Chapitre 21

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Mes yeux parcourent rapidement  les lignes de renseignements sur la patiente avant que je ne tombe sur la phrase raturée par l'infirmier. Lorsque je lis ce qu'il a inscrit à côté, je cligne des yeux plusieurs fois, puis lâche la feuille qui glisse sous le lit. Je me laisse ainsi retomber sur la chaise, sous le choc. Ce n'est pas possible. Pas elle. Pas maintenant.... 

Il a suffi de deux petits mots raturés et d'un nouveau inscrit pour que je vois mon monde s'écrouler. Je ne pensais pas que la situation pouvait empirer, mais finalement, j'avais tort.

... sous anesthésie ... c'était toujours plus rassurant, plus "sous-contrôle", moins inquiétant. Mais ce n'est plus le cas ... elle est à présent dans le coma.

COMA

Ce mot résonne en moi. C'est comme un poison qui coulerait dans mes veines et qui, ayant atteint mon cœur, le réduirait en miettes sans une seconde de répit.

Je déambule, seul, perdu, l'esprit ailleurs et le corps fébrile, dans les rues sombres qui s'offrent à moi. J'aurais pu demander à quelqu'un de venir me chercher, mais je n'en avais pas envie. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Soudain, je sens une goutte d'eau tomber sur mon visage. Je lève alors la tête et découvre, sans grand étonnement, qu'il pleut. Mon visage ne tarde pas à ruisseler, tout comme mes vêtements gorgés d'eau.

Cela doit faire plus de deux heures que je marche sous cette pluie battante, quand j'arrive à la plage près de chez moi. L'endroit est désert. Je m'approche et viens m'asseoir sur le rebord du muret en pierre. Je contemple les gouttelettes de pluie s'abattre sur le sable fin, ainsi que les vagues qui viennent s'échouer non loin de là, dans un bruit sourd. C'est alors que mes larmes viennent s'ajouter à celles laissées par la pluie. Il semblerait que je ne sois pas le seul à pleurer...

******

Trois coups résonnent sur la porte de mon appartement, ce qui me sort brusquement de mon sommeil mouvementé. Je prends quelques instants pour réaliser ce qu'il se passe, puis j'ai comme l'impression de recevoir un coup de massue sur la tête. Je pousse un gémissement plaintif avant de tenter de m'asseoir sur le rebord de mon lit. Ouvrir les yeux sans recevoir des coups d'aiguilles dans les tempes relève du défi. Pour ce qui est de mon corps, il est tellement courbaturé que je me sens vidé de toutes mes forces.

Trois coups résonnent à nouveau, puis des voix s'élèvent sans que je ne réussisse à comprendre ce qu'elles me disent. Je me lève avec difficulté et manque de trébucher à plusieurs reprises, jusqu'à atteindre l'entrée. Je me surprends même à avoir du mal à clencher la poignée de la porte. Mais que m'arrive-t-il ?

" Taylor ? Ça ne va pas ? On a essayé de te joindre plusieurs fois mais on tombait toujours sur ta messagerie. "

Elena pousse la porte et entre dans l'appartement avec son assurance habituelle, suivie de près par son petit-ami.

" Mais qu'est-ce que tu fais dans le noir, on dirait le refuge d'un dépressif !

- Je dorm...

- Et puis ça sent vraiment mauvais. Il y a comme une odeur de.... d'alcool. Oui c'est ça ! Ça pue l'alcool à plein nez ! "

Tout en débitant son monologue, elle s'approche de la fenêtre et l'ouvre en grand, laissant rentrer la lumière ainsi que la fraîcheur du matin.

" Non mais c'est quoi toutes ces bouteilles vides par terre Taylor !!! hurle Elena hors d'elle."

Sa voix me semble si forte qu'elle me fait tourner la tête et me fait ainsi perdre l'équilibre. J'appuie mes mains sur mes oreilles et me recroqueville sur moi-même, ne pouvant plus tenir debout.

Souvenirs [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant