Aloys (Tome 1) : lightning an...

بواسطة MarianneLtrr

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La guerre est arrivée de nulle part, sans qu'on puisse l'empêcher. Les Elémentaires ont traversé leurs immens... المزيد

Avant propos
Chapitre 1
Chapitre 2 (1/2)
Chapitre 2 (2/2)
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9 (2/2)
Chapitre 10 (1/2)
Chapitre 10 (2/2)
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18 (1/2)
Chapitre 18 (2/2)
Chapitre 19 (1/2)
Chapitre 19 (2/2)
Chapitre 20 (1/2)
Chapitre 20 (2/2)
Chapitre 21
Chapitre 22 (1/2)
Chapitre 22 (2/2)
Chapitre 23 (1/2)
Chapitre 23 (2/2)
Chapitre 24 (1/2)
Chapitre 24 (2/2)
Chapitre 25 (1/2)
Chapitre 25 (2/2)
Chapitre 26 (1/2)
Chapitre 26 (2/2)
Chapitre 27 (1/2)
Chapitre 27 (2/2)
Chapitre 28 (1/2)
Chapitre 28 (2/2)
Chapitre 29
Chapitre 30 (1/2)
Chapitre 30 (2/2)
Chapitre 31
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 32 (1/2)
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35

Chapitre 9 (1/2)

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بواسطة MarianneLtrr

Le docteur Ross ne me laissa pas sortir de l'infirmerie avant la fin de la semaine, m'obligeant à passer quatre jours attachée à un lit. Incapable de m'asseoir ou d'aller faire mes besoins sans que quelqu'un ne daigne bien vouloir me venir en aide. J'avais pourtant tenté de le convaincre que je ne représentai aucun danger, mais de toute évidence, ça n'avait pas eu beaucoup d'effet sur lui. Il évitait au maximum ma chambre et avait même fait installer une machine étrange au plafond qu'il avait appelé un inhibiteur et qui était censée m'empêcher d'utiliser mon don. Ce que j'aurais bien été incapable de faire de toute manière.

J'eus donc tout mon temps pour ressasser les paroles d'Aaron Melchior. Je ne savais pas trop si je devais m'inquiéter ou me réjouir de posséder ce pouvoir si particulier. D'un côté, il faisait de ma vie un enfer, premièrement parce que sans lui je serais assise sur les bancs d'un amphi à écouter un prof bavasser sur je ne sais quoi, et deuxièmement parce qu'il mettait mon corps au supplice dès que j'avais le malheur de l'utiliser. Pourtant, si Melchior disait vrai, j'avais du potentiel, et si je me décidai à l'utiliser, je pourrais peut-être m'en servir pour sortir d'ici. Le problème c'était que m'enfuir était un plan à court terme. Même si j'y parvenais, je doutai qu'on me laisse disparaître aussi facilement. Ils me suivraient, me chasseraient et me ramèneraient ici. J'aurais pu me reposer sur l'aide d'Arthur et d'Elena, mais je n'avais aucun moyen de les contacter et j'ignorais quand eux seraient en mesure de le faire. Alors à quoi bon se donner tant de mal si c'était pour échouer au bout du compte ?

Lorsque Ross me laissa enfin partir, j'étais encore dans un sale état : ma peau commençait à guérir, mais mes plaies étaient encore visibles et quelques marques de brûlure ornaient encore mes bras, mon cou et une partie de mon visage. J'avais deux côtes et un bras cassé qui se remettaient avec une certaine rapidité grâce au traitement avancé dont disposait l'armée, mais qui prendraient quand même plusieurs semaines à guérir. On m'escorta jusqu'à ma chambre où j'eus le droit d'enfiler une tenue correcte. Puis l'homme qui m'accompagnait me déposa directement devant la salle entrainement six et me poussa à l'intérieur sans ménagement. Cette salle-là était plus grande que celle que j'avais vu la dernière fois et donnait directement sur la forêt. Seuls quelques mètres me séparaient des premiers troncs ce qui me donna une folle envie de détruire cette vitre pour les rejoindre. Les vitres donnaient également sur une partie du couloir, et un tas de soldats aux yeux curieux s'y pressaient pour observer l'entraînement de mon escouade.

L'ensemble de l'équipe était présente. Au centre de la pièce se trouvait l'une des femmes que j'avais vu la première fois, mais dont je ne connaissais pas le nom, et Aaron. Les autres étaient rassemblés sur le côté, assis sur de petits gradins en métal qui encadraient la pièce. Comme d'habitude, mon entrée fut remarquée mais je me contentai de me glisser sur les gradins les plus proches et de fixer mes pieds. Je détestais qu'on me regarde et voilà qu'ils me fixaient tous avec étonnement, comme si ma présence était la chose la plus étrange qu'ils avaient vue de la journée.

— Il paraît que ton entrainement a un peu mal tourné, lâcha Eren en s'asseyant bruyamment à côté de moi.

— Il paraît... me contentai-je de répondre, tandis que quatre autres personnes s'asseyaient autour de moi.

— Te fatigue pas, on était juste à côté, on a tout vu et tout entendu, lâcha une jeune femme à la peau blafarde qui rappelait un peu celle d'Eren.

— Je te présente Cali, et ici il y a Soen, Horace et Jin. Celle qui se bat avec Aaron c'est Swann. Et là-bas, (il désigna ceux qui étaient restés à l'écart et qui regardaient le combat avec attention) il y a Nao et Eban, lança Eren d'un ton joyeux dans le but de détendre l'atmosphère ce qui me rappela un peu Alice.

Soen était le doyen du groupe qui m'avait parlé la première fois, il était grand, aussi large qu'une armoire et pourvu d'une barbe foisonnante et mal entretenue. Une petite cicatrice blanchâtre lui barrait l'œil droit, mais hormis ce détail, son visage avait été épargné par la guerre. Contrairement à Jin dont la peau était criblée de fines cicatrices qui ressortaient d'autant plus sur sa peau hâlée. Cali, quant à elle, avait un visage doux, dont les traits fins et parfaitement symétriques évoquaient davantage un mannequin qu'un soldat. Ses yeux bleus et ses cheveux blonds tranchaient avec la peau ébène du dénommé Horace. Ce dernier avait le crâne rasé sur lequel s'étendait une longue cicatrice, d'une oreille à l'autre comme si quelqu'un avait cherché à lui découper le crâne.

— On a beaucoup entendu parler toi, ajouta Jin. Tu es devenu le centre de toutes les conversations depuis ton petit coup d'éclat.

— Ce n'est pas toujours positif, précisa Horace en me jaugeant avec curiosité comme s'il hésitait encore à être pour ou contre ce qui se disait à mon sujet.

— Imagine un peu : celle que personne ne pouvait voir en peinture au E parce qu'elle refusait catégoriquement de s'entraîner, envoyée au D dans l'une des escouades les plus prestigieuses de l'armée, alors même qu'elle avait obtenu zéro à tous les tests de l'examen ! Et maintenant elle s'amuse à détruire les salles entrainement ! Absolument tout le monde en parle, lâcha Eren en éclatant de rire.

Ce n'est pas comme si l'avis de tous ces gens comptait pour moi, mais l'idée d'être le centre des rumeurs et des critiques de tout le centre ne me plaisait pas beaucoup. J'étais plutôt habituée à être la fille du fond de la classe que personne ne remarquait, du moins jusqu'à ce qu'Arthur s'entiche de moi et cherche à tout prix à me présenter ses amis. Mon cœur se serra douloureusement à ce souvenir, je n'en revenais toujours pas qu'ils soient tous morts et que moi, je me retrouve ici.

— Certains pensent même que tu as détruit cette salle pour t'échapper du centre, renchérit Cali.

L'idée n'était pas bête, on me l'avait même déjà conseillée. Dommage que cette rumeur-là ne soit pas vraie... Je levai les yeux au ciel, si seulement j'étais capable d'une chose pareille !

Ils continuèrent à jacasser un moment, puis ils finirent par comprendre que je n'avais pas l'intention de me mêler à la conversation et chacun reprit son observation du combat entre Swann et Aaron. J'étais fascinée par la vitesse à laquelle chacun d'eux bougeait. Ils ne se servaient pas de leur don pour combattre, ils disposaient seulement de leurs armes. Deux courtes épées en métal sombre pour Aaron et deux dagues de la taille de mon avant-bras pour Swann. J'avais toujours cru qu'Alice était rapide, pourtant en comparaison, elle aurait vraiment l'air d'une débutante. Ils paraient et attaquaient si vite que j'avais parfois du mal à discerner leurs mouvements.

Le combat durait déjà depuis un bon moment lorsque l'une des offensives de la jeune femme atteignit enfin sa cible. Elle esquiva l'un des coups d'Aaron, se ramassa sur elle-même puis bondit en direction de ses jambes. Ce dernier l'évita in extremis et perdit momentanément l'équilibre, permettant à Swann d'abattre l'une de ses dagues vers le torse de son adversaire. Il s'écarta d'un bond et éclata de rire sous les applaudissements de son escouade. J'en conclus qu'il devait être assez rare que quelqu'un parvienne à le toucher. Pas le moins du monde honteux, il se retourna vers nous et désigna son torse avec une petite moue boudeuse. La lame de Swann l'avait simplement frôlé, mais son T-shirt était fendu en deux et une fine ligne écarlate s'étendait entre les deux morceaux de tissus. D'un geste il ôta son haut et le jeta dans un coin, puis sous les sifflements de ses hommes il rejoignit Swann en deux enjambées. Cette dernière n'avait pas bougé, elle attendait que le combat reprenne avec impatience. Se balançant d'un pied sur l'autre, prête à bondir sur son adversaire à la première occasion.

— Je suis sûr qu'il l'a fait exprès pour tomber le T-shirt ! s'exclama Horace en désignant un petit espace vitré qui donnait sur le couloir dans lequel s'entassait une vingtaine de personnes.

— Qui sont-ils ? demandai-je en dévisageant les intrus.

— Qui sont-elles tu veux dire ! rectifia-t-il.

— Des fans qui sont venus se rincer l'œil, m'expliqua Eren en donnant un coup de tête dans la direction d'Aaron.

— Elles sont là pour lui ?

— La plupart oui, mais les autres sont là dans l'espoir de comprendre quelque chose qui les ferait progresser. En général elles finissent avec nous de toute manière, Aaron est du genre létal au pieu, ricana Nao en se rapprochant de notre petit groupe, Eban sur les talons.

Il m'adressa un petit clin d'œil aguicheur auquel je répondis en levant les yeux au ciel. Il était exactement comme dans mes souvenirs à Paris, à ceci près que maintenant je savais qu'il était plus que le larbin de son supérieur. S'il faisait parti de cette escouade, il devait être particulièrement puissant. Quant à son complice, Eban, je me souvenais l'avoir aperçu dans l'avion qui m'avait amené au centre. Il était grand et svelte et je n'eus aucun mal à croire Nao lorsqu'il parlait de leur succès avec la gent féminine. Là où Nao était doué d'un charme naturel, Eban avait des yeux verts saisissants, il devait faire tourner la tête d'un paquet de filles.

— C'est ridicule, commentai-je en saluant les nouveaux arrivants.

— Je suis bien d'accord avec toi, on devrait avoir le droit de s'entraîner sans être épié par des soldats de seconde zone qui n'ont visiblement rien d'autre à faire de leur journée, approuva Cali en leur jetant un regard désapprobateur.

— Elles sont là pour apprendre, essaye de comprendre Cali, tout le monde n'est pas aussi doué que toi. Un petit cours particulier de temps en temps ne peut pas leur faire de mal, lâcha Nao en adressant un grand sourire au public.

Le débat continua encore une bonne dizaine de minutes. Seul Eren et moi étions volontairement restés en retrait ce qui nous avait permis de discuter un peu sans être écoutés par notre nouvelle escouade. Il avait un peu changé depuis l'examen, il était plus sûr de lui, il se tenait droit, parlait fort, on aurait presque pu l'assimiler à tous les autres si ses bras n'avaient pas fait la taille des miens. Lorsque le combat se termina enfin, Swann se dirigea vers nous au pas de course, fière de sa prouesse et elle fut une nouvelle fois applaudie et félicitée par tout le monde. Puis ils se levèrent et se dirigèrent vers la porte avec entrain, pressés de se rendre au réfectoire.

— Les autres ne s'entraînent pas ? demandai-je à Eren en suivant le groupe.

— Tu es arrivée un peu tard, tu as tout raté. Chaque jour, à la fin de la journée, Aaron choisit l'un d'entre nous pour un combat histoire d'évaluer nos progrès.

— Tu t'es déjà battu avec lui ?

— Non, c'est inutile, on n'appellerait même pas ça un combat, soupira-t-il en jetant un œil désolé à la vitre derrière laquelle les spectatrices commençaient à s'agiter.

— Arrête de leur faire les yeux doux ou Alice va-t'en mettre une.

Son visage s'empourpra et il me dévisagea, les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte, comme s'il cherchait une manière de nier ce que j'insinuais, mais que rien ne lui venait. Il n'eut pas le temps de répondre que j'entendis mon nom résonner dans la pièce. Les membres de l'escouade qui étaient encore là regardèrent en arrière, curieux de savoir ce qu'Aaron me voulait, mais Eren les poussa dehors et m'abandonna derrière lui. Je me retournai lentement en grimaçant pour lui faire face. Cette fois-ci il ne m'accorda aucun sourire amusé, rien que le masque sans expression qu'il portait en public.

— Tu as réfléchi ?

— À quoi ? répondis-je mollement, trop distraite par l'examen que mes yeux faisaient de son torse pour faire attention à ce qui sortait de sa bouche.

Pendant un bref instant je compris pourquoi il y avait autant de femmes entassées derrière cette vitre. Ce type était odieusement séduisant et j'imaginais sans mal que son petit côté général autoritaire devait grandement jouer sur son succès au sein de la gent féminine. Quel gâchis de donner un physique pareil à quelqu'un d'aussi désagréable.

— À ce que tu souhaites apprendre.

— Il va me falloir plus qu'une semaine à l'infirmerie pour me faire changer d'avis général.

— J'aimerais savoir, lâcha-t-il en se baissant pour ramasser son T-shirt en lambeaux. Pourquoi tu refuses d'apprendre à te défendre ?

— Je ne veux pas devenir soldat.

— Pourquoi ? Qu'y a-t-il de mal à défendre ce qu'il reste de l'humanité ?

— Vous ne défendez pas l'humanité, vous l'oppressez, rectifiai-je. Je ne participerais pas à ça, c'est tout. Et puis, j'avais d'autres projets avant de me faire kidnapper par vos sbires.

— Je peux comprendre, il est parfois difficile d'adhérer à quelque chose qu'on ne connaît pas vraiment, mais ça n'explique pas pourquoi tu préfères te laisser mourir sur le champ de bataille. À quoi ça rime au juste d'abandonner si facilement ? Tu crois que ta petite vendetta contre nous, nous importe ? Ce n'est pas le cas, la seule qui en souffrira c'est toi.

— Je vois. Donc d'après vous, je ferais mieux d'accepter mon sort et de devenir le parfait petit soldat pour tenter de vivre un peu plus longtemps que la moyenne ? ronchonnai-je en lui tournant le dos.

La vue des arbres aurait pu me calmer s'il m'avait laissé un peu de temps pour me concentrer sur le balancement régulier des branches. Au lieu de ça, il s'avança vers moi, agrippa mon épaule et d'un geste ferme me força à lui faire face. Je me dégageai vivement avant qu'il ne me vole de nouveau mon énergie, et m'écartai d'un pas, méfiante. J'avais suffisamment vu l'infirmerie ces derniers temps, je ne tenais pas à y retourner tout de suite.

— Je le contrôle, dit-il simplement en reculant, visiblement mal à l'aise que j'ai pu prendre son geste pour une attaque. J'ai lu ton dossier, tes parents ont été tués lors d'une attaque d'Elémentaires il y huit ans, commença-t-il en rangeant rageusement ses mains dans les poches de son pantalon. Ce que je trouve étrange, c'est que généralement les orphelins veulent venger leur famille, et faire en sorte que ce genre de chose n'arrive plus. La plupart d'entre eux entrent volontairement dans le programme des A-gènes uniquement pour cette raison. Pourtant, toi, qui a la chance d'avoir reçu des dons incroyables, tu ne veux pas t'en servir...

Il avait lu mon dossier. Mon dossier dans lequel il était écrit que j'étais une pauvre petite orpheline de guerre et maintenant il essayait d'utiliser ça contre moi ? Peut-être aurais-je dû être en colère que mes parents soient morts lors de cette attaque, mais ça n'avait jamais été le cas. Ils étaient morts, comme des milliards d'autres innocents et je m'étais simplement faite à cette idée. Je me souvenais que j'avais peu pleuré, que j'étais simplement restée muette pendant quelques mois. Puis que petit à petit, le monde s'était remis à tourner. Le temps avait fait son œuvre, la tristesse, mêlée à la légère amnésie du traumatisme, s'était muée en indifférence. Aujourd'hui je ne me rappelais même pas de leurs visages ou de mon enfance passé à leur côté, ils n'étaient que les notions abstraites d'une vie fantasmée.

— La vengeance c'est pour les idiots. La seule chose que je dois à mes parents c'est de rester en vie, pas d'aller me suicider sur le champ de bataille.

— Alors pourquoi est-ce que c'est exactement ce que tu es en train de faire ? La seule chose que je te demande c'est de trouver une raison de te battre, n'importe quoi ! Bas-toi pour défendre tes proches ou pour sauver ta vie, peu importe, mais ne laisse pas ton orgueil te mener à l'abattoir aussi bêtement.

— Et vous ? Pourquoi vous-battez-vous ? Vos parents ? demandai-je d'un ton acide.

— Je me bats parce que c'est la seule chose que je sache faire et parce que je veux que mon escouade revienne saine et sauve après chacune de nos missions.

— On est bien loin du titre de héros qu'on vous colle sur la tronche dans les médias, moi qui m'attendais à un long discours sur l'importance de sauver son prochain !

Il soupira longuement et se passa la main dans les cheveux, d'un geste agacé. Au moins, notre aversion l'un pour l'autre était mutuelle, avec un peu de chance, il me renverrait sur les bancs des apprentis avant que je n'aie à me retrouver une nouvelle fois sous les bons soins de Ross.

— Tu es vraiment exaspérante. À croire que tu n'as aucun instinct de survie.

— Vous n'aviez qu'à choisir quelqu'un d'autre pour faire partie de votre escouade !

— Ça n'aurait rien changé, vous êtes tous des gamins sans cervelle qui courent au front sans même savoir ce que s'est, s'écria-t-il en levant les yeux au ciel.

— Personnellement, je courais dans l'autre direction, c'est votre faute si je me retrouve là, rétorquai-je.

— Si ça n'avait pas été moi, ça aurait été un autre. Personne ne laisse un P-gène aussi puissant dans les rangs des aspirants bien longtemps.

La porte de la salle s'ouvrit brusquement, une femme aux cheveux écarlate entra dans la pièce. Si mes souvenirs étaient bons, il s'agissait de Faël Presech, elle commandait une unité d'élite elle aussi. Elle m'accorda un regard amer avant de reporter son attention sur l'objet de ses fantasmes en se mordillant la lèvre d'une manière trop provocatrice pour qu'il ne s'agisse pas d'une invitation. Je vis les yeux d'Aaron osciller entre elle et moi, partagé entre l'envie de la rejoindre et celle de me faire encore une fois la leçon. L'occasion était trop belle alors je profitai de son hésitation pour m'échapper.

— Amusez-vous bien ! lançai-je simplement avant de contourner la femme et de quitter la pièce.

Comme je m'y attendais, il ne me suivit pas et je pus regagner le réfectoire en vitesse. Là, se trouvait le reste de mon escouade, assis à l'une des premières tables de la salle. Une chaise vide attendait que je m'y installe. J'avais beau de ne pas apprécier énormément mes nouveaux camarades, ils étaient les seuls de la pièce à ne pas me jeter de regards mauvais. Je fis un détour vers les cuisines et les rejoignis en grimaçant un sourire qui se voulait amical.

— Il te voulait quoi ? demanda Eren sans me laisser le temps de poser mon plateau sur la table.

— Il m'a fait un énième sermon. Rien de bien intéressant.

— Et ça a été efficace ? lâcha Soen entre deux bouchés.

— Très ! Je me suis soudainement aperçue que mon plus grand rêve était d'apprendre à massacrer des gens.

Ma petite pique les fit sourire, comme s'ils s'attendaient tous à ce que je dise ça. De toute évidence, Eren avait dû leur parler de moi et de mon sarcasme.

— Nous massacrons des Elémentaires en général, mais ça aussi j'imagine que ça ne te tente pas ? me corrigea Swann.

— J'aimerais autant ne rien massacrer du tout.

— Moi aussi... souffla la blonde du nom de Cali en baissant les yeux sur son plateau.

J'avais visiblement plombé l'ambiance car personne n'ajouta quoi que ce soit. Contrairement aux aspirants que j'avais côtoyés jusque-là, on voyait aux marques sur leurs peaux et à leurs regards sombres qu'ils connaissaient la guerre. La vraie guerre, pas celle qu'on vendait aux ados crédules. Ce qui les rendait nettement moi insupportables que la plupart des gens que j'avais rencontré jusqu'à maintenant. Ils ne me blâmaient pas parce que je refusais d'y participer, car ils connaissaient l'envers du décor mieux que personne. Ils connaissaient les risques et les conséquences de ces combats. Comment auraient-ils pu me reprocher de n'avoir aucune envie d'ôter une vie alors qu'eux-même en connaissaient le prix ? Ils avaient vu nombre des leurs tomber sur le champ de bataille et en retour, ils avaient probablement tué des dizaines, voire des centaines d'ennemis. Peut-être même des humains, des rebelles ou je ne sais qui.

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