Nous arrivions en fin de mois de février et mon entretien avec le professeur Koro n'était plus que dans quelques jours. J'avais déjà passé l'examen pour le lycée où je voulais aller et venais de recevoir les résultats comme le reste de ma classe. Nous étions tous très heureux parce que nous avions tous été acceptés dans nos écoles. Nos professeurs et nous-même étions libérés d'un poids énorme. Nous étions tous soulagés et surexcités. Comme l'avait dit le professeur Koro, nous allions rentrer au lycée commes des étoiles radieuses ! Avant de passer aux derniers entretiens d'orientation, le poulpe jaune proposa une autre activité qui semblait bien plus amusante vu son comportement toujours aussi agité. On prépara les ballons et feux d'artifice avant qu'il nous annonce l'activité à laquelle il pensait : faire de l'édition.
Il se mit sur son ordinateur et refroidit l'atmosphère de la pièce.
_Qu'est-ce que vous éditer monsieur ? osa un élève après un temps de silence pesant.
_Des photos pour faire un album photo de cette année.
Tous les ans, chaque classe de collège avait droit à une photo de groupe en fin d'année pour se remémorer tous les évènements d'une année. Elles étaient ensuite affichées dans le bâtiment principal. Le problème pour notre classe était que le professeur Koro ne pouvait figurer sur la photo officielle puisque son existence était tenue secrète par les différents gouvernements du monde entier. Il n'était donc sur aucune photo. C'est pour cela qu'il voulait faire un album photo où tous les élèves et professeurs peuvaient être présents. Il nous avoua que des fois, il faisait une irruption à Mach 20 sur certaines photos, ce qui faisait qu'on voyait une trace comme un fantôme. Un peu flippant pour ceux qui ne connaissent pas ce prof. Tout au long de l'année, monsieur Koro nous avait pris en photo pour l'album et maintenant, il se retrouvait avec plusieurs piles incroyables de photos différentes à éditer et imprimer pour chaque exemplaire. Il allait en avoir pour un moment ! Il nous montra certains de ses clichés surprises avec une expression malicieuse sur le visage.
_Regardez celle-ci, elle fait parti des plus insolites !
Il nous montra un cliché pris dans une animalerie avec la snipeuse Hayami, qui n'était pas du genre à montrer ses émotions, serrant un chat avec une expression adorable. Tout de suite après, il en montra une autre, près de notre bâtiment, en pleine nuit, avec Mimura mimant un air de guitare. Ensuite, une autre photo avec notre déléguée Kataoka essayant une robe rose. Puis Muramatsu criant de peur face à un cafard. Puis Okajima courant nu près de l'école.
Toutes ses photos génèrent les élèves concernés. Ils foncèrent dans les piles de photos et déchirèrent toutes celles qui leurs étaient compromettantes. Tous les élèves se dépechèrent de regarder les photos avant qu'elles ne soient arrachées.
L'on trouva une photo où Okuda, la chimiste, avait raté une expérience et avait fait exploser la moitié de la salle de classe. Une autre avec Isogai creusant dans la forêt en espérant trouver de l'argent. Une autre où Kanzaki, dans une arcade de jeu, infligeait une punition à un voyou. Une autre où Fuwa, la fan de manga, imitait une position emblématique d'un manga célèbre. Une autre de Terasaka et Yoshida entrant dans un maid café avec Takebayashi. Une autre de Nagisa étant transformé en fille par Nakamura et Karma. Les miennes étaient les pires... En plus tout le monde pouvait les voir ! Il y avait celle où l'on m'avait habillé comme une petite fille pour la fête du lycée, celle où j'avais presque vomi après une escapade en moto avec Yoshida, celle où j'enlassais Karma après son retour de l'espace, celle où, dans la cuisine de Muramatsu, je m'étais mis de la farine sur le visage... Trop de photos !
Nous avions tous déchirés nos photos, gênés et en colère contre ce poulpe. Il mettait vraiment son grain de sel partout ! Je n'arrivais pas à croire qu'il ait été partout pour tous ces moments ! Il n'en avait raté aucun !
Maintenant que nous avions supprimé toutes les photos compromettantes nous concernant, les piles étaient beaucoup moins importantes ! Le professeur Koro, paniqué par le "peu" de photos qu'il avait, nous emmena tous dehors avec d'autres vêtements et pris des photos à thème. Noël, Nouvel An, Saint-Valentin, Pâques, Saisons, Plage, Halloween, Far West, Métiers, Films Connus, etc... Ça n'en finissait pas ! Il nous demandait de prendre une pose différente toutes les deux seconde, comme si nous étions mannequins. Tout cela me donnait mal à la tête !
À peine nous avait il fait essayé tous les costumes qu'il avait, il prit un énorme sac et nous mit tous dedans. Mais qu'est-ce qu'il fausait maintenant ? Et depuis quand avait-il un sac aussi gigantesque ? Ça se vendait ça ? Alors qu'on criait parce qu'on ne comprenait rien à ce qu'il se passait, il nous dit qu'il voulait nous emmener aux quatre coins du monde pour nous prendre en photos et avoir d'autres nombreux souvenirs. Il était beaucoup plus surexcité que d'habitude !
Nous prîmes les voiles et nous nous rendîmes dans les plus grandes villes du monde, Tokyo, New York, Rio de Janeiro, Londres, Paris, Rome, Moscou, Le Caire, Johannesburg, Dubaï, Hong Kong, Séoul, Sydney, et bien plus encore. Nous avions fait tellement d'endroits différents en si peu de temps ! Quelques heures plus tard, toutes les photos avaient été prises alors le professeur Koro s'enferma dans la salle de classe pendant le reste de la soirée et continua son travail d'édition de photos.
Cette fois-ci, nous étions le 6 mars, le jour des derniers entretiens d'orientation dont le mien. J'étais très stressée concernant ce que le professeur Koro pourrait me dire concernant l'orientation que j'avais choisi. C'était une chose dont on n'avait pas encore parlé, mon professeur et moi-même. Mes amis m'avaient dit qu'il n'y avait aucune raison de stresser, que cela s'était bien passé pour tout le monde. Oui, certainement. Mais, on ne peux pas faire supprimer le stress juste en se disant "ça va aller".
Au même moment, le poulpe jaune appela mon nom. Mon tour était arrivé. Je me levai de ma chaise et me rendis dans le bureau du professeur Koro. Celui-ci avait installé un jeu d'échecs et me supplia de jouer une nouvelle fois contre lui, ce que je ne pouvais pas refuser. Cette partie me mit tout de suite en confiance et mon stress disparut au même instant.
Nous nous installâmes l'un en face de l'autre, devant nos pions respectifs. Je fis signe au poulpe de commencer. Dès qu'il bougea son pion, il commença à me poser des questions.
_Alors Tora, nous y voilà. L'année aura été bien trop courte avec toi. Voilà que tu t'en va déjà vers le lycée. C'est vraiment triste, je n'arrive pas à croire que vous allez déjà tous me quitter, pleurait-il.
_Oui professeur, ça aura été trop rapide comme année. Cette classe va beaucoup me manquer.
À chaque fois qu'on déplaçait un pion, on se mettait à parler. De cette façon, nous avions le temps d'exprimer pleinement ce que l'on souhaitait dire sans être interrompu par l'autre.
Il me demanda si j'avais trouvé l'école que je voulais intégrer l'année prochaine. Alors je lui avais expliqué que j'allais dans le même lycée que mon amie Hazama pour poursuivre une branche littéraire. Ce choix étonna mon professeur puisqu'en début d'année, le japonais était la matière que je détestais le plus. Je lui avais fait part de ce dont m'avait parlé mon amie fan de livres pour me justifier. Il était fier de mes progrès et de mon changement de comportement pendant cette année, passant d'une peste égoïste à une jeune fille mature prête à aider ses amis. Il m'avoua que c'était l'une des meilleures évolutions qu'il avait pu observer pendant cette année, au niveau scolaire et moral. En prenant du recul, moi-même je me rendis compte à quel point j'avais changé en arrivant dans cette classe. Ce changement sera certainement l'une de mes plus grandes fiertés dans les années à venir.
Maintenant que la question de l'orientation était close, nous profitions de la fin de notre partie pour discuter sur autre chose.
_Quand tu es arrivée dans cette classe le premier jour, commença Koro, je me suis demandée comment je pourrais te rendre meilleure. Tu n'étais pas une des élèves les plus positives que je connaissais et tu avais un don pour ne pas respecter le règlement : un véritable noeud à problèmes ! C'est pour cette raison que je t'ai mis entre Karma et Itona. Ils ont passé cette épreuve aussi tous les deux et s'étaient plus ou moins assagis avec le temps. Itona était un assassin mais je ne le connaissais qu'à peine, alors que Karma je l'ai connu dès le début de l'année. Je savais par quoi il était passé, grâce à Nagisa, et je l'ai calmé. Je savais que vos caractères étaient semblables et j'avais foi en Karma pour qu'il puisse faire la même chose avec toi.
_Vous avez fait le bon choix professeur. Itona et Karma sont deux amis qui me sont chers.
_Je suis heureux de l'entendre ! riait-il. Au fait, as-tu des nouvelles de ton frère ?
_Oui de temps en temps. Son état ne s'est pas empiré depuis, c'est déjà une bonne nouvelle.
_Je vois. Il va te falloir du courage pour le reste. Mais je sais que tu en seras capable et tes amis sont là en cas de besoin.
_Merci monsieur.
Cette partie d'échecs n'était pas la première que nous faisions mais je ressentais quelque chose de différent. Comme si je n'avais plus l'occasion de vivre ce moment avec mon professeur. C'était peut-être vrai. C'était la dernière partie que lui et moi aurions cette année. La dernière fois où je jouerai contre mon professeur.
Ce n'était pas facile de dire au revoir à celui qui nous avait tant aidé, comme à ceux qui nous avaient tant appris. Ils nous avaient vu grandir pendant une année. Nous avions chacun mûri et appris des autres. Cela ne sera sans doute pas facile de renoncer à tout ce petit monde pour vivre sa propre vie, loin les uns des autres. Mais c'est quelque chose de nécessaire pour nous faire grandir.
Quelques temps après, je dis au revoir au poulpe avant de lui souhaiter une bonne soirée. Il ne restait qu'une semaine avant nos diplômes. Plus qu'une semain avant de tous nous quitter. Si de mon côté, j'avais encore des devoirs et des papiers pour le lycée à remplir, le professeur Koro devait terminer les appréciations et l'édition de l'album. Une longue soirée l'attendait. Il était maintenant seul dans sa salle de classe. Complètement seul.
J'aurai voulu avoir plus de temps... Mais il était déjà trop tard.
Le 6 mars à 20h, le plan final de l'assassinat du professeur Koro avait débuté.
Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien. Moi je ne sais pas trop... Vous l'aurez certainement remarqué mais nous nous rapprochons dangereusement de la fin (environ 3 ou 4 chapitres restants). Je ne me sens pas prête à dire adieu à cette histoire. Je vous avoue que je n'ai pas très envie de la terminer. Elle va beaucoup me manquer. Mais ce n'est pas une raison valable pour vous laissez en plan, vous qui suivez cette histoire depuis si longtemps déjà. Alors je vais mettre mes sentiments personnels de côté et vous offrir la plus belle fin. J'espère que ce chapitre vous a plu et on se retrouve très vite !!