Salut à tous ! Alors aujourd'hui, je reviens avec un chapitre peut-être un peu spécial puisqu'il ne fera pas trop avancer l'histoire.
C'est une idée de Yas5420 qui m'avait demandé (à la mention des cauchemars de Tp dans un chapitre) s'il était possible qu'un jour je vous en écrive un. Alors voilà, je me suis laissée emporter et il fait un chapitre entier.
/!\ J'avertis tout le monde ! Ce cauchemar peut paraître assez violent s'il y a de jeunes lecteurs (mention de mort et descriptions assez imagées même si je n'ai pas poussé le vice trop loin.) Vous pouvez lire mais pas me reprocher ce que vous lisez.
Si vous souhaitez le passer, c'est possible, il n'y a qu'un petit passage avec Link à la fin mais sinon, cela n'impact pas du tout l'histoire.
Sur ce , bonne lecture, je me suis bien amusée à faire ce chapitre mais j'ai moi-même été mal à l'aise en le relisant il y a quelques minutes XD.
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Il faisait noir... complètement noir... Puis, d'un coup, tout devint blanc. Si blanc que je fus obligée de fermer les yeux pour les soustraire à la clarté qui m'aveuglait. Alors que je tentais d'apercevoir quelque chose à travers mes paupières plissées, je vis la source lumineuse venant de partout et nulle part à la fois s'affadir, découvrant les environs.
J'étais dans un monument en pierre délabré. On aurait pu le comparer à une cathédrale tombée en ruines. Des végétaux grignotaient chaque espace qu'il leur était donné, grimpant avidement sur les parois qui tenaient encore debout et recouvrant les dalles brisées au sol. J'étais en plein milieu de cet endroit mais... il était plutôt apaisant et le soleil qui passait à travers le toit à demi ouvert me réconfortait. J'étais dans le temple du temps, ou du moins ce qu'il en restait, les symboles sur les murs et la Triforce gravée sur la porte d'entrée ne trompaient pas. Je fermai les yeux pour apprécier la chaleur du lieu mais... bientôt... tout devint froid. La lumière qui filtrait à travers mes paupières s'était volatilisée et un frisson parcourut mon corps.
Je rouvris les yeux et vis que tout avait changé. Le soleil n'était pas uniquement caché derrière un nuage, il avait disparu et seul une étendue noirâtre tapissait le ciel. Tout avait pris une teinte grise ou des reflets rouges, comme si des flammes invisibles projetaient leurs couleurs sur les murs. Puis, je les vis, ces petites particules noires, s'élever du sol et flotter dans l'air.
« Non... » murmurai-je. « Non, non, non » répétai-je en posant mes yeux affolés dans tous les coins. Pas ici aussi... C'était impossible ! Cet endroit était le plus sacré de tout Hyrule ! Le siège de la puissance d'Hylia et la terre natale des Hyliens ! Il ne pouvait pas tomber aux mains du crépuscule ou tout serait fini ! Alors que je regardais, impuissante, la scène qui se passait autour de moi, je finis par faire volte-face. Je me retrouvai en face d'une immense statue de la déesse Hylia. Elle était en pierre et les mains jointes, paraissant prier sereinement pour l'avenir, comme si toute cette noirceur ne l'atteignait pas. Alors que je détaillai la sculpture, une fêlure apparut au niveau d'une des mains. « Non ! » hurlai-je en faisant un pas en avant. Seulement, au moindre de mes mouvements, la statue se brisait un peu plus.
« Tout est de ta faute... Tu n'as pas rempli ton rôle... » chuchota une voix accusatrice à mon oreille. Je fis demi-tour de peur que quelqu'un ne soit dans mon dos mais, il n'y avait personne. Mon cœur battait la chamade. Si le massacre continuait, tout Hyrule allait tomber sous le joug de Ganondorf ! Tout allait se reproduire, pourtant, ce ne serait pas seulement 7 ans de malheur mais une éternité ! Neuf formes humanoïdes brillantes se matérialisèrent autour de moi, m'enfermant dans un cercle.
« Tu es inutile ! Une rature dans les œuvres de la déesse ! Elle n'aurait jamais dû te donner naissance ! » s'écrièrent-elles en tournant. Elles tendirent leurs mains vers moi et me désignèrent d'un doigt accusateur avant de le reporter sur la statue. « Vois ce que tu as fait ! » claquèrent-elles en chœur. A leurs mots, un bruit assourdissant secoua la pièce. Plusieurs larmes rouges dévalèrent les yeux de la statue et le visage d'Hylia se craquela entièrement avant de s'écraser au sol. La pierre chuta et se morcela en des milliers d'éclats qui envahirent la pièce en un instant. Ils traversèrent les formes dorées qui s'évanouirent en se faisant toucher par les projectiles et je couvris ma tête avec mes avant-bras pour me protéger.
Soudain, un bruit métallique résonna et j'écarquillai les yeux. Je vis des bottes marron devant moi puis, en remontant, je découvris Link. Il tourna ses yeux bleus vers moi et m'envoya un regard noir.
« Qu'est-ce que tu fous Tp ? Tu crois franchement que c'est le moment de faire l'enfant ? » cracha-t-il. Je ne répondis pas, déboussolée par son ton.
« Link ? Qu'est-ce- » Il me coupa.
« Ne m'appelle pas par mon prénom, tu n'en as pas le droit » siffla-t-il en détournant son regard de moi pour faire face à notre ennemi. « Pour l'instant, j'ai encore besoin de toi alors tu vas te battre pour m'aider mais, ne crois pas que tu t'en sortiras pour m'avoir trahi ! » gronda-t-il en empoignant son épée.
« Mais- » Je me redressai pour faire face aux monstres devant nous, formant une vague s'approchant dans la plaine où nous étions. Quand avions-nous atterri dans la plaine d'Hyrule ?!
« Tais-toi et rends-toi utile ! Tu ne crois pas que j'ai assez de boulot comme ça ?! Va chercher ton épée et reviens ! » cria-t-il en se mettant en garde. Je lançai un coup d'œil à l'armée ennemie guidée par Xanto. Ils étaient des milliers et armés jusqu'aux dents. Je mordis ma lèvre et tournai mon regard derrière. Le temple du temps était encore là ! En plein milieu, je vis une épée enfoncée dans un socle de pierre, devant une statue de femme. J'y courus. Seulement, plus je m'approchai, plus le bâtiment s'éloignait. Je jetai un coup d'œil en arrière et vis Link se jeter dans la mêlée. Je devais me dépêcher ! Alors que je regardai à nouveau en avant, j'étais dans le temple. En quelques pas désordonnés, j'arrivai devant la statue de pierre et levai les yeux pour la regarder.
C'était... moi ? On aurait vraiment dit que cette personne avait été faite selon mes propres traits... Elle était debout, la tête fièrement redressée et elle portait une robe fluide agrémentée de plaque de fer qui avait été sculpté de manière à donner l'illusion qu'elle flottait dans les airs. Elle portait un arc dans son dos et, dans sa main droite, une épée très fine. Elle avait une lame effilée, avec, au niveau de sa garde un joyau gravé en forme de losange encerclé de fer. Son visage semblait déterminé mais dégageait une compassion infinie. Elle était hylienne, ses oreilles ne faisaient aucun doute mais... le sceau de la déesse apposé sur son front me perturba.
« Maîtresse... » murmura une voix grave. Je baissai mes yeux vers l'épée enfoncée dans le socle aux pieds de la statue. « Cela fait tellement longtemps... Prenez-moi, j'attends depuis une éternité de vous servir à nouveau... » susurra-t-elle comme une menace. La voix serpenta jusqu'à mes oreilles et je fus obnubilée par l'objet. La lame était effilée et la garde était faite de métal noir alors qu'un joyau rouge brillait à sa base. C'était exactement la même que celle de la statue... Je tendis ma main vers elle et, alors que j'allais l'empoigner, un cri m'interrompit.
« Non ! Ne la touche pas ! » Je sursautai et retirai prestement ma main. Le décor avait encore changé et je me tenais debout sur une étendue d'eau sans limite, avec, juste devant moi le socle et l'épée. Au milieu se trouvait un petit îlot avec un petit arbrisseau et de l'herbe. Une jeune fille se tenait debout dessus. Elle portait une longue robe blanche et tenait une harpe dorée entre ses bras.
« Zelda ? » répondis-je en reconnaissant l'habitante de Célestbourg.
« Tp ! Tu n'as pas la force d'entreprendre ce que tu t'apprêtes à faire ! Rappelle-toi, la première fois que tu l'as fait ! Tu as failli te laisser submerger et tuer tous les habitants du village ! Ne recommence pas, je t'en supplie ! Ou je serais obligée de t'en empêcher ! » dit-elle en retenant des larmes.
« Je... »
« Je t'en prie ! » me supplia-t-elle.
« Tp ! Qu'est-ce que tu fous ! J'espère que tu ne t'es pas enfuie comme la traîtresse que tu es ! » s'écria-t-on. C'était la voix de Link qui sortait de nulle part et qui résonnait dans l'endroit où je me trouvais.
« Tp ! Ne fais pas ça ! » s'écria de nouveau la blonde en me voyant approcher ma main de la garde de l'épée.
« Je... » soufflai-je en posant mes yeux sur l'arme. « Je... Je dois... » tentai-je de dire, mais les mots restaient coincés dans ma gorge. « Je dois le faire... Je dois aider Link... » chuchotai-je pour me convaincre de ma propre folie. Une aura démoniaque commença à suinter de l'épée.
« Vas-y, fais-le, empoigne-moi... » siffla la voix venant de cette dernière. Les volutes noires glissèrent jusqu'à ma main et s'enroulèrent autour de mon poignet, l'attirant vers la garde.
« Tp ! » hurla Zelda. « Non ! Résiste ! » continua-t-elle, mais, elle paraissait coincée sur l'îlot au centre de l'eau. Puis, je posai mes mains sur la garde et l'agrippai fermement.
« Oui, c'est ça, sors-moi de là » m'intima l'arme qui semblait mue par sa propre conscience. Je resserrai ma prise et tirai dessus afin de desceller la lame. Dans un premier temps, elle résista avant de se mettre à glisser dans un bruit de ferraille contre le socle. Je l'extirpai de la dalle avant de regarder l'hylienne. Elle avait des yeux sombres et ses poings étaient fermement serrés.
« Tu nous as de nouveau trahis... Tu n'aurais pas dû... Tu es une bavure aux œuvres de la déesse, elle n'aurait jamais dû te donner la vie... » souffla-t-elle comme une menace à peine voilée. Pourquoi est-ce que tout le monde me disait cela ? Pourquoi ?! Je ne les avais pas trahis ! Je n'en avais jamais eu l'intention !
« Zelda ! Je ne veux que tous vous sauver ! » m'écriai-je en laissant mon bras retomber le long de mon corps en serrant la garde de la rapière noire. Les ombres émanant de cette dernière s'agrandirent et une forme en émergea soudainement.
« Ah ah ! » s'écria une voix en se moquant de moi. Je tournai mes yeux vers la personne qui osait rire en ce moment et je fus prise de court. Ghirahim ?! Je détaillai le démon à ma droite. Il venait de rejeter son carré blanc en arrière et riait aux éclats en se tenant la tête. Il portait ses habits habituels, une cape rouge sur un ensemble uni-pièce blanc, tous deux décorés de losanges. « Crois-tu qu'en me sortant de là » dit-il en se penchant vers moi et en pointant le socle. « Tu vas les sauver ? » rit-il. Il s'approcha de mon visage et un rictus barra le sien. « Tu es un peu trop prétentieuse, ne penses-tu pas ? » murmura-t-il au creux de mon oreille. Je plaquai ma main contre cette dernière en m'éloignant instantanément du Monarque démoniaque.
« Arrière démon ! » le menaçai-je en braquant l'arme que je tenais vers lui. Il se redressa et son sourire malsain s'agrandit.
« Oh... Tu oses me menacer avec mon propre corps » s'amusa-t-il en s'avançant vers moi. « Tu es toujours aussi courageuse Tp » lança-t-il. « Remarque, c'est ce que j'ai apprécié chez toi et c'est ce qui me donnait des frissons lorsque nous nous battions » dit-il en fermant les yeux et en s'entourant de ses propres bras comme s'il se remémorait une sensation de félicité. Je regardai avec dégoût sa langue à la longueur démesurée se balader sur ses lèvres avant qu'il ne revienne à sa position initiale.
« Je ne vois pas de quoi tu parles Ghirahim, j'ai d'autres monstres à fouetter » grondai-je en pointant le bout de la rapière sur son torse. Il fut secoué par un rire et s'avança d'un autre pas, s'empalant tout seul sur la lame. J'écarquillai les yeux en le voyant progresser vers moi sans mal.
« Allons... Tu ne pensais quand même pas que je pouvais me blesser moi-même ? » minauda-t-il. Je fis un pas arrière mais cela ne fit que l'attirer plus vers moi. Il s'approcha jusqu'à ce qu'il atteigne la garde de l'épée et sa main se posa sur la mienne. « Oh... Je me rappelle de cette sensation, cette magnifique sensation, de ta main lorsque tu te battais avec moi, c'était jouissif Tp » murmura-t-il en caressant ma main. Je me sentis mal à l'aise pendant quelques secondes avant de me rappeler que Zelda était présente. Elle pourrait m'aider à me débarrasser de ce monstre !
« Zelda ! » appelai-je en tournant la tête vers la jeune fille. Seulement, elle ne pouvait rien faire, prisonnière d'un cristal ambré.
« Tch, tch, tch... Ne penses pas que tu m'échapperas ma belle » me reprit Ghirahim en s'emparant de mon menton pour que je le regarde. « Tu es à moi, rien qu'à moi... » chuchota-t-il en s'avançant vers mon visage. Je détournai le regard comme je le pus afin de voir Zelda. L'îlot sur lequel elle se trouvait commençait à faner et la salle revêtait des allures que je reconnaissais bien : le temple de l'eau dans Ocarina of Time, cette fameuse salle où se trouvait Dark Link. « Voyons, pourquoi la regardes-tu ? Est-ce que tu crois que ta précieuse prêtresse va pouvoir t'aider alors que toi, la porteuse de lumière n'en est pas capable ? » dit-il en regardant dans la même direction que moi. La porteuse de lumière... Ce surnom résonna dans mon esprit. Je n'en étais rien... Juste une personne inutile. Les larmes commencèrent à perler le long de mes joues. « Voilà que tu pleures maintenant, tu es désespérante, mais... j'aime voir ton visage ainsi... » continua-t-il en léchant l'eau salée. Je frissonnai d'horreur et me débattis de toutes mes forces. Je devais lui échapper. Je devais partir. Je fermai les yeux et tentai de me défaire de sa prise mais je n'y parvenais pas.
Puis, un rire résonna dans la pièce, enfin, le semblant de pièce. Je m'immobilisai en le reconnaissant. C'était celui de Link, et pourtant, il était différent de ceux que j'avais l'habitude d'entendre. Même lorsqu'il m'avait parlé sèchement, sa voix n'était pas ainsi. Je tournai mes yeux vers l'îlot central.
C'était Dark Link, sans aucun doute. Sa peau blanche, ses cheveux gris et ses yeux rouges ne trompaient pas. De plus, il portait la tenue du héros en noir et les symboles de la Triforce étaient inversés sur toutes ses armes. Il s'accouda au cristal contenant Zelda et m'envoya un rictus malsain.
« Alors Ghirahim ? Elle te donne du fil à retordre ? » s'amusa-t-il en haussant un sourcil. Je fis un aller-retour entre les deux hommes. Depuis quand se connaissaient-ils ?! Ils n'étaient pas censés être dans les mêmes jeux !
« Comment ? Qu'est-ce que- ? Comment vous ? » m'étranglai-je. J'étais au bord de la rupture. Rien n'allait ! Tout était anormal ! Mais, moi j'étais ici, aux prises avec deux ennemis surpuissants et Zelda était à leur merci alors que Link se battait à la surface. Il allait mourir sans aide ! Ou était Midona quand on avait besoin d'elle ?! Je retirai violemment l'arme du corps du Monarque démoniaque et m'éloignai de quelques pas. Je ne sus pas comment je réussis à le faire mais j'étais libre. Je sentis une immense douleur me mordre le bras droit et je baissai les yeux vers ce dernier. Les volutes de fumées noires commençaient à remonter le long de ma peau et semblaient la dévorer, plantant des hameçons noirâtre pour s'y accrocher. Je l'ignorai et relevai mon regard vers mes adversaires. Ghirahim sourit et frappa dans ses mains comme pour m'applaudir.
« Magnifique ! C'est magnifique ! Continues ainsi et tu m'appartiendras toute entière ! » jubila-t-il. Je reportai mon attention sur Dark. Il me sourit avant de balancer quelque chose dans ma direction. Je regardai l'objet rond rouler jusqu'à mes pieds et il heurta mes bottes. Puis, je réalisai ce que je voyais. J'écarquillai les yeux et un cri de terreur s'échappa de ma gorge. Je m'assourdis moi-même et mes membres se mirent à trembler de manière incontrôlable. Comment se pouvait-il ?
« Je me suis dit que tu aurais aimé lui faire un dernier coucou » s'amusa l'ombre en empoignant son épée. Je ne pus détacher mon regard de la tête au sol. La tête de Link. Elle était vide de vie et son cou, tranché, laissait encore voir les organes qui le reliaient au reste de son corps. Ses yeux étaient tuméfiés de bleus et plusieurs coupures cisaillaient son visage. Un haut le cœur me secoua la poitrine et je tombai à genoux. Il était mort... Il était mort... Il l'avait tué... Je sentis une peine sans nom me déchirer entièrement. Ce genre de peine inconditionnelle que l'on ne contrôle pas. Ce genre de peine qui donne envie de s'arracher les cordes vocales. Ce genre de peine qui donne l'impression que notre corps ne réagit plus et que notre tête bourdonne sans cesse. Ce genre de peine... Ce genre de douleur... Je me recroquevillai sur moi-même. Qu'allais-je faire ? Qu'allais-je devenir ? J'enfonçai mes ongles dans mes tempes pour tenter de faire taire toutes mes idées, d'avoir la paix.
« Il est mort... Il est mort... Il est mort » répétai-je comme une litanie. « Il est mort... »
« C'est bon, je crois qu'on a compris que ton précieux héros avait crevé » répondis Dark, en ayant marre de m'entendre.
« Il est mort... Il est mort... Mort... Mort... » Je ne m'arrêtai pas... J'avais l'impression qu'à chaque mot, quelque chose se rapprochait, quelque chose arrivait... Je me redressai sans savoir comment. Ça n'aurait tenu qu'à moi, je serais restée prostrée ici, comme ça. Rien d'autre. Je regardai Dark alors que Ghirahim avait disparu. Ma main se resserra sur la garde de l'épée et mon épaule me brûla, les volutes progressaient sur mon corps comme si elles cherchaient à me recouvrir. Je voulais le tuer.
« Tu tu tut... » fit-il en secouant son index de droite à gauche. « Tu devrais rester où tu es si tu tiens à elle » me menaça-t-il en posant la pointe de sa lame contre le cristal retenant Zelda. Je m'en fichais, je voulais le voir mort. A terre. « Tu m'entends ? Ce serait dommage que j'aie à faire ça quand même » dit-il en faisant crisser le métal contre l'ambre. Je fis un autre pas, puis un autre.
« Ne le fais pas ou tu le regretteras salop » grognai-je.
« Tant pis, tu étais prévenue ! » s'enthousiasma-t-il en prenant de l'élan avec son bras gauche.
« Non ! » m'égosillai-je en tendant mon bras vers eux. Il asséna un immense coup au cristal qui vola en éclat, éparpillant des centaines de morceaux de chair et des milliers de gouttes de sang au passage. Une immense gerbe de ce dernier s'échoua du bas de mon torse jusqu'à mon visage. « Zelda ! » hurlai-je, désespérée, en avançant vers les restes de la jeune hylienne. Cependant, je ne pus pas poser mon pied quelque part de solide et il s'enfonça dans l'eau. J'écarquillai les yeux en sentant mes chevilles s'embourber dans le liquide. C'était devenu un véritable marécage ! Je tentai d'avancer mais chacun de mes mouvements m'enlisait un peu plus dans la boue. Alors que je m'enfonçai de plus en plus profond, je jetai un regard empli de colère à Dark qui s'accroupit au bord de l'île.
« Franchement, un si joli minois, c'est du gâchis » se plaint-il en me dévisageant. Nos têtes n'étaient qu'à quelques centimètres l'une de l'autre mais je ne pouvais rien faire, j'étais entièrement prise au piège. « A la revoyure Tp ! » sourit-il en appuyant sur mon crâne. Cela eut pour effet de me rentrer sous le niveau de boue sans que je ne puisse prendre de respiration. Mon premier réflexe fut de me débattre mais contre quoi ? J'étais submergée ! Je commençai à paniquer en sentant mes poumons tirer pour de l'air. Je n'arriverai bientôt plus à les en empêcher ! Finalement, ma bouche s'ouvrit et j'inspirai. Je sentis le liquide épais s'insinuer dans mes bronches et remplir ma cage thoracique. Je voulus tousser pour l'éjecter, mais, pour tousser, il fallait de l'air, et cela ne fit que m'en faire prendre plus. Mon corps convulsa dans plusieurs sens et je sentis mon cerveau accélérer.
J'allais mourir ! Je n'avais plus d'air ! De l'air ! De l'air ! De l'air ! Vite ! De l'air... Puis, plus rien... Le calme... Link était mort, décapité... Zelda était morte, déchirée... J'étais morte, noyée... Nous avions été vaincus par eux... Par Ganondorf... Je sentis ma conscience s'éloigner et le noir qui m'entourait déjà sembla s'obscurcir. J'étais inutile et faible... Je ne servais strictement à rien. J'aurais dû me dépêcher afin d'aider Link. Peut-être ne serait-il pas mort ? Mais, il avait dit que je ne m'en tirerais pas à la fin, je serais alors morte par sa main. Quelle ironie. Morte ou morte, choisissez. Pourtant, je préférais mourir ainsi que d'être transpercée par la lame de celui que j'aimais tant...
Et je sursautai. Je pris une grande inspiration.
« Nous t'avions dit, tu es inutile. Une salissure au nom de la déesse ! » décrétèrent les esprits. Je m'assis et les regardai tourner autour de moi. Nous étions de nouveau dans le temple du temps mais ce dernier n'était plus en ruine. Je faisais face à l'entrée. La porte s'ouvrit et je fus aveuglée par la lumière extérieure. Je reconnus Link qui s'approcha de moi. Seulement, il était bien plus semblable à celui d'Ocarina of Time.
« Link, tu- » tentai-je.
« Silence ! » tonna-t-il en dépassant le cercle formé par les neufs esprits dorés. J'écarquillai les yeux et me figeai lorsqu'il positionna sa lame sous ma gorge. « Tu m'as abandonné Tp, je t'avais demandé de m'aider et toi... Tu es partie ! Tu as fui ! » hurla-t-il. J'examinai ses habits. Ils étaient déchirés et recouverts de sang. « A cause de toi, je suis mort ! » cria-t-il.
« Mort ? » m'étranglai-je. « Comment peux-tu ? Tu es là, mais, moi... moi je t'ai vu mort ! » lançai-je. Qu'est-ce qu'il se passait ?!
« Selon la volonté de la déesse Hylia, votre sanction sera : la mort » annoncèrent les esprits en tournoyant de plus en plus vite autour de nous. Le décor se flouta pour ne laisser qu'un anneau dorée brillant dans mon champ de vision. Ils me bloquaient toute possibilité de sortie ! Je reculai en poussant sur mes jambes et Link me suivit en marchant.
« Tu ne mérites pas mieux » cracha-t-il. Je plongeai mes yeux dans les siens. Il n'y avait plus rien sinon de la haine. De la haine pure. Je ne trouvai pas une once d'amour, de compassion ou de joie. Rien, à part de la haine. Puis, je sentis un métal froid se frayer un chemin à travers ma gorge. J'écarquillai les yeux et portai mes mains à ma trachée. Je souffrais ! C'était horrible ! Ça brûlait atrocement et du sang s'échappait de la plaie béante et, lorsque Link retira son épée, endommageant mes doigts au passage, je m'écroulai au sol. Je me noyais dans mon propre sang. Je tentai de me débattre mais c'était vain. Je commençai à tousser, ce qui ne fit qu'augmenter la douleur. Je dirigeai mon regard vers le héros mais, ce n'était plus lui. A la place se tenait un squelette en armure.
« Une lame sans courage n'est rien, et toi... tu n'as pas de courage. » Il fit demi-tour et s'en alla. Il venait de me tuer sans états d'âme. Comme s'il l'avait souhaité toute sa vie...
Et ma conscience sursauta.
Le néant, c'était tout ce que je voyais, ressentais ou entendais. J'étais morte une seconde fois. Puis, une mélodie fit son chemin jusqu'à mes oreilles. Celle des enfants perdus. Je la trouvai joyeuse finalement, tant qu'elle me permettait d'entendre autre chose que... du vide... Puis, elle s'atténua... Doucement, comme si elle n'avait jamais existée. Soudainement, je paniquai. Ce silence était angoissant. Jamais personne n'avait fait l'expérience du silence total. A chaque fois, notre cerveau imaginait des petits sons pour pallier au vide. Là, c'était le vide. J'étais terrorisée, tout était noir. Trop noir pour être noir. J'avais échoué, j'étais inutile, j'étais une bavure comme ils le disaient. Ils étaient tous morts par ma faute. J'avais précipité la chute d'Hylia et d'Hyrule. J'entourai mes bras autour de mon corps, un tant soit peu que j'en aie encore un.
Puis, un murmure se fit entendre. Je redressai la tête et une peur nouvelle m'étreint. Partout autour de moi se dressait une brume violette. Elle progressait lentement, en cercle, m'enlevant tout espoir de fuite. Elle allait m'atteindre dans quelques secondes. Je me levai et regardai dans tous les sens mais il n'y avait rien à part cette fumée qui sillonnait au sol, lentement, me promettant de me rejoindre coûte que coûte, comme si elle se trainait par terre afin de me dévorer entière. Je commençai à m'agiter et à courir mais mes pieds se firent attraper par deux bras squelettiques sortant du sol et je fus immobilisée. Mes yeux se rivèrent sur le miasme et les chuchotements désordonnés reprirent. Elle voulait ma mort. Elle voulait me dévorer. Elle rampait comme un charognard, prête à se repaitre de ma chair jusqu'aux os. Je voulus crier mais, la seule chose qui sortit de ma bouche fut de la boue. J'en fus terrorisée mais cela ne fit qu'accentuer le flux que je paraissais vomir sans fin. Puis, alors que mon estomac se contractait un peu plus et que les restes de ma noyade s'expulsaient de mon organisme, je vis la brume à mes pieds. Ma peau commença à me démanger et à brûler. Puis, je m'écroulai au sol, disparaissant entièrement sous l'océan de fumée. J'avais l'impression de me faire grignoter la peau par des milliers d'insectes affamés, qu'ils entraient dans ma gorge et dans mes oreilles pour me dévorer jusqu'à la fin. La douleur dura... dura... et dura. Combien de fois allais-je devoir mourir pour expier mes fautes ?
Et je sursautai. J'hurlai de douleur en sentant ma peau me gratter.
« Tp ?! » s'écria-t-on à ma gauche. Je commençai à frotter ma peau pour faire partir cette sensation horrible qui recouvrait tout mon corps. « Tp ?! » répéta-t-on. Je tournai mes yeux vers la personne qui m'appelait. C'était Link.
« Eloigne-toi ! » criai-je. Il écarquilla les yeux en voyant mon état. J'étais à bout de souffle, les yeux exorbités et de la bave coulait le long de mon cou alors que je me contorsionnai dans tous les sens, alternant entre me gratter et tenir fermement ma gorge.
« Tp ! Calme-toi ! Tout va bien ! Tu as dû cauchemarder ! » dit-il assez fort pour couvrir ma voix et mes halètements. Je me figeai instantanément au mot 'cauchemar'. Le silence soudain de la pièce me surprit et je tournai ma tête au ralenti vers celui qui me fixait, angoissé. « Attends deux secondes » me dit-il en allumant la bougie sur la table de chevet. J'entendis le feu se créer et la mèche crépiter pour s'enflammer avant qu'il ne me refasse face.
« Je... » Ma voix se coinça dans ma gorge et je sentis une boule se former à la place.
« Tout va bien, je suis là... » chuchota-t-il. J'abaissai mes bras et le fixai, comme s'il s'agissait d'un mirage. Sa voix était clémente et douce, rassurante et réconfortante. Ses yeux étaient emplis d'inquiétude et trahissaient ses états d'âme. Il n'avait rien à voir avec le Link de mon cauchemar... Il ouvrit ses bras et, comme il n'était qu'à quelques centimètres de moi, je tombai dedans. Il les referma immédiatement sur moi et se mit à se balancer doucement pour m'apaiser. Je gardai les yeux ouverts, refusant de les fermer de peur que les images ne me reviennent en mémoire. Mais l'odeur et la chaleur du héros me calmèrent et mon cœur qui battait à la chamade ralentit. « Tu veux m'en parler ? » proposa-t-il tout bas. Je secouai la tête, la frottant contre son tee-shirt. « C'est pas grave, je suis là quand même » chuchota-t-il. Puis, j'entrouvris la bouche.
« Tu me tuais... » avouai-je à mi mots. Il ne parut pas avoir besoin de plus d'explications. Il avait compris. « C'était horrible, la plus horrible des choses dont j'ai rêvé... » dis-je, la voix éraillée. Sa main se posa sur le dessus de ma tête et il commença à me caresser doucement les cheveux. Il ne prononça aucun mot et je l'en remerciai. Je ne voulais pas parler, pas maintenant. Ma terreur nocturne devait passer d'abord.
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Et c'est sur cet instant de tendresse que se finit ce chapitre mouvementé. J'espère (pour ceux qui l'ont lu) qu'il vous a plu et que vous ne vous êtes pas perdus dans les centaines de références qu'il y avait.
Pour ma part, je le trouve assez bien fait puisqu'il est inspiré de certains de mes cauchemars ^^.
Faites de beaux rêves, Luna.