"Il va être assommé pendant quelques heures." M'expliqua brièvement Louis, en se levant du lit de Harry. Il poussa un profond soupir. Il avait l'air stressé, presque sincèrement inquiet pour lui. Est-ce que Louis se souciait réellement de Harry ? Ces deux là semblaient proche, mais je me posais vraiment la question.
Dès que Louis avait vu Harry, il avait tout de suite réagit. Apparemment, la mère de Louis était infirmière, et il avait appris quelques trucs grâce à elle. Il avait toutes sortes de médicaments pour traiter ce genre de choses, il avait nettoyé les blessures de Harry avec beaucoup de précision. Il avait aussi des tas d'analgésiques pour quand Harry se réveillerait. Louis ne m'avais pas expliqué exactement ce qui n'allait pas chez Harry, mais à en juger par le regard inquiet sur son visage, je savais que l'état de Harry était assez grave.
Très grave même. Louis avait dû jeter d'innombrables compresses trempées par le sang de Harry.
Pendant que Louis s'occupait de Harry, j'étais restée debout silencieusement à la porte. Je voyais encore la flaque de sang autour de Harry. Je pouvais encore voir son petit sourire insouciant dégoulinant de sang.
Je n'oublierai jamais cela.
"Tu... tu as failli mourir."
"Et alors ?"
Je sursautai un peu quand Louis posa sa main sur mon épaule. Il me regarda droit dans les yeux pendant quelques secondes avant de dire doucement: "Tu lui as sauvé la vie, tu sais."
Je ne répondis pas et Louis continua de me fixer. Au bout d'un moment, il s'éloigna et commença à sortir de la chambre.
Je dis alors, "Je ne pouvais pas le laisser là-bas."
Il hocha la tête en réponse. "Ehm, je ne pense pas qu'il sera heureux si tu...t'en vas. Donc je te conseille de rester ici." Il n'avait pas l'air sévère ou froid, il semblait nonchalant. "Je vais tout verrouiller, juste au cas où." Je l'entendis s'éloigner en marmonnant,"On trouvera ces bâtards. Ils sont morts."
Et puis il ne restai plus que moi et un Harry inconscient.
Je le regardai pendant quelques secondes, étrangement incapable de détourner le regard. Sa tête penchait en arrière contre l'oreiller, et ses mains étaient posées en face de lui, sans vie. Ses cheveux étaient en désordre et ébouriffés, et son visage était recouvert par de nombreux bleus. Louis avait enlevé la chemise de Harry plus tôt, révélant de profondes entailles sur sa peau, causées par le frottage avec le goudron. Louis avait essayé d'en suturer quelques-unes, mais il ne pouvait pas toutes les faire. Il y en avait trop.
Cependant, les entailles laissaient des contusions monstrueuses. Ce n'était pas le genre de bleus que l'on se fait en trébuchant ou en tombant sur quelque chose, non ceux-là étaient d'une couleur pourpre, et étaient grands. Ils étaient si sombres qu'ils semblaient presque noirs. Et il n'y en avait pas seulement un ou deux, ils semblaient être partout où mes yeux se posaient.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'hésitai à m'approcher de lui. Louis m'avait dit que Harry allait sûrement être inconscient pendant quelques heures, mais je me sentais comme même nerveuse près de lui.
Même inconscient, il avait un effet sur moi.
En m'asseyant sur le bord du lit, je pouvais entendre sa douce respiration presque inaudible. C'était la seule chose que je pouvais entendre, tout le reste de la maison était plongé dans un silence étrange. Je ne pouvais pas détourner les yeux de la vue horrible en face de moi.
Harry avait l'air mal.
Non, il n'avait pas l'air mal.
Il avait l'air terrible.
Je n'avais jamais vu quelqu'un aussi mal en point, et vivant qui plus est.
Mes yeux se posèrent sur sa main, voyant le bandage enroulé fermement autour de son poignet. Les paroles de Louis résonnèrent dans mon esprit.
"Il s'est coupé." M'avait dit Louis. "Il serrait le couteau tellement fort qu'il s'est coupé."
Il avait seulement un couteau pour se défendre. Contre quatre hommes.
Bien sûr, Harry s'était réellement défendu jusqu'à ce qu'un des hommes sorte une arme. Il ne pouvais pas rivaliser contre un pistolet avec un couteau de poche.
Du moins, jusqu'à ce que je m'en mêle.
Jusqu'à maintenant, je ne savais pas pourquoi je ne m'étais pas échappée. Je ne savais pas pourquoi j'avais aidé Harry. Même après tout ce que Harry m'avait fait subir, je ne pouvais pas le laisser là-bas.
J'arrachai finalement mon regard de son corps battu. Les lumières étaient éteintes, mais la porte était ouverte, permettant à la lumière de filtrer à travers la pièce.
J'étais vraiment confuse. Harry m'avait toujours dit qu'il était l'homme le plus redouté à Londres. Alors, qui étaient ces gars ? Étaient-ils des hommes de Vlad ? J'avais entendu l'un d'eux dire que Harry lui avait cassé le nez pour avoir voulu rejoindre son gang. Voulaient-ils se venger pour ça ?
Je commençai à pleurer.
Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais il y avait une sorte de peine dans ma poitrine, gonflant jusqu'à ce que je craque. Je restai là, assise à côté de Harry, et je pleurai silencieusement. Ce n'était pas des sanglots hystériques, c'était des pleurs doux et silencieux. Je laissai les larmes couler le long de mes joues, tombant sur le devant de mon pull, alors que je fixai le visage de Harry. Même d'ici, je pouvais voir la coupure à ses lèvres , et l'entaille douloureuse sur sa joue, se terminant juste au-dessus de sa mâchoire.
Pourquoi je pleure ?
J'essuyai désespérément mes yeux, en prenant une profonde inspiration tremblante. Pourquoi devrais-je pleurer ? Est-ce que je regrettais de ne pas m'être enfuit ?
Non, je ne regrette pas du tout.
Je repoussai mes cheveux de mon visage, sentant quelques mèches humides à cause de mes larmes et me calmai un peu. La tension à l'intérieur de moi avait été évacuée avec mes larmes. J'étais fatiguée de pleurer alors je me levais du lit, me demandant ce que je pourrais bien faire.
C'est tellement calme.
Je me dirigeai vers la chaîne stéréo que Harry avait monté l'autre jour et la branchai. Il me fallut quelques instants pour comprendre comment elle marchait, et bientôt, la douce musique apaisante retentit dans la chambre.
Je laisse la musique combler le vide de la pièce, noyant le silence. Mes yeux se posèrent une fois de plus sur la forme brisée de Harry, et je l'imaginais tout à coup sauter hors du lit. Je voyais son sourire narquois à nouveau, avec du sang qui coulait le long de son menton, et son couteau à la main.
Reprends-toi, Claire. Harry est inconscient.
Je sortis de la pièce, fermant la porte derrière moi. Même à travers la porte, je pouvais entendre la musique. Je restai là quelques secondes, essayant désespérément de rester aussi calme que possible, et c'est alors que je réalisai que j'étais de nouveau seule ici.
Je déteste cet endroit.
Je marchais dans le couloir. Comme à chaque fois, dès que je trouvais un interrupteur, je faisais en sorte de le mettre en marche. Je me sentais un peu mieux avec la lumière autour de moi.
Je m'aventurai finalement dans la cuisine. Les cookies que j'avais fait l'autre soir étaient dans un sac, et je l'ouvris pour en récupérer un. Ils avaient un goût sucré et doux dans ma bouche, presque fondant. Je le mangeai soigneusement, me penchant sur le comptoir, et je laissai mes pensées dériver une fois de plus.
Louis ne m'avait pas dit quoi faire si jamais l'état de Harry s'aggrave. Devais-je lui donner plus de pilules ? Il y avait 3 paquets de pilules, cependant. Lesquels devais-je lui donner ?
Une fois mon cookie terminé, je décidai d'en prendre un autre, et me remplis un verre de lait. Je me dirigeai vers le salon et me posai près de la fenêtre. À ma grande surprise, il pleuvait dehors.
C'est alors que j'entendis le crépitement doux de la pluie contre la fenêtre. Cependant, plus je regardai par la fenêtre, plus je devenais nerveuse. Je ne voyais rien à part les ténèbres.
Il y a des hommes dans la ville... des hommes qui veulent tuer Harry.
Qu'est-ce que j'allais faire s'ils venaient ici ?
Je m'éloignai de la fenêtre, soudain alerte, et je regardai autour de moi, les yeux écarquillés. J'étais toute seule. Si quelqu'un faisait irruption dans la maison, Harry ne serait pas en mesure de venir à ma rescousse.
Est-ce que je venais vraiment de dire 'venir à ma rescousse' ?
Je sursautai fortement quand un gros CRASH retentit dans toute la maison. Le bruit venait de l'extérieur.
Qu'est-ce que c'était que ça ?
Je plongeai au sol, mon entier corps tremblait et je me cachai derrière le canapé. Je restai complètement immobile, en priant pour que ce soit juste quelque chose qui soit tombée.
Et puis il n'y avait plus rien.
Hésitante, je levai la tête, scannant la pièce de regard. Je gardai les yeux grands ouverts à la recherche du moindre mouvement. Mais tout semblait normal.
Alors que je me relevai, le CRASH retentit à nouveau. Cette fois, il avait été suivie par un BOOM. Je poussai un petit cri, retombant au sol.
J'en ai marre de vivre comme ça. Est-ce c'est comme ça que Harry vit ? Toujours avoir à craindre le pire ?
La maison semblait tout à coup beaucoup plus effrayante pour moi.
Le son retentit à nouveau, et quand j'entendis la pluie à l'extérieur, je savais ce que c'était.
Le tonnerre.
Fronçant les sourcils, je me levai, les jambes encore tremblantes. J'attendis quelques instants que le son se répète, et je poussai un soupir de soulagement.
Ce n'était que le tonnerre.
Maintenant tu deviens parano.
J'avais envie de rire de moi-même. Cependant, mon soulagement fut de courte durée, car une seconde après toute la maison devint noir.
Tout.
Mon corps tout entier se figea. L'obscurité était partout. Les fusibles avait dû sauter. Après quelques instants, j'avais vraiment l'impression que j'étais sur le point d'avoir une crise de panique. Je mis immédiatement mes mains devant moi à la recherche de quelque chose sur laquelle je pouvais me coucher. Mes mains touchèrent quelque chose de doux, le canapé ? Je me couchai lentement dans le canapé, mes yeux essayant désespérément de s'adapter à l'obscurité.
Fuck.
Je ne voulais pas passer ma nuit ici, sur ce canapé. Dans l'obscurité. Avec l'orage en plus.
Je rassemblai assez de courage pour me lever, et me penchai vers l'avant comme un aveugle. Je commençai à marcher vers ce que je pensais être les escaliers. Apparemment, j'allais dans la mauvaise direction, puisque mon genou avait rencontré quelque chose de pointu et que j'avais faillis tomber.
Bon ben, ce n'est pas par ici.
Je me dirigeai vers l'autre côté, en espérant que ce soit le bon. Ça l'était. Je sentis un mur contre mes doigts, et je savais que c'était le mur des escaliers. Avec une confiance retrouvée, je commençai à gravir les marche une par une. J'étais montée plutôt facilement, je savais qu'il n'y avait aucun objet bloquant le chemin. Cela me rappelait un peu la première nuit j'avais passé ici.
À partir de là, c'était beaucoup plus facile.
Il y avait un couloir à droite, et ensuite une porte. Puis, à partir de cette porte, tout ce que je devais faire, c'était aller tout droit et la chambre de Harry était normalement la 3ème sur la droite. Mais bien sûr, je m'étais trompée. C'était la 2ème.
Quand j'ouvris la porte, mes yeux se posèrent immédiatement sur la figure immobile couché dans le lit. Et pour une raison quelconque, je me sentis totalement soulagée de le voir. J'entrai dans la chambre, laissant la porte ouverte et je me demandais où je devais dormir.
Une autre série de tonnerre gronda, et je n'hésitai pas à me glisser dans le lit à côté de Harry. Je fis en sorte de ne pas le toucher de peur lui faire mal ou quelque chose, je gardai une distance de sécurité entre nous. Je tirai doucement un peu de couverture, l'enveloppant parfaitement autour de moi. Bien sûr, je laissai le maximum de la couverture pour Harry, car il avait le plus besoin.
Je me sentais beaucoup mieux à côté de lui... ce qui me laissa confuse. Mais je ne pensais pas trop à tout ça. Tout ce que je savais, c'est que je n'avais rien à craindre avec Harry, pas vrai ?
Je mis longtemps à m'endormir. Le tonnerre ne cessait de me réveiller, et je restai là, les yeux écarquillés, en attendant le prochain. Je m'étais inconsciemment rapprochée de Harry.
Bientôt, je sentis mon bras frôler le sien.
Et pour une fois, j'aurais voulu qu'il soit éveillé. Je voulait qu'il soit là pour me rassurer, me dire que ce n'était que le tonnerre. Au lieu de ça, j'étais là, avec ce corps silencieux, mais bon c'était toujours mieux que rien.
Je m'étais finalement recroquevillée à ses côtés, en faisant attention de ne pas me pencher trop sur lui et je m'étais endormis au doux bruit de sa respiration.
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Voilà la première partie, elle est beaucoup plus courte que la prochaine.
Dites moi ce que vous pensez de la "relation" entre Harry et Claire :)