Chapitre 34

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L'odeur de chairs brûlée me prit à la gorge et je vomis, les yeux rivés sur le cadavre d'Aaron. Je n'arrivais pas à croire qu'il était mort. Pourtant c'était bien le cas, sa poitrine immobile et ses yeux vides en étaient la preuve. Ma puissance combinée à celle du champ électrique avait eu raison de sa résistance, il n'avait pas eu le temps d'absorber toute cette énergie pour minimiser l'impact. Moi-même je ne m'en étais pas tirée indemne. Mes bras étaient brûlés jusqu'aux épaules, noircie, cloquée, ma peau n'était plus qu'un amas de chairs mortes. Un flot régulier de larmes s'échappaient de mes yeux sans que je n'en connaisse vraiment la raison. J'aurais voulu pleurer pour Aaron, car au fond, sa mort me brisait, mais mon corps torturé m'empêchait d'y penser. La douleur était trop forte, trop présente et elle engloutissait tout le reste. Mes remords, ma peine, ma culpabilité, il ne restait rien en dehors d'une pure douleur physique.

C'était le moment de m'enfuir, je le savais, mais j'en étais incapable. Mon corps tremblant ne me répondait plus et mon esprit divaguait douloureusement, à peine conscient de l'agitation qui m'entourait.

— Debout Aloys ! gronda une voix qui m'était familière en m'agrippant par la taille pour me remettre sur mes pieds.

Je ne protestai pas lorsqu'il me poussa en avant. Trop désorientée pour comprendre qu'il me traînait hors de l'arène par la porte principale. Étrangement, personne ne chercha à nous arrêter. Le monde paraissait s'être arrêté autour de moi.

— Vod a bloqué les autres sorties, mais ils ne tarderont pas à comprendre et passeront par l'arène pour nous rattraper, m'expliqua Don en se penchant vers moi.

Lorsque mon cerveau le reconnut enfin, je lâchai un hoquet de surprise. Pourquoi Don essayait-il de m'aider ? Ça n'avait aucun sens. Je devais être en train de rêver, il n'y avait pas d'autre explications. Ce qui voulait dire qu'Aaron n'était peut-être pas mort...

— Aloys, tu m'entends ? s'écria Don en saisissant mon visage pour me forcer à le regarder. Il faut courir !

Non. S'il s'agissait d'un rêve à quoi bon courir ? J'étais trop fatiguée pour ça, ça n'en valait pas la peine. Non content de ma réaction, Don me gifla violemment. Surprise, mes poumons se vidèrent d'un coup, tandis que je le fusillai du regard.

— Mais qu'est ce qui te prend ! Bordel Aloys, réveille-toi ! C'est pas le moment de craquer !

La douleur me ramena sur terre. J'avais tué Aaron ! Je haletai péniblement, incapable de respirer et mon cœur qui battait à toute vitesse se comprima douloureusement. Si mon ventre n'avait pas déjà été vide, j'aurais probablement vomi une nouvelle fois. J'avais tué Aaron, j'avais tué Aaron... Je n'avais que cette idée en tête et je hurlai intérieurement d'avoir fait une chose pareille.

— Il est mort... soufflai-je, horrifiée par ce que j'avais fait en me laissant glisser vers le sol.

Furieux, Don m'obligea à rester debout et se campa devant moi.

— Oui, et on sera les prochains si tu ne te ressaisis pas vite. Bran et Vod nous attendent plus loin, on n'a pas le temps pour tes histoires de cœur Aloys. Tu pleureras cet abruti quand on sera loin d'ici.

La seule mention de Bran sembla apaiser ma peine et la remplaça par un sentiment d'urgence. Je ne pouvais pas le perdre lui aussi. Je hochai lentement la tête, incapable d'ajouter quoi que ce soit sans fondre en larmes et le suivis péniblement. J'avais du mal à marcher correctement, tous mes membres me semblaient rouillés et chaque pas m'arrachait une grimace. Mes bras pendaient le long de mes hanches, brûlant, à vif et définitivement hors d'usage.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant