[en cours] [Valkyon] Le secre...

By Lolauria

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Victoria voit sa vie basculer lorsqu'elle tombe dans le monde extraordinaire d'Eldarya, peuplé de créatures f... More

Prologue
Chapitre 1er - Nouveau départ
Chapitre 2 - La bête noire
Chapitre 3 - Révélations
Chapitre 4 - La traque
Chapitre 5 - Le bal
Chapitre 6 - Vérités et châtiments
Chapitre 7 - Mnémosyne
Chapitre 8 - Funeste présage
Chapitre 9 - Le roi rebel
Chapitre 10 - La faiblesse d'une femme
Chapitre 11 - L'embuscade
Chapitre 12 - Orgueils et sentiments
Chapitre 13 - Le poison
Chapitre 14 - La folie
Chapitre 15 - Le procès
Chapitre 16 - Valkyon
Chapitre 17 - Au levé du jour
Chapitre 18 - Le pacte
Chapitre 19 - Le tournoi des gardes
Chapitre 21 - Le combat
Chapitre 22 - Victoria
Chapitre 23 - Les adieux
Chapitre 24 - Les morts en marche

Chapitre 20 - L'échange

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By Lolauria

« Dis moi Victoria, c'était quoi cette langue que tu as utilisé quand le Draflayel allait t'attaquer ? me demanda Dilt entre deux bouchées.

- Une langue ? Bah... celle que je parle d'habitude pourquoi ?

- C'est vrai que tu as dis des trucs bizarres, soutint Azalhan.

- Mais non !

- Si c'était un truc du style : "Mu nid aiica dreh vokul hin dovahkiin".

- Comme je l'ai dis, c'était bizarre.

- Mais vous délirez ! J'ai juste dis qu'on ne voulais pas de mal à ses petits.

- Je t'assure Victoria, t'as pas dis ça, fit Dilt.

- Si vous voulez mon avis, fit Cordan, ou vous avez manger de gros champignons, ou elle a parlé la langue des Draegons.

- Tu connais la langue des Draegons ? lui demandai-je surprise.

- Je l'ai étudié y'a longtemps, mais "dovahkiin" ça veut dire enfant de draegon.

- C'est pas possible qu'elle puisse parler cette langue, elle s'est éteinte en même temps que les Draegons, à la création de notre monde. »

Cette discussion m'avait complètement coupé l'appétit et je sentais un malaise grandir au plus profond de moi. Je n'arrivais même pas à finir mon assiette et je dus prendre congé aussi vite que possible ; lorsque je sortis de la cantine, je ressentis un besoin important de prendre l'air, je courus presque jusque dans les jardins, loin des autres et de toute l'agitation et pris refuge près de la fontaine, le bruit de l'eau avait ce pouvoir hypnotique de me calmer. J'y restais quelques minutes avant de me résoudre à aller m'entraîner - au risque de croiser Valkyon. C'était mon jour de chance, il avait délégué la tâche de surveiller les entraînements à un subalterne, j'allais pouvoir me défouler sans sentir son regard pénétrant dans mon dos. Mais mon soulagement fut de courte durée car je le vis au loin sortir de la cité en compagnie de Lolauria. Le mannequin d'entraînement au combat rapproché ne tint pas le coup de ma colère et fut décapité sans sommation. Ma dextérité avec les épées s'était considérablement accrue avec les entraînements intensifs de Nevra, je n'étais pas excellente mais au moins je pouvais arracher la tête des mannequins de paille sans problème. Il se faisait déjà tard lorsque je me résolue à abandonner arc et épée pour aller me coucher. Je n'avais pas vu Valkyon revenir et ça me maintenait les nerfs à vif. Qu'avait-il bien pu faire avec cette garce maintenant qu'il croyait que j'avais une quelconque relation avec Nevra ? La journée avait été rude, je m'écroulai sur mon lit comme un menhir d'une tonne et demi, mais au lieu de m'endormir, je me mis à pleurer, toutes les larmes que j'avais refouler se déversaient sur mes draps et le sommeil m'enveloppa peu à peu.

Je fus réveillée par de gros coups donnés dans ma porte, le temps que j'émerge, je me rendis compte que j'étais en retard. Je pestai contre Saül pour ne pas m'avoir réveiller tout en sautant de mon lit et en ouvrant à grande volée ma porte. Je tombai nez à nez avec Dilt.

« Bah alors ma grande ? Tu t'es dit que la première épreuve avait été si facile que la deuxième n'était pas obligatoire ?

- Je suis désolée ! Saül a cru bon de m'épargner cette journée.

- Valkyon est de très mauvaise humeur, il n'a pas arrêté de maugréer sur ton absence. Tu risque de grosses représailles.

- Si seulement...

- Quoi ? T'aime bien quand on te gueule dessus ? Ma parole, t'es encore plus dérangée que je ne l'aurai pensé ! »

Dilt avait parfois cette naïveté surprenante, et ce n'était pas plus mal, le fait que Nevra, Ezarel et Eweleïn soient au courant pour Valkyon et moi me dérangeait déjà énormément. Nous nous dirigeâmes au même endroit que la veille pour attendre les explications de Miiko qui fit une remarque à peine voilée sur mon retard. La deuxième épreuve était une course d'obstacles. Nous devions faire le tour de la cité et de ses environs et éviter tous les obstacles qui étaient sur notre chemin, le parcours faisait environs douze kilomètres, de quoi me réveiller ; ça allait de la plaine en passant par une partie de la forêt, à la plage jusqu'aux portes de la cité. Seulement les six premiers participeraient à la troisième épreuve. Cependant elle insista sur le fait que certains obstacles ne pouvaient pas se franchir seul. Je lançai un regard à Cordan, lui qui voulait absolument réussir le tournoi tout seul, c'était raté pour le coup ! Elle lança le signale et instinctivement je suivis Dilt qui courait beaucoup plus vite que moi. Elle avait beau être petite, elle était difficile à rattraper. Lorsque nous arrivâmes à la forêt, nous avions un peu d'avance sur les quelques derniers concurrents et un peu de retard sur les premiers. Une toile d'araignée gigantesque avait été dressée pour nous empêcher de passer. Dilt et moi dûmes nous frayer difficilement un chemin à travers les fils de la toile, sa petite taille se révélait être un atout crucial pour passer et elle m'aida en soulevant quelques fils. Une fois de l'autre côté, nous nous enfonçâmes plus profondément dans la forêt, des troncs d'arbres avaient été empilés de façon à créer un mur d'escalade haut de trois mètres, nous rejoignîmes un groupuscule d'Absynthes qui passèrent le mur avec beaucoup d'habileté, Dilt quant à elle ne fit qu'une bouchée de l'obstacle, comme si elle l'avait passé un milliard de fois, moi, j'eus du mal à monter ne serait-ce qu'un mètre. Au sommet du mur elle me tendit sa main et me demanda de prendre de l'élan afin de l'attraper, je m'exécutai et échouai la première fois ce qui permit à certains retardataire de nous dépasser. Il ne fallait pas que je perde ! Je pris plus d'élan la deuxième fois et attrapai la main de mon amie qui me hissa jusqu'à elle, nous descendîmes sans aucun problème et reprîmes notre course sans nous arrêter. Les premiers obstacles furent tout de même assez simples, nous rattrapâmes même le retard que je nous avais fait prendre. Tandis que certains commençaient à ralentir, Dilt et moi étions déterminées à faire parti des meilleurs scores. Nous sortîmes de la forêt sans trop de difficultés et nous atteignîmes la plage, là il fallait nager jusqu'à une bouée, plonger pour récupérer des fragments d'un code qui nous permettrait d'accéder à l'épreuve suivante.

« J'espère que tu es bonne en apnée ! cria Dilt avant de foncer dans l'eau.

- En tout cas en endurance je ne suis pas trop mal.

- Tu plaisante ? Ma grand-mère va plus vite que toi alors qu'elle n'a plus de jambes ! Aller ramène tes fesses et plus vite que ça ! »

Dilt avait déjà plongée quand j'atteignis la bouée. Les fragments de code avaient été marqués par couleurs : rouge pour l'Obsidienne, vert pour l'Absynthe et violet pour l'Ombre ; ils avaient été dispersé au hasard sur plusieurs mètres, la descente pour les récupérer était longue et difficile mais quel soulagement d'en tenir un dans sa main et remonter.

« A ton avis, il y en a combien ?

- Je ne sais pas, mais je pense assez pour tout le monde. Espérons que l'on aura pas besoin des garçons pour la suite ! »

Nous reprîmes notre course au quart de tour, j'avais du mal à récupérer mon souffle alors que Dilt creusait de plus en plus la distance. Je me mis à ralentir un petit peu mais mon amie recommença à me parler de sa grand-mère cul-de-jatte ce qui eut le don de me rebooster.  Tout le parcours était balisé par les badauds qui encourageaient leur équipe. Nous passâmes devant le port où un coffre nous attendait, fermé par un code. Cordan et Azalhan nous attendaient et visiblement, Cordan n'était pas très content de nos performances.

« Vous avez pris le thé ou quoi ? Les Ombres sont sur le point d'ouvrir leur coffre ! Aller magnez vous ! 

- Ça va, te bile pas ! fit Dilt avec assurance. Il leur manque un fragment, l'un des gugusses s'est cru assez intelligent pour ne pas se mouiller. »

Le code était une suite de numéros qu'il fallait mettre dans le bon ordre pour ouvrir le coffre. Nous tentâmes diverse combinaisons, mais l'Ombre qui était parti récupérer le fragment manquant eut le temps de revenir. Cordan commençait à perdre patience et pas de chance pour nous les Ombres ouvrirent leur coffre avant nous et les Absynthes commençaient eux aussi à tenter de trouver leur code. Nous parvînmes à l'ouvrir avant eux, à l'intérieur il y avait des cordes et une consigne : il fallait que tous les membres de la garde s'attachent les uns aux autres pour le prochain obstacle. A contre cœur Cordan se rattacha à Azalhan et Dilt et moi nous rattachâmes à eux, nous nous mîmes à courir sans trouver le rythme de chacun, j'étais traînée comme un boulet.

« Du nerf l'humaine ! T'as réussi à mettre à sac la cité en un tour de main, c'est pas quelques centaines de mètres qui vont t'achever.

- Vous courez plus vite que moi, j'arrive pas à suivre !

- T'es franchement chiante comme fille ! »

Sans rien demander je me retrouvai trimbalée comme un sac à patate sur l'épaule de mon joyeux ami Cordan ce qui fit rire Dilt. Malgré mon poids, il ne perdit rien de son allure, nous arrivâmes même à rattraper les Ombres. Nous nous arrêtâmes face à une tour immense qu'il fallait escalader.

« Ça va aller Victoria ou t'as besoin que je te porte jusqu'en haut ?

- C'est bon lâche-moi.

- Aller, pas de temps à perdre. »

Les prises sur les parois de la tour alternaient entre renfoncements et rochers, à ma grande surprise je ne fus pas la plus lente de mon équipe à grimper, mais c'était Azalhan qui fallait traîner pour le coup. Plus je prenais de la hauteur, plus le poids de mes équipiers se faisait ressentir. Nos cordes étaient raides, je ne pouvais pas aller aussi vite que je le pouvais. Arrivés au premier pallier, nous nous mîmes d'accord pour prendre le rythme du plus lent. Azalhan ouvrit la marche pour la deuxième partie de l'escalade. Nous montâmes à son rythme ce qui permit aux deux autres équipes de reprendre le dessus, notamment à celle des Ombres de nous passer devant, il fait dire qu'ils étaient à leur avantage, ils n'étaient plus que deux.

« Hé ho Az' ! Si tu veux faire gagner les Ombres on aurait pu rester en bas directement ! commença à grommeler Cordan.

- Je suis pas serein en hauteur... nous avoua l'Obsidienne.

- T'as vu comment elle se débrouille l'humaine ? Elle l'ouvre elle ?

- Hé ! Je te signale que je grimpe plus vite que toi malotru !

- Ouais excuse moi princesse Draegon. Bon Az' bouge toi ou je te mets sur mon épaule comme la chouineuse. »

Il n'en fallu pas plus pour booster notre compagnon, nous n'allions pas beaucoup plus vite mais à peine pour maintenir l'écart avec les Absynthes. Lorsque nous arrivâmes au second pallier, Dilt et Azalhan avaient le visage livide et mes bras n'arrivaient plus à me porter. On ne pouvait pas encore voir le sommet, mais en regardant en bas, nous étions grimpé, à vue de nez, sur presque une dizaine de mètres, l'équivalent d'un immeuble de quatre étage. Cordan ne voulait pas que l'on ralentisse mais il fallait que je reprenne mon souffle, mon cœur était sur le point de sortir de mon corps tant il battait vite mais Cordan voulait à tout prix rattraper les Ombres et me hurla : « Si tu t'arrête, tu te refroidis. Si tu te refroidis, je te frappe ! » alors qu'il entamait l'ascension du nouveau mur. Même si j'allais vite, je n'allais pas pouvoir tenir la cadence très longtemps et mes bras me le firent bien comprendre : nous étions à mi-chemin lorsque mon pied ripa et me fit perdre prise, mais heureusement pour moi mes coéquipiers se tenaient fermement contre la parois, il n'y avait que la corde qui nous rattachait les uns aux autres qui me sauva. Dilt m'aida à me raccrocher pendant que Cordan pestiférait et Azalhan s'agrippait désespérément à ses prises. Nous reprîmes sous les aboiements constant de Cordan. Lorsque nous atteignîmes enfin la plateforme - sur laquelle nous tenions à peine à quatre - nous vîmes les Ombres effectuer un saut de la foi au bout d'une planche. Nous nous détachâmes des uns des autres et ce fut, pour nous tous, un grand soulagement. Cordan fut le premier à sauter dans le vide, je n'avais jusqu'alors pas remarqué que nous nous étions rapprochés de la plage ; une fois qu'il fut dans l'eau, plus personne n'était décidé à le suivre, Dilt et Azalhan avaient viscéralement peur du vide, ils me cédèrent unanimement la place. Bien que je n'avais pas spécialement le vertige, c'était que la hauteur de la tour plus celle de la falaise pouvait en décourager plus d'un. Je n'allais pas laisser un saut me voler ma place dans ce tournoi ! Je pris mon courage à deux mains et sautai dans le vide à pieds joints. La chute me paru bien longue à tel point que je commençais à regretter. Mes pieds entrèrent enfin dans l'eau, je coulai de plus en plus profondément au point que je cru ne jamais pouvoir remonter, mais à force de battre des bras et des jambes, ma tête parvint à percer la surface et je pris la plus grande respiration de ma vie et me mis à nager le plus vite possible vers la berge où continuait la course. Les Ombres et Cordan étaient en train de se battre. Pourquoi ? S'ils étaient arrivés tous les trois aux portes de la cité ils auraient tous été vainqueurs de l'épreuve, alors pourquoi se battaient-ils ? Le temps que j'arrive sur la plage, les Absynthes avaient sauté de la tour et nageaient dans notre direction. Je me rapprochai du combat de Cordan contre les Ombres et vis alors une boîte de verre posée simplement sur le sable, elle contenait un anneau en or pouvant faire office de bracelet ; mais alors que je m'en approchai un Ombre fonda sur moi et me projeta à quelques mètres, hors de portée de la boîte. Je ne comprenais pas bien ce qui se passait. Les Ombres, Absynthes et Cordan se battaient les uns contre les autres, même la notion de garde n'avait plus d'importance, il n'y avait que la boîte qui comptait.

« Victoria ! criait-on derrière moi. Il faut que... tu choppe l'anneau ! c'était Dilt qui s'était enfin jetée à l'eau, Azalhan l'avait rejoint, ils nageaient tous les deux dans ma direction. Ça te permettra... de gagner ta... place pour la finale !

- Il n'y a pas qu'une seule place pour la finale ?

- Non, cette année... il y en a trois. »

Lorsqu'ils me rejoignirent sur la berge, Dilt était toute tremblante tandis qu'Azalhan était pâle comme un linge. Azalhan fut le premier à ce lancer dans les combats, Dilt hésita quelques instants.

« Je n'ai pas envie de me battre contre des frères et des sœurs d'arme, je vais directement aller aux portes, dit-elle.

- Je te suis ! »

Nous contournâmes discrètement les concurrents avons de nous élancer le plus vite possible sur le reste du parcours, au diable le ticket gagnant, Dilt avait raison, si le but était de nous diviser, je préférais encore passer par la troisième épreuve. Nous pouvions voir les portes de la cité grandes ouvertes, prêtes à nous accueillir mais au moment où j'allais les franchir, j'entendis la voix d'Azalhan m'appeler. Je me retournai et il me lança quelque chose, je l'attrapai sans savoir ce que c'était et franchis les portes juste après Dilt, nous fûmes très vite rattrapées par Cordan, Mirkcha, Mardrianne et un autre Absynthe. Je regardai ce que m'avait envoyé Azalhan : c'était la boîte et l'anneau ; j'eus une boule au ventre lorsque je me rendis compte qu'Azalhan avait sacrifié sa place dans ce tournoi pour m'offrir un laisser-passer pour la finale. Un grondement capable de faire trembler la terre annonça la fin de la course, je regardai autour de moi, les vainqueurs étaient assaillis de toute part par les spectateurs et je n'allais pas tarder par être moi-même ensevelie sous un millier de badauds, je me mis en retrait de la cours pour attendre mon ami, lorsqu'il fut à ma hauteur je ne pus m'empêcher de lui sauter dans les bras tout en le remerciant, les larmes aux yeux.

« Pourquoi t'as fait ça ?

- Je te rappelle que je t'en devais une.

- Arrête, tu ne me devais rien du tout...

- Si justement. Ce que Dilt et toi avez fait... d'entre nous tous, vous êtes les seules à mériter de gagner ce tournoi, mais toi et moi on sait que tu as beaucoup plus à perdre que Dilt.

- Et... Cordan ?

- Il se débrouille très bien sans moi, je ne me fais pas trop de soucis. 

- Merci Azalhan, tu ne sais pas à quel point ce que tu viens de faire compte pour moi.

- Pas de problème, petite ! Bon courage pour la suite. »

Je ne m'y attendais pas, mais c'était pour moi un véritable soulagement que de savoir que j'allais assurément me battre contre Lolauria, il ne manquait plus qu'à savoir aux côtés de qui. Miiko annonça les noms des gagnants et l'épreuve toucha officiellement à sa fin. Je pris la direction de ma chambre pour récupérer des affaires avant de filer aux bains, Nevra et Eweleïn me rejoignirent sur le chemin pour me féliciter, nous étions si proches du but qu'il était difficile de nous contenir.

« Tu vas même avoir du temps pour te reposer ! fit Ewe, toute excitée.

- On peut dire que t'as le chic pour te faire les bons amis, petit Draegon.

- Azalhan est vraiment un type bien. Faudra que je le remercie comme il se doit.

- Invite le à boire un verre avec toi, dit Nevra en me lâchant un clin d'œil singulier. »

Cette bonne humeur m'allégeait le cœur au point d'en oublier tout le reste : le tournoi, Valkyon, Lolauria... Mais la réalité vint me percuter de plein fouet, au point de m'en faire tomber par terre. Valkyon se dressait devant moi tel une montagne, le regard mauvais, je déglutis avec peine tant son regard me transperçait le cœur comme un milliard de poignards. Eweleïn m'aida à me relever, Valkyon n'avait pas bougé, il était planté devant nous et je pouvais sentir Nevra bouillir à côté de moi.

« Dégagez ! fit Valkyon presque menaçant.

- Pardon ? demanda Eweleïn sous le choc par tant d'animosité.

- Dégagez de mon chemin, répéta Valkyon de plus en plus furieux.

- On peut savoir ce qu'il te prend ? lâchai-je alors, sentant moi aussi la colère pointer le bout de son nez. »

Il n'avait pas le droit de nous parler ainsi, ni à moi, ni aux autres. Je ne l'avais jamais vu dans cet état et cet aspect de lui me dégoûtait. Pour qui se prenait-il à la fin ? La colère n'excusait pas tout. Je vis se détacher derrière lui la silhouette de Lolauria. Une haine sans frontière s'empara alors de moi. Montagne ou pas, je n'allais pas le laisser me démonter. Valkyon ne répondit pas, il ne faisait que me fixer droit dans les yeux comme pour me communiquer sa rage.

« Tu n'as qu'à faire le tour, dis-je alors froidement.

- Elle a raison, à quoi bon ce cirque ? fit Nevra sur le point d'exploser.

- Toi, t'en mêle pas ! aboya Valkyon, acide, sans même oser détourner le regard sur lui.

- Non mais ça va pas ? hurla Eweleïn. 

- Je n'ai rien contre toi, Eweleïn, alors reste en dehors de ça, dit-il d'un ton impassible.

- Aller vient Valkyon, ça ne sert à rien de rester là plus longtemps, fit Lolauria, tout sourire, en le tirant par le bras. »

Son corps se mouva au rythme de la succube et il la suivit sans rechigner. Cette scène était pathétique autant pour nous que pour lui. Je baissai la tête et serrai les poings pour me calmer, mais rien n'y faisait, je n'avais qu'une envie : exploser cette pétasse ! Mais je n'eus même pas le temps d'esquisser un mouvement qu'Eweleïn lui hurla dessus comme une hystérique : « T'es vraiment un sale con ! Tu ne vois pas ce que Lolauria vous fait subir à Victoria et à toi ? Tu ne vois pas tout ce qui se passe ? On ne fait que t'aider Valkyon ! Et si tu ne nous crois pas, demande donc ta succube qui a inscrit Victoria au tournoi, je suis sûre que son explication en vaut le détour parce que je peux te jurer que ce n'est pas moi ! » Je pus voir Lolauria nous fusiller du regard et je fusillais à mon tour Eweleïn, pendant une fraction de seconde un poids s'était envolé de mon estomac pour aussitôt m'écraser à nouveau ; elle venait de cramer mes chances de libérer Valkyon de l'emprise de cette garce. Eweleïn se tourna vers moi et s'excusa à demi ton : « Pardon, Victoria. Mais rien dans votre pacte m'interdisait à moi de tout dire à Valkyon. » Je levai les yeux vers ma pire ennemie et vis qu'elle avait repris son sourire narquois. Elle lâcha Valkyon et s'avança vers nous de quelques pas, l'air menaçant.

« Bien joué, l'elfe. Tu viens de contourner loyalement une de mes conditions. Victoria, notre accord tient toujours, mais fais attention à toi dorénavant, je n'ai jamais été très clémente avec les insectes.

- Tu ne perds rien pour attendre, Lolauria.

- On se revoit dans l'arène, Victoria. »

Elle tourna des talons et déposa un baiser sur la joue de Valkyon comme ultime provocation. Elle me servit un sourire mauvais avant de s'éloigner pour de bon. Mon regard croisait celui de Valkyon complètement perdu et redevenu liquide, mais cette fois c'en était trop, il avait dépassé les bornes. Je me retournai et repris mon chemin vers ma chambre. Je n'allais pas craquer, pas cette fois. Plus jamais. Je pris mes vêtements et me dirigeai machinalement vers les bains, j'étais en mode pilote automatique, mon cerveau avait perdu toute activité cérébrale, je n'étais plus qu'une coquille vide. La violence dont Valkyon avait fait preuve non seulement envers moi, mais envers son ami et envers Eweleïn me restait en travers de la gorge. Je ne pouvais pas m'empêcher d'y repenser inlassablement comme si j'étais prisonnière de ce souvenir. Je ne pouvais ni entendre ce qu'on me disait ni même répondre par autre chose que des signes de tête. Même allongée sur mon lit je faisais redéfiler cette scène encore et encore en me demandant si j'aurai pu changer quoi que ce soit. Valkyon m'avait déçu, il m'avait brisé le cœur. Il m'avait brisé tout simplement. Pourquoi cette garce de Lolauria était-elle revenue foutre tout ce bordel dans ma vie ? Comment réagir maintenant ? Valkyon pouvait venir s'excuser, plus rien ne pouvait me toucher, à priori.

La lune avait atteint son apogée dans les ténèbres de la nuit quand on vint taper lourdement sur ma porte ; tout comme le reste de ma journée, j'ouvris machinalement et je ne fus pas surprise de trouver Valkyon.

« Je suis pas d'humeur à t'affronter. Deux fois dans la même journée c'est trop. Bonne nuit Valkyon, dis-je en refermant la porte.

- Victoria ! il coinça son pied dans l'embrasure de la porte.

- Va-t-en !

- Non, écoute-moi.

- Va-t-en !

- Arrête de faire ta forte tête et écoute-moi !

- Pour quoi ? Tu vas me faire des excuses encore une fois ? J'en ai marre de t'écouter parler et qu'au moindre problème tu m'ignore ou que tu me rejette. Laisse-moi tranquille et va dormir.

- Moi je te rejette ? Victoria je ne compte plus le nombre de fois où tu m'as envoyé contre un mur. 

- Bonne nuit.

- Attend ! il ouvrit la porte et s'infiltra dans ma chambre sans difficulté, il referma la porte derrière lui avant de se poster devant moi. Je reconnais que ces derniers temps, je me suis comporté comme un sacré crétin, que j'ai dis des choses uniquement dans le but de te blesser comme toi tu l'avais fait avec moi...

- Je t'ai blessé ?

- Tais toi et laisse moi finir, c'est pas facile de revenir te parler après tout ce qui s'est passé. Je sais que je n'aurai pas dû te cacher tant de choses, je sais que j'aurai dû être honnête et te laisser le bénéfice du doute, je regrette Victoria, tout ce qu'il s'est passé et je crois que je ne pourrai jamais réparé toutes les conneries que j'ai commis et je viens pas chercher ton pardon, je veux juste que tu m'écoute.

- Tu m'as écouté quand tu nous a agressé Nevra et moi ? Je crois me souvenir de quelque chose comme : "je n'ai même pas envie d'entendre tes excuses." Cette phrase se prête bien à la situation, non ? Va-t-en Valkyon, avant que je ne t'envoie une énième fois valser contre un mur.

- Non, écoute moi. Le soir de la fête, quand on a annoncé les noms de participants au tournoi j'ai redouté d'y trouvé ton prénom sur ma liste, et il y était. J'ai compris. J'ai su immédiatement que tu avais passé un pacte avec Lolauria, mais ce que toi tu ne sais pas c'est que j'ai modifié mon pacte avec elle.

- Comment ça ? dis-je en croisant les bras contre ma poitrine, j'étais en apnée et mon cœur était sur le point d'imploser. Comment ça t'a modifié ton contrat avec Lolauria ?

- Tu te souviens du jour où j t'ai promis que je ferai n'importe quoi pour te protéger, et ce même si je devais y laisser ma vie ? Eh bien lorsque Lolauria est revenue, elle a immédiatement sentit ton odeur sur moi et m'a juré de te retrouver et te tuer. J'ai fait la seule chose que j'ai cru bonne sur le moment et lui ai offert quelque chose qu'elle n'avait pas encore obtenu de moi...

- Ton amour...

- Non, ma vie.

- Quoi ? mais je croyais que...

- Mon amour sera toujours tien, Victoria. Jamais je n'ai aimé quelqu'un comme je t'aime toi. Alors je lui ai donné ma vie en échange de la tienne. Mais j'étais loin de me douter à quel point tu pouvais être têtue, et en faisant cette échange, au lieu de te sauver, je t'ai condamnée."

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