Voici la version corrigée !
Bonne lecture !
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Prologue ❤
J'ai horreur de ce souvenir. Le souvenir de cette nuit-là... celle qui a changé ma vie. Il y avait cette fumée étouffante partout dans la maison et cette odeur de brûlé ignoble. Chaque respiration était un supplice, car la chaleur me brûlait la gorge et m'empêchait de respirer. Quand j'ai ouvert les paupières, il était déjà trop tard: la maison était en flammes. Quelques-unes léchaient les murs alors que d'autres avaient commencé à brûler le canapé où je me trouvais. Je m'étais levée en panique et désorientée, encore sous l'effet de l'alcool. D'abord, je me suis mise à crier et à chercher Marvin, l'ami avec lequel j'avais passé la soirée. La dernière fois que je l'avais vu, il était trop intoxiqué par la boisson, du coup il était allé s'étendre sur son lit dans sa chambre. Par contre, à mon réveil, il n'était plus dans la maison. J'ai alors commencé à chercher une porte de sortie. Celle de l'entrée était condamnée par les flammes qui menaçaient de me tuer. Je me souviens encore du plafond qui noircissait à vue d'œil et qui prenait une allure sombre comme les ténèbres. Lui aussi, il menaçait de céder à tout moment. À peine étais-je en train de me diriger vers une fenêtre pour m'échapper, qu'un bout du plafond en plâtre m'est tombé sur la tête. À partir de ce moment, je n'ai plus aucun souvenir de cette nuit-là. Je sais seulement une chose : que j'ai survécu...
Je me suis réveillée aux soins intensifs un peu moins de deux jours plus tard avec mon avant-bras gauche et ma main entièrement brûlés au troisième degré. Ils étaient dans une sorte de bandage que l'infirmière venait continuellement changer pour me prodiguer des soins. Je n'ai cessé de pleurer à l'hôpital, et pas seulement pour la douleur et l'état de ma peau, mais aussi parce que ce qui était arrivé était entièrement de ma faute.
Cette nuit-là, si je n'avais pas autant bu avec Marvin, je m'en serais sortie indemne et je n'aurais pas anéanti sa maison. Sa mère et lui doivent vivre dans un motel désormais, faute de moyens et parce qu'elle n'avait pas assuré cette vieille demeure.
Quand je dis que tout ceci est ma faute, c'est parce que Marvin m'a proposé de l'alcool – moi qui ne bois jamais – et il a allumé un joint qu'il m'a passé à plusieurs reprises. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle j'ai consommé de l'herbe. Moi qui ne sors pas plus tard que 21 heures, qui ne fais jamais de vagues et ne consomme jamais rien. Mais ce soir-là, tout a dégénéré. Je m'amusais bien, je ne calculais plus toutes les règles que j'avais enfreintes, comme ne pas rentrer pour la nuit.
J'ai commis une erreur dont je vais me souvenir à vie. Une fois que Marvin était dans sa chambre, moi dans le séjour, j'avais encore ce fichu joint dans la main. Seulement, je ne me souviens plus de ce que j'ai fait avec juste avant de m'endormir à mon tour. L'ai-je déposé sur la table sans m'en rendre compte ? Est-il tombé sur la moquette et tout a pris feu ? Je n'en sais rien...
Le plus hallucinant dans tout ça, c'est que Marvin a pris le blâme pour l'incendie avec son joint. Il reste aussi mon héros en soi, car c'est lui qui m'a sortie de la maison quand j'étais inconsciente.
Sa mère, assurément, ne veut plus nous voir ensemble, de même que mes parents, vu qu'ils croient que Marvin a mis le feu chez lui et qu'il n'est pas un garçon fréquentable. Ce jour est devenu le pire de toute ma vie, car tout a changé. Il y a les marques que je porte encore : physiques et émotionnelles. Même si cela s'est produit il y a un an, mon bras est toujours dans un sale état et caché sous un bandage. J'ai eu quelques opérations qui ont amélioré l'apparence de ma peau, sauf que je sais que peu importe ce que je ferai, mes cicatrices me rappelleront que j'ai déconné cette nuit-là.
La relation avec mes parents n'est plus la même. Ils sont devenus distants. Certes, je les ai déçus. Je ne les blâmerai pas. Leur petite fille modèle s'est saoulée, droguée, et a fini brûlée aux soins intensifs...
Sur le campus, les gens ont commencé à me traiter de pyromane quand je suis revenue en septembre, à la rentrée. J'avais pris tout l'été pour me remettre sur pied et être prête à retourner en cours. Néanmoins, ça n'a pas été une partie de plaisir depuis mon retour. Dans les vestiaires, je tente toujours de cacher mon bras et ma main, mais quelques personnes ont pu voir mes marques et rigolent en disant que j'ai la peau de Freddy, dans « Les griffes de la nuit ».
Mais le plus dur reste Evan Kurt... Mon premier amour et probablement le seul de ma vie. Je ne comprends pas... Depuis cet évènement, il ne me regarde plus. Ou du moins, quand il le fait, c'est pour me dévisager avec mépris et une marée de haine dangereuse. Il me fait presque peur.
Evan a toujours été proche de moi, il était même mon âme sœur. Et je suis loin d'exagérer. Il est arrivé dans ma famille quand il avait onze ans. Comme j'étais fille unique, j'étais très fière d'avoir un frère aîné. Il avait passé un an auprès des services sociaux à cause de ses parents biologiques qui en ont perdu la garde. Après des mois de tribunaux, ma mère a enfin pu le prendre sous son aile pour lui offrir une chance dans la vie. Il était donc devenu légalement mon demi-frère. J'ai passé beaucoup de temps avec lui. Maintenant, il a vingt-trois ans et moi vingt et le lien entre nous a été brutalement rompu. Et aussi étrange que cela puisse être, c'est depuis mon retour des soins intensifs qu'il agit comme si je n'existais plus.
Dans les dernières années, j'ai passé mes soirées à l'écouter jouer de la guitare, à parler de nos projets d'avenir. Je sais tout de lui, surtout que son rêve était de partir en tournée avec son groupe rock -ce qui est en train de se réaliser-. Je sais qu'il a un penchant pour les bonbons surette. Il adore Nirvana, les tatouages, les petites brunettes et le bourbon. Mon demi-frère fume trois ou quatre cigarettes par jour, beaucoup plus lorsqu'il compose de nouvelles chansons. Et je peux citer tous les textes de ses chansons et évoquer tous les cadeaux d'anniversaire qu'il m'a offerts. Quoique ce ne soit pas très difficile, il me donnait toujours les paroles d'une nouvelle chanson qu'il avait écrite pour moi.
Le matin de mon anniversaire, Evan Kurt laissait rouler un papier chiffonné en boule au pied de mon lit. Pas très romantique, hein... mais il a toujours été un peu timide d'offrir quelque chose de mignon à une fille, alors il était obligé de mettre sa touche abrutie et de chiffonner son cadeau. Il me faisait croire que l'écriture de sa chanson était un de ses nombreux brouillons sans importance. Mais c'est faux... La composition était travaillée avec soin. Chaque mot était perçant. Elle était toujours parfaite. Comme lui...
Quand je pense à la perfection, son corps me vient à l'esprit : grand, svelte, sa cigarette à la bouche et ses longs doigts qui passent leur temps à plonger dans sa chevelure blonde emmêlée. Il a une coupe de rockeur, une longueur qui tombe sur le côté de son visage alors que tout le reste est rasé autour de sa tête. Je ne parle même pas de ses lèvres ourlées, toujours légèrement entrouvertes avec ce sourire provocateur qui t'invite à avoir des ennuis. Il a ce tic, celui de toujours mordiller l'anneau au coin de sa lèvre inférieure en t'offrant un sourire charmeur. Son regard profond est l'atout chez lui qui me noue l'estomac à chaque fois que ce noir hypnotisant me toise. Oui, un blond aux yeux ébène, si foncés qu'ils font pâlir les ténèbres. Plutôt rare dans le coin. Evan dévore les femmes des yeux et je suis certaine qu'avec ce regard uniquement, il arrive sans peine à toutes les attirer dans son lit. Sinon pourquoi couchent-elles avec lui ? Son attitude apathique est assez repoussante. Peut-être à cause de sa popularité ?
Bref, j'avoue que le temps d'avant, celui où je représentais tout pour lui, me manque. Aujourd'hui, il fait tout pour me pourrir la vie et je ne sais même pas pourquoi. J'avais besoin de lui quand j'ai eu mes opérations et il n'était pas là... Il rentrait tard chaque soir et s'enfermait dans sa chambre, en face de la mienne, et je devais subir les gloussements et les soupirs des filles qu'il baisait. Une différente chaque fois.
Evan Kurt ne se gêne pas pour traîner son mépris pour moi jusqu'à l'université de Toronto, là où nous étudions tous les deux. Il invite et laisse ses potes de son groupe de rock se payer ma tête. Pas plus tard qu'hier, son ami Connor, un des guitaristes, m'a envoyé des insultes à la cafétéria. Ce Connor m'a déjà poussée à l'extérieur de ma propre maison alors qu'il faisait -14 degrés pour que le groupe puisse faire la fête entre mecs. Je dois spécifier qu'il est venu me chercher dans ma chambre alors que j'étais en culotte et en soutien-gorge sur le point de me coucher. Bien sûr... Evan Kurt, mon satané demi-frère, a regardé la scène restant indifférent et n'a pas empêché son pote de me jeter dehors.
Malheureusement, mes parents n'étaient pas là. Et quand ils ne sont pas là, ils font confiance à leur fils aîné. Evan est siii responsable, Evan est siii prévenant, ils l'adorent tellement. Aux yeux de tous, le groupe tout entier est irréprochable, alors qu'ils sont en réalité abominables. Et ils ne se gênent pas pour faire de ma vie un enfer...