Salut les gens ! Alors, oui, je n'ai pas posté hier mais... j'étais occupée voilà x).
Je vous poste donc ce chapitre que j'ai hésité à écrire puisque je ne voulais pas en arriver là mais c'est le moment... et oui... Je vous avoue que j'ai eu un pincement au cœur en le relisant. J'espère qu'il vous touchera aussi ^^.
Bonne lecture !
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La pluie s'était intensifiée et nous parcourions toujours la plaine d'Hyrule. Le jour ne paraissait pas prêt à poindre et le trajet était bientôt fini. La citadelle nous tendait les bras et l'entrée était en vue. Je n'avais pas pris la parole depuis notre départ et Link courait toujours devant Epona. Son inquiétude se ressentait au travers de sa respiration haletante et de sa course précipitée. Puis, nous nous arrêtâmes. Nous étions enfin arrivés devant la herse. Les quelques monstres que nous avions doublés nous avait laissé, ne tenant pas la distance. Nous étions donc tranquilles. Je descendis d'Epona et bloquai ses rênes afin de la laisser partir.
« Merci ma belle, reste dans les parages, il se peut que tu nous sois utile dans peu de temps » lui dis-je avant de m'éloigner. Je vis Link me regarder puis il fit demi-tour et traversa le pont-levis avant de passer les portes. « Link ! Attends-moi ! » criai-je en courant à sa suite. Seulement, mes jambes d'humaines étaient bien trop lentes pour le rattraper. Je sprintai donc jusqu'à la place principale mais il n'était plus là. Je ralentis pour reprendre ma respiration quand des voix m'interpellèrent.
« Arrière monstre ! Recule ! Fiche le camp ! » s'exclamèrent-elles. Par réflexe, je tournai ma tête dans cette direction et vis Link devant les portes du château, aux prises avec deux gardes qui pointaient leurs lances vers lui.
« Par les déesses ! » m'exclamai-je en m'avançant vers eux. Je passai la grande arche donnant sur la place et montai les marches quatre à quatre pour les rejoindre au bout du long couloir couvert.
« Link ! Dépêche-toi et viens, tu ne peux pas passer par-là ! » l'appelai-je. Il pivota sa tête vers moi et je remarquai qu'il arrêta de grogner. Il pensait vraiment que passer en force était une bonne idée ? Je lui fis signe de venir vers moi et il recula prudemment avant de se placer à mes côtés.
« On ne peut pas passer par ici, ils ont trop peur » me dit-il en les fixant.
« Ça ne m'étonne pas. Tu pensais vraiment qu'ils allaient t'ouvrir les portes et te sourire ? » grognai-je. Il plaqua ses oreilles sur sa tête.
« Tu peux essayer d'entrer toi... » Je ris.
« Alors qu'ils viennent de me voir t'appeler et parler avec toi et que je brille ? Ils vont me prendre pour une folle » soufflai-je.
« Qui êtes-vous ?! » me demandèrent-ils. « Est-ce que cette bête et cette chose vous appartiennent ?! » Je regardai Link et Midona avant d'hocher la tête.
« Effectivement, ils sont avec moi. Désolée pour le dérangement messieurs, nous devons y aller ! » m'exclamai-je en tournant les talons. Link me suivit et courut à ma vitesse afin de ne pas me laisser seule. J'entendis un vague 'sorcière' dans mon dos mais n'en fis pas cas.
« Tu as une meilleure idée pour entrer ? » se renfrogna-t-il en me suivant dans les rues. J'hochai la tête. J'ignorai les cris des citadins qui nous voyaient passer à toute allure. En ayant peur de nous, au moins, ils ne tentaient rien.
« La taverne de Telma. Elle a dû y retourner depuis. Elle nous avait dit avoir un passage pour le château non ? » lui rappelai-je. Il fronça les sourcils.
« Comment veux-tu qu'elle nous fasse entrer ? Tu ne peux pas lui révéler notre malédiction. » Je soupirai.
« Laisse-moi faire et tais-toi » dis-je avant que le silence ne nous entoure. Je posai énergiquement mon pied dans une énième flaque avant descendre les escaliers menant à la taverne. Je faillis m'écrouler à terre en glissant sur de la boue mais Link me retint grâce à mes vêtements. Finalement, je m'approchai des caisses disposées contre le mur et me servis des petits décalages entre elles pour me hisser tout en haut. J'examinai les deux battants en bois incrustés dans le mur de pierre et toquai dessus. La seconde suivante, j'entendis des grattements de griffes de l'autre côté et l'un d'eux s'entrebâilla. Un miaulement résonna et je vis un imposant chat blanc avec un collier violet se faufiler à mes pieds. Il s'assit sur le bord de la caisse et regarda en contre-bas. Il y eut un moment de silence et Link releva les yeux vers moi.
« Louise dit que nous ne pourrons jamais pénétrer dans la taverne si je suis sous cette forme. Elle dit aussi que la fenêtre qui mène au-dessous de toits nous permettra de rejoindre la passage qui va dans le château » m'apprit-il. J'hochai la tête.
« Elle nous a reconnu ? » m'étonnai-je en la regardant. La boule de poil blanche se tourna vers moi et me fixa longuement.
« Oui, elle se rappelle même de nos prénoms. En même temps, il s'agit du chat de Telma. » Je souris avant de me baisser pour la caresser mais elle évita habilement ma main.
« Je ne suis pas assez bien pour toi ? C'est ça ? » m'exclamai-je. J'entendis un rire venant de Link et je roulai des yeux. Soit. Je descendis des caisses et regardai le loup. « Je vais passer par l'intérieur, je ne serais pas assez discrète en haut. On se rejoint après » l'informai-je en prenant le chemin de la porte.
« D'accord, fais-vite » dit-il. J'acquiesçai et ouvris la porte pour entrer. La lumière et la chaleur de la taverne me frappèrent de plein fouet. Moi qui était trempée et dans la nuit depuis plusieurs heures...
« Ma jolie Tp ! » s'exclama Telma en me voyant entrer. « Vous êtes enfin de retour ! Mais où est Link et pourquoi es-tu dans cet état ? Et ton front ! Ne me dis pas qu'il t'a abandonné ? J'espère que tu vas bien, il y a des monstres qui rôdent dans la citadelle à ce qu'on dit ! » s'écria-t-elle. Je fermai les yeux sous l'afflux de question.
« Bonjour Telma » commençai-je.
« Tu veux que je te serve une boisson revitalisante ? Un vin chaud peut-être ? » Je secouai la tête. « Alors tu veux la clé de votre chambre ? » Je la secouai encore.
« Telma... »
« Oui ? »
« Je... Je n'ai pas le temps de parler. J'aurais besoin d'emprunter le passage dont nous avons parlé. » Elle ouvrit sa bouche mais aucun son n'en sortit. Elle fit un tour de la taverne des yeux. Il n'y avait qu'un Goron qui tournait en rond et trois personnes qui parlaient au fond, assis à une table. La gérante quitta l'arrière de son bar et vint me rejoindre. Elle s'approcha de moi et se pencha pour me parler tout bas.
« Maintenant ? » J'hochai la tête.
« C'est de la plus haute importance. » Elle souffla et fouilla dans sa poche avant d'en sortir une petite clé en fer.
« Prends cette clé et utilise-la pour ouvrir la porte derrière un de rideau au fond » me dit-elle en le pointant du doigt. « Elle ouvre les escaliers qui mène à un côté secret de l'étage. Il a été condamné il y a longtemps mais il est toujours accessible via les combles. J'ai fait créer cet accès en cas de besoin. Je vois que j'ai bien fait. » Je lui souris.
« Merci Telma, tu es la meilleure. » Elle me fit un clin d'œil.
« Allez, file, et n'oublie pas de refermer la porte. » J'hésitai quelques secondes et serrai la clé entre mes mains.
« Tu ne me demandes même pas pourquoi j'en ai besoin ? » Sa paume se posa sur mon épaule et elle sourit.
« J'ai foi en vous ma jolie. Je ne pense pas que le destin veuille me jouer des tours maintenant. »
« ... merci, du fond du cœur » lançai-je en m'éclipsant vers la porte. Je m'y engouffrai sous le regard curieux des trois personnes du fond et me retrouvai dans un couloir noir. Je refermai la porte avec facilité puisque la serrure laissait passer de la lumière et rangeai la clé dans mon inventaire. « Plus noir, tu meurs... » grimaçai-je en évoluant à tâtons dans l'obscurité. Heureusement que ma marque brillait anormalement depuis quelques heures. Elle m'éclairait au moins. Le bois avait une odeur de moisissure et d'humidité horrible et de la poussière recouvrait tous les murs. Néanmoins, je continuai à progresser jusqu'à ce que mon pied ne bute contre une marche. Je commençai alors à gravir l'escalier devant moi. Finalement, je tombai sur un couloir perpendiculaire, entièrement en pierre. Ce dernier était légèrement éclairé à cause d'une lumière venant de sur ma droite. Je m'y dirigeai donc.
C'est alors que je tombai sur une pièce entièrement remplie d'or, de pierres précieuses et... d'eau. Oui, les averses ont eu raison du plancher qui a commencé à laisser passer l'inondation. Je repérai rapidement le loup noir et blanc devant un fauteuil en tissu rouge et avec des pieds en or massif. Il semblait parler à la statue d'homme qui y siégeait. Je sautai sur un tas de pièces et dégringolai jusqu'à sa base. Link sursauta et bondit pour se tourner vers moi.
« C'est bon, c'est moi » chuhotai-je.
« Tu m'as fait une de ses frousses. Tu as été longue par contre. »
« Telma m'a un peu retardée » grimaçai-je.
« Voici une autre invitée ! » s'exclama la statue dorée. Je tournai ma tête vers lui et soufflai.
« Sauf que nous n'allons pas pouvoir rester longtemps » dis-je avec dureté.
« Vraiment ? Pourtant, vous ne pouvez pas partir je pense ! » s'énerva-t-il. Je souris cyniquement et m'approchai de lui avant de taper sur son genou. Un bruit métallique retentit. « Eh ! Que faites-vous ?! »
« Je constate que, mon cher monsieur, vous êtes coincé sous cette apparence peu confortable. Je suis certaine que revenir à votre état normal vous conviendrait. » Il y eut un silence avant qu'il ne s'affole.
« Comment- ? Que ! »
« Alors ? Nous pourrions vous aider vous savez... » sous-entendis-je.
« Bien sûr ! Que puis-je faire pour vous ? »
« C'est mieux » déclarai-je satisfaite. « Ouvrez-nous le passage vers les égouts et nous viendront vous délivrer. »
« C'est comme si c'était fait. La manette se trouve juste derrière le fauteuil » nous dit-il. Je m'empressai de contourner ce dernier et trouvai aisément le levier que j'abaissai. J'entendis un grincement et me redressai pour voir d'où il provenait. Comme attendu, le couvercle du coffre qui trônait sur un tas de pièce venait de s'ouvrir. « C'est un raccourci secret mis en place par Telma. Allez-y ! » souffla-t-il. Je m'approchai du trou et m'y penchai pour tenter d'apercevoir le fond. Je discernai quelques pierres à plusieurs mètres et un écoulement d'eau plutôt rapide.
« Je pense qu'on va atterrir immédiatement dans les canalisations » soupirai-je en regardant Link. Mes yeux dérivèrent sur Midona qui respirait avec difficulté. Le loup comprit rapidement que les choses devenaient critiques.
« Qu'est-ce qu'on attend alors ? Sautons. » Ni une, ni deux, il me passa devant et s'engouffra dans le passage vertical. Je grimaçai avant de le suivre. Ce n'était pas que j'avais peur mais mes chevilles allaient finir par me lâcher !
« Ne m'oubliez pas ! » s'écria la statue d'or au moment où je disparus dans le trou. Je sentis mon corps chuter entre les murs et j'atterris par terre sans douceur. Mes pieds heurtèrent violemment le peu d'eau qui coulait en continue dans la canalisation. Cependant, je sentis bien vite que le passage était incliné et mon équilibre précaire. Je lâchai un cri de peur en sentant l'eau faucher mes jambes et me faire basculer en avant. Mon corps s'étala face la première dans l'eau qui m'entraîna de force. Je dégringolai longtemps le long de la canalisation, m'égratignant la peau à moult reprises à cause de la vitesse. Je commençai à trouver la descente longue quand je finis par apercevoir le bout du tunnel. Je mis mes bras en croix devant moi, comme pour me protéger et me préparai à être éjectée. Cela ne manqua pas ! Je me fis jeter dans le vide et fermai les yeux en prenant ma respiration. La seconde suivante, j'étais dans l'eau. Tous les bruits se turent avant de revenir à la charge quand je sortis la tête de là.
« Tp ?! » s'écria Link par-dessus le tumulte de toutes les canalisations. Je toussai un coup avant de lui répondre.
« C'est bon, je suis là ! » répliquai-je en nageant vers ce que je devinai être un rebord. La lumière était très faible et je distinguais à peine les contours des murs et du bassin. Les parois étaient éloignées, la lumière que je produisais était inutile. Pourtant, je réussis quand même à m'extirper de la marre artificielle. Je pris appui sur les pierres froides et humides pour me poser sur le sol avant de me lever. « Génial, je suis trempée... » me plaignis-je en essorant mes cheveux.
« Tu ne t'es pas fait mal ? » me demanda Link. Je secouai la tête en repérant la forme du loup dans la pénombre. Ses yeux bleus luisaient intensément et Midona se découpait facilement. Je n'aurais pas de mal à les suivre.
« Par contre, je ne vois vraiment pas bien. Je vais devoir te suivre » lui dis-je.
« Si seulement j'avais été humain, j'aurais eu ma lanterne. Quoique, tu en fais une belle, de lanterne » se moqua-t-il. Je m'approchai de lui et lui caressai furtivement le front en riant.
« Je vois que tu n'as pas perdu ton sens de l'humour. Mais pour l'instant, il faut se dépêcher de trouver la sortie de ce dédale » repris-je en me levant.
« Ouais » affirma-t-il en ouvrant sa gueule. « Parce que l'odeur est immonde. » Il disait vrai, même sans l'odorat d'un animal, je sentais les effluves d'ordures remplir l'endroit. Je soupirai et commençai à faire le tour du chemin en pierre qui encerclait la marre. Je croisai plusieurs grilles qui laissaient l'eau s'écouler en direction d'étages inférieurs. Seulement, j'en cherchai une en particulier. Une plus large que les autres... Je tombai dessus quelques instants plus tard.
« Link, c'est par là ! » m'écriai-je en examinant la grille qui bloquait l'accès. Derrière, un couloir bien plus large que les autres conduisait l'eau en contre-bas.
« Tu sais comment passer ? » Je niai en essayant de trouver un mécanisme. « Peut-être le levier là-haut ? » demanda-t-il. Je levai les yeux et tombai sur un anneau incrusté dans le plafond.
« Tu penses pouvoir l'atteindre ? » l'interrogeai-je le nez en l'air.
« Je ne sais pas, prends Midona, je vais essayer... » Je récupérai la blessée dans mes bras avant de regarder le loup sauter pour se suspendre au cercle de fer. Il y parvint facilement à cause de la proximité du plafond et la grille se souleva.
« Génial ! » m'écriai-je en lui rendant notre fardeau. Puis, nous nous jetâmes dans la canalisation, pressés de rejoindre notre but. Finalement, une fois sortis d'un deuxième bassin, nous fûmes arrivés dans les fondations du château d'Hyrule. Les murs étaient épais et s'élevaient à plusieurs mètres du sol. Ils étaient faits en pierres massives qui commençaient à s'effriter à cause du temps. Malheureusement pour nous, nous dûmes affronter plusieurs araignées géantes, chauve-souris et bublins afin de progresser le long des couloirs. Seulement, nous étions bloqués. Je me tenais, une torche en main avec Link à mes côtés, devant une petite salle circulaire vide. Nous avions déjà passé le lieu au peigne fin, c'était notre dernière chance. Et elle venait d'être réduite à néant.
« Peut-être que le passage s'est effondré avec le temps ? » supposa Link. Je jurai tout bas avant de faire un pas dans la salle.
« C'est impossible, il doit y avoir un passage ! » m'énervai-je en palpant les murs. Pourtant, il n'y avait rien. Alors que je m'avouais vaincue, je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Link disparut de ma vue et je chutai.
« Tp ! » hurla le loup en s'approchant du trou qui venait de s'ouvrir sous mes pieds. Je sentis mes fesses heurter durement le sol et lâchai un gémissement de douleur.
« Ça va, ça va... » soufflai-je en levant ma tête. Je vis le héros penché vers moi à peine deux mètres. Il sauta à son tour pour me rejoindre et je me redressai pour marcher. « Je pense qu'on à trouver notre solution » dis-je en examinant le tunnel creusé dans la terre qui avançait devant nous. « Cette galerie doit bien mener quelque part... » Je me mis donc en route, accompagnée de Link. Nous marchâmes un moment le long des murs avant de trouver une porte en bois moisie. Je l'ouvris et nous débouchâmes dans un lieu que nous connaissions bien : les oubliettes du château. L'endroit même où Link s'était réveillé la première fois.
« Je connais cet endroit... » souffla-t-il.
« Tu n'es pas le seul, crois-moi. » Je m'emparai de mon arc, sachant que les monstres grouillaient par ici. « Dépêchons-nous, le chemin est déjà ouvert. » Il hocha la tête et se mit à courir devant moi, me montrant la voie. Pour ma part, j'éliminai les ennemis qui nous bloquaient le passage avant même qu'ils ne nous repèrent. C'était chose facile, mes flèches semblaient se charger seules en magie. La lumière de Lanelle était vraiment puissante ! Puis, nous arrivâmes à l'escalier délabré qui montait sur les toits. Je dégageai le chemin au préalable avant que nous ne montions. Au final, nous sortîmes du dernier étage de la tour pour nous retrouver sur le chemin de ronde.
« Enfin dehors... » soupira Link en humant le vent frais. J'en profitai pour m'abaisser à ses côtés et vérifier l'état de Midona. Elle pouvait encore tenir un petit moment mais je doutais que cela nous suffisse à atteindre Zelda... J'observai calmement les toits du château à travers le rideau pluvieux et repérai la tour que nous devions visiter.
« Par-là ! » m'écriai-je en recommençant à courir contre le vent.
« Tp ! Au-dessus ! » hurla Link alors qu'il se trouvait derrière moi. Je perçus clairement sa voix dans mon esprit et levai les yeux. Je fus nez à nez avec un monstre volant. Par réflexe, je me laissai tomber au sol et évitai de peu ses griffes acérées. Puis, je saisis mon arc et le transperçai d'une flèche chargée d'énergie divine. Il explosa immédiatement.
« Continuons ! » m'exclamai-je pour que ma voix parvienne au loup. Il acquiesça et nous poursuivîmes. L'état du chemin de ronde faisait peur. Certains morceaux étaient effondrés, nous forçant à sauter au-dessus du vide ou à escalader des montagnes de roches. Bien sûr, la pluie battante rendait le tout plus glissant en plus d'empirer notre vision. Je soufflai en me plaçant au bord d'un autre précipice avant de prendre mon élan. Seulement, alors que j'allais me mettre à courir, une rafale de vent me poussa en arrière, m'obligeant à attendre. Si je ne finissais pas le cou brisé au sol, je bénissais toutes les déesses d'Hyrule ! Enfin, nous jouâmes aux équilibristes sur un toit avant de réussir à entrer par une des larges meurtrières de la tour.
« Je ne sais pas lequel des bassins des égouts ou de la pluie m'a le plus trempée... » soufflai-je en secouant mes mains, pleines de crasses collantes. Link leva les yeux vers moi, sa fourrure aussi était plaquée à cause de l'averse.
« Tu vas tomber malade à force » soupira-t-il.
« Bah la maladie attendra hein, on a plus important là maintenant » dis-je en pointant Midona.
« La princesse est en haut de la tour normalement, dépêchons-nous ! » s'écria-t-il en gravissant l'escalier en colimaçon. J'en fis de même avant de pousser l'épaisse porte en métal pour entrer dans la chambre. Il y faisait aussi froid que dehors et l'atmosphère y était glaciale. Il y avait une cheminée éteinte sur notre gauche ainsi qu'une chaise disposée devant alors qu'un lit trônait à droite. Néanmoins, je repérai ce qui nous intéressait : une personne encapuchonnée debout devant la fenêtre. Je fis un pas en avant en rangeant mon arc.
« Zelda ! » m'écriai-je. Elle se tourna vivement vers nous, faisant tournoyer sa cape.
« Qui êtes-vous ? » demanda-t-elle gravement. Je ne pouvais pas voir son expression mais je parierai sur la méfiance. Link s'avança de quelques pas, se plaçant à ma gauche. « Alors c'est toi... » soupira-t-elle en dévoilant son visage. Je restais quelques instants figée à cause de sa beauté. Certes, je l'avais déjà vue par l'intermédiaire de Link mais jamais directement. Elle était magnifique... Même son air sombre ne l'entachait pas... Qu'étais-je en face de cela, habillée avec des loques et trempée jusqu'aux os ? Je baissai les yeux vers Link qui paraissait aussi hypnotisé que moi. « Je ne me rappelle pas que tu fus accompagné lors de notre précédente rencontre... » dit-elle en me dévisageant. « Par une personne portant le sceau d'Hylia qui plus est... Tp je présume ? » Je restais interdite. Comment pouvait-elle connaitre mon prénom ? Je secouai ma tête, ce n'était pas le moment !
« Effectivement » affirmai-je. « Mais, sauf votre respect, nous ne sommes pas venus ici sans une bonne raison » expliquai-je en montrant Midona. « Nous avons besoin de votre aide afin de la sauver. » Zelda baissa ses yeux vers la twili et s'approcha de nous avant de s'agenouiller pour l'examiner.
« Pose-la par terre » demanda-t-elle gentiment à Link. Il s'exécuta et elle tendit sa main en direction de la blessée. Midona entrouvrit les yeux et je me précipitai à ses côtés.
« Midona ! » l'appelai-je, paniquée. Elle se retourna et regarda faiblement Zelda.
« S'il te plait... sa malédiction... dis-nous comment la lever... » articula-t-elle doucement. Je sentis des larmes se former aux coins de mes yeux. Sa voix paraissait si ténue comparé à ses habituelles revendications. Si seulement... si seulement j'avais empêché tout cela... Je baissai la tête, serrant mes poings à m'en faire mal. Je sentis un museau venir toucher mon épaule et me tournai vers Link qui me regardait tendrement. Cela ne fit qu'accentuer mon mal-être. J'étais la fautive. J'étais celle qui les avait guidés à tout ce malheur. Ils ne le savaient même pas ! Ils continuaient à me voir comme leur sauveuse ! Comme l'envoyée des déesses ! Mais j'étais une personne ignoble. Je redressai ma tête en entendant Midona reprendre la parole. « Princesse... je vous en conjure... Link et Tp sont les seuls à pouvoir sauver votre monde. Dites- leur... Aidez-les... » souffla-t-elle avec difficulté. Je reculai d'un pas, effrayée par ses paroles. Moi ? Moi ?! Une sauveuse ?! C'était idiot, c'était complètement faux ! Elle ne devait pas m'inclure dedans ! Link était le seul héros ici ! Pas moi !
« La magie qui les emprisonne est très différente de la magie des ombres... Il s'agit d'une puissance malfaisante... » expliqua Zelda alors que sa main était tendue vers nous. Je vis, imperceptiblement, la Triforce briller à sa main droite. « Cependant, la magie que renferme cette jeune fille est assez puissante pour la contrer. Seulement, tu ne pourras pas vivre ainsi, elle va te dévorer de l'intérieur et finir par gagner » m'informa-t-elle.
« Comment peut-on s'en défaire ? » demanda Link. Je me tournai vers Zelda afin de lui répéter les paroles de mon compagnon.
« Il voudrait savoir s'il y a un moyen de s'en libérer. » La princesse parut surprise.
« Tu peux communiquer avec lui ? » s'étonna-t-elle avec retenue.
« Oui, j'ai été aussi affectée par la métamorphose, j'imagine que ça à des répercussions... » Elle regarda à travers la fenêtre, fixant vaguement la pluie qui tombait et les drapeaux qui claquaient au vent.
« Dans notre monde, de la même manière que la lumière chasse l'ombre, il existe une magie divine qui éradique le mal... Elle est dissimulée au fin fond des terres de Firone, dans un sanctuaire caché aux yeux de tous. Vous y trouverez votre salut » dit-elle posément. Puis, elle baissa les yeux vers Midona, faisant tomber ses longs cheveux bruns autour de son visage. « En ces lieux repose l'épée de légende pourfendeuse du mal. Aucune créature du mal ne peut la toucher, au risque de périr. En vous en emparant, vous pourrez lever la malédiction qui vous accable... »
« Tu penses que nous pourrons la trouver ? » me demanda Link.
« Certainement... » soufflai-je comme réponse.
« Héros élus. Tout comme en vous, en moi résident des pouvoirs conférés par les déesses » commença la princesse.
« C'est bien... à présent, vous pouvez vous libérer... » souffla Midona. « Vous n'avez plus besoin de moi... alors partez... mais avant, j'ai une dernière requête. Dis-leur où se trouve le miroir des ombres... » supplia-t-elle en se retournant sur le dos afin de nous voir. Je me mordis la lèvre en regardant la twili. Par ailleurs, l'air de Zelda venait de me faire comprendre qu'elle venait de faire le lien. Midona était la princesse du crépuscule...
« Midona... nous sommes sources de bien trop de tes souffrances... Tu te bats pour nous malgré le fardeau qui t'accable... Je vais donc te faire un don... accepte-le. » Zelda prit la main de Midona et ferma les yeux. Elle se mit alors à briller et la blessée se souleva du sol.
« Non... ne fait pas... ça » souffla-t-elle alors que son énergie se rétablissait. « Non... Non ! Link ! Tp ! Arrêtez-la ! » s'écria-t-elle en recouvrant ses sens. Je restai immobile. Zelda avait rempli sa part du marché. Je ne pouvais pas l'en empêcher... Puis, la princesse disparut dans l'air, ne laissant que le vide à sa place. Midona retomba sur ses pieds et fixa le sol. « Pourquoi ? Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêtée ?! » hurla-t-elle en se tournant vers nous. Le loup noir plaqua ses oreilles sur son crâne et détourna les yeux alors que je plongeai les mien dans celui de la twili. L'éclat de rage rougeoyant m'accueillit avec force.
« Nous ne pouvions pas te perdre Midona, tu es trop important pour la quête » dis-je en me baissant les yeux.
« Importante ? La princesse vous aurait été bien plus utile que moi ! » s'écria-t-elle.
« Midona, je t'assure que tu nous es bien plus vitale » appuyai-je calmement.
« Cesse de dire cela ! Tu n'en sais rien ! » s'époumona-t-elle. Je me levai d'un bond, ce qui fit sursauter mes deux coéquipiers. Je dardai un regard dur sur la twili.
« Oh que si, j'en sais quelque chose ! » brayai-je en tendant mon bras en l'air. « Je sais tout ! » claquai-je. Il y eut un silence et je vis le regard incompréhensif de Midona sur moi. « Dis-lui Link, raconte-lui comment nous avons su qu'il fallait venir voir Zelda pour la soigner ! » hurlai-je en dévisageant la princesse du crépuscule de haut.
« Link ? » s'étonna-t-elle en l'appelant, quémandant des réponses.
« Elle... m'a dit qu'elle le savait » avoua-t-il en baissant les yeux.
« Alors ? Tu penses franchement que, de tout Hyrule, nous aurions accouru ici par magie ?! Tu penses vraiment que j'ai forcé la main à Link en me basant sur des hypothèses ?! » Le silence revint et j'haletais. Mes pensées se turent et la colère ainsi que la peur me firent parler. « Oui, je sais tout. Depuis le début ! »
« Comment ça ? » murmura Link en faisant un pas en arrière.
« Je suis une personne ignoble qui ne fait que vous suivre en sachant très bien ce qui va vous arriver ! Ce qui va nous arriver ! L'attaque des monstres, l'enlèvement d'Iria, sa mémoire, l'emplacement des enfants, je savais tout ! Sais-tu pourquoi j'ai été si rapide dans Toal pour récupérer le bouclier ? Parce que je savais ! Comment crois-tu que j'ai pu deviner en avance que le cristal des ombres d'Ordinn se trouvait dans la mine des Gorons ?! Et que les fées se trouvaient à chaque entrée de boss finaux ! Ou que je sois aussi à l'aise dans les donjons ?! Comment se fait-il que je sache parfaitement où se planquaient les insectes du crépuscule dans des régions de centaine de kilomètres carrés ?! Ou que j'ai toujours la bonne réponse aux énigmes ?! Voir, pas plus tard qu'il y a quelques heures, que Xanto allait nous attaquer à la sortie du donjon... » finis-je avec amertume. Les deux protagonistes de l'histoire me regardèrent avec horreur.
« Que sais-tu d'autre ? » me demanda Midona. J'eus un rire nerveux avant de faire un pas en arrière.
« Tout, Midona, je sais tout. » Elle écarquilla les yeux.
« Et tu n'as jamais rien dit ? » s'étrangla-t-elle. Mon expression s'assombrit et je laissai mes bras retomber.
« Comment voulais-tu que je le fasse ? Qu'auriez-vous pensé de moi ? Je ne suis pas censée faire partie de cette histoire... » dis-je, au bord des larmes. Ça y est, je l'avais dit, je l'avais avoué. J'étais une traîtresse.
« Est-ce que l'image que l'on se faisait de toi valait plus que nos vies ? » demanda Link tout bas. Je frissonnai de la tête au pied et l'envie de vomir me retourna les tripes. C'était terminé. Game over, la partie était finie.
« Je... »
« Est-ce que l'image que l'on se faisait de toi valait plus que nos putain de vies ?! » aboya-t-il avec rage. Je commençai à trembler et fis un pas en arrière devant le loup qui me menaçait de ses crocs.
« Je... Ce n'est pas ça ! Mais je ne pouvais pas vous le dire ! Moi-même je ne comprends pas ce que je fais là ! Je n'aurais jamais dû être ici et pourtant tout me laisse croire le contraire ! Je n'y comprends rien ! Pourquoi est-ce que j'ai cet arc et cette marque ?! Pourquoi ai-je des pouvoirs ?! Pourquoi est-ce qu'Hylia m'a dit tout ça ?! » criai-je en pleurant à chaud de larme. « Je veux rentrer dans mon monde ! Je veux revoir mes parents ! » finis-je en m'écroulant au sol.
« Ksh... » me coupa Midona avec dédain. Je levai mes yeux dans sa direction et la vis à travers mes larmes. Elle me dévisageait avec dégoût. « Ton monde parait d'aller bien, toi... au moins... » lança-t-elle. « Allons-y Link, nous n'avons pas besoin de cette traîtresse. » Elle remonta sur son dos. « En route pour Firone » souffla-t-elle. Le loup noir s'avança vers la porte avant de tourner la tête vers moi.
« Ne t'avise pas de nous suivre, je ne veux plus jamais te revoir. Tu es abominable » me menaça-t-il avant de sortir. Je le regardai s'éloigner, incapable de dire quoi que ce soit. Les mots se bousculaient dans ma tête mais aucun ne voulait sortir. Je ne savais pas quoi dire de toute façon, m'excuser ne suffirait pas... Je me recroquevillai sur moi-même posant mon front contre le sol qui s'illuminait à ma proximité. Un sanglot m'échappa, suivit d'un autre puis d'un autre. Je commençai à m'étouffer dans mes propres pleurs. J'étais une ratée, une moins que rien. Je les avais fait souffrir inutilement. Je venais de les perdre. J'étais seule.
« Mon enfant... » La voix était faible mais me parvenait avec clarté. Seulement, je ne voulais pas l'entendre. « Mon enfant... » recommença-t-elle.
« Taisez-vous ! Je ne veux pas vous écouter ! Je ne veux pas vous entendre ! Partez ! Laissez-moi ! Tout cela est de votre faute ! Vous êtes celle qui m'a faite venir ici ! Je vous déteste ! » hurlai-je en me balançant d'avant en arrière.
« Calme-toi... » tenta-t-elle.
« Non ! Je ne veux pas ! Partez ! » criai-je, la voix cassée.
« Je suis là... » souffla-t-on juste à côté de mon oreille. Je sentis une main chaleureuse se poser sur mon dos et commencer à le frotter gentiment. Mes yeux s'entrouvrirent d'eux même et je remarquai que la pièce était entièrement éclairée par une lumière semblable au soleil. « Je suis juste là... » Je me retournai doucement et tombai sur Hylia, penchée vers moi, me couvant d'un regard doux. Je la discernai parfaitement cette fois.
« Je... Je... Ils m'ont laissée... Je suis seule... » m'étranglai-je en retenant mes sanglots.
« Tu ne l'es pas, viens-la, tu ne le seras jamais » me rassura Hylia en ouvrant ses bras devant moi. Je m'y engouffrai malgré ce que j'avais dit, cherchant du réconfort. Son étreinte se referma autour de mon corps et elle caressa lentement mes cheveux. « Je te connais ma fille. Tu es une personne forte et déterminée. Tu ne le sais peut-être pas toi-même mais je l'ai vu, au travers des siècles. » Je secouai ma tête de droite à gauche contre elle pour nier.
« Je ne suis pas forte. Je suis une menteuse ! » gémis-je en m'accrochant à ses habits lumineux.
« Tu n'es ni une menteuse, ni une traîtresse. Tu as fait ce que tu croyais juste et, fais-moi confiance, tu as bien fait. Parfois, les décisions qu'il faut prendre ne sont pas simples et peuvent faire souffrir mais elles sont nécessaires. Je sais de quoi je parle ma chérie... » dit-elle avec calme. « Autrefois, j'ai moi-même dû prendre l'une de ces décisions. Je t'ai laissé une blessure et un fardeau pour l'éternité... » souffla-t-elle.
« Mais... comment... je ne peux plus rien faire... » soufflai-je, apaisée.
« Au contraire, il te reste beaucoup de chose à faire. Ta destinée est ici, aux côtés de Link. Tu ne peux pas dire le contraire. Tu es née pour marcher dans la même direction que lui, en regardant le même horizon. »
« Comment pouvez-vous en être sûre ? » sanglotai-je en m'éloignant légèrement.
« Parce que tu es ma fille Tp » annonça-t-elle avec un grand sourire. « Et si tu ne me crois pas, il te suffit de faire une chose : retrouver ta mémoire. Elle a été scellée par tes propres mains dans le temple du temps, il y a de cela plusieurs siècles » expliqua Hylia en posant ses mains sur les miennes. Elle redressa son visage et plongea ses yeux bleus dans les miens.
« Alors... avec ma mémoire... je serais pardonnée ? » Elle secoua la tête.
« Malheureusement, ce ne sera pas aussi simple. Cependant, tu gagneras en force et en sagesse. Le courage du pardon viendra ensuite. » J'écarquillai les yeux et un sourire triste étira mon visage. « Veux-tu y aller ? » J'hochai la tête. « Bien, alors laisse-moi t'aider pour une fois. J'ai pu refaire de maigres réserves de pouvoirs depuis que je t'ai appelée ici, cela devrait amplement suffire. » Elle se redressa, m'entraînant à sa suite. Elle me lâcha et je reculai d'un pas, voyant la fenêtre dans son dos.
« Qu'allez-vous faire ? » demandai-je avec curiosité.
« Je vais t'envoyer au temple du temps. Les déesses d'or ne le cautionneront peut-être pas mais je dois le faire » dit-elle en levant sa main droite dans ma direction. Puis, soudain, je vis une sorte de prisme orangé se former à l'extérieur. Je devinai sans mal que la disparition de Zelda venait de laisser une ouverture au crépuscule. Xanto venait de s'emparer de l'édifice.
« Comment ?! » m'écriai-je. Mais la lumière dorée commença déjà à m'aveugler.
« Désolée ma fille mais je ne peux pas te laisser ici. Il ne doit pas te trouver. Tu dois être celle qui le débusquera » souffla-t-elle. Puis, je fus aveuglée. Le flash lumineux disparut aussi rapidement qu'il était venu et je clignai plusieurs fois des yeux. J'y étais.
« Il est souvent plus grand d'avouer ses fautes que de ne pas en commettre. »
François de la Rochefoucauld
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Alors, comment vous sentez-vous ?
Luna, la dramaturge x)