Soudain, un doute horrible m'étreignit: comment avait-il eu vent de nos projets? Et si lui arrivait à savoir ça, qui d'autre y parviendrait?
- Comment il sait que...
- Il nous a espionnés, me coupa Eric. N'est-ce pas?
Michael sourit énigmatiquement. Puis, il reprit son masque impartial et attendit notre réponse.
- Très bien, décida Eric. Tu viens avec nous, tu nous aide, et après on part tout ensemble.
Je lui jetai un regard. Tous ensemble, sûrement pas. Eux pourraient partir ensemble si là était leur souhait, mais moi je partirais bien loin d'eux pour ne jamais revenir. J'en avais déjà assez de toutes ces histoires. Je n'étais pas une vampire, juste une jeune fille qui avait fait un pacte avec le diable pour une vie meilleure.
D'ailleurs, comment ce mec pourrait-il nous aider?
- Rose, tu vas bien?
- Un peu près, répondis-je froidement.
Le sang avait cessé de couler, et ma tête me faisait moins mal. Je remarquai que Michael observait ma blessure avec un certain intérêt. Je tentai de m'éloigner de lui. Eric me mena au siège passager. Je m'étonnai qu'il ne me place pas derrière. Ainsi, il pourrait parler avec Michael. Mais surtout, j'avais peur d'avoir ce mec flippant derrière moi. Qui pouvait dire ce qu'il ferait, derrière nous... Eric dut sentir ma récalcitrance, car il me sourit avec un air rassurant.
Oh, j'étais tout à fait rassurée maintenant qu'il m'avait souri!
Franchement... S'il pensait que j'allais réagir comme dans Twilight ou une autre de ces histoires à l'eau de rose, il se trompait. Je flippais, et surtout, j'avais envie de les oublier le plus rapidement possible. Je m'asseyai et attachai ma ceinture. Michael ouvrit la portière arrière et s'installa derrière mon siège. Ne pouvait-il pas aller de l'autre côté? Je tentai de paraître calme et sereine, mais je n'y parvenais pas.
- Je ne vais pas te manger, tu sais, finit par dire Michael.
Je ne répondis pas. Peut-être, mais il restait un prédateur. Je pris un mouchoir, bavai sur le bout et tentai d'enlever le sang en me regardant dans le petit miroir. Derrière, je voyais Michael qui me fixait. J'avais envie de lui crier dessus d'arrêter de me regarder, mais je ne le fis pas.
Quand le sang fut presque entièrement enlevé, Eric revint et s'assit sur le siège passager. Il démarra et peina un peu pour sortir du champ. Il finit cependant par y arriver et nous rejoignîmes la route.
- Bon, alors c'est quoi le plan, exactement? demanda Michael.
- On entre tous ensemble, et on demande une audience. John viendra avec des gardes, je pense. Nous lui dirons que s'il ne nous exclut pas de la communauté, nous tuerons Rose, ici présente. Il acceptera et on se cassera. Ton rôle à toi sera de protéger l'esprit de Rose afin qu'il ne puisse pas lire en elle.
- Je ne peux pas bloquer ses pensées, juste les modifier.
- Je pense que ça suffira. Ensuite, on partira tous ensemble et j'effacerai la mémoire de Rose. Je lui offrirai une nouvelle vie et je la laisserai tranquille.
Je fixai la fenêtre. Je pense que tout le monde dans la voiture avait senti à quel point j'étais tendue. Je pense que ça ne devait pas être très dur à sentir. Soudain, alors que Michael acquiessait, un immense bruit perça le silence et la voiture commença à rouler de manière chaotique.
- Et merde! Non mais c'est pas possible! ragea Eric en tappant sur le volant.
- Il n'y a pas de pneus de rechange? demande Michael.
- Non, aucun...
- Bon, ben il n'y a plus qu'à continuer à pied...
Je les regardai. Vraiment, c'était génial! Moi qui pensais qu'il manquait encore deux heures pour arriver à destination, et bien je découvrais qu'en fait, on devrait marcher jusque là-bas! Génial, vraiment. On ne pouvait rêver mieux. Je pris le sac rempli de provisions pour moi et sortis de la voiture. Les garçons ne tardèrent pas à me suivre.
Je pestai contre Michael, qui nous avait envoyés balader dans ce champ. D'ailleurs, je n'avais pas trop compris pourquoi John m'avait tiré si vite de la voiture. Elle n'avait eu aucun dégât et il n'y avait aucun risque qu'elle explose juste comme ça...
Michael se mit à ma hauteure et je tentai d'accélérer, mais il suivit la cadence. Eric, lui, était à quelque mètres en retrait. Michael s'approchait de plus en plus de moi et j'avais l'impression qu'il me prenait pour son dîner, ce qui ne m'enchantait pas réellement. Mais vraiment pas.
Je tentais toujours de m'éloigner quand Eric imposa une pause.
- On marche depuis une heure. Faisons une pause. La nuit ne va pas tarder à tomber.
Oh génial... J'avais oublié la nuit...
- Mais... On n'a pas de tente! ripostai-je. On l'a laissée dans la voiture.
- Tu es très observatrice, rigola Michael.
Je lui lançai un regard noir. Pourquoi n'y avaient-ils pas pensé?
- Et en plus, il va faire froid, annonça Michael.
En effet, je commençais déjà à frissoner. L'air était frais et le vent froid. Pas génial, pour dormir. Vraiment, c'était super. J'adorais voyager avec eux. Je soupirai.
Je regardai les champs à côté de la route. Je m'en approchai et tâtai l'herbe. Elle était coupée rase et piquait. Mais derrière le champ, il y avait une forêt.
- Il y aura peut-être une clairière un peu plus accueillante dans la forêt, marmonnai-je.
Michael et Eric hochèrent la tête, et nous nous mîmes en marche. Dans la forêt, nous finîmes par tomber sur une clairière qui, en effet, était bien plus douce et accueillante que le champ. Je me laissai tomber à terre et m'assis en tailleure. Je sortis une conserve de mon sac et l'ouvris. C'était des haricots rouge avec une sauce que j'adorais. Je pris la cuillère qui était au fond du sac et commençai à manger. Je crevais de faim. Eric annonça qu'il allait chasser et je me retrouvai seule avec Michael. Cette journée allait vraiment de mal en pis.
Il s'approcha de moi et s'assit à mes côtés. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais bien plus peur de lui que d'Eric. Peut-être parce que je ne connaissais pas ses véritables intentions... En tout cas, je n'avais pas envie de rester seule avec lui.
- Tu vas manger tout ça? s'étonna-t-il.
- Oui.
J'avais faim. Très faim. Et surtout, j'avais froid.
- Et alors, ça s'est passé comment avec Eric? Enfin je veux dire, comment t'a-t-il forcée à venir ici?
- Il m'a enlevée, puis il m'a promis une vie meilleure.
Michael me regarda avec un air consterné. Il reprit, au bout de quelque secondes:
- Il t'a enlevée? Et tu lui fais confiance, maintenant?
En effet, ça pouvait paraître vraiment stupide. Vraiment très stupide. Mais avais-je réellement le choix, surtout maintenant qu'ils étaient deux? Je ne pourrais jamais m'enfuire.
- Je ne dirais pas que je lui fais confiance.
Il ne releva pas et arrêta de parler. J'avais envie de le remercier mille fois. Quand j'eus fini ma boîte de conserve, je la rangeai dans un sac plastique dans mon sac à dos. J'étais écoeurée, maintenant. Je pris la bouteille d'eau et en bus deux ou trois gorgées.
- Je peux? me demanda Michael, et je lui tendis la bouteille. Je ne savais pas qu'ils buvaient aussi de l'eau.
Après avoir bu, il me la rendit, et Eric revint à ce moment-ci. Cette fois, il n'étais pas couvert de sang, juste un petit peu barbouillé.
- Bon, je pense qu'il est temps de dormir, annonça Eric, et je ne pus qu'acquiesser.
- Elle va mourir de froid. La température baisse énormément la nuit, annonça Michael.
- On n'a qu'à dormir contre elle, proposa Eric.
Il rigola au regard noir que je lui lançai.
- Tu n'as pas la force de résister contre nous, chérie. Autant ne pas te fatiguer, rigola Eric.
- Hors de question que vous dormiez collés à moi.
Eric rigola, et fit un clin d'oeil à Michael. Ils vinrent tous les deux à mes côtés, et alors que je me levais pour m'endormir ailleurs, ils me retinrent tous les deux. Puis, ils me plaquèrent au sol en rigolant. Ils se plaquèrent contre moi, chacun d'un côté, et posèrent leurs bras sur moi.
- Lâchez-moi! lâchai-je, mais ils firent la sourde oreille.
Je tentai un instant de me débattre, mais au vu de leurs ricannements et de leur ignorance à mon égard, je finis par abandonner. Je les maudis intérieurement et essayai de trouver une position confortable.
- Je vous hais, lâchai-je, mais cela les fit encore plus rire.
Sérieusement, ils étaient complétement tarée. Bon, moi aussi, d'accord. N'importe quelle fille aurait été ravie de se trouver coincée entre deux beaux gosses, mais pas moi. Probablement parce que l'un d'eux m'avait enlevé et le deuxième me faisait flipper.
Au bout de quelque minutes, Michael finit par s'écarter légèrement. Je l'entendis bouger, puis soudain, il posa une couverture sur moi. Je remarquai que c'était son manteau. Puis, il reprit sa place et ne tarda pas à s'endormir contre moi. J'avais déjà dormi aux côtés d'Eric, mais jamais avec une telle proximité. De plus, peu importe le côté où je me tournais, ils étaient là, ce qui était assez énervant. Je finis par m'endormir en face de Michael, qui dormait paisiblement.
Le lendemain matin, j'étais carrément collée contre lui. J'avais la tête appuyée contre son front et mes bras repliés près de ma poitrine, sur son torse. Je sursautai, et remarquai qu'Eric était déjà réveillée. La présence si proche de Michael me mettant mal à l'aise, et je n'osais pas trop l'éveiller, Dieu sait pourquoi.
Je tentai maladroitement de m'éloigner de lui. Bizarrement, à chaque fois que je dormais avec quelqu'un, j'étais devenu au matin la peluche de cette personne. Je soupirai, frustrée.
- Il a le sommeil très lourd, me chuchota Eric.
- Aide-moi, gémis-je.
- Tu as le chic pour te mettre dans des situations pas possibles, toi...
- C'est votre faute si je me mets dans ces situations! protestai-je énergiquement.
Eric éclata de rire, et seul les bras de Michael m'empêchèrent d'aller lui mettre une baffe. Je grognai. Il était pire qu'Eric, vraiment... Même si je ne pensais pas que ce soit possible. Puis, soudain, Michael fut pris d'une envie de serrer son "doudou", et je me retrouvais totalement plaquée à lui, ma bouche à quelque centimètres de la sienne. S'il mourrait asphyxié par mon haleine, c'était sa faute.
- Bon, je vais aller chasser, rigola Eric, et il partit, insensible à mes appels à l'aide.
Je me retrouvai seule avec Michael, qui dormait encore paisiblement. Je tentai de libérer un bras, mais n'y parvins pas. Je me tortillai et il finit par froncer les sourcils, comme si une petite mouche l'embêtait. Je réussis à mes tourner afin de ne plus avoir mon visage devant le sien. Je soupirais. Il commençait à me faire mal, et le manteau qu'il avait posé sur moi la veille au soir était mal mis, ce qui fait que certaines parties de mon corps étaient exposées au soleil matinal. J'allais encore avoir des coups de soleil...
- Michael, l'appelai-je.
- Hmmmm...
Il gromella et finit par répondre, comme si je le forçais:
- Quoi?
- Tu peux me lâcher, s'il te plait?
Il resta un instant sans réaction, puis il comprit que ce n'était pas son doudou qu'il tenait mais moi. Il me relâcha avec un "désolé" prononcé du bout des lèvres. Je me levai et m'étirai. J'entendis des petits craquements et respirai enfin normalement.
Michael se leva lui aussi et s'étira.
- Je ne me rappelais plus qu'on te tenait.
- Oh, je commence à avoir l'habitude, marmonnai-je.
- L'habitude? releva Michael
- J'ai dormi dans la même tente qu'Eric, et il a fait un peu près la même chose. Je sais pas pourquoi ça m'arrive...
- Tu sens bon, lâcha-t-il.
Je me tournai vers lui. Avais-je rêvé où l'avait-il réellement dit? Je secouai la tête. J'avais sûrement halluciné. En plus, le fait que ce soir un vampire qui le dise n'était pas pour me rassurer...
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Vous l'aurez compris, on aime bien mettre Rosalie dans des situations gênantes... ça met un peu de punch! Dites-moi si vous avez des idées pour rallonger un peu l'histoire! Sinon elle risque d'être courte, en fait, et ça nous embête un peu...
Will' & Sureau
Enjoy! <3