CHAPITRE 27

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LOWELL

Lundi.

Premier jour de la semaine, pour certaine personne cela rime avec premier jour de torture pour d'autre il s'agit du premier jour d'une nouvelle vie.

Pour moi ?

C'est lundi, dans un hôpital lundi est un jour de la semaine, rien de plus.

Parfois il m'arrive de m'assoir sur un des sièges dans la salle d'attente des urgences. Je fixe la douleur qui tord les visages, les pleurs, les cris qui me percent les tympans. J'essaye de compatir, de ressentir des émotions mais je n'y arrive pas, je me contente de fixer ce spectacle qui se déroule sous mes yeux. Il m'arrive d'avoir envie de prendre les médicaments que l'infirmière me donne chaque jour, simplement pour voir si cela me permettrait de ressentir.

C'est étrange je ne vais pas le nier, selon les spécialistes que j'ai consulté suite aux ordres de mon père, j'ai une intensité émotionnelle très faible voir quasi-inexistante.

Je dois vous avouer que si je prends en compte les derniers jours, je suis obligé de contredire cette déclaration. J'ai ressenti des émotions lorsque j'ai embrassé Ellie. C'était à la fois étrange mais aussi agréable.

Soit j'ai miraculeusement guéri, ou alors le pronostic du spécialiste est faussé.

Néanmoins, je ne peux contredire complètement le pronostic. J'ai cet tendance à garder au plus profond de moi mes émotions, il s'agit d'un processus d'auto-préservation qui jusque-là m'a permis de traverser des périodes de ma vie sans être psychologiquement blessé. J'aime garder le pouvoir de mes émotions or je sais que c'est quasiment impossible. En les renfermant dans un coin de ma tête, je m'évite le supplice de devoir supporter l'angoisse, la peur ou encore l'appréhension dans une situation.

Enfin c'était le cas jusqu'à ce qu'Ellie débarque dans ma vie.

Je ferme les yeux et pose mes mains à plat sur le matelas. J'essaye de calmer ma respiration.

Ellie.

Lorsqu'il s'agit d'elle rien n'est normal. Cela m'énerve, je ne vais pas vous le cacher, mais cela me procure des sensations, des sensations que j'avais oublié et qui me font du bien.

Avec Ellie je ne maitrise plus rien et c'est dérangeant mais j'ai cette impression que je n'ai pas besoin de me protéger avec elle, ce qui devrait être le cas puisque c'est la personne qui a le plus de pouvoir sur moi, même si elle ne s'en rend pas compte.

J'ouvre les yeux puis me redresse sur mon matelas. Je passe une main dans mes cheveux alors que l'infirmière entre, un plateau dans ses mains et un grand sourire plaqué sur son visage.

« —Médicaments ! » S'exclame-t-elle en chantonnant d'un ton léger.

Je la fixe de la façon la plus neutre possible alors qu'elle dépose son plateau sur la table présente dans ma chambre.

Elle se tourne vers moi, pose ses mains sur mes hanches et fronce ses sourcils.

« —On dirait que tu t'es levé du pied gauche. » Me dit-elle comme si elle se souciait vraiment de mon état mental.

Je hausse les épaules puis quitte mon lit. Elle me jette un regard avant de se tourner pour se concentrer sur le plateau.

J'enfouie mes mains dans les poches de mon gilet alors qu'elle se tourne avec deux petits gobelets en plastique.

Elle me tend le premier, j'avale le contenu sans broncher dans un silence religieux et répète le processus pour le deuxième comprimé.

Je m'attends à ce qu'elle quitte la pièce mais elle ne le fait pas et j'en déduis qu'elle compte me parler.

Maladivement SéduisantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant