PDV Evan
Je venais de terminer mon sac et celui de Jake lorsqu'il se plaignit pour la cinq cent-millième fois depuis une heure.
– On y va, le taxi ne devrait pas tarder à arriver.
– Enfin !
– Tout doux mon amour, le programme de la journée devrait te plaire.
– J'ai trop hâte, prononça-t-il d'un ton suppliant. Je peux avoir un, juste un, tout petit indice ?
– Jake...
– Quoi ?
– La réponse est toujours non et cela ne changera pas.
– Je fouillerai ton sac alors !
– Tu peux toujours essayer mais ton esprit sera trop pris par autre chose.
– Dans quel sens... ?
– Pas dans celui auquel tu penses. Allez, en route !
L'excitation de Jackson pouvait être repérée des kilomètres à la ronde. Il trépignait littéralement sur place. Sa jambe ne cessait de tressauter depuis que nous avions mis un pied dans le taxi ce qui finit par me faire sourire et bien évidemment, il ne manqua pas d'essayer de me soutirer des informations.
Une fois enfin sur place, je demandai à mon copain de fermer les yeux et, étonnamment, il se prêta au jeu. Une fois devant ce qui nous promettait deux heures d'éclate maximale, je lui chuchotai doucement qu'il pouvait ouvrir les yeux.
Plusieurs sentiments passèrent dans ceux-ci. D'abord un peu d'étonnement qui fut vite remplacé par de la surprise pour enchainer sur un grand sourire et, finissant sa course dans mes bras, il m'embrassa longuement avant de me dire merci.
– Ce n'est même pas encore fini...
– Non... J'ai encore plus hâte maintenant. Sérieusement, c'est génial Evanichou, merci.
– Eh !
Je fus coupé par l'homme venant nous renseigner sur les règles de base et les sentiers à emprunter.
– Si vous partez tout droit, vous devriez déboucher sur un lac directement après avoir traversé la petite forêt.
– Trop cool, j'ai méga hâte !
– J'ai fait déposer votre paquet dans le coffre à l'arrière du votre, me signala, plus doucement, le propriétaire.
– Merci.
– Bonne matinée jeunes gens !
Nous enfourchâmes chacun notre quad, une fois le casque enfilé, avant de nous élancer dans les fourrées. Si je ne m'étais pas trompé dans mes calculs, nous devrions atteindre la petite étendue d'eau vers les midis donc cela devrait jouer avec la suite de la journée.
Jackson fonçait devant et je peinais à le suivre par moments. Notre point de départ avait disparu de notre vue et celle qui s'offrait maintenant à nous était des plus sublimes. Les collines se succédaient les unes aux autres, toutes recouvertes d'un vert magnifique et parsemées de fleurs. Les quelques arbustes dépassaient à peine des fourrées entourant le sentier comme des barrières naturelles.
– Jake ! Ralentis ! Je ne veux pas te perdre !
– C'est trop beau, vient voir !
Décidément, il était lancé et rien ne pourrait plus l'arrêter. Les rives du lac atteintes, nous laissâmes nos quads dans un coin, nous nous déshabillâmes avant de nous jeter à l'eau. Elle était aussi turquoise qu'on pouvait le voir dans certains films et un autre couple se trouvait quelques centaines de mètres plus loin.
– Ah !
– Quoi ?
– J'ai marché sur un caillou et en relevant le pied, j'ai touché une algue...
– On devient sensible mon couscous.
– Ah, ah. J'aurais aimé t'y voir.
– C'est un lac de montagne, c'est normal que ce ne soit pas du sable fin.
– Je sais mais quand même.
– Il est chaud ?
– Pourquoi tu ne juges pas par toi-même ?
– Je ne suis pas encore dans l'eau...
– Plus pour longtemps !
– Quoi ?!
Jackson se lança sur moi puis me porta comme il le put et il finit par me jeter dans l'eau, la tête la première. Mes poumons réclament de l'air, je ressortis rapidement en toussotant.
– Elle n'est pas chaude. Quoi ? ajoutai-je en voyant Jake mort de rire au bord de l'eau.
– E... Evan... Ta... Ta tête, lâcha-t-il entre deux rires.
– Quoi ma tête ?
N'obtenant pas de réponse je posai ma main sur ma mèche. Grave erreur.
– Eh ! C'est dégueu ! Jake ! Viens m'aider, s'il te plaît !
– C'est qui le sensible maintenant ?
– Jake !
– J'arrive.
Il prit, bien évidemment, tout son temps pour me rejoindre et finit enfin par me retirer les algues présentes sur le sommet de mon corps.
– Toujours aussi tenté par un bain ?
– Hum... Tu as faim ?
– Je meurs de faim.
– Tant mieux alors.
Nous regagnâmes la rive et j'étendis la couverture avant de m'assoir dessus. Je sortis le sac à pic-nic de mon quad et étalai le tout sur la couverture.
– C'est top, merci Evan.
– Et ce n'est pas fini.
– C'est la deuxième fois que tu dis ça aujourd'hui.
– Tout cela car c'est vrai.
– Quoi ? Encore des surprises ?
– Je suis plein de surprise mon amour, tu devrais le savoir depuis le temps...
– J'ai hâte de découvrir tout ça...
Nous mangeâmes tranquillement, bercés par le bruit des vagues s'échouant doucement sur le semblant de plage devant nous grâce au vent. Nous dûmes tout de même reprendre la route car la journée était loin d'être finie.
Le propriétaire des quads s'assura que tout était okay et nous souhaita une bonne fin de journée après que nous l'ayons remercié. Il nous commanda même un taxi et nous pûmes partir pour notre deuxième destination.
Les yeux de Jackson s'élargissèrent lorsqu'il aperçut le complexe. La piscine trônait fièrement au centre des différents bâtiments et nous regagnâmes la réception.
– Bonjour ! J'ai réservé deux massages pour quinze heures.
– Votre nom s'il vous plaît ?
– Evan.
– L'un de nos masseurs est déjà disponible, souhaitez-vous déjà vous installer ?
– Si cela est possible, répondis-je après un regard en direction de mon petit-ami.
– Suivez-moi s'il vous plaît.
Nous la suivîmes à travers des grands couloirs qui ne semblaient pas vouloir se terminer. Finalement, elle nous laissa devant une porte une fois que nous fûmes rentrés après quoi elle dit :
– Merci d'avoir choisi notre complexe, j'espère que vous vous plairez entre nos murs, bonne fin de séjour, conclut-elle en refermant la porte.
– Un massage ?
– Cela ne te plaît pas ?
– Pas autant que si c'était toi qui me le faisais...
– Cela peut encore s'arranger pour ce soir... Je reste ouvert...
– Je le sais ça...
– Jake !
Un homme et une femme firent leur apparition et nous fûmes très rapidement tels deux grosses larves : incapable de faire le moindre mouvement tellement nous étions mous et relaxés.
Jake avait beau dire, une fois en dehors de la salle, il semblait tout détendu.
– C'était...
– Top, je le sais.
Il me sourit et nous nous rendîmes aux vestiaires.
– C'est une blague ?
– Quoi ?
– Cela fait deux heures que je me balade avec un caleçon à moitié sec alors que tu avais pris un maillot de bain.
– C'est bien les caleçons, c'est moulant.
– J'avoue, finit-il par sourire me montrant ainsi qu'il partageait mon avis et que, finalement, être en caleçon ne l'avait pas gêné plus que ça.
– Ils voulaient des maillots de bain propre ici.
– On aurait pu en prendre d'autres.
– Je préfère les caleçons.
– J'ai bien compris pourquoi, répondit-il en me souriant avec plein de sous-entendus.
Une fois changés, nous plongeâmes dans les bains chauds. Nous profitâmes de cette chaleur et de l'autre pendant plus de deux heures. Toutefois, avant de devenir deux mollusques, il nous fallut ressortir pour regagner le taxi.
En route pour notre destination finale. Nous passâmes rapidement par notre chambre des vacances pour nous changer et nous préparer. Jackson se doutait bien qu'il s'agissait d'un restaurant.
Le repas était délicieux mais de loin pas autant que la personne qui me faisait face.
– Je sais que je me répète mais encore merci Evan.
– C'est normal, et je me suis au moins éclaté autant que toi.
– J'ai réfléchi tu sais...
– Ah bon ? Cela n'a pas été trop dur ? Ton cerveau n'a pas trop surchauffé ?
– Très drôle. Plus sérieusement, je me disais que, vu comment nos vacances se passent, nous pourrions peut-être envisager de vivre ensemble. Du moins, avant de partir à l'université...
– La séparation ne sera que plus dure...
– Je le sais bien mais je suis prêt à le faire si en échange je passe un an entier à tes côtés.
– Et...
– Je sais, le collège. Je me disais que nous pourrions choisir un appartement à mi-distance.
– Tu es sûr de toi ?
– A deux mille pourcents ! Pourquoi ? Pas toi... ?
– Justement, j'ai bien envie d'accepter.
Le repas se termina tout aussi bien qu'il avait commencé et nous regagnâmes notre chambre avec l'idée de commencer nos recherches dès notre retour.