours autant. Une chose m'attriste : ses yeux sont assombris par la fatigue. Ils sont abîmés par le temps ou les soucis. Ou toi... m'assène mon double maléfique se trouvant dans mon crâne.

Je ne pense pas être le centre de ses pensées malgré ce qu'il s'est passé entre nous...

Ces quelques secondes ont eu l'air de durer une éternité.

Il semble énervé. Il y a de quoi : j'ai failli mettre un terme à sa vie.

Plutôt que d'ouvrir la bouche pour m'excuser, je me contente de détourner le regard.

J'analyse la neige s'échappait du ciel. Je ne sais pas trop quoi lui dire. La situation est gênante.

Être dans cet habitacle avec lui me déstabilise. La dernière fois qu'on s'est vu, je n'étais pas maître de moi-même. Il ne cherchait rien d'autre que me faire du bien, comme il l'a toujours fait, et, j'ai été odieuse.

- Alors ? me dit-il.

- Quoi ? répondis-je surprise qu'il m'ait arraché de mes réflexions.

- Je sais pas, t'as juste failli me tuer non ?

- Ah oui...

- Eh, détends-toi, me demande-t-il en laissant émaner un petit rire de sa bouche - sa main se pose sur mon épaule comme pour me détendre - J'attendais juste des excuses, j'suis pas là pour t'étrangler.

Mes yeux s'abaissent en direction de sa main. Il la retire en riant. Une nouvelle fois. Je me demande s'il n'est pas sous substance illicite : quand il est rentré, il semblait énerver et là, il rigole à tout va.

Je n'arrive pas à décrypter son état.

- T'as perdu ta langue.

- Je suis désolée.

- Voilà ! C'est simple t'as vu ? - voyant que j'ai aucun mot à rajouter, il continue - Elle est a qui cette gov' ? C'est quelque chose ! dit-il en tapant contre le tableau de bord.

J'ai vu mon cœur se détacher. Il n'a pas donné un petit coup ! Il veut ma mort ? On m'a demandé d'en prendre soin.

- À mon boss, répondis-je spontanément.

- Tu conduis la gov' de ton patron ze3ma ? Tu te fous de ma gueule ?

Je bouge la tête de gauche à droite.

- Explique.

- Hein ?

- Bah explique. Comment ça se fait que toi, petite tête, tu conduis la voiture de ton boss ? J'sais pas, j'ai du mal à saisir le truc là.

Il me parle comme s'il ne s'était rien passé ces derniers mois. Ça me déroute ! Je ne sais pas quoi lui dire. Le silence devient mon meilleur ami à ce moment-là et je le regarde. Un sourire se dessine à nouveau sur son visage.

Ses doigts claquent pour me sortir de mon état.

- T'as encore perdu ta langue ?

- ...

- Décidément. Je suis si perturbant que ça ?

- Hein ?

- Je t'ai connu plus bavarde. Depuis qu'on est là t'as plus sorti de « hein » qu'autre chose. Dis-moi si je dois chercher ta voix quelque part.

- Je... il...

Pour moi, cette conversation n'a ni queue ni tête. Je suis peut-être la seule à le voir.

- On dirait que t'as oublié ma question. Alors. Je t'ai demandé, comment ça se fait que tu conduis la voiture de ton patron ?

- Il est venu me rendre quelque chose et j'ai dû l'accompagner à la mosquée du quartier. Au final, il m'a demandé de rester avec sa voiture et voilà.

- Tu vois que c'était facile ? - en souriant - Dis-moi où tu taf parce qu'il est bien gentil ton chef, et en plus, il a du goût.

Il admire la voiture et finit par déposer ses yeux sur moi.

- Vas-y je taille parce que s'il me voit là, t'auras des problèmes. Prends soin de toi ! me dit-il en ouvrant la portière.

- Serpent ?

- Ouais ?

Il ne m'a pas contredis par rapport à son prénom :

- Tu vas bien ?

- Beaucoup mieux.

Il a fermé et est parti. Je l'épie du mieux que je peux : il sort le plus naturellement possible, l'une de ses barrettes, la porte à ses lèvres, la protège du vent avec ses mains et l'allume. Une fumée épaisse en sort. La neige rend cette scène poétique. Il se dirige vers son bâtiment et s'y engloutit.

Il a vraiment repris sa vie.

Je démarre.

Djibril m'attend avec un sourire de gladiateur. On aurait dit qu'il avait gagné une bataille. Malgré l'emploi d'un champ lexical de guerre pour exprimer ce que je ressens quand je le vois : il respire l'apaisement. Je descends et lui tends ses clefs. La neige tendre de tout à l'heure se transforme petit à petit en une mini-tempête.

- T'as écrasé qui ?

- Comment tu... ?

- T'as écrasé quelqu'un ? Je sortais une connerie et ta réaction ! Oh non.

- J'ai failli écraser quelqu'un mais tout va bien, t'inquiète pas, la personne va bien.

- Tu lui as pas fais de mal rassure-moi ? me demande-t-il en prenant ses clefs.

- À qui ? La personne ou ta voiture ?

- Ma voiture, logique !

- T'es vraiment un monstre à tes heures perdues !

Je me mords la langue. Il me regarde en ricanant. Je suis devenue tellement familière avec lui que j'oublie à qui j'ai à faire.

- Enfin, tu me considères un peu plus.

- Je dépasse les bornes surtout.

- Qui a instauré ce climat ? Moi. Donc t'en fais pas. J'aime bien. Si tu vas trop loin un jour, je te le ferais savoir en te virant. Simple et efficace.

- Tu te crois drôle ?

- Je le suis ?

- C'est ça que d'être trop familier avec celui qui nous paie après on finit la corde autour du cou.

- Je te virerais qu'en cas de force majeur et non pour nourrir ma colère. On ne mêle pas le professionnel dans le personnel.

- Pardonnez-moi Monseigneur, dis-je. Retourne à ton château Le Monarque, ta calèche risque d'être ensevelie de neige et ton égo surdimensionnée également.

- J'ai l'air d'un monarque ?

- Non, dis-je en grimaçant, j'avoue qu'il y a un gros décalage avec la tenue mais...

- J'ai le portefeuille et la grande maison.

- Voilà, même si je tiens à avoir une réserve sur la grande maison.

- Faut la voir pour y croire ?

- On a pas besoin de beaucoup parlé avec toi, tu comprends tout du premier coup.

J'esquisse un sourire en coin. Je sens mes cheveux devenir un nid de flocon tandis qu'il se contente de s'adossait contre le capot de sa voiture, les bras croisés. Je mets ma capuche. La neige n'a pas l'air de le déranger le moins du monde.

- Regarde. Le Monarque peut très bien rester dans le pe-tit village de Cendrillon sans sourciller, dit-il en insistant sur le terme petit.

- C'est qui que tu traites de Cendrillon ?

Il regarde de gauche à droite puis fais un geste de la tête, pour montrer, devant lui.

- La jeune femme là.

Comme une idiote, je me retourne. Il n'y a personne derrière-moi. Quand je me retrouve face à lui, je constate son doigt pointé vers moi.

- Cendrillon ? Tu connais le début et la fin de Cendrillon, parce que, j'ai pas du tout la même histoire qu'elle. Al hamdullillah, rajoutai-je pour éclipser la tristesse de mes mots.

- Raconte moi ton histoire alors.

- Depuis quand un responsable cherche à connaître la vie de ses employés ?

- Je cherche à connaître la vie de mes employés les plus intéressants.

- J'ai quoi d'interessant ? dis-je du tac au tac.

- Les absences.

- T'es prof ?

Il sourit.

- Ça paie pas très bien donc évite de me confondre.

- Arrogant en plus ? - en souriant -

- Ça a le mérite de te faire sourire.

- Bon, j'vais y aller avant d'attraper froid à cause de tes penchants psychologues.

- Tu veux me réduire à...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que son téléphone sonne.

- Oui Mademoiselle ? J'arrive... je suis arrivé, il y a tout juste... - il attrape mon bras avec ma montre et regarde l'heure sans aucune gêne - quelques heures...

Il me lâche en mettant une main dans sa poche. Tout ça pour ne donner aucun détail précis sur l'horaire.

- Tu sais que je suis KO là ? Le temps que je fasse un détour vers chez toi... je sais... on va se voir t'inquiète !... arrête avec tes crises... je t'ai promis de te ramener quelque chose, je sais... bah voilà... vas-y j'arrive... si tu raccroches pas dans trois, secondes, je vois avec ton père et notre accord sera terminé... 1, 2,....

Il range son téléphone et me regarde :

- Alors on en était où ?

- C'était ta copine ?

- Ma quoi ? s'interroge-t-il étonné.

- Bah ta copine. Ta petite-amie si tu préfère ?

Au point où on en est autant chercher à en savoir un peu plus sur lui. Tant qu'il ne cherche pas à creuser de mon côté, tout va bien.

- C'est plus que ma copine.

- Ta femme ?

- T'écoute vraiment pas quand je parle.

- Tu dis tellement de choses que je loupe le 3/4, excuse-moi, le Monarque.

- Je vais répondre à cette provocation en t'excusant et en mettant tout ça sur la faute de tes absences et... j'ai failli oublier du fait que la cour fait toujours semblant d'écouter les rois.

- Ha-ha.

- C'était ma nièce, la troisième femme de ma vie.

- T'en as combien pour qu'elle soit que en troisième position ?

- Trois : ma mère, ma petite sœur et ma nièce.

- T'as une sœur ?

- Non.

Je l'interroge avec mes yeux.

- Question bête, réponse bête.

- T'es vraiment chiant.

- Arrogant, chiant, c'est quand que j'ai au moins le droit à une qualité venant de toi ?

Un rire s'échappe de ma bouche.

- Puis-je prendre congé Monarque ?

- Tu peux y aller parce que si t'as un arrêt maladie, la boîte va moins tourner et mon portefeuille va prendre chère.

- L'argent, toujours l'argent.

- Qui n'aime pas l'argent ? C'est ce qui fait tourner le monde.

- Oui mais c'est ce qui cause des guerres auss...

Je bloque. Un souvenir me revient en tête... j'ai eu la même conversation, il y a quelques mois, avec Serp.... j'ai déjà eu cette discussion.

- Bon, je vais y aller, avant de finir engloutis par le sable mouvant d'absence qui commence à te prendre.

Il me décoiffe d'un geste enfantin avant de me faire un signe de la main. Il monte dans sa voiture. Je reste stoïque. Je me réveille au moment où klaxonne. Il me fait un signe de la main d'une manière très hautaine pour que je dégage de la route. Son second degré très dérangeant ? Je commence à m'y habituer. Il s'arrête à mon niveau et baisse sa vitre :

- Une absence égale des milliers de questions sans réponses. Parfois, faut éviter de s'en poser pour ne pas sombrer.

Il démarre en trombe avec la musique à fond. Il n'a pas tort. Je n'arrête pas de m'interroger dès que quelque chose ressemble de près ou de loin à mon passé.

Dans cette semi-tempête de neige, j'aperçois au loin Léna. Elle marche en direction de chez l'homme avec qui j'étais quelques minutes auparavant et avec qui elle s'était prise la tête sur le parking. Leur dispute sur le parking était donc anodine.

Ces deux-là finiront sûrement ensemble.

| Mercredi |

Lundi avant d'aller au travail, je suis partie déposer mon collier pour qu'on me le répare. Aujourd'hui, après avoir fini tous mes dossiers en attente, je peux enfin récupérer mon bien. Ne plus l'avoir autour du cou me donne l'impression d'être nu, de ne plus être moi-même. À défaut de ne plus être dans ma vie, il existe à travers ce bijou. Notre bijou.... Les yeux braqués sur mon ordinateur, je me laisse embarquer dans un amas de souvenirs. Je sais que je ne devrais pas dans mon lieu de travail, mais, c'est plus fort que moi.

- Rihanna ?

- Mmh ?

- T'as fini ce que je t'ai demandé ?

La voix grave et imposante de Djibril me sort de ma phase de rêverie. Il s'assoit sur mon bureau en attendant une réponse. Je lui tends le dossier. Il le parcours à la manière d'un roi, en mettant beaucoup de grâce dans chacun de ses gestes. Toute cette mascarade pour me sortir de mes gonds :

- Tout est bon Monarque ?

- J'aurais fais mieux mais j'accepte ce que tu me proposes Rihanna.

Quelqu'un se racle la gorge. Abdallah. Celui qui m'a embauché, et, le grand-frère de Djibril.

Le Monarque, comme je l'ai surnommé depuis ce jour-là, se contente de le regarder, comme s'il était en train de le déranger. Son audace me choquera toujours.

- Tu travailles ou tu discutes ?

- Je peux faire les deux Abd, tu m'as limite élevé et tu connais toujours pas mes talents ?

- Dans mon bureau, tout de suite ! enchaîne Abdallah d'une voix ferme. Dès que vous avez fini les filles, vous pouvez partir.

Erica et moi opinons du chef. Le boss des boss s'en va. Djibril descend de son trône, qui est mon bureau. Ses yeux sont révulsés.

- À votre avis, quel crime j'ai commis ?

- Y en a tellement, que je peux pas choisir, lui répond Erica.

- Alors toi Rica, tu mérites... Rien. T'en vaux pas la peine.

- Quoi ? T'as posé une question, je réponds.

Je pouffe de rire. Il tire une tête mémorable.

- Continue à me chercher, je vais te pendre par les pieds.

Elle fait un signe avec son pouce et son index pour fermer sa bouche et jeter la clef.

- Bon travail Rihanna ! me dit-il en me tapotant l'épaule avant de s'en aller.

- Vous avez toujours été comme ça ? demandai-je.

- Chien et chat depuis qu'on se connaît. Crois-moi que je supporte pas le plus compliqué, Ousmane est pire que lui ! Heureusement que la finalité, entre Ousmane et moi, c'est le mariage, sinon je l'aurais jeté deeeeeeepuis. In-su-pp-or-table !

- C'est des meilleurs potes c'est ça ? - en rigolant -

- Oui depuis petit.

- Qui se ressemble s'assemble, dis-je.

On s'échange un sourire avant de reprendre nos occupations respectives.

Dès que j'ai fini, je prends les transports pour aller récupérer mon collier. On me l'a très bien rafistolé. Et dès que je l'ai eu, je l'ai mis autour de mon cou. Je vais y faire attention parce que cette fois-ci, si je le perds, je risque de ne pas avoir un Djibril pour me le ramener.

Après l'avoir récupérer, je vais en direction de son quartier. À chaque fois que je mets un pied ici, j'ai l'impression de replonger. Je n'arrive pas à résister. Je veux être à ses côtés. J'ai besoin de me retrouver avec son environnement pour le sentir. Et pour cela, je dois passer par chez lui. Comme toutes les fois où je viens par ici, je retrouve les mêmes têtes brûlées. Il me salut comme si j'étais une habitante de leur quartier.

Sam fait parti des hommes présents. Il se contente de me faire signe de la tête. J'esquisse un rictus. En grimpant les marches, je tombe sur Adama.

- Salam Adama.

Il ne m'adresse pas un regard, ni un mot. Il descend les escaliers comme s'il ne m'avait pas croisé. Je suis un fantôme pour lui. Je suis inexistante à ses yeux. Je n'insiste pas avec lui pour ne pas le brusquer et surtout pour ne pas me ramasser une réponse violente.

Je passe le reste de ma fin de journée avec toute sa famille. Je suis la bienvenue pour tous ses autres frères et sœurs. On joue à des jeux de société. Je les aide à faire leur devoir.

Je mange avec eux avant de rentrer à la maison.

Spontanément, arrivé en bas, je suis Sam. Il me ramène chez moi dans un silence abyssal. C'est notre petite routine. Il ne me laisse jamais rentrer seul, surtout quand la nuit surplombe la ville. C'est comme un devoir pour lui. Notre relation se résume à ces petites attentions.

Il me dépose à quelques mètres de chez moi. Je le remercie et je pars.

Arrivée à la maison, j'entends du brouhaha au salon. Il y a Riad et Serena. Je m'attendais pas à les voir aujourd'hui. J'embrasse mes parents et file dans les bras de mon frère. Je lui ai tellement fais vivre la misère que j'essaie de me rattraper du mieux que je peux. On reste quelques temps ensemble avant que je me faufile dans ma chambre pour me changer.

Je commence à plier les vêtements que j'avais abandonné sur mon lit. Quelqu'un frappe à la porte :

- C'était qui le mec au 4x4 qui était venu dans le quartier. T'as même conduis sa voiture, me demande Riad en avançant son fauteuil roulant jusque moi.

- Comment tu sais ?

- Je sais tout Reha. Alors ?

- Mon responsable.

- Ton responsable ? Au taf ?

- Oui.

- Comment ça se fait qu'il vient ici et qu'il te passe sa gova ?

- Il était venu me ramener quelque chose que j'avais perdu et les circonstances ont fait que, dis-je en rangeant mes vêtements dans mon armoire.

- Qu'est-ce qu'il te veut ?

- C'est pas quelqu'un comme ça.

- Il est comment alors parce que je comprends pas le but. Le mec c'est ton patron, pas ton pote.

- Bah il est comme ça. T'en fais pas pour moi.

- Je m'en ferais toujours pour toi microbe.

- Tu me manques tu sais ? dis-je en m'asseyant sur mon lit pour lui faire face.

- Tu me manques aussi Reha. Tu veux que je vienne plus ?

- Tu veux que ma belle-sœur me haïsse ?

- Je te haïrais jamais, je suis ta plus grande fan.

Serena vient nous rejoindre. On passe un beau moment ensemble. J'éprouve un malin plaisir à les charrier.

| Samedi |

Je suis chez Kadiatou avec Racky et quelques copines du lycée. Notre Kadia internationale se marie la semaine prochaine. Tout le quartier est invité. Elle se marie en hiver. Depuis le lycée, elle nous rabâche, qu'elle veut se marier un hiver enneigé. Bon la neige n'est pas vraiment présent ces temps-ci mais le plus important c'est que tout se passe en hiver.

Toutes les filles sont là, y compris, sa meilleure amie Camilla. L'ambiance bat son plein. C'est son enterrement de vie de jeune fille. Qui dit EVJF dit amusement.

Après toutes les festivités, on s'assoit par terre avec nos chips et nos boissons. Nous formons un cercle. On dirait une petite secte. Je suis à côté de Racky. Ma sœur de cœur a un petit ventre qui commence à se former. 4 mois de grossesse déjà. Dans quelques temps, on va savoir si c'est une petite fille ou un petit gars.

- Après moi, je pense, qu'on va perdre Camilla, dit Kadiatou. Le mariage a l'air de flotté dans l'air.

- Ferme-là ! crie Camilla en lui donnant une tape dans le dos.

- Raconte ! s'intéresse Sarah.

- Il y a rien du tout, elle se fait des films.

- Tout ce que j'ai comme indice pour vous c'est : yeux vairons. Prenez cette indice et faites en ce que vous voulez, enchaîne Kadia avec un sourire aux lèvres.

- Serpent ? crie tout le monde en chœur.

Mon cœur commence à battre irrégulièrement quand j'entends son surnom. Un noeud se forme dans ma gorge et dans mon ventre.

- Il y a rien du tout, elle se fait des films je vous dis !

- Il y a pas de fumée sans feu, rajoute Racky en souriant.

- Bon, je vous fais confiance les filles. On s'est juste parlé quelques fois, rien de bien méchant. Il est gentil et puis c'est tout.

Pour quelqu'un qui voulait rien dire elle vend vite la mèche, médit ma pensée.

Ne me mêlez pas à cette conversation...
ne me mêlez pas à cette conversation...
Ne me mêlez pas à cette conversation... martèle mon for intérieur.

Mon cœur va imploser dans ma poitrine.

- Il toujours été gentil comme tu dis mais parlé avec une fille du quartier c'est pas son genre donc... je pense qu'il t'apprécie bien ! dit Kadia. Crois-moi t'as une chance.

- Je pense pas. T'as oublié sa petite copine mannequin ?

- Tu penses vraiment qu'il va présenter cette meuf à sa mère ?

- Pourquoi pas ?

- Tout ce que j'ai à dire c'est ne te mets rien de concret dans la tête, on ne sait jamais, s'interpose Racky. Il ne faut pas que tu finisses déçu.

- Oui je sais... t'en penses quoi Reha ?

Pas ça putain !

- J'en pense rien.

- Tu le connais un peu, j'aimerais bien savoir, si tu penses que cette fois-ci j'ai une chance, insiste Camilla.

Elle fait référence à la dernière conversation qu'on a eu.

- On ne connaît pas vraiment les gens, dis-je.

- T'as une idée quand même.

- Non, désolée.

J'aime pas du tout cette discussion. Je les laisse continuer. Je trouve une excuse pour respirer dans une autre pièce. J'étouffe. Je me faufile dans la cuisine. Je me prends un verre d'eau.

- Ça va ?

- Oui Racky, t'inquiète pas.

- T'es pâle.

- C'est juste que je suis fatiguée, rien de grave.

- Je te connais comme ma poche.

- T'inquiète pas. N'oublie pas que le stresse peut perturber ma future fille.

- On sait pas si c'est une fille hein, dit-elle en se caressant le ventre.

- Je le sens bien moi.

- Vous venez les filles ? nous interrompt Kadia. On va danser un peu.

Des musiques indiennes s'échappent du salon.

- T'as vendu ton pays pour le Pakistan et l'Inde, lui rappelais-je en ricanant.

- Non juste je porte de l'intérêt au pays de mon futur mari. J'espère que vous avez récupéré vos tenues chez le couturier !

- On a tellement été menacé que oui t'en fais pas pour ça chef !

- Vous venez vous faire maquiller chez moi.

- Carrément ? dis-je.

- Oui, je veux que toutes mes vraies copines du lycée soit des bombes. Vous avez intérêt à me faire honneur. Vous êtes des demoiselles d'honneur non ?

- Ne nous menace pas ! s'insurge Racky en se tapant une grande barre.

Tout se passe à merveille. J'ai beaucoup aimé ce moment qu'on a partagé malgré l'instant gênant.

La semaine passe à vitesse grand V.

| Jour du mariage de Kadiatou et Amâan |

Très tôt, je me suis retrouvée chez la future mariée. Elle a ramené trois maquilleuses. Son mariage doit vraiment être parfait. Elle demande même à voir nos maquillages à la fin pour donner son aval. Elle me fait tellement rire. Son stresse est contagieux mais d'une bonne manière, parce qu'au lieu de nous mettre dans le même état qu'elle, elle nous fait mourir de rire.

WAOUH ! C'est le mot qui sort de la bouche de tout le monde en voyant le résultat de ses heures de préparation : Kadia est resplendissante. Son maquillage, sa robe blanche, tout est parfait.

- Putain ! Vous êtes des bombasses, je meurs pour vous toutes ! s'exclame-t-elle.

Les larmes commencent à lui montrer lorsqu'elle voit sa mère et sa petite sœur.

- Pleure pas, tu vas gâcher ton maquillage, la menace sa mère.

L'instant est émouvant. Mes yeux s'humidifient mais je ne laisse rien couler. C'est pas le moment. Enfin si. Mais non. Je peux plus me voir ces gouttes d'eaux salés !

Avant de descendre, je me regarde dans le miroir. Je me sens différente dans cette longue et belle robe rouge. Le rouge à lèvre rouge me change beaucoup. Je n'en ai jamais mis de ma vie. Les demoiselles d'honneur ont été prié par la mariée de mettre du rouge pour la mairie. Les tenues ont été fais sur mesure. C'est pas le genre de chose que je porterais habituellement mais bizarrement j'aime bien le rendu.

Ahmed.

C'est lui notre chauffeur, du moins le mien et celui de Sarah. Costard, coupe au gel, sourire de tombeur mais il reste toujours le con qui me faisait chié au lycée !

- J'aurais bien aimé faire un signe positif pour dire que t'es bien mais est-ce que c'est mon genre ?

- Non donc abstiens-toi.

- Bon je vais être gentil !

Il me sourit.

Un doigt d'honneur me salut. Quel con !

Il remet sa cravate en place.

- Toi, t'es quelqu'un, dit-il en pointant du doigt Sarah. J'savais pas que tu pouvais rivalisé avec la lune !

- Merci pour le violon Ahmed mais je dirais pas la même chose de toi. Tu l'as volé où ta cravate ?

- Demande-moi et je l'enlève !

- Arrête tes conneries ! Allez on y va avant d'être en retard à la mairie. Rehana ?

- J'attendais juste qu'il finisse de te draguer.

Ahmed me menace du regard, en mode, ne gâche pas mes plans. Je lui tire la langue.

La mairie se passe bien malgré le temps incertain. Sur les escaliers de la mairie, je croise Serpent. Il discute avec Camilla. Il fait un geste qui me surprend : déplacer une mèche de cheveux de sa prétendante. J'ose pas du tout le regarder. Les questions commencent à fuser dans ma tête.

Je retrouve les filles pour la séance photo dans le hall.

Entre les photographies et le déplacement à la salle, avec les filles, nous sommes partis nous changer. On devait représenter le Nigeria pour l'entrée des mariées. La salle est divinement bien décorée : rouge et or. C'est digne d'un film Bollywood et Nollywood.

Nous nous sommes changés une dernière fois pour rendre hommage au Pakistan et à l'Inde. Nous sommes vêtus d'un beau sari mais pas comme ceux qu'on a l'habitude de voir : c'était une trois pièce. Une tunique longue asymétrique bleue et dorée, son pantalon et son long voile que j'ai mis sur mon épaule.

Ce mariage m'a permis de voyager, c'est le cas de le dire.

La salle était remplie. Le bonheur se lisait sur presque tous les visages mêmes les plus hypocrites. La musique bat son plein. Mehdi, Kadiatou et Camilla sont sur la piste de danse avec tout le monde. Les inséparables vont être séparé, puisque l'extravertie du groupe, est maintenant une femme mariée. Assise sur ma table, je les observe.

Camilla court vers une table. Elle s'assoit près de Serpent. Ils échangent des sourires que je n'arrive pas à attraper. La piste est bondée. Ahmed parle à Serpent. Il a l'air d'essayer de le faire bouger de sa chaise. En quelques secondes, il se lève et embarque avec lui Camilla. Cette dernière affiche une grande joie.

Il me disait ne pas être du genre à danser et là... il s'amuse. Il s'amuse vraiment. Après une trentaine de minute sur la piste, je les vois s'éloigner du groupe. Elle l'attrape par la main et l'emmène à l'extérieur. Je cherche les frères de Camilla. Ils ne sont pas là.

La curiosité me prend aux tripes. Je m'éclipse à mon tour. L'air frais me refroidit. Je les cherche du regard. En avançant juste un peu, je les retrouve dans un coin sombre en train de s'embrasser. La scène est étonnante parce que Camilla n'est pas ce genre de fille. Ce n'est pas qu'un baiser mais bien plus. Ses lèvres se baladent dans son cou. J'ai l'impression de rêver.

Et Léna ? Pensai-je.

Je décide de rentrer dans la salle. Je suis en état de choc. Racky vient vers moi en dansant. Pour ne pas éveiller les soupçons, je me mets à danser avec elle. Mon cœur se comprime à mesure que je danse.

Camilla nous rejoint un sourire béa aux lèvres.

4h30 du matin.

Je demande à Ahmed de me ramener. J'ai envie de rentrer chez moi. Il accepte sans ronchonner parce qu'il sait qu'il va se retrouver seul à seul avec Sarah. Je salue les mariés et prétexte un mal de ventre pour ne pas que Kadia le prenne mal.

En descendant de la voiture, j'aperçois Serpent. Seul. Il rentre chez lui. Ahmed me demande, non m'ordonne, de parler en son nom à Sarah. Pour qu'il me laisse tranquille, j'acquisse.

Je commence à monter les escaliers de chez moi. Je me rends compte de l'ampleur de ce que j'ai vu. Je m'assois sur les marches. Je tombe vraiment des nues. Quinze minutes s'écoulent et je n'ai aucune réponse à cette myriade de questions.

Je me lève et dévale les quelques escaliers qui me sépare de mon objectif : lui parler. Je me dirige d'un pas décider vers chez lui... il faut que je comprenne.

À force de vouloir comprendre, tu vas finir par te perdre ! Mais il faut que je comprenne... un combat entre mon moi extérieur et mon moi intérieur s'entame.

Je frappe de toutes mes forces.

- Qu'est-ce qu'il se passe putain ?! crie-t-il en ouvrant la porte.

J'entre sans y être invité. Je ferme la porte. Je suis essoufflée. J'ai marché tellement vite que j'ai mal aux pieds. Il a sa chemise entièrement déboutonné. Il était sûrement sur le point d'aller prendre une douche ou dormir.

- Il est 4h du sbah et t'es ici, qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il interrogatif mais ailleurs.

- À quoi tu joues ? demandai-je.

- À quoi je joue ?

- Tout à l'heure...

- Tout à l'heure ?

- T'étais avec...

- J'étais avec ? Abrège.

- Arrête de répéter tout ce que je dis !

Sa manière de répéter après moi me mets sur les nerfs.

- C'est toi qui est pas clair, tu fais des morceaux de phrases. Comment tu veux que je comprennes ? me questionne-t-il en se massant le front avec sa main droite.

- Tout à l'heure t'étais avec Camilla et vous vous êtes embrassés.

- Et ?

Il secoue sa tête comme pour reprendre ses esprits.

- Et ? T'es sérieux ?

- Où est le problème ?

- Tu embrasses une fille qui en pince pour toi alors que tu ressens rien pour elle ?

- T'as fais tout ce chemin pour ça ?

- Je veux juste comprendre.

- Y a quoi que tu veux comprendre ?

- Pourquoi tu fais ça ?

- J'en avais peut-être envie. T'as pensé à cette possibilité avant de débarquer chez moi ?

- Et Léna ?

- T'es venue jusqu'ici pour me faire la morale ? Vraiment ? dit-il en avançant vers moi.

Sa manière de m'approcher me perturbe. Il a les yeux rougis. Quand il est à quelques mètres, je sens une odeur : du shit. Mes yeux se promènent sur sa table basse. Une pilule rose et une canette de coca.

- Qu'est-ce que t'as pris ?

- Rien qui t'intéresserait.

- Recule s'il te plaît ! dis-je en essayant de crier.

- Chut, m'assène-t-il en posant son index à sa bouche, j'ai mal à la tête ! - en me pointant sa tempe - Chut, répète-t-il en posant son index sur mes lèvres. Chuuuuut.

- Recule... dis-je calmement.

- Je te gêne ? me chuchote-t-il.

- Qu'est-ce que t'as ?

- Pourquoi t'es là ?

- Recule s'il te plaît...

Ma tête cogne contre la porte.

- Dis-moi ce que tu veux comprendre.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

- T'es belle.

- Serpent...

- Junayd, Reha. Je m'appelle Junayd.

- S'il te plaît, je veux...

- T'embrasser.

Nos nez se frôlent, mon cœur s'emballe, je sens ses lèvres se rapprochaient des miennes dangereusement.

- J'en ai vraiment envie...

- ...

- Mais je peux pas...

- S'il te plaît...

- Qu'est-ce que tu veux savoir Rehana ? me chuchote-t-il en me regardant dans le blanc des yeux.

Le sentir tout proche de moi me rend vulnérable. Il fait rejaillir en moi quelque chose que je veux enfouir. Sentir sa respiration tout près de moi me procure des frissons...

- Pourquoi Camilla ? Et Léna ?

- Parce que je peux pas faire autrement.

- Tu leur fais du mal.

- Je leur ai rien promis.

- ...

- C'est à cause de lui. Il t'a emmené avec lui hein ?

- T'es pas dans ton état normal.

- Pourquoi avec toi je peux pas ?

Ses lèvres veulent toucher les miennes mais sont interdites. Elles n'arrivent pas à destination. Lentement, elles finissent par toucher mon front.

Tendrement.

Longuement.

Je ferme les yeux et curieusement je profite de ce moment de tendresse.

- Rentre chez toi, dit-il en ouvrant la porte, t'as rien à faire ici.

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