Exception - Tome 1

By AzilisHelori44

45.2K 6.8K 11.1K

Alyssa et Evannah étaient meilleures amies jusqu'à ce que tout bascule : la jalousie, l'envie, la souffrance... More

Prologue
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Playlist
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Epilogue
Nota Bene

Chapitre 1

2.2K 276 631
By AzilisHelori44

Alyssa

Quand j'étais petite, j'adorais les parcs. Et celui qui est juste en face de moi m'aurait mis en joie, enfant. Je n'aurais jamais voulu en bouger, tellement l'endroit est parfait pour une petite fille : des toboggans, des balançoires à double bascule, des balançoires simples, un petit train en bois composé de sièges doubles, de l'herbe tendre idéale pour réaliser des roulades, une belle pente pour des luges improvisées, et enfin une structure de jeux géante.

Oui, j'aurais adoré jouer ici petite. J'espère que ce sera également son cas.

Assise sur un banc en fer forgé, je consulte compulsivement ma montre toutes les trente secondes. Chaque rencontre est une nouvelle occasion de tester ma résistance cardiaque. Mon cœur cogne sourdement dans ma poitrine, je sens mes mains devenir moites sur mes genoux, et la transpiration commence à s'accumuler sur mon dos. C'est comme si j'assistais à mon tout premier rendez-vous amoureux et que je ne parvenais pas à tenir en place. Mais je n'attends pas de soupirant, non, c'est bien plus important qu'un insignifiant rendez-vous galant.

Je ne tiens définitivement pas en place, je décide donc de me lever et de faire les cent pas en l'attendant, mais j'arrête net mon geste de marche en tournant la tête sur la droite. Elle est là. Mon Dieu, vais-je un jour m'habituer à sa beauté ? Et vais-je un jour arrêter de me tétaniser face à elle ?

Elle marche vers moi, de son pas léger, en souriant, dévoilant ainsi ses adorables fossettes aux joues. Ses cheveux dansent à l'arrière de sa tête, et je constate ainsi que ma sœur a cédé à son impulsion de les lui couper au niveau des oreilles. Et, étonnamment, au lieu de me mettre hors de moi, je trouve que cette coupe lui va bien, elle dégage son magnifique visage de porcelaine. Ses yeux bruns sont encadrés par de larges cils, accentuant son air coquet et charmeur.

Ma fille. Mon bébé.

- Tata !

Elle se précipite dans mes bras dès qu'elle me voit, riant aux éclats lorsque je la fais tournoyer dans les airs. Je la serre fort dans mes bras, et je hume sa divine odeur, mélange de talc et de vanille.

Mon Dieu, que je l'aime ! Ce sentiment est si puissant, si ancré en moi... J'ai cette sensation de me brûler les ailes à chaque instant, tel Icare volant trop près du soleil.

- Tu m'as apporté un cadeau ? me demande-t-elle de sa petite voix pleine d'espoir.

- Bien sûr mon ange.

Je souris à m'en faire mal aux mâchoires, mais je m'en fous. Elle est là et je l'aime. Oh, je l'aime...

Mais elle n'est pas à toi.

Cette pensée amère ne me quitte pas : c'est vrai elle n'est pas à moi, plus maintenant. Je ne suis pas sa mère, mais sa tante – sa tante préférée certes – mais pas sa mère. Sa mère, c'est ma sœur depuis le jour de sa naissance.

- Tata ? Ohé, Tata, je veux mon cadeau.

Ma fille me ramène à l'instant présent, je baisse les yeux sur elle et vois son petit air boudeur sur son visage. Mon air boudeur.

- Pardon mon cœur, Tata a parfois la tête ailleurs, dis-je en riant pour donner le change. Tiens, prends ça.

Je lui tends une petite peluche noire et blanche qu'elle pourra ajouter à sa collection dans sa chambre. Et là, elle lève son doux profil vers moi et adopte un air émerveillé face à son nouveau jouet. Mon cœur se gonfle face à ce spectacle.

Allez, ressaisis-toi, ta sœur est là.

C'est vrai, ce n'est que maintenant que je m'en rends compte mais effectivement, ma sœur se tient juste devant moi. J'adopte un air contrit, sachant pertinemment que je ne pourrais pas la berner, elle. Ma sœur sait très précisément ce que je pense, et cela accentue d'ailleurs un peu plus son air contrarié. Bon, ce ne sera pas encore aujourd'hui qu'on va devenir amies, elle et moi...

- Comment vas-tu ? demandé-je à mon aînée, histoire de rattraper le coup et de ne pas gâcher jusqu'au bout notre rendez-vous.

- Bien.

Elle pince les lèvres, et me toise de haut en bas.

Ok...

Je ravale un soupir. Ma relation avec Caroline a toujours été compliquée : elle ne m'a jamais vraiment appréciée, j'avais beau essayer de m'intéresser à ses passions et tenter d'instaurer le dialogue, Caroline m'a toujours repoussée. Avec le recul, je pense qu'elle était jalouse de moi, qu'elle ne supportait pas l'attention que me portaient nos parents. Ma mère m'a avoué un jour que dès ma venue au monde, Caroline avait refusé de me porter, préférant s'amuser avec ses jouets. En grandissant, nous ne jouions pas souvent ensemble et nos centres d'intérêt divergeaient complètement. L'équitation et la gymnastique qu'elle pratiquait, et la danse ainsi que le piano que j'exerçais, ont fini par nous séparer définitivement à l'adolescence.

J'ai fait quelques tentatives au fil des années pour me rapprocher d'elle, cependant cela n'a jamais abouti à une relation durable et aimante entre nous. Mais c'est avec l'arrivée de ma fille que l'inimitié de Caroline à mon égard s'est intensifiée. J'avais eu ce qu'elle ne pouvait avoir et je le rejetais selon elle. Elle me déteste intensément pour ça. Caroline rejette toutes ses frustrations sur moi : ses soucis d'infécondité, sa difficulté à établir des liens forts avec les autres... Elle estime que j'en suis responsable, que j'ai gâché une partie de sa vie.

Je réprime un nouveau soupir. J'ai cessé de lutter contre tout ça, contre elle. J'essaye de passer à autre chose, d'avancer là où elle n'y parvient pas.

Mais c'est elle qui a ton enfant.

Cette petite voix dans ma tête ne me lâchera donc jamais ?

Je me secoue un peu, me racle la gorge et reprends le cours de la conversation.

- Comment ça va ton travail ?

- Ça peut aller, ça me fatigue beaucoup comme tu t'en doutes, et puis il y a la petite aussi. Ha, elle aussi elle m'épuise !

La « petite » est juste à portée de voix et est loin d'être stupide, elle sait parfaitement que tu parles d'elle... Je me tourne vers Kathleen et lui dis :

- Tu ne voudrais pas aller jouer un peu mon ange ? Regarde, il y a des balançoires là-bas, je sais que tu adoooores ça !

- Tu viendras jouer avec moi après ? demande-t-elle avec son regard de merlan frit.

- Bien sûr, mon amour. Je vais juste parler un peu avec Maman.

Satisfaite, elle file comme une flèche jusqu'aux balançoires, riant déjà aux éclats.

Je la suis des yeux quelques secondes, l'air béat, puis je me tourne une nouvelle fois vers ma sœur. Caroline me regarde en fronçant les sourcils.

- Je sais ce que tu vas dire et il est hors de question que tu me fasses la morale. C'est vrai qu'elle est parfois fatigante, tu le saurais si tu t'en occupais H24, lâche-t-elle d'un ton narquois.

Aurais-je oublié de préciser que l'un de ses plus grands plaisirs dans la vie est de me torturer et de me blesser dès qu'elle en a l'occasion ? Il semblerait qu'aujourd'hui ne fasse pas exception.

- Écoute, je ne voulais ni te vexer ni t'énerver. Je suis désolée, tenté-je pour la calmer.

- Ouais, ouais ça va... Bon, parlons d'autre chose, dit-elle en balayant l'air de sa main.

Si seulement...

- La maison avance bien ? lancé-je après un court silence.

- Oh oui j'ai tellement hâte d'y vivre !

Caroline s'extasie, elle adore sa nouvelle maison et se pâmer grâce à elle.

- Près de 110 m² répartis sur deux étages, un jacuzzi intérieur et une salle de fitness, poursuit-elle, survoltée. J'adore cette maison, et Steven aussi. Quelle bonne idée il a eu en proposant ce terrain à la construction ! Nous n'aurons pas de voisins pendant un bon moment.

- Je suis très heureuse pour vous. Après ton magnifique mariage l'été dernier, cette maison est un superbe cadeau de noces de la part de Steven, mieux qu'un simple voyage de noces.

- Oui c'est vrai, c'est bien mieux, concède-t-elle très satisfaite d'elle-même. Oh, et je pense que je ne t'ai pas dit mais...

Steven est un excellent mari pour ma sœur et un excellent père pour ma fille. C'est grâce à lui d'ailleurs que j'ai laissé ma fille à Caroline : elle ne le sait évidemment pas, mais la gentillesse et le bon cœur de Steven m'ont incitée à leur confier Kathleen à eux, plutôt qu'à une agence d'adoption. Et puis Caroline a appris qu'elle ne pourra jamais avoir d'enfant, alors de fil en aiguille...

Je ne tiens pas à m'attarder sur ces moments-là de ma vie pour l'heure, aussi je prête à nouveau attention au discours incessant de ma sœur sur sa nouvelle maison. Pourquoi l'ai-je lancée sur ce sujet ? Elle ne s'arrêtera plus maintenant.

Heureusement elle ne s'est pas rendue compte de mon inattention et continue d'énumérer les avantages infinis de sa maison. Elle et Steven ont créé la maison de leurs rêves grâce à l'argent qu'ils ont mis de côté tous les deux depuis leurs vingt ans. Cette somme avantageuse a toutefois été complétée par les parents de Steven, une ombre dans le ciel lumineux de ma sœur. Cependant, elle y pense le moins possible et espère les rembourser d'ici peu. Etre redevable à quelqu'un est une hantise pour Caroline : elle ne tolère pas avoir des dettes. La seule dette qu'elle n'a jamais pu rembourser jusqu'à ce jour c'est celle qu'elle croit avoir contracté avec moi... Encore une raison supplémentaire pour ma sœur de me détester on dirait.

Elle t'a posé une question, là, redescends sur terre !

Et merde ! Effectivement, ma sœur me regarde l'air d'attendre une réponse de ma part. Et elle semble vaguement agacée. Re merde.

- Pardon Caro, qu'est-ce que tu disais ?

- Je te demandais comment se passaient tes cours, réplique-t-elle froidement.

- Bien ! Bien, merci d'y penser, réponds-je d'une voix empressée. Les partiels du premier semestre approchent à grands pas maintenant, mais ça va pour l'instant.

Tout en parlant, je me tourne machinalement vers ma fille afin de voir ce qu'elle fait. Kathleen est toujours sur une balançoire, et elle tente de se projeter le plus loin possible dans les airs. Je souris tendrement ; à deux ans et demi, on a toujours l'impression d'aller très haut alors qu'en réalité on est à peine à vingt centimètres du sol. Mais ma fille s'en fiche et elle continue à pousser sur ses petites jambes. Je jette un coup d'œil à Caroline et je constate qu'elle aussi sourit à Kathleen. C'est pour cette raison que je ne déteste pas entièrement ma sœur : malgré tous ses défauts et imperfections plus qu'irritants, elle aime ma fille. Je sais qu'elle va en prendre soin et qu'elle répondra au moindre de ses désirs parce qu'elle l'aime vraiment. Il y a des moments comme celui-là où je parviens à me persuader que j'ai fait le bon choix il y a trois ans.

Ma sœur se tourne vers moi et étrangement son sourire ne s'évanouit pas à ma vue. Il perd un peu de son éclat, certes, mais c'est déjà mieux que rien. Je lui souris moi aussi, d'un sourire timide, et je sens que nous sommes sur la même longueur d'onde l'espace d'un court instant.

- Tata tu viens !

Ma fille m'appelle depuis sa balançoire. Et là, boum, fini l'instant de connivence entre ma sœur et moi : son sourire disparaît complètement, et son regard se durcit en une seconde. Je détourne le regard et décide de courir rejoindre ma fille. Caroline va être d'une humeur massacrante à présent, je préfère donc m'accorder quelques instants de répit avec Kathleen avant de devoir de nouveau marcher sur des œufs.

- Coucou mon ange ! Alors tu t'amuses bien ?

Ma fille me sourit largement et me tend les bras. Je m'empresse de la serrer contre moi et j'en profite pour la humer brièvement. Elle lève sa tête vers moi.

- Tata, on peut aller jouer sur la structure ?

Elle dit lentement le mot « structure », pas très sûre de la prononciation exacte.

- Mais oui mon amour ! Allez, on y va !

Je la repose par terre et lui prends la main. Une fois devant la structure, je regarde discrètement derrière moi afin de juger la distance qui nous sépare de Caroline. L'estimant assez éloignée de nous, je m'accroupis devant mon bébé.

- Je t'aime, Kathleen. De tout mon cœur.

- Moi aussi Tata !

Et elle me fait un énorme câlin.

Je profite de cette étreinte qui ne durera jamais assez longtemps pour moi. Elle se libère après seulement quelques secondes et commence à gravir l'escalier en bois de la structure. Je reste au pied du jeu, l'applaudissant et l'encourageant à chaque mouvement qu'elle fait. Je ne me lasserai jamais de cette enfant.


Kathleen et moi nous dirigeons vers sa mère après avoir passé une partie de l'après-midi à nous amuser. Caroline est au téléphone, sans doute pour son travail, et ne nous voit pas nous approcher d'elle.

- Hum... Oui... Non, non c'est bon... J'arrive dans quinze minutes. Caroline raccroche et se tourne vers moi. On doit y aller Aly, on se rappelle dans la semaine, OK ? Je dois impérativement aller au bureau, j'ai un dossier urgent à traiter.

- Tu veux que je m'occupe de Kathleen pendant ce temps ? tenté-je avec une pointe d'espoir dans la voix.

- Non, c'est bon, Steven arrive.

Et à point nommé, mon beau-frère fait son apparition dans sa voiture de fonction. Il se dégage du siège conducteur, puis s'arrête devant moi.

- Salut belle-sœur ! Comment tu vas ?

- Ça va bien, et toi Steven ? fais-je en l'embrassant sur la joue.

- Papa !

Kathleen est folle de joie de voir son père.

- Bonjour ma princesse ! Alors c'était bien le parc ?

Steven la prend dans ses bras et l'embrasse sur les deux joues. Kathleen adore ça, ça l'a fait glousser.

- Chéri, je dois y aller. On se retrouve à la maison tout à l'heure. Caroline embrasse Steven, et le regarde amoureusement. Au revoir mon cœur.

Kathleen fait un bisou bien baveux à sa mère. Caroline éclate de rire en s'essuyant la joue.

Ma sœur rit. Waouh.

- Au revoir, Caroline.

- Salut.

Elle se penche pour me faire la bise rapidement, puis fait volte-face et rejoint sa voiture.

- Dure journée ? me demande Steven en suivant des yeux sa femme.

- On peut dire ça... Ça va, ne t'inquiète pas, lancé-je en surprenant son regard inquiet. Tu sais comment elle est.

Il hoche la tête, l'air encore un peu préoccupé toutefois.

- Vraiment désolé Aly...

- C'est rien, vraiment, dis-je en lui souriant largement. Puis je me penche vers ma fille. Tu as passé un bon moment ma chérie ?

- Voui !

- Dis au revoir à ta Tata.

Ma fille me regarde intensément et elle se jette à mon cou.

- Au revoir, dit-elle d'une toute petite voix, un peu enrouée.

Mon bébé !... Ne pleure pas s'il te plaît, je ne le supporterai pas.

Je la serre très fort, l'embrasse sur les cheveux et je finis par me lever.

- On se revoit bientôt mon ange. Promis.

Elle hoche la tête et renifle un peu du nez. Je me tourne vers Steven qui me lance un regard compatissant.

Bon Ok, là il faut y aller.

Steven prend la petite dans ses bras et va la placer dans son siège auto. Je ne peux m'empêcher de les suivre jusqu'à la voiture et de faire signe de la main à Kathleen. Je lui souris une dernière fois et elle en fait de même. Bon, on a évité les grandes eaux, c'est déjà beaucoup. Je finis par regarder Steven ; il me touche le bras dans un geste réconfortant, puis il me fait la bise.

- Au revoir, prends bien soin de toi.

- Et toi prends soin d'elle.

- Toujours, dit-il avec un sourire tendre.

Il rentre dans la voiture, démarre, et ils finissent par s'éloigner. Je reste sur le parking, seule, et je prends de grandes inspirations pour me calmer. Est-ce que ce sera toujours aussi difficile ? Je secoue la tête, tourne les talons et me dirige d'un pas décidé vers mon propre véhicule.

J'ai besoin d'un verre. Plusieurs même. Et d'un mec pour la nuit aussi. Direction la cité universitaire.


Continue Reading

You'll Also Like

1.9M 52.6K 105
TOME 2 histoire d'Amina mariée de force à son pire ennemi
228K 195 1
Lorsque Livia apprend par sa meilleure amie qu'elle s'est mariée la veille, à Vegas, c'est le début d'un chemin semé d'embuches pour reprendre le con...
161K 10.9K 40
Simplement l'histoire de la rentrée d'Hailee dans son nouveau lycée, ses nouvelles rencontres, ses erreurs mais sa vie.
786K 56.3K 87
[Romance Enemies To Lovers ∞ Slow burn ∞ romance psychologique *** Dominateur, arrogant, sexy. Insupportable ! Un nouveau boss incompétent qu'elle dé...