Aloys (Tome 1) : lightning an...

By MarianneLtrr

160K 17.1K 2.5K

La guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immens... More

Avant propos
Chapitre 1
Chapitre 2 (1/2)
Chapitre 2 (2/2)
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 (1/2)
Chapitre 9 (2/2)
Chapitre 10 (1/2)
Chapitre 10 (2/2)
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18 (1/2)
Chapitre 18 (2/2)
Chapitre 19 (1/2)
Chapitre 19 (2/2)
Chapitre 20 (2/2)
Chapitre 21
Chapitre 22 (1/2)
Chapitre 22 (2/2)
Chapitre 23 (1/2)
Chapitre 23 (2/2)
Chapitre 24 (1/2)
Chapitre 24 (2/2)
Chapitre 25 (1/2)
Chapitre 25 (2/2)
Chapitre 26 (1/2)
Chapitre 26 (2/2)
Chapitre 27 (1/2)
Chapitre 27 (2/2)
Chapitre 28 (1/2)
Chapitre 28 (2/2)
Chapitre 29
Chapitre 30 (1/2)
Chapitre 30 (2/2)
Chapitre 31
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35

Chapitre 20 (1/2)

2.9K 343 41
By MarianneLtrr

Bon. J'étais définitivement dans une impasse. Nier ce qui se passait entre Aaron et moi tournait au ridicule. J'ignorais à quel moment les choses avaient changé entre nous, son pouvoir m'avait été vitale, c'est vrai, mais même si c'était lui qui m'avait poussé vers Aaron, ce n'était pas son don qui avait rendu son contact aussi addictif. Alors quoi ? Ses sourires moqueurs et son petit air supérieur ? Non, ça, ça me donnait plutôt des envies de meurtre. Je soupirai, à quoi bon chercher à comprendre ? Au fond ça ne changeait rien, mon plan était toujours de m'enfuir. Aaron me plaisait, je me damnerais pour un autre de ces baisers, mais soyons honnêtes, aucun homme ne pourrait rivaliser avec ma liberté, aussi beau soit-il.

Sauf qu'il allait me chercher. Pas parce qu'il ressentait hypothétiquement quelque chose pour moi, mais parce que c'était son rôle. Aaron Melchior, le fidèle général de l'ANH n'allait pas laisser un membre de son escouade déserter sans réagir. Il serait furieux. Un sourire m'échappa à cette idée. Tant pis pour lui, il n'avait qu'à jouer avec les sentiments de quelqu'un d'autre !

Peut-être fallait-il simplement que je parte, que je prenne mon courage à deux mains et que je me décide enfin à tenter quelque chose. Avec un peu de chance il me laisserait tranquille et ne s'apercevrait de mon départ que demain. D'ici là, je pourrais être loin. Pourtant je n'arrivais pas à m'y résoudre. Quelque chose clochait, c'était trop facile. Ils avaient sûrement un moyen de localiser leurs soldats, un P-gène avec un pouvoir de pistage ou de simples puces électroniques. Je ne les avais jamais vus m'en installer une mais j'avais été inconsciente tellement de fois qu'ils auraient très bien pu le faire sans que je m'en aperçoive.

Ma réflexion s'arrêta au moment où j'entendis des pas lourds provenant de l'hôtel. L'idée qu'Aaron puisse émerger du bâtiment d'une seconde à l'autre me fit bondir sur mes pieds. La dernière chose dont j'avais besoin c'était d'avoir une explication avec lui maintenant. Je me faufilai derrière un petit muret en pierre qui bordait la place et vis avec soulagement un soldat en uniforme vert sortir de l'hôtel. Rassurée, je me redressai et m'éloignai davantage de la place. Marcher m'aiderait peut-être à prendre une décision. Etais-je prête à prendre ce risque ? Je maîtrisais mieux mes pouvoirs, mais de là à me défendre contre Aaron ou les autres ? C'était du suicide.

Je n'avais pas fait vingt mètres que quelque chose attira mon attention. Une petite ruelle qui donnait sur l'arrière d'une vieille boutique aux vitrines brisées dégageait une intense lumière blanche. Je m'en approchai discrètement et m'aperçus que la lumière provenait d'une dizaine de spots lumineux placés en cercle autour de quelque chose que je ne parvins pas à identifier. Je jetai un bref coup d'œil autour de moi et constatai que j'étais seule. Profitant de l'occasion, je me glissai dans la ruelle.

Il s'agissait d'un ancien parking dont on discernait encore quelques bandes blanches indiquant les places de stationnement, mais à la place des voitures se trouvaient d'énormes caisses qui contenaient probablement des équipements militaires. Au centre du parking, enfermées dans de solides cages en métal se trouvaient six créatures aux formes humanoïdes. Je n'eus pas besoin de m'approcher davantage pour comprendre de quoi il s'agissait. Ils avaient fait des prisonniers. Ces six élémentaires étaient les seuls qui avaient échappé au carnage sur la plage. Le souvenir de la peur et de la tristesse que j'avais vu en eux lors de l'attaque me revint. Mon estomac se noua douloureusement, convaincue que la place de ces créatures n'était pas dans une cage, mais je me souvenais également de la vague immense qui avait menacé de balayer la ville et de tuer tous ces innocents et ce fut suffisant pour m'empêcher de les libérer. J'avais ressenti la colère de certains d'entre eux, mais pas le genre de colère qui pousse au meurtre et à la guerre. Non, ce genre de colère je ne l'avais ressentie que chez les membres de mon escouade et tout particulièrement chez Aaron. Alors pourquoi ? Pourquoi nous attaquer si cela les effrayait tant ?

Je comblai les quelques mètres qui me séparaient encore d'eux et m'agenouillai devant l'une des cages. L'élémentaire qui s'y trouvait était accroupi dans un coin, apeuré. Il me dévisageait de ses grands yeux jaunes dont la pupille horizontale rappelait celle d'un amphibien. Son corps était recouvert de petites écailles arrondies. Par endroits ces dernières prenaient une teinte turquoise, ocre ou encore bleu nuit, créant un harmonieux mélange. Ses pieds et ses mains munis de seulement trois doigts étaient palmés à la manière des batraciens par un étrange voile translucide. Sur son cou, je voyais nettement quatre petites fentes qui s'ouvraient et se refermaient à un rythme régulier. De toute évidence, cet élémentaire respirait par ces orifices. Quant à son visage, c'était probablement ce qui rappelait le plus un être humain. Non, pas vraiment humain en réalité, il n'avait ni lèvres, ni nez et ses oreilles en pointes étaient deux fois plus longue que les nôtres, mais son regard suintait d'intelligence.

J'aurais probablement dû être terrifiée par cette créature. Après tout, les humains étaient généralement effrayés par tout ce qu'ils jugeaient différent. Pourtant, c'était tout le contraire. J'étais fascinée. J'avais ressenti les émotions de ces Elémentaires et ce que j'y avais lu était tellement similaire à ce qu'on trouvait chez les humains que je ne pouvais m'empêcher de nous trouver semblable. Physiquement à des années lumières et pourtant si proche. Quelle chance y avait-il pour qu'une forme de vie similaire à la notre existe dans un autre monde et présente autant de caractère identique ? Cette créature était humanoïde !

— Comment faites-vous pour respirer à la fois sous l'eau et à la surface ? demandai-je en fixant les quatre fentes sur son cou.

Ce pouvait-ils qu'ils soient comme ces poissons, les dipneustes, qui étaient à la fois munis de poumons et de branchies ? Je n'attendais pas vraiment de réponse, en réalité la question n'était destinée à personne en particulier. Pourtant à ma grande surprise une voix graveleuse me répondit.

— De la même manière que toi.

Surprise, je me retournai d'un bond pour faire face à un autre élémentaire dont les écailles plus sombres luisaient à la lumière des lampes. Contrairement à son voisin, il ne semblait pas effrayé par ma présence. Il me fixait avec méfiance, mais aussi avec une pointe de curiosité.

— Je ne respire pas sous l'eau... rétorquai-je dans un souffle.

Il garda le silence. Visiblement peu motivé par la perspective de me donner un cours sur leur système respiratoire. Ou bien ne comprenait-il pas tout ce que je disais ? D'ailleurs comment se faisait-il qu'il parle notre langue ? Je n'avais même jamais entendu parler d'Elémentaire capable de communiquer !

— Pourquoi nous avoir attaqués ?

Là encore, il ne daigna pas me répondre, mais ne détourna pas son attention pour autant.

— J'ai senti que vous n'en aviez pas envie. Aucun d'entre vous ne voulait se battre, alors pourquoi ? insistai-je en me rapprochant de lui.

Ses yeux se plissèrent, il me jaugea un instant, puis se décida enfin à parler, dévoilant au passage une rangée de dents pointues.

— Pourquoi nous voler ?

— Vous voler ? Qu'est-ce qu'on vous a volé ?

— Tu ne sais pas ?

Non, je ne savais pas, d'ailleurs je ne savais pas grand-chose, mais l'idée que l'armée ait pu prendre quelque chose à ces créatures paraissait plutôt plausible. Après tout, l'ANH prenait ce qu'elle voulait à qui elle voulait, alors pourquoi pas au peuple qui les menaçait depuis des dizaines d'années ?

— Non, on ne me dit pas grand-chose ici. Vous pourriez peut-être m'expliquer ?

— Non, je ne peux pas. Trouve-le et tu comprendras que tu te bats dans le mauvais camp.

Je fus tentée d'insister mais quelque chose me disait qu'il avait peu de chance qu'il me réponde de nouveau. J'étais son ennemie, il n'avait aucune raison de satisfaire ma curiosité. Je me levai, décidée à trouver par moi-même la réponse à ma question. L'objet qu'ils cherchaient avait de la valeur, et tout ce qui avait de la valeur était sous bonne garde. Il me suffisait donc de trouver l'objet le plus surveillé de la ville. Je m'écartai de quelques pas, le cœur lourd. Quelque chose en moi me soufflait qu'il fallait que je libère ces Elémentaires, que si je ne faisais rien, ils mourraient, comme tous les autres.

— Je suis désolée, pour tout ça, lâchai-je en désignant les cages.

Je vis la tête de l'élémentaire se pencher, tandis qu'il me fixait non plus avec méfiance mais avec incompréhension. Puis son regard se décrocha du bien pour fixer avec méfiance quelque chose dans mon dos et avant que je ne comprenne pourquoi, j'entendis la voix de Swann derrière moi.

— Hé, Aloys ? Qu'est-ce que tu fiches ici, tu n'es pas censée être dans le coma quelque part au niveau de la chambre d'Aaron ?

Elle me lança un clin d'œil qui en disait long et passa son bras autour de mon épaule. J'aurais probablement rougi si je n'avais pas été autant intriguée par la présence de ces Elémentaires. La seule chose que j'avais en tête pour le moment c'était de comprendre la raison de cette attaque.

— J'avais besoin de prendre l'air, me contentai-je de répondre en haussant les épaules.

— J'imagine... les murs ont dû trembler lorsqu'il s'est mis à te hurler dessus non ?

Je grimaçai.

— C'est possible...

— Ne t'en fais pas, il va finir par se calmer. Il ne restera pas fâché éternellement contre toi... Par contre je doute que tu retournes en mission avant un bon moment, ricana-t-elle en me relâchant.

C'était probablement vrai, ce qui voulait dire que je n'aurais pas d'occasion de m'enfuir avant un bon moment si je ne saisissais pas l'occasion dès aujourd'hui. Elle se rapprocha des cages et se pencha vers l'une d'entre elles, les mains posées sur les hanches.

— J'imagine que tu n'en avais jamais vu avant ? Ces trucs sont franchement répugnants, on dirait des crapauds géants, c'est dégoûtant ! s'exclama-t-elle en battant en retraite.

J'avais beau ne pas partager son avis sur la question, je préférai garder ça pour moi. J'avais suffisamment de problème comme ça, je n'avais pas besoin qu'on pense que j'éprouvais de l'empathie pour nos ennemis.

— Non, jamais. Pourquoi sont-ils en cage ?

— On les ramène au centre, nos chercheurs ont rarement l'occasion d'en voir vivants, les Elémentaires d'eau sont assez rares, alors on s'est dit que ça pourrait les aider. Tu sais, pour comprendre d'où viennent leur capacité et tout ça. C'est important de connaître son ennemi.

L'idée qu'ils puissent finir disséqués dans les laboratoires du centre me donna la nausée. Mon regard se posa d'instinct sur l'Elémentaire avec lequel j'avais discuté. Immobile comme une statue, il se contentait de nous écouter sans broncher. Comme si l'idée de servir de rat de laboratoire ne lui faisait ni chaud ni froid.

— Et on ne pourrait pas simplement les interroger ? demandai-je en détournant les yeux.

Swann se tourna vers moi, étonnée, puis s'esclaffa bruyamment.

— Il ne parle pas ma belle, ce sont des animaux. Rien de plus.

Pourtant je n'avais pas rêvé, il m'avait parlé. Comment pouvait-elle ignorer que les créatures qu'elle combattait depuis des années étaient douées de parole ? Elle disait devoir connaître son ennemi et pourtant elle ignorait ça. Ça n'avait aucun sens. Pendant un instant je fus tentée de la contredire, mais un coup d'œil aux élémentaires m'en dissuada. Leurs indifférences avaient laissé place à une panique presque palpable. Ils ne voulaient pas qu'elle sache, mais si c'était le cas, pourquoi avaient-ils pris le risque de me répondre ?

— Je dois y aller, lâchai-je soudain.

Avant que je ne disparaisse dans la ruelle, Swann me rattrapa.

— Au fait, tu devrais retourner te coucher. On part demain à l'aube avec notre colis... et cette fois-ci essaye d'être là à l'heure.

Sur le moment j'eus presque envie de la prendre dans mes bras. Elle venait de me donner la réponse à ma question sans même s'en rendre compte. Le colis était un sujet d'étude. Un sujet d'étude contenu dans une boîte et protégé par une escouade d'élite. Quelque chose de spécial qui curieusement avait attiré des Elémentaires dès qu'il était sorti du bâtiment. Cette chose devait être l'objet dont avait parlé la créature ! La dernière fois que j'avais vu cette caisse, elle se trouvait à l'entrée du centre de recherche et la vague nous fonçait dessus. Il était peu probable qu'ils aient décidé de la déplacer ailleurs, sachant que ce bâtiment était le plus sûr de la ville.

J'acquiesçai avec un mince sourire, et me faufilai dans la ruelle, sous les yeux surpris de Swann qui ne s'attendait visiblement pas à me voir montrer autant d'entrain à l'idée de rentrer à la base. Une fois hors de vue, je me mis à trottiner jusqu'à la place où se trouvait le centre de recherche. Quelques soldats étaient encore là, certains, une bouteille de bière à la main, jouaient les piliers de bars tandis que les autres, en service, se contentaient de surveiller les alentours en discutant à voix basse.

Pendant un instant, je voulus faire demi-tour. Ils étaient trop nombreux, je n'avais aucune chance de passer sans qu'on me remarque et m'arrête. Puis je me souvins d'un détail important : je faisais partie de l'escouade d'élite chargée de protéger cette « précieuse cargaison », et eux n'étaient que des soldats lambda. Persuadée que ma tenue ébène me donnait à peu près tous les droits, je bombai le torse, et tentai de marcher d'un pas sûr. Ignorant les regards curieux que tous ces soldats me lançaient je me dirigeai droit vers les portes du bâtiment. Les deux hommes qui gardaient l'entrée échangèrent un regard indécis en me voyant arriver. Au lieu de m'arrêter, ils se contentèrent de me faire un petit signe de tête accompagné d'un grand sourire et me laissèrent passer.

Mon cœur tambourinait à toute allure dans ma poitrine, mais personne ne vint m'arrêter. Les quelques soldats qui se trouvaient dans le bâtiment n'avaient pas l'air d'envisager une seconde que je n'avais sûrement pas le droit d'être là. Après tout, pourquoi aurait-il supposé qu'un membre de l'escouade Melchior n'était pas autorisé à en savoir davantage sur sa propre mission ? Pourtant j'étais persuadée que si Aaron me trouvait ici j'allais avoir de sérieux ennuis. Ou peut-être pas d'ailleurs, qui sait ? La curiosité n'avait rien d'un crime et Aaron savait très bien que je n'en manquais pas. Peut-être se contenterait-il de me passer un savon comme il avait l'habitude de le faire.

Le hall était plutôt grand, il donnait sur un grand escalier et quatre couloirs. Un ascenseur se trouvait à côté des escaliers et indiquait grâce à de gros chiffres rouges l'étage six. À mon grand désespoir le coffre métallique censé contenir l'objet que je cherchais n'était pas dans le hall et ce bâtiment était beaucoup trop grand pour que je perde la nuit à en faire le tour. Me voyant hésiter, une jeune femme en uniforme vert se dirigea vers moi. Prendre mes jambes à mon cou n'étant pas envisageable, je la laissai venir jusqu'à moi et tentai de paraître le plus sûre de moi possible.

— Aloys Braune ! C'est un plaisir de te rencontrer ! C'est incroyable ce que tu as fait sur cette plage, vraiment, vraiment incroyable.

— Eh... oui, merci, bafouillai-je.

Son sourire s'agrandit encore et elle continua de me dévisager de ses grands yeux bleus comme si elle n'en revenait pas de me trouver là, devant elle.

— Je peux t'aider ? Tu as l'air de chercher quelque chose...

— Le... sujet d'étude. On m'a dit qu'on devait l'emmener demain à l'aube, alors je venais voir si tout était... prêt, mentis-je avec autant d'aplomb que j'en étais capable.

— Oh oui, bien sûr, j'aurais dû m'en douter ! Je suis désolée, suis-moi. Je crois que tout est prêt mais c'est à toi d'en juger... Je pensais qu'Aaron Melchior viendrait lui-même vérifier, mais j'aurais dû savoir qu'il avait mieux à faire, dit-elle avec une pointe de déception dans la voix.

Je lui emboîtai le pas alors qu'elle se dirigeait vers l'un des couloirs. Cette manière qu'elle avait de me parler avec respect et admiration me mettait mal à l'aise. Je n'avais pas l'habitude d'être appréciée par les autres soldats et encore moins admirer par qui que ce soit. Elle s'arrêta devant une large porte métallique passa son poignet sur lequel se trouvait son pass et me fit entrer. La pièce était petite et ne disposait d'aucune autre ouverture. Au centre se trouvait l'imposante boite en métal de mes souvenirs. Il ne me restait plus qu'à me débarrasser d'elle.

— Vous êtes autorisé à connaitre le contenu de cette caisse ? demandai-je en faisant courir mes doigts sur la surface métallique.

— N...Non... désolée, je vais attendre dehors, s'excusa-t-elle, les joues écarlates.

Je fis le tour de la caisse, attendant qu'elle sorte de la pièce avant de chercher à l'ouvrir. Sur l'un des côtés se trouvait une sorte de capteur semblable à celui qui se trouvait sur la porte. Son pass m'aurait peut-être permis de l'ouvrir mais c'était trop tard, je ne pouvais pas lui demander de me prêter le sien alors que j'aurais dû en avoir un. Si Aaron avait eu un peu plus confiance en moi, j'en aurais reçu un moi aussi il y a des semaines ! En tant que membre de son escouade, j'aurais dû avoir un accès presque illimité à toutes les zones, et au contenu de cette caisse également.

C'était un système électrique, en théorie je pouvais essayer de l'ouvrir en grillant les circuits avec l'un de mes éclairs, mais ça risquait tout aussi bien de verrouiller la boîte pour de bon et même si ça fonctionnait, les autres s'en rendraient compte très vite. Autrement dit, soit j'en restais là, soit je prenais le risque en étant sûre de devoir m'expliquer devant Aaron et les autres le lendemain. J'avais demandé à Aaron des explications et il n'avait rien voulu me dire, ce n'est pas comme si j'avais le choix. Ma curiosité ne ferait qu'allonger la liste de mes défauts, je doutai qu'il puisse vraiment m'en tenir rigueur.

Décidée, je posai ma main sur le capteur et envoyai directement une dizaine d'étincelles dans le circuit. Mon énergie n'était pas tout à fait revenue si bien qu'il me fallut trois tentatives avant que l'appareil ne se mette à grésiller. L'instant d'après, un petit clac m'apprit que mon plan avait fonctionné. Sans perdre davantage de temps, je soulevai le couvercle et jetai à œil à l'intérieur.

Au début, je fus un peu déçue de ma découverte. Au premier coup d'œil il ne s'agissait que d'une petite pierre ronde dégageant une vive couleur argentée. Ce ne fut que lorsque je sentis la puissance dégagée par la pierre que je compris son importance.

La pièce fut rapidement saturée d'une énergie presque palpable. L'air paraissait visqueux, presque liquide et mon corps pesa soudainement des tonnes. Une pression énorme enserra mes tympans créant une vive douleur qui m'arracha un petit cri étouffé. Mon corps ne fut pas épargné si bien qu'il ne me fallut pas longtemps avant que mes jambes ne se mettent à trembler et que je m'écroule sur le sol, relâchant au passage le couvercle qui claqua brutalement. Aussitôt, l'énergie se dissipa, comme avalée par la caisse en métal. J'inspirai longuement, encore sous le choc. Quoi ce soit cette chose, il était évident qu'elle ne venait pas de notre monde. Ici, les pouvoirs étaient uniquement détenus par les Hommes, aucun objet à moins d'être en contact avec l'un des nôtres ne pouvait avoir de pouvoir. Pourtant il était clair que cette pierre, si c'était bien ce qu'elle était, en possédait bien plus que nous tous réunis.

Encore essoufflée, je me relevai, les yeux fixés sur la boîte, en tentant vainement de démêler mes pensées. Que comptait faire l'armée avec cette chose ? Une arme ? De simples recherches ? Mais surtout, comment étaient-ils entrés en possession d'une chose pareille ? Si cette pierre appartenait vraiment aux Elémentaires, ils savaient sûrement comment l'utiliser. Alors comment avaient-ils pu se la faire voler par de simples humains alors qu'ils détenaient une puissance pareille ?

Je m'assurai rapidement que la boîte était convenablement refermée, à défaut d'être verrouillée et sortie de la salle. La jeune femme était toujours là. En voyant mon visage, son sourire se crispa.

— Tout va bien ?

— Oui, tout va très bien. Je dois y aller, répondis-je d'un ton peu naturel avant de me diriger à grands pas vers le hall, les jambes encore tremblantes.

J'avais du mal à comprendre pourquoi l'armée gardait une chose pareille ici. Aussi près de la mer, alors qu'ils devaient se douter que les élémentaires auxquels ils avaient volé cette pierre viendraient la récupérer. S'il s'agissait d'une arme je pouvais comprendre qu'ils aient tenté d'en priver les Elémentaires, après tout, nous étions en guerre. Sauf que si ça avait été le cas, comment expliquer qu'ils aient réussi à s'en emparer ? En revanche, si ce n'était pas une arme, ça n'avait aucun sens de la garder ici étant donné qu'elle motivait les Elémentaires à nous attaquer. Des centaines de civils vivaient ici ! La présence de cette chose, même gardée par autant de soldats, mettaient leurs vies en danger. 

Continue Reading

You'll Also Like

507 117 19
La vie est rude dans les Grottes, mais la Froidure s'achève enfin : les Clans profiteront bientôt de cueillettes abondantes et de gibiers gras. Les M...
1.5K 178 36
Un royaume maudit avec pour unique sauveuse une guerrière dont le nom signifie "Éclat du Soleil". Bon gré mal gré, Elly se voit embarquer dans une a...
33.7K 4.2K 41
Aymeric, jeune enfant des rues d'Ondre, tente de survivre grâce à ses larcins. Un soir où il tente de s'introduire dans le palais royal, son destin b...
320K 26.1K 61
Il y a plus de deux mille ans, un petit nombre d'hommes et de femmes parmi les plus intelligents, riches et puissants de la planète tirèrent leur rév...