ELLIE
La semaine passe plutôt rapidement. Lowell semble avoir accepté le fait qu'il ne verrait plus George et cette « épreuve » si j'ose l'appeler ainsi nous a rapprochés.
Lorsque je viens le voir à l'hôpital, il a ce grand sourire aux lèvres qui me réchauffe le cœur. Il me prend dans ses bras pendant quelques secondes puis me posent des questions sur ma journée.
Cela pourrait même avoir l'impression d'être une relation normale, basique, si nos rencontres ne se déroulaient pas dans un hôpital.
Plus les jours passent et plus mes sentiments pour Lowell se ressentent. C'est tout simplement hallucinant de voir à quel point Lowell a changé, enfin plutôt évolué. Il est toujours le même mais il est beaucoup plus ouvert sur ses sentiments.
Malgré la perte de George, j'ai l'impression de flotter sur un nuage. Je suis si heureuse qu'il ne m'ait pas repoussé. Hier soir, j'ai passé la nuit avec lui. Nous sommes allés sur le toit de l'hôpital et avons discuté. Il a fini par se confier sur ce que le décès de George lui faisait éprouvé.
C'était maladroit, il avait du mal à s'exprimer mais je n'ai pu m'empêcher de sentir mon cœur gonflé.
Je me dirige actuellement vers l'hôpital. Je ressers ma veste pour bloquer le vent qui tente de me refroidir. Suite à la soirée sur le toit, je n'ai pas pu lutter contre un rhume, je me contente donc de me moucher sans arrêt mais la soirée que j'ai passé en vaut largement le sacrifice.
Lorsque j'arrive dans le hall d'accueil, Faith est toujours là.
Elle m'accueille avec un grand sourire.
« —Ellie, comment vas-tu ? » Me demande-t-elle tandis que je m'approche de son bureau.
Je réponds à son sourire.
« —Je vais très bien merci. » Lui dis-je.
« —C'est marrant, mais je te vois souvent venir ici, mais je te vois très peu sortir de l'hôpital. A croire que tu dors ici ! » S'exclame-t-elle en riant.
Je m'empresse de rire à mon tour pour qu'elle ne comprenne pas que je dors effectivement à l'hôpital.
« —Je vois que ton nez va beaucoup mieux. » Constate-t-elle et j'acquiesce.
Je pose ma main sur le comptoir.
« —Bon courage, je vais voir Ruth. » Lui annoncé-je avant de lui tourner le dos pour me diriger dans la chambre de mon frère.
Lorsque je pénètre dans sa chambre, elle est étonnamment silencieuse. Il n'est pas du genre à discute seul mais il a l'habitude d'allumer la télévision même s'il ne la regarde pas.
Je découvre alors qu'il n'est pas dans sa chambre.
Je fronce les sourcils et m'empresse de jeter un coup d'œil dans la salle de bain adjacente mais elle est vide. Son fauteuil est là mais il n'est pas là.
Faith me l'aurait dit s'il y avait eu une intervention ou des examens ce jour-là.
Je quitte la pièce et me dirige vers la salle commune dans l'espoir de le trouver.
Plus je m'approche et plus un rire féminin augmente. Je finis par reconnaître la personne qui rit à gorge déployée. Il s'agit d'Alicia.
Mon sang ne fait qu'un tour lorsque je découvre la scène qui se dresse sous mes yeux.
Ruth est allongé sur un brancard et Alicia s'amuse à pousser le brancard dans tous les sens. J'imagine déjà Ruth tombé de ce brancard et se blesser. Je n'y réfléchis pas deux fois et traverse la pièce pour stopper le brancard tournant.
Le rire d'Alicia s'arrête et Ruth me lance un regard interrogateur.
Il est pâle comme un linge mais un grand sourire masque son état nauséeux.
Je me penche sur lui, pose ma main sur son front et ignore son soupir agacé.
« —Est-ce que tu vas bien ? » Lui demandé-je, la voix remplie d'inquiétude.
Il lève les yeux au ciel.
« —On ne fait que s'amuser, rien de grave. » Murmure-t-il à mon égard.
Je secoue ma tête négativement.
« —Il est hors de question que tu fasses ce genre de choses Ruth ! » M'exclamé-je, sentant mes nerfs craqués.
Il écarquille les yeux face à mon emportement.
« —Calme-toi, on ne faisait que jouer. Je ne peux déjà pas sortir, tu ne vas quand même pas m'interdire de vivre ? » Me rétorque-t-il d'une voix plus sèche.
J'ignore l'intonation de sa voix et me concentre sur la colère qui grandit en moi.
« —Tu appelles ça vivre ? Est-ce que tu veux que je te rappelle ce qu'il s'est passé la dernière fois que tu es tombé par terre ?! » M'énervé-je.
Je sens quelques regards se tournaient dans notre direction.
« —C'était un accident ! » S'exclame-t-il.
Je secoue ma tête négativement puis me tourne à la recherche d'un aide-soignant.
Je lui fais signe de s'approcher.
« —Je vous confie mon frère, il doit retourner dans sa chambre. » Ordonné-je en sachant que si je reste plus longtemps je risque de dire quelque chose que je regretterais plus tard.
Mon frère me lance un regard assassin alors que l'aide-soignant déplie un fauteuil.
Je l'ignore puis me tourne vers Alicia qui est restée muette comme une carpe.
Elle ouvre sa bouche lorsqu'elle constate que je la regarde mais ne parle pas.
« —Est-ce que tu as conscience de ce que tu faisais ? Ruth n'est pas un jouet. » Lui demandé-je sans cacher la colère que je ressens.
Les paroles de Lowell décident de choisir ce moment pour refaire leurs apparitions.
Il avait raison, Alicia est dangereuse pour Ruth.
Je n'ai pas le droit de les séparer ainsi mais je ne veux pas m'en vouloir plus tard pour avoir été trop souple avec eux.
Je continue de fixer Alicia qui semble chercher ses mots.
« —On ne faisait rien de mal. » Lâche-t-il finalement et j'aurais préféré qu'elle ne dise rien.
Je serre ma mâchoire et m'apprête à libérer toute la rancœur que je ressens à son égard lorsqu'une main se pose sur mon épaule.
Je me fige puis tourne délicatement ma tête pour découvrir Lowell. Il a ce sourire d'ange qui me fait oublier quelques instants à quel point je suis énervée actuellement.
Il glisse son bras autour de ma taille puis se penche vers mon oreille.
« —Que se passe-t-il ? » Me murmure-t-il à l'oreille.
Il lance ensuite un regard Alicia pour lui faire signe de quitter les lieux ce qu'elle s'empresse de faire sans aucune hésitation.
Je me tourne complètement vers lui.
« —Alicia s'amusait à pousser Ruth qui était sur un brancard mais si jamais Ruth venait à tomber, il ne s'en remettrait pas avant des semaines. Il n'a pas la même résistance. » Lui expliqué-je en tentant de garder mon calme.
Lowell hoche la tête avec un air compréhensif sur le visage.
« —Je comprends mais il est bien entouré et je ne pense pas qu'Alicia voulait lui faire du mal. » Me répond-il.
J'acquiesce.
« —Je sais bien mais je ne veux pas qu'il se fasse mal, c'est mon rôle de le protéger ! » M'exclamé-je.
« —Non c'est ton rôle de l'aimer, tu n'es pas son garde du corps. Crois-moi ce n'est pas parce qu'il est en fauteuil qu'il ne peut pas se défendre, il en a dans la réserve ce petit. » Me dit-il avant de me décocher un sourire en coin.
Je ne peux m'empêcher de répondre à ce sourire.
Il se penche vers moi comme pour attirer mon attention.
« —J'ai quelque chose à te dire. » M'annonce-t-il.
Je lui lance un regard interrogateur.
« —J'ai pris contact avec un psychologue. Il a accepté de me faire un bilan. » M'annonce-t-il.
« —Mais c'est génial ! » M'exclamé-je.
« —Si j'ai un bilan positive, j'ai de grandes choses de pouvoir contourner l'avis qu'avait donné le docteur payé par mon père. » Continue-t-il.
« —Ce qui veut dire que tu pourrais quitter l'hôpital ? » Lui demandé-je les yeux remplis d'espoir.
Il acquiesce et je ne peux m'empêcher de le serrer dans mes bras. Il rit face à ma réaction mais me rend mon étreinte.
Je me recule en réalisant que quelque chose me gêne.
« —Attend, tu veux dire que ton père a payé quelqu'un pour que l'on t'enferme à l'hôpital ? » Lui demandé-je.
Il me lâche puis m'attrape le bras.
Il m'entraine à l'étage du dessus puis nous dirige dans sa chambre.
Il ferme la porte derrière lui.
« —Lorsque je suis allé voir le spécialiste de mon père, je ne vais pas te mentir, je n'étais pas en grande forme et je me suis prêté au jeu en pensant que ce n'était qu'un simple contrôle de routine. Et quelques jours plus tard, pour mon anniversaire, je revois ce spécialiste débarqué à la maison avec des infirmiers. Je n'étais pas très net à l'époque mais je n'étais pas non plus un danger qui se devait de rester sous surveillance dans un hôpital. Jusque-là je n'ai jamais vu l'utilité de tenter de contrer ce bilan mais avec George qui est partie, avec toi dans ma vie. Je ne peux pas supporter de passer un autre de mes anniversaires enfermés dans cet hôpital. » M'explique-t-il.
Je hoche la tête, analysant chacune de ses explications.
« —J'espère que la vérité va éclater au grand jour. » Lui dis-je.
Le fait qu'il ne m'ait toujours pas dit que son père était le directeur me dérange un peu mais avec toutes ses révélations, je n'ai pas envie de pousser le bouchon pour un simple détail.
« —Mais tu veux dire que ton anniversaire est bientôt ? » Lui demandé-je.
Il hoche sa tête.
« —C'est dans une semaine pile, dimanche prochaine. » M'annonce-t-il.
J'enregistre cette information dans un coin de ma tête tout en imaginant Lowell sortir de cet hôpital, libre comme l'air.
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PROCHAIN CHAPITRE : Jeudi