Syrose

By ghiblig

4.4K 420 575

Alors qu'Harold croyait passer une année à l'établissement Blurdston en toute tranquillité, il tombe bien mal... More

Avant propos
• PROLOGUE •
[1] HÉLÉNA EST UNE BELLE SALOPE (part1)
[2] PHIL SANDERS CHIALE COMME UNE GAMINE
[3] EDWIGE EST UNE LÈCHE-CUL
[4] ACHIL EST UN PÉDÉ LÂCHE
[5] MR. CUSTLER VA AUX BORDELS
[6] TU SERAS UNE FEMME MA FILLE
[7] JEUNESSE SE PASSE
[8] PHIL EST UN CAPITAINE SANGUINAIRE
DRAWINGS
[9] HÉLÉNA ÉTAIT UNE BELLE SALOPE
[10] JONATHAN EST UNE COUILLE MOLLE

HÉLÉNA EST UNE BELLE SALOPE (part2)

348 40 141
By ghiblig

< PYRO ~ Kings of Léon ? >
< UNDRESS YOUR SOUL ~ The DuBarrys ? >

Part 2 is on ...

Les voix, qui devinrent des murmures, annonçaient un agacement certain. Deux, peut-être trois, peut-être plus. Les ombres se dessinaient sur les murs par delà le mur de plastique, sur le sol où gisaient les restes de batailles d'eau aux saveurs aîgres. Les fracas de portes, de cliquetis, les pas claquant dans les flaques, traversant les effluves de parfums nauséabaondes, puis la clarté d'une parole, enfin, après une attente interminable.

"Tu fais chier Ach'. Jette-le je te dis."

Celui pour qui les paroles semblaient avoir été prononcées agit également de sa voix sur nos tympans à l'affût, suave et légère, une voix à tomber de haut.

"Et quoi? Tu veux que je le balance, et puis que je fasse comme si il n'y avait rien eu? C'est ça que tu veux?"

"Va la voir. Parle-lui! T'es en train de te foutre dans la merde!" jappa le premier.

Le dénommé Ach' sembla soupirer, lâchant un "ok" désarmant, puis se dirigea vers la sortie, laissant les gouttes pleuvoir à travers le silence omniprésent de l'endroit aux recoins crasseux. Le premier garçon n'était pas parti, son souffle glissant encore sur la surface lisse, son front appuyé à la paroi, par-delà laquelle celui d'Andrew  était lui-même posé.

Un rejet fut prononcé par les éclaboussures d'eau provoquées sur les pieds de mon baîlloneur, puis un départ de plus. Il me lâcha enfin, et j'osais respirer.

"C'était quoi, ça?" adjurai-je à l'Américain au teint devenu blafard, l'éclat traître de ses craintes griffant ses pupilles de longs cisaillements noirs. Suintant, essoufflé et les muscles endoloris par cet effort silencieux, il daigna porter son regard dans le mien, posant l'ultime carte sur table de son état ; il était préoccupé.

"Achil Ponptivet et sa clique. Des tocards de premier rang de l'estrade. Rien d'important."

"Rien d'important?" répétai-je, imitant sa récente colère, lors d'un de mes discours, sortant en trombe de la cabine pour faire volte-face. "Alors toi tu réduis des gens au silence et à l'immobilité totale pour quelque chose de pas "important"? Et c'est à moi qu'il faut enseigner comment ça marche?" m'écriai-je sans souci d'autrui.

"Et toi, t'amènes des inconnus dans des toilettes pour discutailler de je ne sais quelle phrase merdique? Je crois que c'est moi qui sait le mieux comment ça marche ici..."

"Excuse-moi de te sous-estimer, c'est vrai que ton ego sur-dimensionné a vraiment besoin d'autres bronzes à épingler sur son mur à compliments!"

Je n'eus malheureusement pas le temps d'étoffer mon discours qu'une main vont claquer de sa paume contre ma joue froide, ronde, parsemée de petites cloques rouges plus communément appelées boutons d'acné. Le trouble et le mal passé, le silence s'installa entre nos deux silhouettes, les yeux de l'expéditeur de la baffe fixant d'un œil hagard ma réaction muette.

"Bon, on se tire?" ordonna-t-il presque, une voix froide venant habiller ses mots cinglants.

Sa requête s'accompagnait de son regard fuyant, sa tête s'étant détournée de la mienne, fixant le soleil par-delà une vitre brisée.

Il venait de me donner une claque. Andrëw venait de me donner une claque.

Je reculai jusqu'au mur, la main portée sur la marque du coup précédent mon mutisme, m'affaissant au sol, recroquevillé entre un lavabo de céramique beige et un miroir peint.

Je ne soupçonnais même pas le second coup venir, mais cette fois c'était un objet lourd et trempé d'eau boueuse.

"Bordel, tu vas arrêter de m'envoyer des trucs à la gueule? Ça devient sérieusement casse-couilles..." l'interpellai-je alors qu'il me tendait le bras pour me relever.

Sur mes pieds, j'effleurai d'un doigt l'objet.

"Je l'ai trouvé dans la cuvette."

J'émis une expression de dégoût, stoppant tout voyage de la pulpe de ma peau sur la surface noire après sa confession.

"C'est bon, détends-toi, personne n'a pissé ici depuis des lustres..."

"Justement, ça doit pas être folichon la qualité de l'eau..." rétorquai-je derechef.

"Folichon" répéta-t-il, un sourire naissant aux recoins de ses lèvres, portant le galbe soutenu de sa mâchoire, son regard perçant surplombant le mien de quelques centimètres, assez pour que je puisse y voir un amusement prononcé.

"Et pourquoi tu l'as sorti de ces toilettes?" m'enquis-je de demander.

Il soupira, relevant la tête, pivotant, circulant de long en large jusqu'à s'adosser près de moi, l'océan de ses yeux dont les vagues d'un bleu royal venaient s'écraser d'un claquement notoire dans les miens plongeant dans la terre foncée de ces derniers.

"Ça me semble évident ; t'aimes bien fouiner, non? Gratter les trucs, chercher à comprendre tout ce qui se présente à toi." expliqua-t-il, arquant son sourcil en passant ses yeux sur les faces sombres du carnet "Eh bien ça, ça se présente à toi. Alors éclate-toi, non?"

Je fronçai les sourcils épars qui se dressaient au sommet de mes longs cils. Son bec d'aigle émit des tics soudains lorsqu'il se redressa. De cette distance, je voyais tout son corps. De ses chevilles menues, passant par les muscles peu taillés de ses bras, maquillés par les manches du polo gris, jusqu'à sa longue et petite tête, ses cheveux courts, laissant entrer les filatures des rayons d'un soleil bien haut. Et il était étrange de constater qu'en plus d'être relativement beau, il était grand, fantasme soutenu de toute ma pauvre adolescente, n'ayant pas eu la chance d'avoir tous ces privilèges, gardant la tête des classement de la génération des Minimoys avec en record un pic en 1 mètres 63, pas de quoi défier les colosses de Rhodes aux allures de dieux grecs dans les couloirs de l'imposant édifice.

"Bon, non pas que je n'aime pas sécher, mais ce serait dommage de rater le cours de bio avec Mlle. Béniras." conclut-il, sourire aux lèvres, avant de lever le menton en direction du carnet. "Tu me diras demain ce que tu en as pensé."

Puis il sortit.

"Et qui te dis que je serai là demain?" m'écriai-je alors que je sentais l'ombre de sa silhouette disparaître lentement.

"Après-demain, alors!"

Puis mourir dans un silence suffocant. J'étais à présent seul, un carnet dans les mains au beau milieu des toilettes des filles. Et la dernière chose dont j'avais envie, c'était bien d'avoir biologie avec Mlle. Béniras, ou toute autre matière avec tout autre prof. Je me dirigeai donc rapidement vers l'accueil, constatant que la foule d'élèves se dirigeait vers la sortie. J'étais déjà venu une fois au lycée Blurdston, une semaine auparavant, pour "mettre au point certaines choses" qui consistaient en réalité à visiter le lycée et à appréhender les règles générales. Arrivé à l'îlot, je toquai sur la paroi de PVC, rencontrant le reflet de la cour intérieure à travers les lunettes d'une quinquagénaire aux lèvres pincées, surmontées d'un piercing qui me faisait étrangement penser à celui d'Andrëw.

"Hum, je pourrais avoir un billet de sortie, s'il-vous-plait?"

L'insensible retint des pupilles aux miennes, m'adressant une antipathie inquisitrice.

"Vous êtes en...?" railla-t-elle, des relents de bière acide flottant dans l'air à l'ouverture de ses lèvres.

Je clignai des yeux, portant ma main maladroite à mon sac, y sortant non sans peine mon carnet, alors que la gardienne poursuivait la mastication assidue de son chewing-gum, ses yeux piquant les miens d'une impatience dangereuse.

"Je vais bientôt fermer les portes pour l'heure." m'informa-t-elle, comme pour mieux me cracher à la gueule de me botter le cul pour lui donner ma classe.

"1ère... 5." déclarai-je finalement, en proie à une accélération considérable des battements de mon coeur.

Elle reposa ses yeux cernés et portant les filaments rouges d'un quotidien qui ne se voulait pas si innocent que cela.

"Vous avez cours en 219 avec Mr.Beïg, je ne peux pas vous autoriser à sortir."

Je râlai silencieusement. C'était bien ma veine, avoir cours alors que je devais être noté absent depuis ce matin. Non pas que l'image que j'allais renvoyer ne me plaisait pas, mais j'aurais préféré éviter cette situation plus que gênante, et pire si je devais en venir aux présentations. Toutes les explications, justifications n'étaient pas de mon ressort. Je mentais comme un mari et son amante. Alors découvrir que j'avais passé mes trois dernières heures aux toilettes et dans la cafet' du lycée alors que je devais étudier la réthorique de Platon avec je ne sais quel cinglé portant sa calvitie luisante, ce n'était pas spécialement un cadeau du ciel. L'exaspération à son paroxysme, je tentais de reluire mon cas, m'enfonçant plus qu'autre chose.

"Mais je peux sortir normalement? Et puis 219 je ne sais pas du tout à quel étage ça se situe..."

"2ème étage, bâtiment 3."

"Et j'ai pas du tout le droit de sortir?" insistai-je mollement.

"Les cours ont commencé depuis 5 minutes. Passez la cour, bâtiment du fond, escalier de gauche, deuxième étage, classe du fond à droite, porte verte." trancha-t-elle. "Et dépêchez-vous."

Je bougonnais en passant le préau, filant tout droit, discernant le fameux bâtiment se dressant fièrement derrière le toit plat des colonnes de la cour. Haut d'une vingtaine de mètres, les fenêtres encadrées de volets d'un noir caillé, un faible triangle lumineux semblant me conduire droit vers la porte de gauche. La cour intérieure était entourée des quatre bâtiments constituant le lycée Blurdston dans son illustre dessin. Sur l'aile nord, on trouvait le bâtiment 3, pour la littérature, et tout le charabia, avec, au sommet de l'édifice, le gymnase d'où me parvenaient les cris étouffés des corps bourrés de testostérone attablés à s'éclater les muscles dans je-ne-sais-quel sport. L'aile ouest rassemblait les science, le bâtiment 2 avec sur le fond ouest le long couloir menant aux toilettes, qui faisaient coin entre les deux bâtiments de pierre. Dans l'aile est on trouvait la cafétéria, l'accès au gymnase par un escalier enfoncé dans un local sombre, et le local à vélo. Le bâtiment 1, au sud, par lequel on rentrait rassemblait l'accueil, le préau, sans étage supérieur, d'un plafond par conséquent très haut, des bureaux du proviseur et de toute l'administration, ainsi que la salle des professeurs. Il n'y avait pas grand chose à dire sur l'architecture en elle-même. Simple, droite, victorieuse. Ça en jetait. Mais de toute façon, ici ou ailleurs, ça ne changeait rien à mon désastre incapacité de travail, que j'illustrais le jour même de la rentrée.

Je poussai soudainement la porte verte, dans un soufflement caractéristique, tétanisé, constatant avec effroi que tous les visages étaient pendus au mien, la mine étonnée, à la limite du soucieux. Je voyais bien que le prof aurait voulu lâcher un "qui êtes-vous?" mais il se contenta de m'accueillir après moult vérifications sur son emploi du temps et la vie scolaire. Et c'est ainsi que j'ai passé les trois heures de cours suivant ; en silence, assailli de regards tantôt fébriles et menaçant, tantôt inquiets du style "il est roux, il le vit bien?" sans que personne, oh grand personne ne m'ait jamais adressé la parole, sûrement trop obnubilé par les questions sans grand intérêt du prof de maths, portant sur un chapitre quelconque.

Car si je n'avais pas encore complètement quitté ma seconde tranquille, ici, ils étaient déjà bien partis pour le bac, en vue des admissions en prépa. J'en croisais certains dans les couloirs, grands, barbus, imbus de leur personne, la mine achevée de fatigue, portant à leurs lèvres gercées les marques d'un breuvage sans consistance, les tirant de leur sommeil irrégulier ces deux derniers mois, si ce ne sont ces deux dernières années. Et c'est à cet instant précis, au milieu d'une foule de rieurs ou pleurnicheurs des beaux couloirs de Blurdston que je regrettais amèrement Andrëw, et la tranquillité froide des toilettes.

Je finis par sortir vers 17h, marquant mon coup de poing fictif par le biais de mon regard sanglant au steak mou de l'entrée, inter-changeant les fiches violettes, rouges, appelant les élèves à se rendre en cours, comme une mère autoritaire qui mastiquerait un chewing-gum au rhum. Passant les porte, libérant l'air, filant où les autres semblaient aller, je semblais respirer de nouveau. Précipitant mon chemin vers l'avenue des Trois Moutiers, je ralentissais ma course face au perron de la vaste maison, les fenêtres bordées de lila, le jardin cloîtré derrière des planches pointues, blanches, la terre sèche joignant les cailloux clairs pour mener aux escaliers de bois. Tout respirait la campagne, et l'on était ici plus de 380 340 habitants, + 1, dans la grande commune où se balançaient les graines et les bouteilles de vin rouge.

Je grimpai alors les marches, faisant grincer les lattes sous mes Vans trouées, flanquées de mauvais dessins d'artistes faussement émérites. Passant le battant de la porte, je rencontrai immédiatement les yeux bleuis et le sourire franc procédant à l'ascension du périmètre sud du visage qui me faisait face.

"Harold! Tu vas bien? Ta journée s'est bien passée?" m'interrogea-elle, délaissant ses activités dans la cuisine, essuyant ses mains sur le torchon enroulant ses hanches légères. Suivant le fil de sa voix, je rencontrais de nouveau ses iris noirs.

J'oscillai. Pinçant les lèvres, je lui offris un sourire.

"Bien... bien. Et vous?"

Elle marqua la tendresse en posant une main sur mon épaule frêle, creusée par l'absence abyssale de quelconque chair ou muscle, au grand dam de moi-même.

"Oui oui! Je... t'appelle pour le dîner?"

J'hochai la tête, puis m'engouffrai dans ma chambre. Parfum de cendres et d'anis, je m'allongeai sur le lit, abandonnant mes cours et le minable walkman qui accompagnait mes allées-venues. Dégageant le carnet noir de mon sac, je l'observai à travers l'ombre et la musique bourdonnante de la radio. Plutôt moche, plutôt petit, plutôt sale, le constat n'était pas élogieux.

Je l'emportai avec moi dans la salle de bain, découvrant la page de garde, blanche maculée de tâches d'encre, la surface bridée, la pulpe rugueuse. Cloquée, marquée d'eau. Un nom prenait place au centre droit de la feuille A5.

Marcus ou le roi des stats

C'est quoi ce délire? L'encre était soutenue, l'écriture penchée, la forme effectuée à la va vite. Les courbes devaient avoir quelques semaines tout du moins. J'enlevai mon tee-shirt, le balançant à travers la pièce d'un geste écœuré. Cela faisait une éternité que je n'avais pas pris le soin de décrasser mon corps, de passer un savon sur les rides de ma peau engourdie de drames d'adolescent paumé. Je me dégoûtais plus encore que ces toilettes. Au fond, nous n'avions pas été, tous deux, récurés depuis un bail. Les odeurs de sueur parvenaient à mes narines aussi vite que ma main eut rejoint le robinet de la douche, m'offrant le spectacle rebutant des filandreuses mèches rousses sous les aisselles, me suivant sans relâche.

Qu'est-ce que je foutais ici? me questionnai-je. Qu'est-ce que j'allais foirer cette fois-ci? C'est dépourvu de tout apparat que je m'introduisis dans la douche, le jet d'eau brûlant s'écrasant sur mes épaules, l'eau dévalant mon torse, mes hanches, mes cuisses, s'écoulant en gouttes de mes genoux pour finir sur le sol, s'étalant sur la surface de la douche au sol sombre.

J'ai eu de multiples possibilités de débuter mon année scolaire dans ce coin paumé de campagne. Afficher dès le départ ma hargne et mes convictions m'aurait semblé trop prématuré. Chercher des semblables, ou rencontrer des étrangers à mes habitudes aurait pu être un choix. Seulement je n'avais rien préparé. Et j'étais venu comme j'étais, finalement. Un bon vieux looser, comme on aimait me décrire. Sauf que je ne savais toujours pas qui je pouvais bien être, et si je faisais partie d'une de ces cases qu'on construit dans l'espoir d'y voir son nom, d'y voir une reconnaissance d'exister. À l'époque, cela semblait normal. Cela semblait être à des kilomètres des appartenances matures qui visent à ne nous attribuer aucune appartenance si ce n'est celle de l'humanité. Et je ne voulais que me croire conscient de la réalité lorsque je jetai le carnet dans les tréfonds de mes affaires, empilées dans les cartons encore bourrés de scotch double face.

La même encre, la même arrogance.

J'ai lu des tas de trucs sur la dépression adolescente, des dépêches et autres articles bidons sur les forums 12-17 ans, et je peux affirmer que tous les films et toutes les déclarations dépressives sont sérieusement barbantes. Je n'ai jamais cru au suicide prématuré, ou aux écarts dangereux, aux plongeons dans le désespoir profond à se leurrer sur son existence et ses persécutions. Si j'étais dépressif, l'image que je voulais renvoyer par rapport à une quelconque dépression faisait de moi la chose, ma figure sale était l'image, et j'étais le perfide. Je trouvais ça stylé, c'est tout. Puis je partais du principe que, de toute façon, ceux qui se suicidaient n'étaient pas assez intelligents pour se dire qu'ils se plantaient une balle dans le pied et réduisaient au néant non seulement leur existence en y mettant un terme, mais également celle de leurs proches, pour toute leur durée de vie. Que rien de tout ceci n'avait d'importance. Qu'on finissait tous par mourir, et qu'il valait mieux en profiter, sur-jouer, et changer les faces. Indéfiniment. Jusqu'à ce qu'on trouve la bonne.

Et si l'on n'en trouvait aucune, il fallait transmettre. Tout ceci était d'une banalité familière à mes yeux. Enchaîner les questionnements et les éventualités sur une vie que l'on veut clôturer ; je n'y trouvais aucun sens. La vie ne peut être basée sur une probabilité certaine. À la base, on est ce qu'on est, rien d'autre que ce qu'elle nous a donné. Point barre. Rien à comprendre, et surtout rien à expliquer.

Alors je les faisais baver. Je voulais leur montrer. Leur montrer qu'il y a autre chose à craindre que des abrutis en bombers et gueule d'ange qui les tabassent dans la rue. Alors j'ai pris cette face. Celle du salopard. J'ai sur-joué aussi. Et dédramatisé.

Voilà ce qu'est cette bonne vieille adolescence. Un drame en trois actes.

Et si tu lis ces lignes, c'est que tu es fin prêt à passer au premier volume de cette sanglante aventure qu'est celle de ma misérable existence en temps que   face de petit torturé.

Est-ce que j'allais vraiment "gratter"? Est-ce que, seulement, ça en valait la peine?
Et puis au fond j'étais du même avis. Je finirais par oublier la phrase, ce vieux carnet aux mots rouillés. Je finirais par m'en foutre royalement de tout ça.

Il y avait seulement une chose qui m'avait marqué ce jour-là. Quelque chose pinçait dans mon cerveau si fort qu'il faisait baver mon coeur. Alors en sortant de la douche, en me regardant dans le miroir haut de la minuscule salle de bain aux lumières rouges d'amour, je me disais que je vivais déjà un enfer ici. La pluie me manquait.

"Harold?" cria une voix de la pièce adjacente à ma chambre "Le dîner est prêt, si tu veux venir..."

"J'arrive" acquiesçai-je, éclaboussant la glace froide de l'eau contenue dans mes mèches devenues foncées, fixant l'image brillante de mes yeux, dégoulinants d'un surplus de liquide bouillant.

Et par-dessus tout, la capitale me manquait.

Continue Reading

You'll Also Like

37.8K 117 9
Je me prénomme keren et je suis hypersexualisée jusqu'où mes fantasmes sexuels vont t'ils me mener ? Venez le découvrir avec moi *10 chapitres suffi...
152K 3.7K 133
Selem Aleykoum tous le monde j'espère que vous allez bien El Hamdoulilah donc dans cette chronique je vais vous raconter l'histoire de Hanaa moi qui...
142K 3.5K 51
Je m'étais promis, promis de ne jamais tomber sous son charme, je m'étais tout simplement promis de ne jamais faire partie de toutes ces adolescentes...
199K 7.7K 57
J'étais excité à l'idée que j'allais enfin passée mes vacances d'été chez ma sœur, elle m'avait beaucoup manquer mais, ce dont j'ignore c'est que ces...