« Pour prévenir les abus, on ne peut lier le sentiment d'impunité et l'exercice du pouvoir. » -Alain Leblay
<<New Rules – Dua Lipa.>>
A mon réveil, il n'était pas là. Au commencement des examens, lundi, il n'était pas là. A la fin des examens, jeudi, il n'était pas là. Quatre jours sans nouvelle, sans rien. Je pensais vraiment que nous étions plus que deux personnes qui couchent ensemble. Je suis réellement déçue. Et le pire dans tout cela, c'est que le toucher de son corps me manque. Je déteste mes hormones, tellement.
Aujourd'hui, nous sommes vendredi, soit le jour de présentation de mon mémoire. Cette étape est la dernière. Je vais devoir défendre une thèse devant un jury. Un sujet que j'ai dû piocher en septembre dernier et que j'ai dû valider en janvier. Donc depuis quatre mois, je travaille à développer mon sujet d'étude qui est l'érection précoce. En effet, j'ai eu de la chance – ironie quand tu nous tiens. J'ai dû chercher un homme souffrant de ce problème et faire des tests sur... cette partie de son corps. Cela n'a vraiment pas été la meilleure partie de mon projet, mais je devais passer par là. De toute façon, le métier que je veux exercer ne sera pas toujours rose. Je le sais, c'est pourquoi j'ai tenu à achever ce mémoire avec succès.
Actuellement, je suis stressée. Je suis sortie de la douche il y a à peine vingt minutes, et pendant tout ce temps-là, je me suis bouclé les cheveux, maquillée d'un trait d'eye-liner et de rouge à lèvres rouge et habillée. Je suis longuement restée devant le dressing, me demandant quoi porter, mais j'ai finalement choisi une tenue confortable. Je préfère ne pas être tirée à quatre épingles et être à l'aise plutôt que l'inverse. Au moins, je n'aurai pas à me préoccuper de si je suis présentable. Si ma jupe est assez bien repassée comparé à celle de la juriste. Si ma robe ne moule pas trop des endroits indésirables. Je sais que toutes les filles qui vont vouloir avoir leur diplôme sans travailler vont tout miser sur cet entretien. Il compte pour plus de la moitié de la moyenne finale. En gros, tu peux rater tes écrits mais réussir ton oral, tu obtiens ton certificat d'études. Je trouve, personnellement, ce concept complètement idiot. Il encourage juste à ne pas bosser la théorie, mais à tout défoncer sur un seul projet. Bravo le gouvernement, encore une fois. Du coup, ma tenue se résumait simplement à un chandail blanc et un jean anthracite. Il mettait en valeur mes formes, mais en restant classe. Je veux dire, ce n'est pas ma faute si j'ai des hanches et une chute de reins prononcée. Rien de bien vulgaire, et cela me représentait assez finalement. Je décidai simplement de mettre des chaussures à talons aiguilles. La matière est en daim et était toute douce. Les lacets à l'avant étaient adorables.
Enfin prête, je saisis mon dossier et fermai la porte de ma chambre.
***
« Tu ne stresses pas trop, ça va ? Me demanda Sophie en s'asseyant à côté de moi. »
En attendant d'être appelée, je m'étais assise à une table en bois à l'extérieur. Beaucoup d'étudiants étaient présents, patientant pour leur tour. Sophie est une de mes deux meilleures amies. Nous nous connaissons depuis le collège et n'avons jamais eu un mot plus haut que l'autre. Elle est tout simplement adorable et je suis réellement reconnaissante à Dieu – enfin s'il existe – de l'avoir mise sur mon chemin. En plus d'être gentille, elle était jolie. Vraiment. Une chevelure brune avec des boucles naturelle dont les pointes sont plus éclaircies que les racines, une peau mâte et des traits fins sont des éléments qui la caractérisent. Parfois, les gens disent que nous nous ressemblions, mais à chaque fois, nous rigolons de bon cœur. Erreur. Elle a des origines asiatiques et moi australiennes. Comment pouvons-nous possiblement nous ressembler ?
« Elle ne stresse jamais, c'est connu, Soph'. Dit Matt en passant son bras par-dessus mes épaules, me tirant contre lui. »
Je rigolai à sa réponse et lui ébouriffai les cheveux. Lui et moi, c'est une longue histoire. Nous nous sommes connus en dernière année de lycée, lorsque j'étais dans l'équipe de cheerleaders, et depuis, nous ne nous sommes jamais quittés. Il y a un quelque chose qu'il détient que je n'ai jamais réussi chez quelqu'un d'autre. Effectivement, nous sommes sortis ensemble, mais nous nous sommes vites rendus compte que nous étions plus comme chat et souris que copain/petit-copine. Et heureusement encore, cela n'a en rien entaché notre relation d'aujourd'hui. D'ailleurs, c'est avec lui que j'ai manqué de faire ma première fois... En même temps, comment ne pas craquer pour un grand gaillard aux cheveux blonds et au sourire ravageur ? Style surfeur, ça vous connaît ? Puis, ce qui m'a directement attiré chez lui, ce sont ses yeux. Bleu pacifique. Son physique lui est très avantageux, et il le sait parfaitement. Je suis sûre et certaine qu'il en joue au vu du nombre de filles différentes qu'il nous a déjà présentées.
« - Eh bien, j'ai réellement bossé sur le dossier donc je pense pouvoir gérer. Leur souris-je, confiante.
- De toute façon, quel sujet ne maîtrises-tu pas ? Lança Bethany de manière rhétorique. »
Je me sentis tout de suite attaquée par sa remarque. Je fronçai des sourcils mais ne me redressai pas. Laissant ma tête reposée sur le pectoral droit du blondinet, je lui lançai un regard noir. Elle, je ne pouvais pas la voir en peinture. C'est la copine de Matt, mais je suis persuadée qu'elle le trompe. Cette fille pourrait se faire fourrer par tout ce qui passe si cela lui apporte un minimum de popularité.
« J'en connais une qui finira fille de joie à ne rien savoir d'autre que manier un pénis. »
Sophie, Shawn et Chris se mirent à rire tandis que je sentis directement le malaise de Matt. Je ne voulais pas être méchante mais elle m'insupportait tellement... Puis, je n'appréciais pas le fait qu'elle se fichait complètement de Matt. Je suis même sûre qu'elle l'utilise parce qu'il a un réseau étalé d'amis.
« - Tu aurais pu dire 'bite', sale frigide.
- Désolée d'élever mon niveau à un niveau que tu ne connaîtras visiblement jamais. Pauvre de toi. Lâchais-je en me redressant. »
Un silence à table s'installa, mais ce n'était en rien gênant au vu des personnes autour de la table. Personne ne l'apprécie cette fille, alors une insulte de plus ou de moins envers elle, on n'en fera pas la différence. Je tournai soudainement mon attention vers Shawn, les discussions reprenant de l'entrain après cette petite confrontation.
« - Toi, tu as vu où était passé mon témoin ? Lui demandais-je en le pointant du doigt tout en lui souriant.
- Il a dit qu'il serait de retour juste au moment où tu seras appelée. Répondit-il en croisant les bras sur sa poitrine, son regard me montrant que l'échange avec Bethany l'avait amusé.
- Mais comment le saura-t-il s'il n'est pas là ? »
Il haussa des épaules et je soufflai. Quel idiot, ce mec. Je ne sais pas pourquoi je l'ai choisi, sérieusement. Il m'a plus fait d'avance que donner des résultats satisfaisants. A chaque entrevue, il essayait de me mettre dans son lit jusqu'au moment où je lui ai fait comprendre qu'un homme qui ne tient même pas le cap sans être entré en moi ne m'intéressait pas. Il a tout de suite arrêté et s'est rembruni. J'espère seulement que les examens que j'ai mis en place pour tenter de le guérir ont réussi, que je me débarrasse de ce gars. Cependant, ce qui m'avait réellement surpris, c'est qu'il m'ait certifié que durant l'entretien, il ne laisserait rien transparaître. Qu'il ne montrerait rien de nos différents. Je lui en suis tout de même reconnaissante pour ce point. Je suis sûre que c'est un bon gars dans le fond, mais que son complexe l'a rendu plu accro au sexe qu'il ne le devrait naturellement.
Soudainement perdue dans mes pensées, je me laissai aller contre Matt et il referma mon corps contre le sien, un bras autour de mes épaules. Ma tête reposait au même endroit que tout à l'heure, seulement je la cachais un peu plus dans son cou. Je me sentais bizarrement étourdie.
« - Vous les avez quand les résultats ? Demanda Chris.
- Écrits ou oral ? Interrogea Shawn. »
Chris est un nouveau copain que je me suis faite cette année. Il a d'abord connu mon meilleur ami, mais est devenu mon ami aussi puisque nous trainions ensemble. Il est vraiment sympathique. C'est un peu le pote gay que toute fille voudrait. Or, il n'est en rien gay. J'en suis sûre vu comment il m'avait lâché en soirée parce qu'une fille lui avait tombé dans l'œil. Heureusement, il n'avait jamais rien tenté avec moi. J'avouerai en avoir légèrement marre que les gars m'approchent parce qu'ils veulent soit coucher soit sortir avec moi. Ne peuvent-ils pas être civilisés et vouloir être mon ami dans un premier temps ? En tout cas, il est aussi marrant que mignon. Ses cheveux châtain foncé coupés de manière déstructurée et son sourire Colgate ne pouvaient être dissociés de lui. Sa carrure était développée au vu du nombre d'heures qu'il passait à la salle de musculation et avait des biceps saillants. Il est vrai que sa vue ne m'est indifférente...
« Salut, Harry ! Lança Bethany suivi d'un signe de main. »
Mon sang se glaça d'un coup. Tout mon corps se figea et les mots perdirent tout sens dans ma tête. Harry ? Le Harry ? Mon Harry ? Je n'osai pas bouger, de peur de me rendre compte que c'était bien lui. Je ne savais pas vraiment comment je pouvais lui faire face avec ce qu'il s'était passé la dernière fois que nous nous étions vus. La dernière image que j'avais de lui était celle où il me regardait, mais il était entièrement nu. Doux Jésus. Ce souvenir doit vite partir de ma mémoire.
« Lay ? Fit Sophie en claquant des doigts devant mon visage, me faisant brutalement revenir à moi. Tu m'écoutes ? Je te présente Harry, un- »
Je sursautai lorsque mes iris grises rencontrèrent les iris qui m'avaient tant manqué pendant cette rude semaine. Il était juste assis en face de moi. Il était juste en train de me regarder. Il était juste en train de sourire. Une chose qui me prouvait qu'il était fier de l'effet qu'il avait sur moi était ce stupide sourire narquois. Dieu, que j'aimerai lui faire avaler.
« Hum, oui... Salut. Bégayais-je en baissant les yeux. »
Je sentis mes joues rougir d'un seul coup, et toute l'attention de mes amis se centra sur moi. Ma soudaine timidité les étonna. Je vis du coin de l'œil Chris, Sophie et Bethany froncer des sourcils. Je confondais encore plus mon visage contre le torse du blondinet alors qu'il se mit à rire.
« Ah la Lay... Dès qu'il y a un bel étalon, elle n'est plus là. Se moqua-t-il, faisant encore plus sourire Harry qui ne détachait son regard de moi. »
Si seulement il savait à quel point ce gars était un magnifique étalon en-dessous de ses vêtements... Mes joues brûlèrent alors que je vis les épaules du bouclé tressauter, signe qu'il rigolait. Merde.
« - Qu'y a-t-il, Harry ? Fit Bethany d'une voix mielleuse.
- Oh, rien. Une pensée un peu... déplacée. »
Je sentis mon sang bouillir à la manière qu'il avait de jouer de moi. Je fermai les yeux et laissai les effluves de Matt me calmer. Or, cela ne fonctionna pas. C'était comme si seule l'odeur de Harry me parvenait, me rendant folle.
« - Eh, tu ne veux pas la partager ? Continua-t-elle en heurtant son épaule de manière taquine, me rendant sur les nerfs.
- Non. En quoi elle te regarde ? »
Chris et Sophie rigolèrent, mais moi, personnellement, je restai de marbre. Mon corps était tendu comme jamais. Je rêve ou elle le draguait devant moi ? Malheureusement, je ne pouvais rien devant les autres. Personne ne savait que nous étions des âmes-sœur et personne ne devait le savoir. Mais mon dieu, le regard qu'elle lui lance me donne envie de l'égorger.
Énervée, honey ?
Et s'il se met à jouer avec ma tête, c'est lui que je vais finir par tuer. Je lui lançai un regard noir, ce à quoi il répondit par un sourire malicieux, comprenant de manière mes pensées de manière claire.
Va te faire voir, sale-
« Lay, tu passes à quelle heure ? Me demanda Chris, me coupant dans ma pensée. »
Le bouclé me lança un regard noir avant de passer son bras par-dessus les épaules de Bethany. A ce moment-là, je n'arrivais plus à me contenir. Je bondis de mon siège, centrant une nouvelle fois l'attention de tout le monde sur moi, en étonnant certains, et bafouillai des excuses.
« Je vais chercher mon témoin. »
A peine eussé-je saisi le dossier qu'un examinateur héla mon prénom. Je souris et soufflai. Je n'aurai pas à supporter sa présence écrasante encore longtemps.
On se dit à tout à l'heure, au Heat, mon amour.
Je grognai et mordis ma lèvre inférieure pour me retenir de pas lui répondre. Je ne voulais pas me détourner de mon objectif en pensant à des choses qui peuvent bien attendre.
Et n'éveille pas trop son jouet. N'oublie pas qu'il est précoce. Tu risquerais de le faire éjaculer avec ce beau et petit cul que tu as.
Enfoiré.