Six heures plus tard, à la Gare du Nord, à Paris...
Je vais la tuer. À mains nues.
Qui ça ?
BLUE ! Ça fait une heure et demie que je poireaute à la Gare du Nord, et je ne vois toujours pas d'amie à l'horizon. Je vais finir par croire qu'elle m'a définitivement abandonnée.
Puis ce sera Megan, Eliott et les autres...
Martine, Gérard...
Non. S'il y a bien quelqu'un qui ne me laissera jamais tomber, c'est Gégé !
Rozy, alors. Et mes parents, et toute la #TeamEmy...
Pile au moment où je commence à désespérer, la sonnerie de mon téléphone retentit.
« Elle a l'regard qui tue Tchikita, cheveux longs comme Nikita. Si elle me quitte pas, j'la quitte pas ! Tchikita, Tchikita ! »
Malheureusement, un numéro inconnu s'affiche à la place du nom de Bleuenn. C'est stupide, mais l'espace d'un instant, je me prends à espérer qu'il s'agit d'Eliott. Je n'ai pas encore enregistré son numéro, et...
— Madame Jaouen ?
Ne me dites pas que...
— Bonjour, et bienvenue chez Finistère Fenêtres : le leader de la fenêtre dans le Finistère !
J'ignore si le type à l'autre bout du fil est l'agent qui cherche à me joindre tous les trois mois, mais qui qu'il soit, je rêve de lui démontrer par A + B comment il vient de réduire tous mes rêves à néant, et comment son entreprise pourrie a le don de me contacter aux PIRES moments de ma vie.
Sauf qu'au lieu de cracher mon venin, je raccroche et je me tais.
Il faut croire que j'ai enfin pris la pleine mesure de ma condition d'adulte... Même si j'ai dû me prendre la réalité en pleine face pour l'appréhender.
Mais au-delà de mon ego, c'est bien mon cœur qui s'est fissuré lors de mon retour en France.
🧡🧡🧡
Trois quarts d'heure plus tard...
— Non, mais quelle bande d'abrutis ! Il faut être sacrément con, pour ne pas te garder !
— Blue...
— Wattpad, c'est plus ce que c'était !
Malgré sa fureur, ma Brestoise préférée m'arrache un sourire : elle est presque aussi déçue que moi.
— Les autres participants méritaient plus leur place, c'est tout. J'ai encore beaucoup à apprendre.
— Arrête ton char, Emy ! Je suis sûre que si je ne t'avais pas proposé de t'héberger une nuit à Paris, tu aurais directement filé chez toi pour te rouler en boule dans ton lit.
— Faux. Je suis toujours SDF, je te signale.
— Ouais, bah, il serait temps que tu te trouves un appart, parce que ce n'est pas en restant chez Papa/Maman que tu vas montrer au reste du monde à quel point tu es exceptionnelle. Y'a rien de mal à rester chez ses parents, hein, c'est juste que...
— Les miens sont particuliers, complété-je à sa place.
Et encore, c'est un euphémisme ! Il n'y a qu'à voir la fois où ils ont créé un événement public sur Facebook pour l'anniversaire de ma petite sœur.
Résultat : pour ses 6 ans, Rozy s'est retrouvée avec des packs de bière partout dans la cuisine, une sono à crever les tympans et plus de trois cents inconnus qui n'arrêtaient pas de lui beugler « joyeux anniversaire ! » toutes les demi-heures.
Ils chantaient faux, bien sûr – et je n'étais pas en reste non plus.
— Exactement ! Je t'aurais bien proposé de rester chez moi quelque temps, mais...
— Tu habites à Paris, maintenant, et tu vas bientôt te marier.
— Promis, on se fera une coloc après mon divorce !
Elle lève sa main droite, comme si elle s'apprêtait à prêter serment.
— Comment ça, ton divorce ?
— Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis toujours dit que je divorcerais à 30 ans.
— Mais quand on est enfant, on imagine son mariage, pas son divorce ! m'étranglé-je.
Elle lâche un long et profond soupir.
— Il faut toujours envisager toutes les possibilités, Emy. Toujours.
En m'allongeant dans le clic-clac de Bleuenn, ce soir-là, à la veille de mon retour à Crozon, je prends conscience d'une chose : si ma meilleure amie a réussi à avoir son happy end après tous les déboires qu'elle a connus, il n'y a pas de raison que je n'obtienne pas le mien, dans un avenir plus ou moins proche.
Plutôt plus que moins, si possible !
Je vais peut-être devoir ramer un peu plus que les autres, mais je finirai par m'en sortir.
Et ce jour-là, je serai tellement heureuse que je ne repenserai même plus à toutes les épreuves que j'ai affrontées pour arriver jusque-là. Toutes celles que j'ai fuies, aussi, et toutes celles que j'ai ratées.
Mais pour que le soleil se lève sans jamais se coucher, pour qu'il culmine à son point le plus haut pendant des années, je dois me saisir de ma plume, et – surtout – ne plus laisser personne me dicter ma conduite.
La semaine qui vient de s'écouler, avec son lot d'échecs et d'incertitudes, m'a au moins appris une chose : c'est à moi de raconter mon histoire.
Je ne me contenterai plus d'être une simple lectrice, peu importe que je sois seule, paumée ou mal accompagnée.
Je choisis de devenir l'autrice de ma propre vie... là, tout de suite, maintenant.
À suivre...
Ça y est, c'est la fin des AMOURS ÉPONYMES 2 ! Merci d'avoir suivi les aventures d'Emy ! Si notre reine des quiches ne vous a pas encore rendu.e.s complètement marteaux, on se retrouve dans le tome 3 :
Qu'avez-vous pensé de LAE 2 ?
Quelles sont vos théories sur le tome 3, vis-à-vis d'Emy ou d'autres personnages ?
Comme toujours, je prends tous vos retours, positifs comme négatifs ! C'est grâce à vos commentaires que cette histoire s'améliore. 🧡 Merci pour votre soutien !