DE SANG ET D'ARGENT T7 Half o...

By Shirayukitaki

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DE SANG ET D'ARGENT TOME 7. « - Tu reviendras ? La peur. Là, dans mon ventre. La terreur. Celle d'être aband... More

Half of a man
Avant-propos
Meute & informations
1.1 Priam
1.2 Priam
1.2 Honor
2.1 Priam
2.2 Priam
2.1 Honor
2.2 Honor
3.1 Priam
3.2 Priam
3. Honor
4.1 Priam
4.2 Priam
4.1 Honor
4.2 Honor
5.1 Priam
5.2 Priam
5. Honor
6. Priam
6.1 Honor
6.2 Honor
7.1 Priam
7.2 Priam
7. Honor
8. Priam
8. Honor
9.1 Priam
9.2 Priam
9. Honor
10. Priam
10. Honor
11. Priam
11. Honor
Épilogue
Des Mains ✊ des bêtises 🎭 de l'amour ❤️ et merci ✨
- Wherever you are -

1.1 Honor

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By Shirayukitaki

Il y eut le craquement d'une branche suivi de pas. Une foulée rapide, quoiqu'un peu gauche peut-être. Ça se rapprochait même alors que je courrai à travers bois, soulevant mes jupes pour ne pas me prendre dans l'étoffe et risquer ainsi de tomber.

Je jetai un coup d'œil derrière moi après avoir fait attention à ce qui se trouvait devant. J'avais beau connaître cette forêt sur le bout des doigts, il n'y avait pas plus trompeur comme terrain. Et je savais que mes petits poursuivants avaient le don de suivre quasi parfaitement ma trajectoire, alors j'avais appris à leur préparer la voie. D'aucuns auraient dit que c'était trop facile, mais je faisais très attention aux enfants dont j'avais la charge.

Je vis une ombre, puis une autre. Ils étaient tous là, se suivant, ne se quittant jamais vraiment des yeux. Même s'ils avaient l'habitude de jouer ici, ils n'en restaient pas moins très prudents. Beaucoup craignaient de se perdre. Et de ne pas retrouver le chemin de la maison.

La peur de l'abandon était très forte. Trop chez certains.

Aux foulées se joignirent des rires. Mon sourire étira mes lèvres. Ils n'étaient pas très silencieux aujourd'hui, mais il n'était pas question d'une partie de cache-cache, alors ça ne posait pas de problèmes.

Je slalomai entre plusieurs arbres et accélérai un peu l'allure. Au-delà d'être un simple jeu c'était un test. Je voulais analyser l'endurance des plus grands, mais bien plus encore, la cohésion qu'il y avait entre eux tous.

Une ombre sur ma droite. Un petit garçon rapide. Maxan était très vif. Très intelligent aussi. Mais il avait du mal à se mêler aux autres et à avoir un esprit de cohésion. Il était certes encore jeune, mais dans notre chez nous je poussais les enfants à êtres des frères et des sœurs de cœur, à défaut d'être de sang.

J'avisai l'immense champ qui bordait la maison et qui n'était plus très loin devant. Entendre les rires des enfants derrière moi me faisait énormément de bien. J'adorais la joie enfantine qui se dégageait d'eux, cette candeur et cette innocence qui les caractérisaient tous autant qu'ils étaient. Ils mettaient du baume au cœur et ils rendaient l'existence un peu plus douce.

Être entouré d'enfants était devenu un mode de vie pour moi. Les élever, les aimer, c'était tout ce dont j'étais capable et je n'aurais échangé ma place pour rien au monde.

Pour absolument rien.

Ils étaient tout pour moi et la personne que j'étais les aurait défendus bec et ongles si cela avait été nécessaire.

Je n'étais la mère d'aucun d'entre eux, mais à mes yeux, ils étaient mes enfants. Tous. Sans aucune distinction.

Mes pieds nus touchèrent l'herbe au moment où une main effleura mon coude. Je me retournai et mes cheveux fouettèrent mon visage. J'attrapai Maxan sans les aisselles et le soulevai sans mal même alors qu'il n'était plus un tout petit garçon. Ce n'était pas encore un adolescent, loin de là, mais il détestait quand on le traitait comme les plus jeunes. Il avait ainsi décidé de se conduire comme un grand, un vrai qu'il nous avait dit. Pour cela, il prenait exemple sur Jashue. C'était toujours très drôle à voir et ça amusait tout le monde.

Les autres surgirent des bois et je fus soudain entourée d'enfants qui riaient et me touchais. Leurs mains étaient sur mes jupes, sur mes jambes, sur mes bras. Ma puissance les enveloppa un instant et s'il y eut une réponse à cela pour certains, ce n'était pas le cas des plus jeunes. Ils étaient encore loin d'avoir vu l'émergence de leur moitié pour la plupart. La bête en eux sommeillait profondément, même si petit à petit, elle se réveillait.

Très peu parmi eux tous avaient connu leur premier Changement. Ils n'étaient même pas des louveteaux.

— Honor !

Je me retournai pour réceptionner Amara dans mes bras. Elle crocheta ses mains à ma nuque et frotta son nez contre ma joue. Elle en avait le bout tempéré, mais pas au point de m'inquiéter. Les températures chutaient lentement, mais il ne faisait pas encore vraiment froid. Jusqu'à ce que le temps change du jour au lendemain et alors, il faudrait faire attention. Nos petits futurs loups pouvaient très vite tomber malades. Ça arrivait souvent sans prévenir et c'était en cela que ça pouvait être dangereux. Nous avions eu une frayeur avec Annie, qui avait à peine deux ans et qui avait une constitution très fragile.

Nous avions tendance, nous les loups, à oublier que nous n'étions pas prémunis contre tout. Et que nos enfants n'étaient pas immunisés contre les maux les plus sommaires. Être un surnaturel ne protégeait pas de tout et cela les enfants devaient l'imprimer. Ils devaient le comprendre et le retenir. La maladie n'était pas réservée qu'aux humains.

Dire qu'Annie avait failli mourir d'une très mauvaise grippe n'aurait pas été mentir. Et cela avait retourné toute la maisonnée. Ici, nous étions une famille et la perte d'un seul des nôtres était une souffrance intolérable.

Lorsque les plus vieux nous quittaient, c'était aussi un déchirement. Ce n'était pas un adieu définitif, mais tout le monde ne comprenait pas. Pour eux, l'orphelinat était leur maison. Leur chez-soi. Ils ne pouvait pas se projeter si loin.

Comme tous les autres loups dans le monde, dans le pays. Comme tous les autres qui étaient chez eux, avec leurs parents. Qui n'avait pas été abandonné. Qui ne m'avait pas été confié.

Pour une vie meilleure.

Ou pour ne pas être tué. Tout simplement. Bien que rien ne semblait aisé dans ce genre de situation. Jamais.

Je reposai Amara au sol et elle détala presque aussitôt, suivie d'Eamon et de Bijan. Ils étaient respectivement âgés de cinq, trois et sept ans. Avec Annie, la petite dernière de l'orphelinat, ils étaient les plus jeunes. Pas forcément les plus turbulents, mais les avoir à l'œil tout le temps relevait presque du miracle. Heureusement, je n'étais pas toute seule pour réussir cet exploit. Sinon ma tête serait déjà toute blanche et j'aurais eu une durée de vie limitée. Ce qui ne pouvait pas arriver.

Il y avait trop à faire. Il y avait trop d'enfants qui avaient besoin de quelqu'un pour vivre. Juste pour vivre.

Eamon tira sur ma main et je posai un regard bienveillant sur lui. Tous les enfants n'étaient pas là. En tout il y en avait dix. Les plus grands suivaient un programme scolaire dans la ville la plus proche avec une institutrice qui savait mieux que personne comment ils étaient puisque Syrine les connaissait tous et qu'elle savait comment l'orphelinat fonctionnait, elle-même venant d'ici. Mais même si aujourd'hui nous étions samedi, certains des plus grands avaient choisi une tout autre occupation que le loup dans les bois.

— Le premier arrivé au porche, criai-je pour donner le top départ.

Il n'en fallut pas plus pour qu'Amara, Eamon, Emery, Bijan et Maxan détalent vers la maison où Brielle devait déjà les attendre de pied ferme. Je souris en les voyant se pousser un peu pour être sûrs de gagner et pris moi-même la direction de la bâtisse s'offrant à mes yeux.

L'orphelinat ressemblait à un immense manoir construit il y avait bien des siècles et qui avait su supporter les intempéries et les pires tempêtes que ce petit coin de pays ait connues. Nous avions dû bâtir une petite dépendance il y avait de ça dix-neuf ans pour agrandir le tout, mais nous tenions tous dans la maison centrale. Tout avait été pensé pour, et agencé de telle sorte qu'il y ait un espace pour les enfants et un espace pour nous.

La maison tenait certes debout, mais il y avait quelques travaux à effectuer, comme changer complètement la toiture sous risque de prendre l'eau. Nous étions entourés d'hectares et d'hectares de terrains, nous permettant ainsi d'élever des chevaux et du bétail. Nous vivions quasiment en parfaite autarcie, nous débrouillant par nos propres moyens pour ce qui était de la nourriture ou du chauffage. Coupés du monde, nous l'étions. C'était une réalité que j'avais moi-même cherchée à l'époque où j'avais découvert cet endroit. C'était un lieu sûr, entouré d'une immense forêt et bien plus encore, entouré d'une barrière magique. Tout le monde ne pouvait pas venir ici. Tout le monde ne pouvait pas s'approcher de mes enfants.

De loin, j'avisai Bianca et Unai, au niveau de l'enclos des chevaux. Si j'avais dit que les plus grands allaient à l'école, il y avait une exception. Pour eux deux. Ils étaient trop instables. Trop dangereux. Pas forcément pour les autres, mais avant tout pour eux-mêmes. Bianca n'était pas fragile à cause de sa louve, c'était un petit peu plus compliqué que cela. Elle n'avait même pas connu sa première Transformation de toute manière. Non, ça venait des racines de sorcellerie qu'elle portait en elle et qui ne s'apparentait pas à de la bonne magie, loin de là. Elle était de celle qu'on qualifiait de Noire.

L'enfant était prise en charge à ce niveau-là, mais mieux valait la garder éloignée des enfants humains. Pour sa propre sécurité. Mais aussi pour la leur. Du haut de ses huit ans, Bianca possédait déjà une puissance hors du commun qui ne pouvait être maîtrisée que par un sorcier. Ou dans ce cas précis, par une sorcière. La Sorcière Blanche de l'Éthérée venait ici chaque semaine pour s'occuper de Bianca. Et grâce à ça, la petite pouvait vivre un peu plus en adéquation avec ce qu'elle était.

En ce qui concernait Unai, c'était bien différent. Comme s'il avait senti mon regard, ce dernier tourna son visage vers moi. Il ne sourit pas et son faciès ne montra aucune expression. Unai était très renfermé, très discret et généralement, il était collé à moi, ne me quittant que lorsque les autres enfants réclamaient mon attention. Il se mettait alors en retrait et attendait. Unai ne détestait pas les autres, il avait juste du mal avec le contact. Il supportait mal d'être trop entouré. Il avait l'impression d'étouffer et de ne plus parvenir à respirer correctement. Nous avions essayé de le mettre à l'école, mais il y avait eu un accident et Syrine n'avait pas pu le garder avec elle. Unai ne tolérait presque que ma présence. Il l'acceptait pleinement, même. Alors je lui faisais la classe ici, avec Bianca.

Je n'avais aucune préférence pour les enfants que j'élevai. Je les aimais tous. Du même puissant amour qui me semblait pouvoir tout transcender. Mais Unai était différent. Il était particulier à mes yeux. Peut-être me rappelait-il le premier enfant abandonné que j'avais tenu dans mes bras. Oui, peut-être parce que lorsque je le regardai, il me faisait penser à mon Jashue.

Arrivée non loin d'eux, je tendis les doigts et si Bianca ne bougea pas, Unai se laissa tomber de la barrière et courut jusqu'à moi.

Je posai ma main sur le sommet de son crâne, et senti toute la puissance qui sommeillait en lui. C'était sauvage et brut. Et lorsque le premier Changement surviendrait, cela ne donnerait rien de bon. Je l'avais compris depuis longtemps. Unai était le plus sauvage, mais tant que sa moitié n'était pas là, je pouvais gérer. Et même quand son loup monterait, je pourrais le contrôler, mais je ne le voulais pas. Je ne l'avais jamais fait. Avec aucun des petits loups que j'avais eus. Aucun.

Jashue ne comptait pas vraiment. Il n'était pas comme les autres à mes yeux et ne le serait jamais.

— Tu as nourri les chevaux ? demandai-je.

Unai leva son regard vers moi et opina.

J'ignorai s'il avait les yeux de sa génitrice ou pas. J'avais trouvé Unai emmitouflé dans une couverture, non loin de la barrière. Il avait été déposé là par quelqu'un qui avait su que je le trouverais. Qui avait su que je lui offrirais une vie. Celle qu'il méritait.

Tous les enfants qui finissaient ici n'avaient pas de parents. Ils avaient des géniteurs. Là se situait toute la différence. On était parents lorsqu'on élevait ses enfants, sinon, nous ne pouvions prétendre à un tel titre. Beaucoup de louves qui venaient me trouver souhaitaient me laisser leur enfant pour qu'il ait une chance. De vivre plus de quelques heures.

Je ne jugeai pas les femmes qui avaient fini ici. Elles venaient pour se débarrasser de l'enfant qu'elle portait. C'était horrible à dire, mais c'était la réalité. Ma réalité.

Tous les petits loups ici étaient des bâtards, voire des héritiers illégitimes dont personne ne voulait. Dont l'existence même devait être effacée.

Des fils et filles d'Alphas, de Seconds. Des enfants qui n'étaient pas les bienvenus et dont on ne voulait pas. Sous aucun prétexte. Alors les louves cherchaient un moyen de sauver les bébés de la main des géniteurs en me les confiant.

C'était une aubaine, presque une seconde chance même pour eux, mais ils ne pouvaient pas le savoir, petits qu'ils étaient lorsqu'ils m'étaient confiés. Tous n'avaient pas cette... possibilité. Tous n'arrivaient pas à moi.

Je ne pouvais sauver tout le monde. Mais j'essayai. Et je le ferais jusqu'à ce que Sharan elle-même décide de me rappeler à elle.

— Gagné ! hurla Maxan.

Unai passa ses bras autour de l'une de mes jambes. J'essayai de le pousser à aller vers les autres, mais ce n'était pas facile. Il était certes petit, mais à onze ans, il avait vite compris qu'on l'avait abandonné. Qu'aucun enfant ici n'était son frère ou sa sœur. Simplement à chaque fois que je le laissais dans un endroit et que je partais, il avait peur que je le laisse. Comme celle qui l'avait mise au monde l'avait fait. Là était la plus grande peur de beaucoup des petits loups dont j'avais la charge.

Peur d'être laissé derrière et que personne ne se retourne. Et qu'ils se retrouvent tous seuls, sans personne.

J'attrapai la main d'Unai et nous nous avançâmes vers la maison. Bianca nous emboita le pas sans rien dire.

Quand on regardait l'orphelinat, il était dur de se dire qu'il pouvait accueillir autant de personnes. Il ne s'agissait pas seulement des enfants dont j'avais la charge en ce moment, mais aussi ceux qui étaient encore là, même alors qu'ils étaient des adultes depuis des années, parfois même depuis des décennies.

D'autres enfants étaient passés avant eux et d'autres suivraient.

Parce qu'il y aurait toujours des louves pour me trouver. Pour nous trouver. Je n'étais plus seule à m'occuper de tout ça depuis des siècles maintenant. Les premiers enfants que j'avais recueillis étaient aujourd'hui des adultes et ils m'aidaient. Nous étions quatre adultes responsables de faire marcher tout cela et d'autres étaient venus s'ajouter à notre toile. Mais nous restions les quatre piliers centraux. Comme dans une meute. Et à bien des égards, c'est ce que nous étions en quelque sorte. Parce que les jeunes n'avaient pas simplement besoin d'amour et d'être entourés, ils avaient besoin d'une conscience collective, ils avaient besoin d'être liés. Abandonnés ou pas, ça ne changeait rien.

Tous les petits nous étaient reliés à Jashue, Brielle, Nérys et moi. Ils étaient mes trois premiers. Ceux qui étaient avec moi depuis le plus longtemps. Et ceux qui resteraient certainement jusqu'à la fin.

Et bien sûr, il y avait les autres, certains étaient très âgés et ils avaient choisi de rester quand d'autres étaient partis. Mais tous revenaient toujours. Juste pour un bonjour, juste pour quelques jours, mais après tout, leur chez-soi était ici. Et nulle part ailleurs.

Nous étions une grande famille. Et même si des siècles étaient passés pour certains, nous serions toujours une grande famille. Ça, c'était le genre de chose qui ne changeait pas.

Dans la cuisine, les enfants étaient assis sagement à table alors que Brielle aidée d'Ebony, déposait une part de gâteau devant tout le monde.

Ebony était de ceux qui avaient choisi de rester, malgré le monde qui leur tendait les bras et les opportunités qu'ils avaient en dehors de cette bulle de magie et d'amour. Elle était avec nous depuis vingt-et-un ans maintenant et la vie ici semblait lui convenir. Elle avait un travail à Newberry, la ville la plus proche et elle y avait même un appartement, même si au final je n'étais pas sûre qu'elle y dormait beaucoup.

Ebony savait qui était son géniteur. Elle était fille illégitime d'un Alpha, voilà pourquoi elle était ici. Mais même si elle était au courant, elle n'avait jamais fait quoi que ce soit pour faire connaître son existence.

Si je lui avais dit, c'est parce que j'avais su qu'elle était prête à l'entendre, prête à savoir qui elle était. Ce n'était pas le cas pour tous malheureusement et il m'était même arrivé de commettre une ou deux erreurs.

La jeune louve me sourit et s'avança avec une part de gâteau dans les mains qu'elle tendit à Unai. Ce dernier la prit avec un petit merci et s'éclipsa dehors.

— Tu ne l'aides pas, Honor, sourit Ebony en secouant doucement la tête.

— Honor n'entend rien quand il s'agit d'Unai, Ony, répliqua Brielle, plus amusée qu'embêtée. C'est comme avec Jashue, tu vois bien.

Elle me jeta un coup d'œil lourd de sens alors qu'autour de la table, les enfants étaient trop occupés à se remplir le ventre pour faire les fous.

Je fis la moue.

Brielle était le deuxième enfant qu'on m'avait confié. Fille d'un loup qui était un Second aujourd'hui.

Un Second d'une meute puissante, mais pourrie jusqu'à la moelle. Elle aussi savait, avait demandé à savoir, mais n'était jamais partie, pas même pour aller voir à quoi pouvait bien ressembler son géniteur. Certains savaient qu'ils n'étaient pas assez forts pour ça. Certains savaient qu'ils ne voulaient pas voir ce qu'aurait pu être leur vie. Et là était leur force. Ce n'était pas un poids sur leur conscience que d'avoir été abandonné à la naissance, mais bien quelque chose qui les rendait plus forts.

Ils savaient d'où ils venaient, mais comprenaient encore plus où ils étaient en ce moment même. Et l'amour que nous donnions à chacun d'entre eux suffisait. Même si ça n'effaçait en rien le fait qu'ils pouvaient penser avoir fait quelque chose de mal. C'était douloureux quand l'un d'eux nous demandait pourquoi leur papa ou leur maman n'avait pas voulu d'eux.

Ils ne pouvaient pas comprendre. Pas quand ils étaient aussi jeunes. Et même d'autres, plus vieux, ne le pouvaient pas.

Il y avait des vérités qui faisaient mal. Et dont il valait peut-être mieux tout oublier. Mais ce n'était pas aussi facile. Ne l'était jamais après tout.

Rien ne pouvait être effacé.

Rien ne pouvait être oublié.

Nous étions des loups, nous étions condamnés à vivre des siècles. Et à nous souvenir de tout. Sans la moindre exception.

De nos joies comme de nos malheurs.

De nos réussites comme de nos erreurs.

Et parfois, on se rendait compte qu'au final, nous avions fait plus d'erreurs que nous n'avions prises de bonnes décisions. Ça, c'était la réalité.

Mon regard glissa sur les enfants autour de la table. Tous étaient appelés à devenir forts, car tous venaient de lignées où un flot de puissance circulait depuis parfois des siècles. Ils étaient encore trop petits pour s'en rendre compte, mais un jour où l'autre ils deviendraient bien plus que ce qu'ils étaient pour le moment. Il ne s'agissait pas seulement d'enfants d'Alphas ou de Seconds. Il y avait des géniteurs qui étaient Main, Lieutenant, Dominant. Les enfants étaient peut-être vus comme des bâtards, ils portaient des gènes en eux et même si l'éducation d'un parent conditionnait le futur de sa descendance, il n'en demeurait pas moins que lorsqu'une Main avait un enfant par exemple, ce dernier avait de grandes chances d'écoper d'un gène d'instabilité et de violence très poussé.

Je ne connaissais pas tous les loups des États-Unis, mais la vérité était que je me débrouillais toujours pour savoir qui était le petit. D'où il venait et qui étaient ses géniteurs. C'était un devoir que je me faisais.

Certains géniteurs étaient aujourd'hui des pères de famille, des loups respectables quand d'autres étaient de véritables monstres.

Je ne devais pas juger et ne le faisais que très rarement, mais quand je commençais à avoir plus d'un enfant du même homme, je ne pouvais pas faire autrement. Et c'était le cas. Quelques-uns dont j'avais la charge avaient l'exact patrimoine génétique. Il y avait des frères et des sœurs qui s'ignoraient et dont l'existence devait rester secrète.

Pour le bien de tous. 

*

*              *

*

Et voilà la première partie du PDV de Honor : un bout de femme sacrément déterminée ! Elle vous dirait que tous les enfants dont elle s'occupe sont les siens et a raison. Mais pourquoi se cacher aux yeux de tous à votre avis ? 🧐

Je vais poster un peu au compte goutte cette histoire déjà parce qu'encore une fois on va beaucoup bouger avec Ada dans nos familles respectives mais aussi parce qu'on déménage mi août donc bon ca va pas être de tout repos encore une fois 😛

Comment se passe votre mois de juillet vous ? 😘

Bisous ❤️

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