Syrose

By ghiblig

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Alors qu'Harold croyait passer une année à l'établissement Blurdston en toute tranquillité, il tombe bien mal... More

Avant propos
• PROLOGUE •
[1] HÉLÉNA EST UNE BELLE SALOPE (part1)
HÉLÉNA EST UNE BELLE SALOPE (part2)
[2] PHIL SANDERS CHIALE COMME UNE GAMINE
[3] EDWIGE EST UNE LÈCHE-CUL
[4] ACHIL EST UN PÉDÉ LÂCHE
[6] TU SERAS UNE FEMME MA FILLE
[7] JEUNESSE SE PASSE
[8] PHIL EST UN CAPITAINE SANGUINAIRE
DRAWINGS
[9] HÉLÉNA ÉTAIT UNE BELLE SALOPE
[10] JONATHAN EST UNE COUILLE MOLLE

[5] MR. CUSTLER VA AUX BORDELS

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By ghiblig

<DAUGHTER ~ Youth (média ) ? >
<RED HOT CHILI PEPPERS ~ Under the bridge ? >

heyy!
je suis TOUJOURS en retard olala.
BON : je réorganise mes chapitres (qui restent quand même indécemment longs ew) c'est donc les deux mêmes pdv que je vous propose dans les deux parties suivantes ;)

bonne lecture, je vous aimes ET BONNE FIN DE VACANCES

LUNDI 16 SEPTEMBRE

Une semaine. MAASTONE traînait derrière elle un parfum de printemps fané. Lundi et le cauchemar débutait sa lente et perfide ascension dans l'enceinte des couloirs animés de cette même détermination de début d'année. La jeune fille aux yeux douloureusement bridés convoitait leur ébats chaleureux, en silence pourtant, elle haïssait leurs rires aux revers faux et insidieux. Mais alors que le vide s'accaparait de ses yeux, son esprit, lui, portait les rouages incessants des souvenirs. L'été avait été particulièrement long et au beau milieu de l'habituel rythme de reprise, Maastone se sentait terriblement seule et exposée.

Elle n'avait ce mardi que cinq heures de cours, lui procurant un ennui mêlé de lassitude. Cinq petites heures et la vive envie de partir par la porte arrière lui échappa lorsque sorti d'une ombre derrière elle, Andrëw l'interpella d'une voix joyeuse et matinale :

"Hé Maa', je te cherchais!"

Les pourtours du front haut de la réceptionniste des paroles du jeune homme se plissèrent en une invitation muette.

"Salut Andrëw..." consentit-elle à soupirer avant d'esquisser un faible sourire.

Derrière la silhouette de son ami, la jeune fille eut le loisir d'apercevoir le feu rougeoyant d'une chevelure, dont la lumière par couches blanches dévoilait les courbes. Un garçon d'une quinzaine d'années semblait-il, peut-être un peu plus. Sur sa figure les chuchotements agacés de ses nerfs faisaient ressortir son regard fumeux et imprégné d'intérêt pour les inexpressives pupilles de la jeune fille en face de lui.

"J'te présente Harold. Il est en première 5. Harold, Maastone." décrivit Andrëw, heureux sourire à vomir sur les lèvres, jubilant de bonheur quant aux deux nouveaux compagnons, tandis que le rouquin tentait vainement de passer le vent sur son malaise évident.

Élancé maladroitement, le garçon paraissait petit et bien portant quoiqu'un peu maigre, le blanc des plages de Syros s'étalant sur sa peau comme les tâches de Maastone. Elle en esquissa un faible sourire. Sur les lèvres rosées du garçon dérivait la lumière d'emblée révélatrice ; il souriait également.

"Salut" osa-t-elle prononcer à travers ses mèches claires d'un éclat prenant.

Dans le ramassis de conneries que s'était vu prononcer Andrëw, cette dernière phrase en marquait l'apothéose :

"Notre très chère blonde platine... Enfin plutôt gris en fait..." fit-il remarquer en approchant ses orbes bleues des mèches fraîchement colorées qu'Harold jaugeait avec recul. "L'été des renouveaux aha! D'ailleurs t'as vu que c'est un nouveau." surenchérit-il presque comme une affirmation que comme une question.

Bassesse d'esprit et sourire grossier, voilà le goujat dans sa splendeur jusqu'alors dissimulée au grand public. Mais quel public. Le garçon aux cheveux de feu haussa un sourcil simplet, et Maastone se désola face à tant de balourdise.

"Ouais, j'ai vu, merci And'." déclara-t-elle les yeux décrivant des cercles au plafond blanc et illuminé de lumières toutes aussi livides.

Le brun sembla marquer un temps d'arrêt et Maastone posa son regard sur son ami. Du plus loin qu'elle se souvienne, cinq ans remplissaient les caisses de souvenirs. Il était, avec tout le naturel, un genre de compagnon dont elle ne pouvait se passer. Une typique amitié maquillée de piercings et de colorations foireuses. De longs silences et de lourds secrets. Et le fait était là ; une banale amitié impliquant les recoins de chacun d'eux-mêmes. Là ou le garçon mutin aux yeux bleutés n'était le résidus d'aucun mystère pour la jeune fille, Maastone savait pertinemment qu'il en était de même pour elle. Il savait tout et bien plus qu'elle ne pouvait elle-même espérer savoir. Mais il est des choses qu'elle aurait souhaité taire et oublier, simplement pour avoir le contentement de se dire "Je n'ai rien fait, là, ne me regarde pas avec ces yeux, ne décèle rien, il n'y a rien à voir." et vivre d'une liberté pure et sans regrets. Seulement la chose était là, elle avait vécue, elle demeurait encore et flottait dans l'air ambiant comme un voile de fumée. Happée par le temps et crispée par la fluidité des mouvements de bouches et des mots qui s'envolent dans l'insensibilité infantile des autres, elle fixait encore les contours de sa fracassante entrée en redorant les vieilles images du vieux caméscope. Inexorablement. Jusqu'à faire partie entière de l'espace de vie. Jusqu'à s'être imprégnée des habitudes et s'être incrustée dans les mouvements, ne laissant entre-voir que les remous de vapeur encore chaude émaner d'une courbure de reins ou de la faille d'un sourire.

Docile et malhabile, Harold avança sa joue vers celle de sa nouvelle connaissance et, prudes, elles s'accolèrent dans un claquement de peau.

"Bien. Bienvenue à Blurdston, AKA le repaire des blaireaux de service." déclara dans un sourire celle dont les cheveux dans cette lumière oscillante venaient chatouiller les pupilles du roux dans un doux cisaillement bleu pâle, teintant vers le blanc d'écaille.

"Merci alors..."

Visiblement mal à l'aise face à tant d'attention tout sauf mielleuse, sa main rouge de taches légères, noire de terre aux contours de ses ongles longs profila sa rapide escalade à travers ses mèches gagnant l'entre de son cou d'ivoire.

Maastone, absente à sa réplique se tourna par la suite vers Andrëw, visiblement amusé par les paroles de son amie. "Je vais en 201, on se revoit à 12h? Ciao."

Les paroles atteignirent les quatre oreilles, et alors qu'Andrëw dans une accolade parfumée fuyait vers le cours d'Histoire lâchant un "Je viens te chercher! Avec Harold!", ce dernier se retrouvait voué à sa propre peine de nouveau lycéen. Quel spectacle.

"T'es pas dans la même classe qu'Andrëw?"

Sous le clairon de 9h10, Maastone avait tout sauf besoin de lui dans les pattes. Mais manifestement il semblait insister pour ces quelques minutes supplémentaires. Non pas que le cours qui allait suivre la passionnait, d'ailleurs l'idée d'évader à quelques minutes de langue barbante lui plaisait, mais les répercutions allaient fragiliser son petit confort personnel jusque là relativement préservé en ce début d'année.

"Non, sinon je l'aurais suivi. Il est en première 3, et je suis en 1."

La jeune Taïwanaise semblait s'éloigner lorsque la course effrénée du garçon pour la suivre eut porté ses fruits.

"Attend! J'suis au même étage que toi!"

Sceptique, Maastone regarda fixement le garçon comme transit de fatigue en haut de l'escalier menant au second étage du bâtiment des sciences.

"T'as quoi?" quémenda alors celle qui d'une marche surplombait son indomptable fortune rouge.

"Euh... Allemand je crois..."

"Si c'est le cas, t'es pas dans le bon bâtiment, mec. Tu sais pas?" l'interrompit Maastone alors que la foule se mouvait avec empressement dans les classes.

Juste cinq bonnes minutes de battement et déjà deux gâchées par un indécis. Il sembla hésiter, puis son regard fondit dans le couloir coloré de ce début de septembre. Sur les murs, les noms s'étalaient comme les figures flanquées d'éclairs bienheureux. Oppressée soudain, Maastone avait besoin d'air. Beaucoup d'air.

"Non." finit-il par conclure.

Il sembla prendre un temps conséquent pour enchaîner, ce à quoi la jeune fille adjura dans un mouvement de poignet orné de bracelets tissés de fines couleurs pourpres et bleues.

"Il y a un abruti en porte-jarretelles rouges qui est dans ta classe."

Déviant la tête, le rouquin chercha du regard le mystérieux polichinelle alors désigné. Lorsqu'enfin son rire de pervenche tinta deux marches au dessous, Harold décocha un aimable sourire avant d'entreprendre de suivre le garçon aux élans efféminées à travers la foule compacte désormais dissipée dans les classes.

**

Seule, à présent, Maastone tenaillait les lanières de son sac de cuir lorsqu'elle dû toquer à la porte de la classe 307. Avant-goût de bonbon à la menthe, les rires et les regards muets piquaient comme l'ardeur de la plante. Elle ressentait les fines particules voûtées de son coeur en suspend, lorsqu'à son premier pas dans la classe, la voix mûre de Mr. Custler s'éleva parmi les rangs.

"Madame Tchewerra! Dépêchez, dépêchez!"

Elle s'infiltra alors à travers les corps en pleine croissance hormonale pour atteindre une place libre entre deux garçons aux carrures flottantes. Ce n'est que lorsqu'elle sortit à contre-coeur ses affaires de mathématiques que l'un de ses voisins lui adressa impunément la parole.

"Sympa tes cheveux. T'es Maastone, c'est ça? J'suis Théo!"

Sa voix grisonnante eut le don de cristalliser des pensées jusqu'alors concentrées ailleurs que sur le cours d'algèbre. Elle dévisagea alors le jeune homme, sa tête incroyablement proche de la sienne. Presque trop.

Etablissant une distance correcte, elle tente de contracter ses souvenirs pour en sortir celui de cette tête ronde. Sourire Colgate, bel apparat musculaire, nez en trompette et lunettes rondes à la Lennon. Pour sûr, sa voix nasillarde lui disait quelque chose.

Maastone n'était pas exempte des maléfices de la mémoire sélective, sévissant sans relâche dans son quotidien brûlant. Et peut-être, alors, elle avait sauté des étapes et oublié ce garçon. Grand mal lui en fasse aujourd'hui n'allait pas inaugurer sa sociabilité ni son audace. C'est ainsi qu'interrompant le travail magnanime de ses cellules grises, elle lâcha en un souffle :

"Honnêtement, je sais absolument pas qui t'es."

Néanmoins, son regard ne se détourna pas, guettant la réponse du jeune brun frisé. Là où Andrëw semblait rentrer de son service militaire, la chevelure du prénommé Théo se voulait sauvage et indomptable. À l'image de ses dents, légèrement décalées, portant les singulières marques d'un passé de prison de fer. Sourire qui ne l'accolait plus. Désarmé, il devenait désarmant.

Si la jeune fille trouvait les charmes masculins aux angles de chaque énergumène, et si le passé avait été lieu de connaissance, elle se serait souvenue de ces pommettes et de ces sourcils de jais.

"Théo, Théo Defret, du stage de la médiathèque, en Juillet..." compléta-t-il, ayant pour conséquence de dégager je souffle d'entre les lèvres de la jeune Taïwanaise.

"Oh, Théo! Ouais, je voix vaguement qui t'es! T'as renversé la pile de bouquins sur Tchékov et t'as pété tes lunettes à 800 boules le premier jour, c'est ça?"

Planté et muet, le garçon restait sous vide face à la grimace amusée de sa voisine.

"Eh, oh! Madame Tchewerra et Monsieur Defret, j'aimerais faire cours en silence, s'il-vous-plait, alors cessez ces bavardages! Merci."

Quel abruti ce Custler. Costume large et cravate verte. Un petit pantin au milieu d'un théâtre grotesque. Souvent, alors, pour pallier à ce manque de croquant que Maastone imaginait vivre Custler, elle le faisait prendre des airs pédants, des caractères fous à lier. Elle avait même rêvé qu'il eusse été possible qu'il passe ses vendredis soirs aux bordels que l'on peut côtoyer dans les pays Scandinaves. Un peu de clarté dans ce quotidien lassant, ça lui aurait fait du bien, après tout.

"Cool de se faire saquer comme ça" feint alors de plaisanter Théo en réajustant ses lunettes rayées et faiblement miroitantes.

"C'est pas que tu me saoules, mais j'aimerais suivre le cours." claqua soudainement Maastone en tournant son 4 couleurs positionné sur le rouge coulant sur sa feuille, suivant la courbe de cette écriture sanguinaire.

Théo fut de nouveau prit de cours et se tut, non sans murmurer dans une grimace "T'es spé toi.", ce à quoi Maastone ne répondit pas, replongeant dans l'imaginaire rêvé de François Custler.

**

Midi avait clairement sonné depuis belle lurette et la Taïwanaise se demandait ce que fichait le brun. Attendre était le pire des supplices, surtout lorsque sa raison assujettissait ses désirs ; elle resterait, donc. En chien de faïence, tandis que tous les corps et toutes les voix lui passaient dessus. Les portes coulissantes de l'escalier de secours étaient condamnées à l'angle ouest, arrachant un grognement discret de la jeune fille en apnée dans une atmosphère irrespirable. Elle n'avait pourtant qu'à sortir son épingle à cheveux, laisser dévaler la cascade de ses cheveux à la brillance aguicheuse, puis courir jusqu'à la serrure et la crocheter en faisant sauter les ressorts. Elle pousserait ensuite la lourde porte de bois cendré et se faufilerait habillement entre les couloirs Nord, jusqu'à la porte de service, adjacente à l'entre du personnel de nettoyage, et, constatant sa solitude, s'imbiberait de lumière en poussant ce dernier barrage. Elle s'était déjà imaginé ce schéma une bonne centaine de fois. Elle avait tracé le plan destiné à évader aux supplications mielleuses de son ami. Encore fallait-il qu'elle en ait l'audace. Et marcher sur les traces de son crayon s'avérait très difficile.

"Eh! Désolé pour le retard, ce sadique nous a retenu... Alors la SVT avec Custler? Au fait ça te tente de manger avec Harold, et moi bien sûr, ce midi?"

Andrëw avait subrepticement fait son apparition. Contractant alors l'envie ineffable de fuir et de s'enfermer dans une pièce en un sourire convaincant, Maastone laissa sa silhouette se faire happer en dehors des projecteurs du couloir.

"Toujours aussi lourd, j'ai parlé à un type que j'avais connu à un stage en Juillet... Théo Defret j'crois." lâcha Maastone dans un haussement d'épaule indifférent. "Tu continues ton petit trafic clandestin?" inclina-t-elle lorsque les tranches de copies dépassèrent largement du sac noir de son ami dans l'encadrement de la porte du rez de chaussée.

Stoppant légèrement sa course, il sourit en signe d'approbation.

"Viens, je dois te parler."

Andrëw l'entraîna bientôt plus loin que les colimaçons de l'établissement des sciences. Tirant sur sa manche rappée, il la fit avancer sans traitement de faveur à travers le couloir pour finir sous les panneaux lumineux "Défense d'entrer" malgré une obscurité quasi-totale. Là, leurs yeux s'accrochèrent dans un réflexe nerveux, et Andrëw habilla le silence de quelques minutes déjà par des murmures, n'aiguisant pas les soupçons du personnel derrière la porte.

"Harold... il a..." sembla-t-il hésiter, cherchant les mots justes sous le regard souligné de la jeune fille.

De si près, leurs parfums se mélangeaient dans un flacon d'extase exotique, filtrant les pensées de l'un, attisant les sens de l'autre. Aux aguets, comme prêts à apprendre la dernière catastrophe, ils se pendaient aux mots qui ne tarderaient pas à faire éclater la bulle.

"Tu te souviens des tags de début d'année?" Maastone opina de la tête, incapable d'émettre un son. "Je crois que... Je crois qu'Héléna a été visée par Marcus..."

Comme d'un éclat de pied sur le carrelage où jonchent les vestiges d'une douche, la bulle de savon avait éclaté, et, sans attendre d'assimiler plus qu'"Héléna" et "Marcus", Maastone décontracta son visage d'ordinaire tendu, par prévention de tels événements. Ses nerfs, seulement, avaient relâché la pression sans effort pour contrer ce désarmement. Elle observait Andrëw sans vraiment le voir, de façon à conserver un semblant de contact visuel. Et puis la lente purgation de ce qui avait rejaillit sans contrôle et sans réel ordre d'apparition, d'appartenance et de raison fit son lent effet, et son front se raidit.

"D'où tu tiens ça? Sérieusement, Andrëw, Marcus? Tu...T'es au courant qu'il n'est plus au lycée, ni même en France?!"

Andrëw stoppa ses cris en posant sa mains huileuse et tremblante sur la mâchoire de son amie.

"Oui, je sais, je sais mais... il y a un carnet. Avec son nom dessus, il y parle du lycée, et c'est tellement étrange, je-"

"C'est quoi ce bordel?! Il vient d'où ce carnet?"

S'il y avait bien des situations dont Maastone avait horreur, c'étaient les imprévues. Les boules de tonnerre contre la vitre tranquille de son quotidien morne et vaguement satisfaisant par sa simplicité déconcertante. L'éclat d'une faiblesse obscurcie de toutes parts par la sainte et éternelle image de la désillusionnée. Impassible auteure de sa propre vie, elle haïssait subir les péripéties d'une histoire dont elle ne devenait plus que figurante.

Parce que sa vie était une rétrospective des cours de Mr. Custler ; ennuyante et prévisible.

"Chut, calme toi putain! Il y a les pions qui rodent."

"Je m'en contre fous des surveillants, dis-moi de quoi tu parles!"

En déclin, la beauté d'Andrëw avait ce masque rugueux des jours impairs. Les longs demi-cercles noirs sous ses amendes pulpeuses, les vifs tremblements de ses mains sur la carrure de Maastone marquaient la lente agonie de l'Adonis charmeur. Mais tous deux à cet instant subissaient les rixes de l'affliction.

"J'ai trouvé le carnet dans les chiottes après qu'Achil et sa bande l'ait jeté dans la cuvette. Il y a le nom de Marcus en couverture, avec une phrase bizarre, quelque chose comme... je sais pas ça parle du lycée aussi..."

"Pèse tes mots Mackoll... Il est où?" répliqua Maastone dans les vappes d'un empressement tactile.

Après un temps d'arrêt, Andrëw sembla prendre connaissance de l'information.

"Avec Harold."

"Avec Harold?! Non mais sérieusement?"

"Puisque je te le dis." accentua Andrëw visiblement mal à l'aise face aux tons vociférents de son amie.

"Et j'ai raté beaucoup d'autres trucs par rapport à ça?"

"Détend-toi..." tenta Andrëw, sans succès.

"Me détendre? Genre, sérieusement? Je devrais me détendre, là, alors qu'on parle d'un carnet qui porte le nom de Marcus, du lycée?"

"Oh, s'il-te-plaît! Arrête avec ça! T'as bousillé ta fin d'année à cause de lui, tu vas pas recommencer! C'est à toi d'arrêter. Je sais pas pourquoi tu t'obstines à t'accrocher à une histoire sans signification."

"And'" intervint Maastone aux abords d'une rage qu'elle ne lui connaissait pas.

"Il a couché avec des tas de filles, ok? Pourquoi tu devrais te sentir plus importante?"

Non sans une certaine envie de claquer sa main sur la joue de son ami, Maastone se tut, refermant la gueule à la langue pendue et clôturant ses nerfs.

Pendu à ses lèvres, Andrëw avait fait claquer les vagues en marée haute sur les rochers des orbes de son amie. Plage jonchée de coquillages en ce début de Septembre, les deux états semblaient s'apprivoiser pour la première fois en deux mois de remous vacanciers. Prude, l'eau n'aiguisait pas la fureur des pics de pierre, mais la rencontre était inévitable. Et la conclusion en était de même ; comme lorsque l'on s'assoit sur un rocher et que l'on repart : elle n'avait été qu'un obstacle en plus sur le chemin du vent, qu'une fille parmi tant d'autres gens.

"Pourquoi tu m'en parles alors puisque ça n'a prétendument aucun rapport avec moi?" demanda-t-elle, doucement, suppliante.

"Parce que tu es mon amie. Et que ça me paraissait bien trop gros pour être jeté à la poubelle."

Et lorsque Maastone regardait ses mains tremblantes sur ses épaules et son ton de prière, elle se disait "Toi aussi, mon pauvre, tu es atteins.".

"Et tu as donc jugé bon de le laisser dans les mains d'un inconnu?"

"Je lui ai demandé de le garder, je lui ai dis que ça pourrait servir. Il m'a répondu qu'il l'aurait sûrement gardé de toute façon."

"Il a déjà dû lire..." murmura Maastone, ostensiblement.

"Peut-être. Allons le voir." consentit celui qui la surplombait de quelques centimètres.

En deux mois, Andrëw avait beaucoup changé et il était triste pour Maastone de réaliser combien cela lui avait autant échappé à elle qu'à lui. Grand et beau, si And' n'avait pas le coeur planté d'une croix, il aurait des chances multiples auprès de nombreuses filles convenables et guillerettes. Mais il avait piqué sur une figure de bronze, aussi éclatante que muette. Sans vie et sans attache. Plongée dans le givre d'un charme qui enveloppait les sens et tiraillait les âmes candides.

"On va faire quoi de ce carnet?"

Pâlie, Maastone dévoilait une faiblesse grandissante et moite.

"On le lit, d'abord. On se renseigne. On avisera après. Qui sait si ça ne nous concerne pas?"

Dans un sourire qui fit taire la dose poignante de questions, les deux amis rejoignirent la cafétéria à pas feutrés, paume contre paume, battement après battement.

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