Mes yeux parcourent rapidement les lignes de renseignements sur la patiente avant que je ne tombe sur la phrase raturée par l'infirmier. Lorsque je lis ce qu'il a inscrit à côté, je cligne des yeux plusieurs fois, puis lâche la feuille qui glisse sous le lit. Je me laisse ainsi retomber sur la chaise, sous le choc. Ce n'est pas possible. Pas elle. Pas maintenant....
Il a suffi de deux petits mots raturés et d'un nouveau inscrit pour que je vois mon monde s'écrouler. Je ne pensais pas que la situation pouvait empirer, mais finalement, j'avais tort.
... sous anesthésie ... c'était toujours plus rassurant, plus "sous-contrôle", moins inquiétant. Mais ce n'est plus le cas ... elle est à présent dans le coma.
COMA
Ce mot résonne en moi. C'est comme un poison qui coulerait dans mes veines et qui, ayant atteint mon cœur, le réduirait en miettes sans une seconde de répit.
Je déambule, seul, perdu, l'esprit ailleurs et le corps fébrile, dans les rues sombres qui s'offrent à moi. J'aurais pu demander à quelqu'un de venir me chercher, mais je n'en avais pas envie. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Soudain, je sens une goutte d'eau tomber sur mon visage. Je lève alors la tête et découvre, sans grand étonnement, qu'il pleut. Mon visage ne tarde pas à ruisseler, tout comme mes vêtements gorgés d'eau.
Cela doit faire plus de deux heures que je marche sous cette pluie battante, quand j'arrive à la plage près de chez moi. L'endroit est désert. Je m'approche et viens m'asseoir sur le rebord du muret en pierre. Je contemple les gouttelettes de pluie s'abattre sur le sable fin, ainsi que les vagues qui viennent s'échouer non loin de là, dans un bruit sourd. C'est alors que mes larmes viennent s'ajouter à celles laissées par la pluie. Il semblerait que je ne sois pas le seul à pleurer...
******
Trois coups résonnent sur la porte de mon appartement, ce qui me sort brusquement de mon sommeil mouvementé. Je prends quelques instants pour réaliser ce qu'il se passe, puis j'ai comme l'impression de recevoir un coup de massue sur la tête. Je pousse un gémissement plaintif avant de tenter de m'asseoir sur le rebord de mon lit. Ouvrir les yeux sans recevoir des coups d'aiguilles dans les tempes relève du défi. Pour ce qui est de mon corps, il est tellement courbaturé que je me sens vidé de toutes mes forces.
Trois coups résonnent à nouveau, puis des voix s'élèvent sans que je ne réussisse à comprendre ce qu'elles me disent. Je me lève avec difficulté et manque de trébucher à plusieurs reprises, jusqu'à atteindre l'entrée. Je me surprends même à avoir du mal à clencher la poignée de la porte. Mais que m'arrive-t-il ?
" Taylor ? Ça ne va pas ? On a essayé de te joindre plusieurs fois mais on tombait toujours sur ta messagerie. "
Elena pousse la porte et entre dans l'appartement avec son assurance habituelle, suivie de près par son petit-ami.
" Mais qu'est-ce que tu fais dans le noir, on dirait le refuge d'un dépressif !
- Je dorm...
- Et puis ça sent vraiment mauvais. Il y a comme une odeur de.... d'alcool. Oui c'est ça ! Ça pue l'alcool à plein nez ! "
Tout en débitant son monologue, elle s'approche de la fenêtre et l'ouvre en grand, laissant rentrer la lumière ainsi que la fraîcheur du matin.
" Non mais c'est quoi toutes ces bouteilles vides par terre Taylor !!! hurle Elena hors d'elle."
Sa voix me semble si forte qu'elle me fait tourner la tête et me fait ainsi perdre l'équilibre. J'appuie mes mains sur mes oreilles et me recroqueville sur moi-même, ne pouvant plus tenir debout.
" Tu as vu dans quel état tu es ? reprend-elle avec une voix plus calme. Tu as tellement bu que tu tiens à peine debout. Que dirait Alysée si elle te voyait ainsi te foutre en l'air ? "
A l'entente de son prénom je fonds en larmes sans pouvoir me contrôler. Tous mes souvenirs me reviennent en mémoire et je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée de son état actuel.
Elena s'accroupit alors devant moi et me relève la tête en prenant mon menton entre ses doigts.
" J'ai appris pour son coma, tu sais. Moi aussi ça m'a beaucoup affecté, mais je ne me laisse pas abattre. Je me dis que si nous ne sommes même pas capables de rester en forme, comment veut-on qu'Alysée trouve la force de se battre. Alors promets-nous que même si c'est dur à en crever, tu continueras de te battre pour elle autant qu'il le faudra.
- Je vous le promets, leur assuré-je en reprenant mes esprits.
- Tu vas avaler un doliprane et tu viens avec moi. Je vais t'aider à te laver parce que franchement, en toute honnêteté, tu sens vraiment pas la rose mon pote, m'annonce Matt avec un sourire moqueur.
- Pendant ce temps, je vais nettoyer un peu ton appart, parce que là, ça ressemble plus à un champ de bataille qu'autre chose, rit la jeune femme à mes côtés. "
Je me lève enfin, me sers un grand verre d'eau et avale avec difficulté le cachet de paracétamol. Je me dirige ensuite vers la salle de bain, suivi par Matt. Puis c'est avec son aide que je me déshabille et rentre dans la baignoire. Lorsque l'eau chaude s'écoule sur mon corps, j'ai l'impression de revivre. Je ferme les yeux et profite du moment présent.
Une fois séché et habillé, je me lave les dents afin de me débarrasser une bonne fois pour toute de cette mauvaise odeur d'alcool. Le parfum de la menthe remonte jusque dans mon nez et achève de me faire me sentir mieux.
Lorsque je pénètre enfin dans mon salon, j'ai l'impression de le redécouvrir intégralement. Je peux dire qu'elle a fait un excellent travail !
" Je te remercie Elena, c'est vraiment super ce que tu as fait. Mais euh, on est quel jour ? demandé-je hésitant tout en passant ma main dans mes cheveux encore humides.
- On est lundi matin, bienvenu dans le monde réel mon cher ! me lance-t-elle avec humour tout en me faisant un clin d'œil. "
Lundi ! J'étais allé à l'hôpital mercredi il me semble ... Cela veut donc dire que j'ai passé quatre jours enfermé ici...
" Vous n'êtes pas en cours ?
- Pas encore. Pour tout te dire, on avait prévu le coup et on s'est levé tôt pour venir te chercher. Il est seulement huit heures et nos cours ne commencent qu'à dix heures aujourd'hui.
- Donc si je comprends bien, vous ne me laissez pas le choix de venir en cours...
- Exactement ! Et tu n'es pas au bout de tes peines, me répond-elle pleine d'enthousiasme.
- C'est-à-dire ? De quoi elle me parle Matt ? interrogé-je moitié amusé, moitié paniqué.
- Elle nous a prévu un footing matinal pour te remettre en forme. Fais pas cette tête Taylor, rit-il, c'est pour ton bien !
- Évidemment, réponds-je sans être convaincu. "
******
Je continue de courir, essoufflé, cherchant à toujours faire des foulées de plus en plus grandes. Mes yeux sont fermés et le vent soulève mes cheveux. Cette sensation de liberté m'a manqué.
C'est au bout de plus d'une demi-heure que nous nous arrêtons sur la plage, décrétant qu'il était temps de prendre le chemin du retour. Je stoppe ma course et parcours quelques mètres en marchant, afin de reprendre une respiration plus calme. Je me penche en avant et pose mes mains moites sur mes genoux.
" Matt, t'aurais pas pris de l'eau avec toi ?
- Tu veux de l'eau ?
- Oui je veux bien, ça m'a donné soif. "
Je ne l'avais pas vu s'approcher dangereusement de moi. Il parcourt les quelques mètres nous séparant en courant puis me prend au niveau des jambes et me fait basculer dans l'eau glacée de la mer. Je dois avouer que je ne m'y attendais vraiment pas !
Je reprends rapidement mes esprits et me relève, trempé jusqu'aux os.
" Petit con va ! lancé-je à mon ami qui se moque de moi "
C'est alors que je me rends compte que mes cheveux sont plaqués sur mon visage et que mes habits ruissellent. Soudain il me vient une idée et un sourire s'affiche sur mon visage dégoulinant. J'enlève mon tee-shirt sous leur regard étonné. Je le plie et me mets à le faire tourner comme une hélice, ce qui les arrose à leur tour.
" Arrête ça Taylor, c'est froid ! rit Elena. "
Elle se cache alors derrière son petit-ami qui lui sert actuellement de bouclier humain.
" T'es vraiment un gamin ! ajoute-t-elle
- C'est vrai, et je suis fier de l'être. Et puis on ne peut pas dire que me jeter dans l'eau gelée était un grand acte de maturité, rié-je à mon tour. "
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Alors que je pénètre dans l'établissement scolaire, accompagné de mes deux acolytes et de Maëlys qui vient de nous rejoindre, je vois au loin Ophélie et Lisa se ruer sur moi. Je tourne la tête vers Matt, dans un élan de désespoir. Ce dernier sourit et me lance une pomme.
" Réflexe ! Tu vas en avoir besoin, parce que rien que pour l'écouter, il va te falloir de l'énergie mec.
- Pitié sortez moi de là ...
- Salut beau gosse ! Je me suis inquiétée, on ne t'a plus vu pendant quelques jours. "
Tu parles qu'elle s'est inquiétée. Elle devait être bien trop occupée à choisir la tenue qu'elle allait mettre et à assortir son rouge à lèvres avec ses chaussures !
Je croque dans ma pomme tout en affichant un air exaspéré sur mon visage.
" Eh bien alors, ça ne va pas ? Pourtant tu devrais aller mieux maintenant que tu n'as plus cette petite chienne qui te tourne autour.
- Je te demande pardon ! m'étouffé-je.
- Chuut, on ne parle pas la bouche pleine mon chou. Ce n'est pas très classe, me dit-elle. "
J'avale ma bouchée rapidement avant d'enlever son doigt de mes lèvres.
" Déjà, je n'ai aucune envie d'être classe, ni l'envie quelconque de te plaire. De plus tes surnoms débiles, t'es gentille, mais tu les gardes pour tes toutous, ça leur fera sûrement plus plaisir qu'à moi.
- Mais ne t'énerve p..., me coupe-t-elle en voulant poser sa main sur moi.
- Et ne t'avise plus jamais de considérer Alysée comme une moins que rien ! lui répliqué-je tout en ayant attrapé fermement son poignet. "
Je vois son visage se décomposer puis elle affiche ensuite un sourire narquois avant de tourner les talons et de lancer :
" Je ne renoncerai pas si facilement. "
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Ophélie a beau être pleine de défauts, je peux affirmer haut et fort qu'elle tient toujours parole. En effet, elle n'a pas arrêté de me tourner autour durant les quatre derniers jours. Toujours plus collante et sensuelle. Bien évidemment, elle sait choisir les bons moments afin que nous ne soyons que tous les deux. J'ai trouvé le temps interminable et c'est avec joie que je l'ai repoussée pour rejoindre mes amis que j'avais aperçus au loin.
Aujourd'hui a été la journée la plus éprouvante de la semaine. Je n'avais pas envie de rentrer directement chez moi, alors j'ai décidé d'aller dans un bar, histoire de me changer un peu les idées. Lorsque je l'ai dit à mes amis, Matt m'a fait promettre que je ne boirais sous aucun prétexte une goutte d'alcool. Conscient qu'il avait raison, et qu'il était encore trop tôt pour risquer de me replonger dans l'alcool, j'ai immédiatement donné ma parole.
J'arrive enfin devant un petit café se trouvant à deux pas de la plage. Je pousse la lourde porte en verre, avant de pénétrer dans le salon où l'ambiance est festive. J'enlève mon manteau, que je pose sur un tabouret, avant de m'installer au bar. Je commande un café, puis, une fois servi, je le déguste tout en essayant de ne pas trop laisser aller mes pensées vers la femme qui hante mes rêves. Elle me manque beaucoup, et j'avais si peur de rechuter, que je n'ai pas trouvé le courage de retourner la voir dans sa chambre d'hôpital.
Une fois ma tasse finie, je la repousse un peu plus loin et jette un regard circulaire dans la salle. Alors que je m'apprête à commander un second café, j'entends comme une voix familière s'exclamer non loin de moi. Mon corps se raidit et je tourne doucement la tête dans sa direction. Quand j'aperçois les deux visages que je craignais tant de recroiser un jour, je descends discrètement de mon tabouret et enfile tout tremblant ma veste avant de me faufiler vers la sortie. Je croyais m'en être bien tiré, quand je me fais violemment plaquer contre le mur du bâtiment.
" Tu pensais vraiment t'en sortir comme ça petit merdeux ? "
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Coucouuuuu ! 😊
Est-ce que si j'arrête de mettre des images au début des chapitres ça vous dérange ?
Pour garder nos petites habitudes on va passer aux questions :
Alors Alysée dans le coma, vous aviez deviné ou c'est la surprise totale ? 😅
Elena qui prend les choses en main ça vous plaît ?
Ophélie qui drague ouvertement Taylor ?
Et pour finir, qui sont ces deux fameux visages familiers ?
Voilà c'est tout pour aujourd'hui et je vous dis à la semaine prochaine 😉
Bisous 😘