- Et ma nièce ? Que fait-on d'elle ?
Tu réintègres ton corps avant que cette phrase n'atteigne tes oreilles. Pensant que la discussion était finie, tu en as coupé le lien.
Ce mot. Le séparateur. Rien que ce nom n'indiquait rien de bon. En plus, c'était un objet de convoitise. Et tes parents semblent en savoir bien plus que toi à propos de toi. Tu es complètement perdue. Tes pensées t'envahissent et rien ne peut venir perturber ta réflexion. Pas même Five qui vient d'apparaître dans ta cuisine.
Enfaîte si, tu as bien entendu quelque chose mais tu penses à ce chat abandonné que vous nourrissez de temps en temps. Cependant, c'est lorsque ce chat marche trop bruyamment pour un chat que tu te retournes d'un coup sec.
À la seconde où tu aperçois une silhouette humaine, tu hurles et bascules en arrière de ton canapé. Ton dos tape le sol et tu te protèges comme tu peux de l'inconnu, que tu imaginais être un voleur. Lorsque tu ne vois pas ton prétendu agresseur bouger, tu relèves lentement la tête avant d'apercevoir l'un de tes sauveurs de la fête.
Il semble lui aussi surpris et écarquille les yeux. Un faible sourire se dessine alors sur son visage quand il comprend que tu l'a reconnu. Tu prends ta tête entre tes mains pour te remettre de tes émotions passées.
- Désolé, rit-il en voyant ta tête
Tu lâches un faible rire avant de poser tes yeux sur lui. Il prend une mine plus sérieuse et vient s'assoir sur un fauteuil. Tu le regardes, intriguée par sa présence en ce lieu qu'il ne connaît pas. Il a réussi à trouver ta maison, alors que vous ne vous connaissez pas. Il a certainement quelque chose de très important en vue de sa mine pensive. Ton visage prend une toute autre teinte et tu demandes bien ce qu'il va pouvoir dire.
- Je veux bien un verre d'eau, c'est gentil de proposer.
Tu le regardes d'une drôle de tête. Il n'a pas levé les yeux et fixe toujours ses pieds, les coudes posés sur ses genoux. Voyant qu'il ne bougerai pas, tu sautes sur tes pieds et entre dans la cuisine. Le verre d'eau plein tu le poses sur la petite table basse et t'assois sur le canapé.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Il daigne enfin bouger et prend le verre. Il laisse ta question en suspens. Pendant qu'il boit le liquide du robinet tu lui lances :
- c'est de l'eau chaude.
Five mime un rictus avant de continuer à boire et faire comme s'il n'avait rien entendu. Le verre vide, il se décide à te répondre.
- T'es partie.
- Je sais, et ?
- Je voulais voir pourquoi ? Et savoir si t'as blessure s'était bien remise.
Tu fronces les sourcils.
- Et bien, vous étiez trop occupé pour avoir une blessée sur les bras, je vous en ai libéré. Aussi simple que ça
Le jeune homme plissa les yeux, gêné.
- C'était avant de savoir que t'avoir ce. Don.
- Donc maintenant je suis utile, dis tu en écarquillant les yeux.
- Oui en quelques sortes.
Tu rigoles.
- C'est bien au moins t'es direct.
Un silence vient s'installer. Une idée te vient.
- Five ? Tu sais ce que c'est un séparateur ?
Il pose son regard dans le tien, à la manière des films et semble s'interroger. Puis il le baisse pour regarder le tapis. Tu penses qu'il aime bien ton sol, il a toujours les yeux dessus.
- Comment ?
- Quoi comment ? T'as répondu à ma question par une autre question, moi je veux une réponse.
- Comment tu connais le séparateur.
- Five ? Ma réponse d'abord, ordonnes-tu un brin dépassée.
Il lâche un soupir.
- Oui, je connais. Maintenant à toi ?
Tu lui fit ton plus beau faux sourire et lui répondit.
- J'ai espionné mon oncle, il parlait à un assez jeune femme, en robe jaune. Elle lui a dit de trouver mes parents, qui ont disparus, et de lui rapporter le séparateur. Qu'importe le prix.
L'adolescent semble percuter ses informations puisqu'il hoche la tête. Tu hésites à lui faire part de tes propres pensées par rapport à cette histoire. Et si tu te trompais ?
- Qu'est ce que c'est le séparateur ?
- Un objet, envoie-t' il du tac au tac, enfin on ne sait pas ce que sait. Comment était la femme ? Elle avait une robe jaune pâle, c'est ça ?
Intriguée, tu lui réponds par l'affirmative puis l'interroge silencieusement.
- Tu la connais ?
- Non, affirme t'il, ses cheveux ?
- Blanc
Five attrapé son verre et s'allonge dans le fauteuil. Tu es toujours appuyée sur tes coudes, prête à l'écoute.
- Tu la connais, maintenant ?
- Toujours pas, souffle-t'il dans un léger sourire.
- Tu sais où sont mes parents ?
- Ça, c'est peut être quelque chose que j'ai en ma possession.
Ton visage s'illumine et tu le regardes, remplie d'espoir.
- Où ?
- Tu veux bien me suivre ? te demande-t'il d'une voix réconfortante.
- Où ?
- Juste, viens, dit-il déjà debout.
Tu imites le garçon et lui prends le verre des mains pour le mettre dans l'évier. Puis, tu vas chercher ton téléphone, tes clés et verrouilles ta maison.
- J'en aurai pour longtemps ? Poses-tu, espérant que cela durera que quelques heures.
- Des jours, voire des semaines. Cela dépend des embûches qu'on rencontrera, te dit-il dans un haussement d'épaules.
- Ah.
- Des embuches ?
Vous quittez le peron de ta demeure et prenait la rue menant au boulevard.
- Oui, faut bien retrouver tes parents et quelqu'un est déjà à leur recherche.
- Ah. On va retrouver mes parents. Ça semble un bon plan. Et, tu marches vite. Pourquoi tu m'aides ?
Il se retourne et te dévisage.
- Parce que ça me concerne aussi.
Tu fermes les yeux et te passes une main sur le visage.
- Va vraiment falloir que tu m'expliques parce que là, je suis sur le point de couler.
Il sourit à ta remarque et reprend la route, toi sur les talons.
Tu ne sais absolument pas le chemin que vous empruntez, même si tu es née dans cette ville. Le chemin est assez perturbant. Aucun de vous deux ne prononcé un mot. Lui trop concentré sur les directions. Et toi trop perdue à te poser un autre tas de question. Au moins, tu sais quelque chose. C'est que depuis le début, les questions n'ont pas quittées une seule seconde ton cerveau.
Lorsque le brun s'arrête, tu reconnais la grande bâtisse dans laquelle tu as passé un petit nombre de jour. Seulement, le chemin était bien plus long que celui que tu as pris la dernière fois. Il pousse le portail et t'invites à rentrer. La porte d'entrée est ouverte et vous vous faufilés à l'intérieur.
C'est exactement comme la dernière fois. En même temps tu es partie depuis deux jours. Tout ça pour dire qu'aucun travaux n'a été fait et qu'il n'ont pas déménagé entre temps. Tu t'égares beaucoup trop.
Vous empruntez l'escalier en colimaçon et entrez dans l'ancienne chambre que tu occupais. Elle sent toujours cette odeur d'ancienneté et la bonne vieille tapisserie est restée au même endroit. Les maigres souvenirs que tu as ici remontes à la surface mais aussi ceux qui t'ont fait venir ici. D'un coup de tête, tu chasses ses souvenirs qui te hantes toutes les nuits et demande à Five ce que vous faites ici.
- Tu vas avoir besoin d'un endroit pour dormir pendant ce temps.
- J'ai une maison tu sais, rétorque-tu surprise de cette invitation.
- Se seras plus facile pour te parler si tu es dans la même maison.
- Me parler ?
- Oui te parler des plans.
- Ah oui, des plans.
-Ben oui des plans, tu t'étais imaginée quoi.
Tu secoues la tête, faisant bouger tes cheveux dans tous les sens. Très vite, tu relances la conversation pour effacer le malaise qui a commencé à s'installer en toi.
- Pourquoi on a fait tout ce chemin ? En plus, c'était plus long. Et tu aurais pu nous téléporter.
Un large sourire vint illuminer son visage.
- Ouais, j'aurais pu. Mais j'ai bu de l'eau chaude.
Tu souffles et roules des yeux.
- D'accord, c'était ta vengeance. Très petite.
- C'était petit, toi aussi.
Tu postes ton doigt sur tes lèvres en signe de silence puis va t'asseoir sur le lit.
- J'accepte l'offre. Cependant, j'ai aucune affaire. Je pensais être rentrée pour dîner.
-Je te l'ai dit que ça prendrait plusieurs jours, rouspète-t'il
- J'ai pas pu, t'étais déjà sur la route avant que j'ai pu dire ouf, te défends-tu.
- OK, j'irai te les chercher.
- Oh, tu avales ta salive, je pourrais venir parce que j'ai pas que des t-shirts et des pantalons à prendre.
- Oui, bien sûr. On fera ça se soir, en attendant tu peux rester là.
Il est dans le couloir lorsqu'il finit sa phrase, te laissant seule, un début de joues cramoisies. Les bras sous la tête, tu te poses sur le lit, prenant répis de ce long moment en compagnie du jeune (?) homme.
En cet fin d'après midi tu entends Allison arriver. Elle te prend dans les bras, te demandant comment tu te sens et inspectant la blessure devenue complètement invisible. Une très légère cicatrice apparaît mais il faut vraiment vouloir la voir pour savoir qu'elle est là.
Le soir, tu vas, comme prévue, chercher tes vêtements et de quoi entretenir ton hygiène avec Five. Tout se passe bien. Il se sert cette fois si d'un verre d'eau froide pendant que tu rassemblés le tout dans un immense sac de sport. Une fois rentrés au petit château , tu te décides à prendre une douche pour sentir bon et masquer un peu, pour cette nuit, l'odeur de l'ancienneté.
Le repas se passe à merveille. Au lieu de manger seule dans ton canapé tu es entourée de six personnages aussi intriguant les uns que les autres. Discrètement avant de remonter dans ta chambre pour une bon gros sommeil, tu glisses un petit papier, écrit à la va-vite, dans la poche de Five.
À la rapidité d'un éclair, tu t'éclipses avant de le voir le trouver.
" JE CROIS QUE JE SUIS LE SÉPARATEUR"