Main dans la main

By quatseyes

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Guide d'écriture pour écrivant débutant. Ce guide se compose de plusieurs parties : - une introduction pour... More

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Rentrée 2019 - Mise à jour et nouveautés !
Le maître mot de votre serviteur
I - 1 - Préface - Comprendre l'acte d'écrire
I - 2 - Le pourquoi du comment
I - 3 - Le comment du pourquoi
II - 1 - Genre ! - Comprendre les formes littéraires
II - 2 - L'argumentatif
II - 3 - La poésie
II - 4 - Le narratif
II - 5 - Théâtral !
II - 6 - En terminer avec les genres...
III - Exercices de style - Expérimenter pour progresser
IV - Boîte à outils - Comment muscler son écriture
IV - 1 - La panoplie du narrateur
IV - 1 - a. Le schéma narratif
IV - 1 - b. Les points de vue narratifs (ou focalisations)
IV - 1 - c. Les vitesses du récit
IV - 1 - d. Les paroles rapportées
IV - 1 - e. La description
IV - 2 - Notions de poésie
IV - 3 - Notions de langue
VI - Postproduction, publication et communication - Que faire de son texte ?

V - Let's go ! - Se (re)lancer dans l'écriture

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By quatseyes

À mort l'inspiration !

Tordons le cou d'abord à ce mensonge élitiste et absurde véhiculé par tous les professionnels de l'écriture : l'inspiration n'existe pas !

Combien restent stériles devant cette injonction vaine : "Allons ! Laisse parler ton imagination !" ? Et combien se sont résignés à un dépréciatif "je n'ai aucune imagination". Non. L'inspiration est une fumisterie !

L'idée d'inspiration vient du concept antique tout aussi absurde d'enthousiasme : une magie extérieure, surnaturelle, s'insinuerait en nous pour nous souffler le génie artistique. Parfois, on aurait du talent, ou pas, suivant les caprices de la nature à notre naissance ou des muses de passage. C'est une notion mystique qui s'appuie sur le concept de grâce divine pour trier les êtres de manière immuable afin qu'un pouvoir politique en place puisse s'en servir pour se maintenir aux commandes, que l'idée même de mobilité sociale soit reléguée au second plan derrière une résignation soumise à être et non devenir.

Or, c'est faux. On ne crée pas une oeuvre à partir de rien sur la suggestion étrangère d'une muse de passage. La créativité repose sur le ressort principal de l'envie de partager une interprétation sensible d'une compréhension personnelle du monde. Et le contenu de ce partage artistique puise sa richesse dans l'expérience et la sensibilité à ses perceptions. Pour créer, il faut donc vivre en conscience, vouloir partager et faire des choix logiques : logique narrative pour que les événements se suivent avec cohérence, logique matérialiste en choisissant les outils et matériaux correspondant à notre projet, logique psychologique et symbolique pour que les êtres et les images rendent la cohérence et le sens des choses représentées. Les sciences cognitives, psychologie et sociologie en tête, ont mis en évidence les déterminismes qui nous gouvernent si on ne les affronte pas.

C'est une conception très latine que de présupposer l'intervention divine ou un don inné. Une vision politique d'un monde donné comme fixe avec un ordre social hiérarchisé de manière rigide. Dans le monde anglo-saxon, on ne s'y trompe pas et enseigne concrètement les recettes de cette créativité. Car on reste impuissant tant qu'on ne comprend pas consciemment ce qui nous traverse inconsciemment. Et cette impuissance n'est pas perpétuée par hasard sous nos latitudes : il s'agit bien, malgré la révolution française, de perpétuer des castes, des privilèges, une immobilité sociale, une hiérarchie politique.

Écrire est une naissance.

Comme toute naissance, ça ne se fait pas en un jour.

D'abord, il faut de l'amour : pour soi-même afin de se sentir en capacité et en légitimité d'offrir aux autres ce qu'on est, pour les autres afin de leur faire assez confiance pour accepter de partager avec eux son intériorité, pour la langue enfin afin de prendre plaisir à l'apprivoiser et à la fréquenter, pour le monde et la vie afin de s'en nourrir pour l'enrichir.

Ensuite, il faut une petite graine. Ça, vous connaissez. C'est cette fulgurance, rencontre d'une maturation inconsciente de votre expérience et d'une situation extérieure qui va la faire jaillir : image, son, formule, odeur, goût, émotion...

Mais, vous vous en doutez, il faut du temps, de l'attention, des soins et de la patience pour que cette graine devienne ce qu'elle promet. Il faut laisser l'inconscient digérer, métaboliser, maturer cette semence.

Enfin, il faut l'arroser de réflexions logiques et engagées, qui s'enrichiront à se faire à plusieurs, façon brainstorming :

- quel message général je veux faire passer à mon lecteur ? quel effet je souhaite produire ?
- quel thème je veux traiter ? Pour en dire quoi ?
- qui sont mes personnages et pourquoi agissent-ils ainsi ?
- comment fonctionne leur univers et pourquoi ?

Quand, au terme d'une réflexion plus ou moins formelle, on aboutit à la satisfaction d'avoir un tout qui fait sens et qui se tient, qu'on a épuisé la liste des "pourquoi ?", alors on peut passer à la préparation de l'écriture.

Et, là, c'est le choix de la forme qu'il convient de réfléchir. Je vous renvoie aux premiers segments. Vaut-il mieux impliquer le lecteur pour lui faire expérimenter à fond la situation (narratif, forme longue, point de vue interne, récit au présent, 1ère personne) ? S'agit-il de le plonger dans des réflexions (poésie, formes brèves, figures de style frappantes) ? De le mettre en position de juge (théâtre / narration en point de vue externe / épistolaire... ) ?

Puis il faut penser au ton : grave ? léger ? soutenu ? oral ? lyrique ? Qu'est-ce qui correspondra le mieux à la cohérence du projet, qui amènera son efficacité ? A l'effet recherché ?

Ensuite, il y a la chronologie à trancher : dans l'ordre, avec une prolepse puis une analepse, dans le désordre ? Vaut-il mieux suivre l'évolution pour s'identifier ou provoquer le suspense en marquant d'entrée de jeu la tension, l'enjeu du récit ?

Enfin, il faut s'interroger sur les points de vue : un seul que le lecteur puisse faire sien et qui laisse une part de mystère sur tout le reste, plusieurs qui se répondent, omniscient pour tout juger à plat, externe pour laisser au maximum le lecteur se faire son opinion ?

Quand ça commence à vous brûler d'écrire c'est que, probablement, vous êtes prêt !

Alors, peu importe l'ordre des fragments que vous écrirez, mais c'est souvent plus simple d'écrire chronologiquement.

En finir avec la page blanche !

Face à la mise en mots, nous sommes tous inégaux mais l'expérience facilite peu à peu cette étape. Trois conseils :

1. Écrivez ce qui vous passe par la tête, même si c'est mauvais. Surtout si c'est mauvais. Le fait de voir écrit un passage de votre histoire stimulera la survenue de la suite, et c'est pas pour rien que l'informatique est l'amie de l'écrivant ! Trop facile de corriger, déplacer, insérer du texte ! Alors pas de crainte inutile. Dans cette première phase brouillonne, n'effacez rien : rayez, jouez avec les couleurs ! Plus vous écrirez, plus ce sera facile.

2. Pas de détour inutile : commencez directement l'action, la parole, le thème. Pas de phrase introductrice lourde, artificielle et maladroite !

3. Faites-vous d'abord une expérience d'écrivant : affûtez-vous la plume sur de nombreux écrits brefs en tous genres, lisez et critiquez (intelligemment) des œuvres variées pour comprendre les mécanismes de l'écriture et les recettes de l'efficacité. L'omniprésence du roman dans la vie littéraire, et surtout sa prééminence, donnent le sentiment qu'il n'y a que cette forme qui existe, qu'elle est évidente. Or, un roman est un texte long qui est complexe à tenir cohérent et efficace tout du long et, pour l'écrivant néophyte, un tel chantier peut vite se changer en des sables mouvants déprimants, frustrants et, au final, décourageants. En effet, chaque texte comporte des erreurs qu'on surmonte texte après texte. Un roman se caractérisant par la longueur, on répète et multiplie les erreurs de débutants dans un texte interminable et qui, au final plein de maladresses et d'erreurs stratégiques, nous laisse avec le sentiment d'être minables et d'avoir perdu notre temps.

Le syndrome de la page blanche trouve deux origines :

- une origine externe au projet (un tracas personnel nous rend indisponible à l'écriture ou l'addiction aux écrans dissipe notre volonté (je vous renvoie à mon petit cabinet virtuel d'interprétation des rêves, Le Fil d'Ariane, pour plus de conseils sur la gestion de sa vie personnelle)). Pratiquez l'introspection : questionnez-vous sur l'origine de vos soucis, sur les mécanismes de vos émotions et réactions, sur vos craintes et désirs et leurs causes sous-jacentes pour hiérarchiser vos priorités. Une fois conscients de ce que vous êtes et voulez, vous pourrez choisir de poursuivre votre projet en l'enrichissant de cette nouvelle force de caractère ou vous pourrez définir un projet qui saura mieux répondre à vos besoins et envies.

- une origine interne au projet (vous sentez inconsciemment des failles dans la logique du projet ou dans votre écriture et avez l'intuition que vous vous enfoncez en écrivant ) : vous avez besoin de faire le point avec un écrivant expérimenté qui saura vous aider à établir le diagnostic de votre difficulté à écrire : fragilité dans les outils de votre écriture ou/et défauts logiques dans la trame narrative/dans les choix narratifs/dans la cohérence psychologique. Pour établir ce diagnostic, il est nécessaire de soumettre un extrait caractéristique de votre situation de blocage (une scène qui fait sens, que vous avez écrite au mieux mais qui vous laisse insatisfait) et une présentation de votre projet qui permette de comprendre vos objectifs (message que vous souhaitez faire passer, effet que vous voulez provoquer sur vos lecteurs), votre idée (thème, intrigue/contenu) et vos outils (types de personnages, ton du texte, point de vue et temps choisis...) ; postez tout ça en commentaire.  Vous pouvez aussi participer à ma bourse d'échange de critiques Lisez-moi !... s'il-vous-plaît !.

Et puis, en cas de doute, de blocage, interrogez la communauté des passionnés qui se trouve à un clic de vous !

Aucun problème n'existe sans des dizaines de solutions pour y remédier !

À vos plumes, prêts, notez !

La question épineuse du brouillon

Zola passait des mois à faire des recherches pointues pour lesquelles il accumulait des kilomètres de notes, faisait ensuite des plans précis de son projet littéraire, des fiches personnages, etc., et il ne se lançait dans l'écriture qu'une fois tout le contenu défini, soupesé, organisé.

Maupassant mûrissait longuement en pensée son récit avant de le rédiger presque directement d'une traite dans sa version définitive.

Stendhal, après avoir mûri son idée, écrivait d'une traite son œuvre puis la réécrivait plusieurs fois jusqu'à en être satisfait.

Flaubert tournait et retournait chaque phrase en la gueulant pour la polir.

Chacun son moyen de procéder. Ce qui compte, c'est de comprendre que tout est possible et dépendant de vos besoins et de votre projet.

Enfin, la modernité offre de nouvelles technologies qui permettent plus de flexibilité encore : des sites et applications qui permettent de faire des cartes heuristiques ou mentales pour schématiser les relations, des tableaux pour organiser les scènes et leur ordre, des frises chronologiques, des logiciels d'aide à l'écriture qui vous accompagnent pas à pas, qui vous permettent d'explorer les potentialités de votre œuvre... Voir les liens en commentaire.

P. S. : j'ai mis plus de 20 ans à commencer à être satisfait de ce que j'écris et à développer des textes publiables ! Alors patience ! Expérimentez, lisez, analysez et vous progresserez à chaque nouvel essai ! 😜😘

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