Aloys (Tome 1) : lightning an...

By MarianneLtrr

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La guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immens... More

Avant propos
Chapitre 1
Chapitre 2 (1/2)
Chapitre 2 (2/2)
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 (1/2)
Chapitre 9 (2/2)
Chapitre 10 (1/2)
Chapitre 10 (2/2)
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18 (1/2)
Chapitre 18 (2/2)
Chapitre 19 (1/2)
Chapitre 19 (2/2)
Chapitre 20 (1/2)
Chapitre 21
Chapitre 22 (1/2)
Chapitre 22 (2/2)
Chapitre 23 (1/2)
Chapitre 23 (2/2)
Chapitre 24 (1/2)
Chapitre 24 (2/2)
Chapitre 25 (1/2)
Chapitre 25 (2/2)
Chapitre 26 (1/2)
Chapitre 26 (2/2)
Chapitre 27 (1/2)
Chapitre 27 (2/2)
Chapitre 28 (1/2)
Chapitre 28 (2/2)
Chapitre 29
Chapitre 30 (1/2)
Chapitre 30 (2/2)
Chapitre 31
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35

Chapitre 20 (2/2)

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By MarianneLtrr

D'instinct, je me dirigeai vers le parking où se trouvaient les six captifs. Avec un peu de chance Swann serait partie et je pourrais leur demander des explications. Malheureusement, j'avais à peine atteint la ruelle que je compris que les explications ne viendraient pas cette nuit. Une dizaine de soldats se dirigeaient dans la même direction, bloquant le passage, et je doutai que les Elémentaires acceptent de me répondre devant autant de gens.

Frustrée, je me pivotai en direction de la plage et longeai la mer, pensive. L'Elémentaire avait dit que je comprendrais pourquoi je me battais dans le mauvais camp, pourtant, même si j'en avais toujours été persuadée, je ne voyais pas en quoi cette pierre était censée me faire réaliser quoi que ce soit. L'ANH était une armée de voleurs ? Pourquoi pas oui, et aussi une armée de meurtriers et d'oppresseurs, mais ça je le savais déjà. Le vol d'une pierre à un peuple venu d'un autre monde ne paraissait pas franchement plus grave que ce qu'ils avaient fait à leur propre peuple. Il fallait que je trouve un moyen de lui parler de nouveau. Il fallait qu'il m'explique ce qu'il entendait par là.

Après une petite demi-heure de marche je m'aperçus que les lumières de la ville ne formaient plus qu'une ligne à l'horizon. Personne n'était venu m'arrêter, personne ne m'avait suivi. Peut-être me suffisait-il de continuer mon chemin... Pourtant encore une fois, je fus incapable de m'y résoudre. Cette fois-ci, ce n'était pas tant la peur qui me clouait sur place, mais plutôt une envie tenace de découvrir le sens de cette histoire. Ces créatures ne s'étaient jamais adressées à personne et pourtant à moi, elles m'avaient parlé. Je ne pouvais pas simplement les ignorer et continuer mon chemin.

Fatiguée, je m'allongeai sur le sol, savourant la caresse du sable froid sur ma peau et fermai les yeux. Bercée par le bruit régulier des vagues, il ne me fallut pas longtemps avant de trouver cet état à demi-endormie qui précède le sommeil. Alors que je m'apprêtai à sombrer pour de bon, j'entendis des bruits de pas et me redressai d'un bond. Soen approchait en progressant maladroitement dans le sable. Son corps massif cachait à lui seul une grande partie des lumières de la ville.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? demandai-je, surprise.

— Je pourrais te poser la même question, rétorqua-t-il. Tu essayais d'aller quelque part ?

— Oui, dans un coin tranquille où je pourrais être seule, mais visiblement ça ne risque pas d'arriver. Comment tu m'as trouvée ?

— Aaron a vu que ton traceur s'écartait de la ville, il m'a demandé de vérifier que ça allait.

Je tiquai, agacée d'avoir eu raison. Il y avait bien une puce qui leur permettait de me suivre à la trace. Je détournai le regard, afin d'éviter que Soen ne remarque ma frustration, puis je tentai de répondre avec détachement :

— Et pourquoi ça n'irait pas ?

— Peut-être que tu culpabilises d'avoir désobéi aux ordres, même si je me doute qu'il y a peu de chance que ce soit le cas, proposa-t-il en s'asseyant lourdement à côté de moi.

Ne sachant pas trop quoi répondre de peur de me trahir, je me contentai de le dévisager en cachant ma surprise. Comment pouvait-il déjà être au courant ? À moins qu'il ne soit en train de parler de ce qu'il s'était passé sur la plage.

— Ce truc dégage beaucoup d'énergie, Aaron l'a senti à l'instant où tu as ouvert cette boîte. Il s'est douté que c'était toi, et il a vérifié ta position. Evidemment il avait raison. Alors tu es satisfaite ? demanda-t-il en soupirant.

— S'il est au courant, pourquoi c'est toi qu'il envoie ? Il n'est pas censé me passer un savon, ou quelque chose du genre ?

— J'imagine qu'il voulait te laisser un peu d'espace, dit-il en me lançant un regard de travers. Et puis, de toute manière, ça n'a pas une grande importance, ce n'est pas parce que tu as vu cette chose que tu sais ce que s'est.

Il savait ce qui s'était passé entre Aaron et moi, ça ne faisait aucun doute. Peut-être Aaron le lui avait-il dit, ou alors il le connaissait simplement trop bien. J'avais horreur qu'il me regarde comme ça. Comme si j'étais une petite chose fragile pour laquelle il avait de la pitié. En quoi ressentir de l'attirance pour Aaron me vaudrait-il sa pitié ? Ce n'était pas une catastrophe !

— Cette chose ne vient pas de ce monde n'est-ce pas ? Elle appartient aux Elémentaires.

Le visage de Soen se crispa et ses yeux s'arrondir de surprise. Visiblement il ne s'attendait pas à ce que je sois capable d'une telle déduction. Bien qu'en réalité, je n'avais rien déduit du tout étant donné que c'était un Elémentaire qui m'avait mis sur la voie.

— Comment se l'est-t-on procuré ? insistai-je tandis qu'il passait l'une de ses larges mains dans sa barbe.

— Je ne sais pas...

Je l'observai un moment, cherchant une trace de mensonge sur son visage. Hormis son étonnement et une pointe de lassitude, je ne vis rien qui aurait pu m'indiquer qu'il me mentait.

— Aaron le sait, lâchai-je en soupirant.

Evidemment qu'il le savait. Comment aurait-il pu l'ignorer ? Après tout c'était l'un des soldats les plus hauts gradés de l'ANH et en prime, ses parents étaient à la tête du gouvernement. S'il y avait bien une personne susceptible de le savoir c'était bien lui.

— C'est possible, mais ne te fatigue pas à le lui demander, il ne te répondra pas.

— Ça ne coûte rien d'essayer, rétorquai-je en haussant les épaules.

— Ecoute Aloys, commença-t-il en plongeant ses deux yeux marrons dans les miens. Aaron te protège d'un bon nombre de choses, mais si tu commences à fouiner dans les affaires de l'armée, il ne pourra plus rien pour toi. Tu comprends ? Pour ta propre sécurité, tu devrais te contenter de faire ce qu'on te demande et d'éviter de poser des questions.

L'idée que l'armée puisse avoir des secrets n'avait rien d'étrange, en revanche le fait que ma curiosité puisse me mettre en danger l'attisait d'autant plus.

— Tu sais que je suis incapable de faire ça, répondis-je, une pointe de défi dans la voix.

— J'en ai bien conscience, mais tu vas devoir faire un effort. Aaron te dira ce que tu as besoin de savoir en temps voulu. N'essaye pas de griller les étapes. Pense aux autres, si tu t'attires les foudres de l'armée, tu ne seras pas la seule à en souffrir.

— L'armée ne peut pas attaquer cette unité tant qu'Aaron est à sa tête. Ses parents ne laisseront sûrement pas l'ANH s'attaquer à leur fils.

Soen laissa échapper un petit rire amer.

— Tu n'as pas l'air de comprendre. L'armée, l'ANH, ce sont ses parents, et si tu crois qu'ils ont la fibre parentale tu te trompes. Si tu t'attires des ennuis, ce sera à Aaron de régler le problème et on sait tous les deux que c'est bien la dernière chose dont il a envie.

— Quoi ? Ils vont l'obliger à me mettre en prison parce que je pose trop de questions ? raillai-je en tentant d'imaginer des barreaux en métal résister à mes éclairs.

— Non. Ils vont l'obliger à te tuer, répondit-il d'un ton las. Alors, fait un effort et épargne lui ça tu veux ?

L'image d'Aaron, menaçant, une arme à la main me vint à l'esprit mais l'instant d'après, il fut remplacé par cet Aaron dont le sourire taquin me rendait folle, et ce dans tous les sens du terme.

— Il ne ferait jamais ça.

— Il obéira. Comme il l'a toujours fait. Ne surestime pas ses sentiments pour toi, ça ne pèse pas lourd dans la balance.

Je détournai le regard, perturbée à la fois par l'idée qu'il soit capable de me tuer de sang-froid et l'idée qu'il puisse avoir des sentiments pour moi. J'eus toutes les peines du monde à définir ce qui était le pire. Il me laissa digérer l'information pendant de longues minutes, les yeux rivés sur la mer sur laquelle se reflétait la lumière apaisante de la lune. Je ne comprenais pas pourquoi il restait là. Il avait dit ce qu'il avait à dire, et de toute évidence je n'avais pas besoin d'être surveillée vu que j'avais un traceur incrusté quelque part dans le corps.

— Pourquoi il t'a envoyé toi ? demandai-je soudain, rompant le silence pesant qui s'était installé.

— Sûrement parce qu'il sait que j'ai une certaine expérience avec les gosses difficiles.

— Je ne suis pas une gosse difficile, me hérissai-je, en ramenant mes jambes contre mon torse.

— Pour moi vous êtes tous des gosses, ricana-t-il en voyant ma réaction. Et figure-toi que tu n'es pas la première à détester faire partie de cette armée. Tu fais partie de ces gens qui méprisent leurs pouvoirs et qui donneraient tout pour qu'on les en débarrasse.

Je hochai la tête silencieusement. Là-dessus, je ne pouvais pas le contredire. Si ça avait été possible, j'aurais pu reprendre une vie normale, retourner à la fac, vivre dans mon petit appartement parisien et finir par trouver un travail. Aujourd'hui la seule chose à laquelle je pouvais prétendre c'était à une vie clandestine dans une partie du monde désertée par l'Homme... ça n'avait rien d'un avenir.

— Pourtant, toi tu as de la chance. Tu n'as encore jamais tué personne, et tu n'as pas perdu d'êtres chers.

— J'ai perdu des amis, rétorquai-je d'un ton cinglant.

— Oh Aloys ! s'exclama-t-il. Je sais qu'Alice était ton amie, mais tu la connaissais à peine depuis quelques mois. C'est triste, je te l'accorde mais ça n'a rien à voir avec ce que tu ressentiras lorsque tu perdras quelqu'un que tu aimes vraiment. Un ami de longue date, le garçon dont tu tomberas amoureuse ou encore des proches comme ta tante.

Qu'il mentionne ma tante me donna une étrange impression. Je n'avais jamais pensé à elle depuis l'attaque de Paris. Je ne m'étais même pas préoccupée de savoir si elle savait où j'étais ou si elle me croyait morte. Je n'en avais jamais parlé à personne, ce qui voulait dire que Soen, comme tous les autres probablement, avait eu accès à mon dossier.

— Et c'est justement parce que je ne veux pas que ça m'arrive que je ne veux pas de cette vie. Je ne suis pas faite pour me battre. Je ne suis pas comme vous... soupirai-je. Je ne suis ni courageuse, ni altruiste, je ne veux pas donner ma vie pour celle des autres.

— Pourtant c'est exactement ce que tu as fait aujourd'hui, et je suis certain que tu le referais sans hésiter.

— Tu ne comprends pas. Je l'ai fait parce que je n'avais pas le choix, je ne pouvais pas laisser ces gens mourir sans rien faire. Ce que je veux c'est avoir de nouveau le choix de faire ce qu'il me plait. Ici, mes seules options se résume à obéir aux ordres ou à les enfreindre au péril de ma vie. Ça n'a rien d'un choix.

J'avais les larmes aux yeux, j'aurais voulu crier que la seule chose que je voulais c'était d'être libre. J'aurais voulu le supplier de me retirer ce traceur et de me laisser partir, mais au lieu de ça, je me mordis violemment la joue et me concentrai sur un point à l'horizon pour m'empêcher de craquer.

— Au contraire, je comprends tout à fait. Figure-toi que je vis exactement le même dilemme que toi depuis des années.

— Mais tu es un A-gène, tu as choisi de faire partie de cette armée. Moi je ne suis qu'une pauvre étudiante qui n'a pas eu de chance...

Il sourit. Un sourire las et fatigué qui me brisa le cœur.

— Contrairement à ce que tu crois, la vie n'est pas toujours aussi simple. Certains A-gène n'ont pas choisis de le devenir et d'autres ont dû s'y résoudre de la même manière que toi tu te plies à nos ordres. Quand j'étais jeune, les choses étaient différentes, le gouvernement dédommageait généreusement les familles qui donnaient leurs enfants à l'armée. Mes parents ne gagnaient pas beaucoup d'argent et ils avaient six enfants à charge. Quand le gouvernement a commencé cette campagne de recrutement, mes parents ont préféré sacrifier trois de leurs enfants pour pouvoir élever les autres dignement. Finalement, ça n'a pas servi à grand-chose, une attaque les a tous tué moins d'un an après et mes frères, qui avaient été envoyés avec moi dans l'armée, sont morts avant d'avoir atteint la majorité.

Il fit une pause, perdu dans ses pensées.

— Ce que je veux dire par là Aloys, c'est que personne n'est dans cette armée pour jouer au héros. La guerre nous prive de nos choix et de nos rêves et la seule chose qu'on peut faire c'est de tenter de survivre assez longtemps pour en voir la fin.

Je restai sans voix. Partagée entre l'envie de pleurer et celle de m'excuser. Je me sentais tellement stupide, d'être là à me plaindre à quelqu'un qui en avait bien plus bavé que moi. Mes pertes se résumaient à mes parents dont je n'avais aucun souvenir, quelques amis et à mon petit appartement douillet. D'autres, comme Soen, avaient tout simplement tout perdu...

— Tu sais, Aaron était comme toi quand il était gosse, poursuivit Soen en laissant échapper un petit rire nostalgique. Ce gamin était un vrai crétin et il était toujours d'une humeur massacrante ! Il avait tellement perdu de proches qu'il s'était mis à détester tous les autres. Comme ça, il s'assurait que plus personne ne l'approche, et qu'il ne tuerait plus jamais aucun de ses amis. Tu n'as pas idée, à quel point il rêvait qu'on le débarrasse de son pouvoir pour qu'il puisse enfin être un enfant comme les autres. Quand il est arrivé dans mon unité, nous n'avions pas de chambres individuelles. Il dormait sur le lit juste au-dessus du mien et tous les soirs je l'entendais réciter une sorte de liste de souhaits. Tu sais ce qu'il voulait par-dessus tout ? Etre normal. Aller à l'école, avoir des amis et surtout ne plus jamais tuer qui que ce soit.

J'imaginais Aaron avec quinze ans de moins, petit, les joues rondes avec de grands yeux d'enfant, recroquevillé sur son lit, récitant une liste de choses qu'il n'avait probablement jamais pu faire et là encore je me sentis stupide. Mon enfance avait été un conte de fée en comparaison de la sienne. Ma tante n'était certes pas la femme la plus agréable qui soit, mais je n'avais jamais manqué de rien. J'étais même un privilégié en comparaison de toutes ces familles qui n'avaient même pas les moyens d'envoyer leurs enfants poursuivre leurs études.

— Je suis désolée... Je ne fais pas exprès de toujours tout faire de travers. C'est juste que je ne sais pas comment me comporter autrement, lâchai-je en enfonçant mes mains dans le sable frais.

— Ne t'inquiète pas pour ça, ça nous a tous pris du temps avant de trouver notre équilibre. Et puis tu es l'une des nôtres maintenant ! Si tu as envie de te plaindre, on sera tous là pour t'écouter.

L'idée qu'ils puissent vraiment me considérer comme l'une des leur me déchira le cœur. J'allais finir par les trahir... Tôt ou tard, j'allais trouver un moyen de m'enfuir et ils comprendraient que je n'avais jamais été l'une des leurs. L'idée de les décevoir alors qu'ils avaient tous été si bienveillants avec moi était bien plus douloureuse que je ne l'aurais pensé. Je l'avais déjà fait d'ailleurs, d'une certaine manière. J'avais donné des informations aux jumeaux. J'avais expliqué le don et la particularité de chacun des membres de mon escouade et peut-être qu'un jour ces rebelles s'en serviraient contre eux. J'aurais leur sang sur les mains aussi sûrement que si c'était moi qui les blessais. Bien sûr je pouvais continuer à me cacher derrière de fausses excuses. Prétexter que ces informations n'avaient aucune valeur et pourtant au fond je savais que c'était faux. 

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