Cahier du Canada

By MatthieuAuclair

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Voici la grande aventure de 5 amis qui visitent l'ouest du Canada. More

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Présentation des Canailles Complices
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Jour 9

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By MatthieuAuclair

(J'écris ses lignes sous la tente, alors que la pluie fait rage dehors. Quelle journée !)

Ce matin nous nous sommes levés assez tôt. La boulangerie est une assez bonne motivation pour se lever me dis-je ! Avant de partir, nous allons prendre une douche. Gaspard et moi remarquons des douches, plus à gauche, nous y allons. A notre grande surprise, les douches sont ici exactement similaires aux autres, à cela près que le jet d'eau est bien plus puissant ! Alors que nous nous étions contentés d'un petit filet d'eau jusque-là, je ne boude pas mon plaisir d'avoir un puissant jet d'eau chaude. Cela me fait l'effet d'un massage et, s'il n'y avait pas eu la perspective d'un frugal petit déjeuner à la boulangerie, j'aurais pu rester là des heures.

Nous partons donc pour la « Bear's paw Bakery ». C'est un véritable paradis de gourmandises, nous voulons tout gouter ! Scones, muffins, carote cakes, cookies, cheese cakes.... Miam. Seul problème, l'établissement est victime de son succès... Il y a la queue jusqu'à l'entrée, et il sera impossible de s'assoir pour manger. Après quelques tergiversations, nous décidons d'acheter ici seulement un gouter pour plus tard. Nous prendrons le petit déjeuner ailleurs. Nous partons donc vers un autre lieu. Il s'agit d'un restaurant, spécialisé dans les petits déjeuners sur lequel Nicolas et moi lorgnons depuis un moment. En effet, nous avions vraiment envie de tester le petit déjeuner « à l'américaine », comme dans les films. Je me laisse séduire par une grande assiette, avec des tartines, des pommes de terre sautées et une omelette aux épinards. Je prends aussi un yaourt avec des fruits et des céréales à partager avec Anne Charlotte (« je veux juste gouter me dit elle ») et nous prenons par ailleurs des pancakes à partager tous ensemble. C'est très gras et sucré, mais c'est un vrai régal. Pour le café, c'est très amusant. Les serveuses passent avec une cafetière pleine, et propose de vous en resservir à volonté. Je reprends ainsi 3 fois du café ! Je me rends compte que les films américains ne sont pas si caricaturaux finalement. Je comprends aussi pourquoi les gens sont si gros en Amerique du Nord. Visiblement Anne Charlotte apprécie le yaourt, elle en mange au moins la moitié, cela m'amuse.

Nous nous promenons ensuite dans Jasper, afin d'acheter des cartes postales ainsi que quelques souvenirs. Il y a en vente dans une boutique du « vomi d'aigle » entouré par du papier d'aluminium. La notice explique : il faut ouvrir le papier d'aluminium pour découvrir ce qu'avait mangé l'aigle... hum... Pourquoi pas...

Cette petite ville entourée de montagne a décidément beaucoup de charme. Je prends quelques clichés. Je vois notamment la gare du train. Il faut voir la taille des trains là-bas ! Les locomotives trainent tellement de wagons qu'on ne voit pas le bout du train ! Je remarque aussi une magnifique caravane. J'en avais vu de ce style dans un livre d'architecte. Elle servait de chambre d'amis.

Nous partons ensuite en direction du lac Maligne, ou nous avions décidé de faire du canoë. Au loin le temps semble s'assombrir, mais rien de bien inquiétant. Je m'installe avec les filles tandis que Gaspard se met avec Nico. Assez rapidement nous décidons de faire une course mais les filles et moi perdons. Gaspard a vraiment fière allure avec son chapeau et sa rame, on dirait un vrai aventurier. La balade est sympa, malgré le temps maussade. Nous faisons une petite pause, allongés, bercés par l'eau du lac, c'est très agréable. Nous sommes néanmoins vite lassés. Nous rentrons donc, et allons boire un café sur une terrasse face au lac. Nous en profitons pour manger nos pâtisseries achetées le matin. C'est très bon, je suis surpris néanmoins des scones. J'ignorais qu'ils contenaient si peu de sucre, aussi ils ont un gout farineux. Non que ce ne soit pas bon, c'est juste surprenant par rapport aux attentes.

Nous partons enfin en direction de la Colombie Britannique. Sur le trajet, je lis le guide du routard, me renseignant sur l'histoire du Canada. Cette lecture me sort un peu de ma torpeur : j'avais jusque-là vécu le Canada comme un rêve, en voici quelques côtés sombres... Nous nous promenons depuis le début dans des parcs nationaux où l'écologie semble régner en maitresse. Seulement ces parcs représentent une partie infinitésimale du territoire. Partout ailleurs, la logique est bien différente : surexploitation des ressources naturelles, coupes à blanc de forêt et gaz de schiste. J'apprends que l'ancien premier ministre a décidé de retirer le Canada du protocole de Kyoto. C'est invraisemblable. Il y a également dans le livre un long passage sur les minorités (en réalité les habitants historiques d'Amérique du Nord). Il y a trois grands groupe d'autochtones : les amérindiens, les métis (moitié amérindien, moitié colon) et enfin les Inuits. Ces peuples aux cultures fascinantes ont été exterminés par les colons et leurs religieux prédicateurs. Ceux ayant survécus ont ensuite été décimés par les maladies d'Europe. J'ai pour ces peuples une forte pensée en cet instant. Je ressens une très forte émotion, que je dissimule à mes camarades de voyage.

Le voyage se poursuit, et, il faut bien se rendre à l'évidence, notre voiture fonce vers de sombres nuages. Quelques gouttes tombent peu à peu. Nous arrivons finalement au camping sous un torrent de pluie. « Its rainning cats and dogs ». Nous installons les tentes sous la pluie. Je ne parviens pas à mettre la main sur mon K-way, cela m'énerve beaucoup, et je me persuade que c'est Lisa qui l'a. En effet pendant une rando, j'ai demandé à Lisa de mettre mon K-way je ne sais plus où, et elle a dû le mettre quelque part que j'ignore. Je bougonne donc dans ma barbe, pourtant parfaitement conscient que je suis l'unique fautif dans l'histoire ! Mais parfois la mauvaise foi s'empare de moi, avec tellement de force que je fini par me convaincre moi-même de mes mensonges. Fascinantes faiblesses de l'Homme : « Ecce Homo ».

« Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou... » Nietzsche, Ecce Homo.

Ne voulant pas tremper mes vêtements (n'ayant aucune affaire de rechange), je n'aide pas beaucoup... Je me protège sous le coffre ouvert, observe ce qu'il faut faire, et me lance dans des opérations coups de poing à travers la pluie : trouver une pierre, planter une sardine ou tendre un morceau de toile. Nicolas, salvateur, s'occupe de tout le reste. Il est lui parfaitement équipé pour la tâche à un détail près : il est en tong !

Nous remontons dans la voiture une fois les tentes installés. Ca sent l'humidité, mais voilà une bonne chose de faite ! Nous apprenons que notre emplacement est réservé pour le lendemain, or nous voulions rester deux nuits. Il faudra donc changer d'emplacement si l'on reste dans le camping, c'est un peu dommage. Nous cherchons un abri pour manger. Un membre du personnel du camping nous renseigne : l'abri du camping est réservé pour un mariage, mais il y en a un autre, à 5 minutes en voiture. Qui peut bien faire son mariage dans ce genre de camping me dis-je ! Et quel mariage de m... avec cette pluie, ce n'est vraiment pas de chance !

Nous arrivons donc à l'abri. J'ai très froid et je suis mouillé. J'ai faim aussi. J'aurais aimé que l'abri soit fermé sur les côtés mais malheureusement ce n'est pas le cas... Il y a un toit, 4 tables et un très beau poêle à bois au milieu. J'ai immédiatement une pensée pour papy Totor, car le poêle ressemble en tout point à celui qu'il possède dans la « maison brulée ». Il y a même un endroit pour poser quelque chose à réchauffer. J'imagine la vieille casserole de papy, celle qui est beige sur laquelle sont dessinées des fleurs. Il l'utilise toujours pour réchauffer sa soupe de légumes « avec les morceaux parce que c'est meilleur comme ça ». J'imagine papy m'en servir un bol, y mettre un soupçon de vin rouge pour « la renforcer ». Ah ça oui, ce soir je ne rêve de rien de plus qu'un poêle plein de bois qui me réchauffe le corps, et quelques lampées de la soupe de papy pour me réchauffer les boyaux. « Papy, ce soir ta soupe aurait eu un sacré succès » me dis-je.

Faire un feu reste sans espoir. Nous avons connu des galères à faire des feux en utilisant du bois « humide », mais là le bois est carrément trempé ! Malgré cela, le poêle est à côté de nous, aguichant... Il faut tenter quelque chose. Je crois l'entreprise possible. Nous avons des allumes feu, et les industriels savent y faire lorsqu'il s'agit de faire des concentrés de merdes inflammables. Le poêle possède également deux inserts, que l'on peut ouvrir ou fermer hermétiquement. Les filles se lancent dans la cuisine, pendant que nous partons en mission bois. Nous nous enfonçons chacun d'un côté du bois, à la recherche des branches et buches les moins humides possibles. Lisa m'a gentiment prêté un k-way poncho rouge, je dois vraiment avoir fière allure ! Je m'enfonce dans la forêt, c'est quand même bien trempé. Je glisse plusieurs fois. J'arrive néanmoins à réunir un tas de bois dans un coin, mais je dois pour cela m'enfoncer de plus en plus loin. Il fait de plus en plus sombre. Lorsque je reviens à mon point de départ, crois-moi ou pas cher journal, je ne retrouve pas l'endroit où j'ai posé mon bois ! Je reviens donc presque bredouille. Heureusement, Nico et Gaspard ont mieux réussis que moi. Nous trions le bois, d'un côté le bois trempé, de l'autre le bois le moins humide. Je me lance donc avec Gaspard. Nous mettons 4 allumes feu, les petit bois le moins humide ainsi que deux buches. Les allumes feu prennent très vite, ainsi que le petit bois. Des buches se dégagent une épaisse fumée. Nous fermons le poêle, et croisons les doigts. La flamme est faible, mais résiste. Si elle parvient à sécher les buches et les faire prendre, c'est gagné ! Nous mettons les autres buches autour du poêle, afin que la chaleur les fasse sécher. Petit à petit le miracle se produit, le feu prends, et se met à nous réchauffer. Quel bonheur !

Le feu réchauffe la pièce, nous restons autour et en profitons pour faire sécher nos vêtements. Quelle aubaine ! Gaspard, tellement heureux d'avoir chaud et de pouvoir faire sécher ses vêtements, pousse le vice jusqu'à se mettre en slip. Nous le prenons en photo alors qu'il prend conscience avec amusement de l'originalité de la situation : le voilà en slip, de nuit, paumé en plein milieu du Canada, sous un abri de fortune nous protégant d'une lourde pluie ! « What are the odds ?? ». Les filles n'ont pas perdu de temps, et lorsque le feu crépite le repas est déjà prêt : Daal de lentilles corail avec du riz et des oignons. C'est vraiment très bon.

La nuit cette fois est complétement tombée. Un jeune homme vient à notre rencontre et –fidèle au caractère Canadien- discute avec nous naturellement. Il s'appelle Jordan. Il a des lunettes rondes qui lui donne un côté intellectuel et la peau très mate, je me demande s'il n'a pas des origines malgaches. Il est très sympathique. Il a passé 6 semaines sur l'ile de Vancouver, à Tofino plus précisément. C'est le paradis du surf nous dit-il, d'ailleurs sa planche est sur le toit de sa voiture. Il rentre à Toronto pour commencer une carrière d'ingénieur. Une chose qui m'amuse beaucoup : il a rencontré des français il y a quelque temps, et ceux-ci l'appelait « fripon » ! Il nous demande de lui traduire, ce qui est extrêmement difficile : le sens est facile à traduire, mais le côté affectueux de ce terme enfantin beaucoup moins. J'aime bien Jordan, ça a vraiment l'air d'être un chic type. Je l'imagine avec sa planche et sa voiture, vivant de surf et d'eau fraiche, totalement libre.

« J'envie ton innocente liberté Jordan » me dis-je.

Nous nous installons autour du poêle et lui proposons de jouer au jeu de cartes « le président ». Il connait le jeu visiblement, il nous dit même pour blaguer qu'au Canada cela s'appelle « the prime minister ». Par contre il n'est pas très fort, il perd presque toutes les parties. Anne Charlotte est la seule à ne pas aimer le président. Elle dit à chaque fois que c'est un jeu de chance et qu'il n'y a aucune stratégie à avoir. Je suis toujours surpris par son discours car il est pour moi évident qu'il y a une stratégie à avoir ! Il faut savoir conserver ses doubles, jouer les 2 au bon moment, compter les cartes fortes... Evidemment quelqu'un de nul, s'il a un super jeu, l'emportera malgré tout. Mais après tout, c'est ça qui fait le charme du jeu, ce n'est pas toujours le meilleurs qui gagne. Non, ici il s'agit d'optimiser son jeu, de faire le meilleur résultat possible. Et j'en suis sûr, un piètre joueur peut être président de manière conjoncturelle, mais à long terme, si l'on compte le nombre de parties passées en tant que président, le bon joueur l'emporte haut la main. En réalité il suffirait de faire un nombre de partie suffisamment grand pour prouver -par la théorie des grands nombres- que ce jeu n'est pas un jeu de hasard. Au fond ça m'amuse qu'une fille aussi brillante qu'Anne Charlotte, ayant en plus de cela un diplôme d'ingénieur, passe à côté d'un raisonnement aussi simple. C'est peut être son côté romantique : elle conserve un côté candide parfois qui fait son charme.

Nous ne jouons qu'une demi-heure. Certains on froid, et Jordan doit en avoir marre de perdre. Il faut dire aussi que pendant que nous jouions, deux hommes se sont installés avec leur sac de couchage pour dormir sous l'abri... Curieux. Un truc qui m'a surpris pendant cette soirée aussi, c'est que Jordan sentait vraiment fort des pieds, mais que je suis le seul à l'avoir remarqué. C'était vraiment une odeur horrible. Je pensais que tout le monde se retenait d'en parler pendant la partie, mais en fait, non, ils ne sentaient rien. En retournant à la tente, je repense à Jordan et je me dis :

« Nos destins se sont croisés ce soir, dans ce lieu inattendu, et jamais je ne te reverrai. Mais sans le savoir, presque malgré toi, tu m'auras fait une démonstration de la liberté ingénue. Bon vent à toi Jordan, traine ta gentillesse et tes pieds qui puent dans le monde entier, et draine ta liberté partout où tu passeras ».

Nous partons finalement au camping. Nico et moi croisons les doigts pour que l'intérieur de la tente ne soit pas trop mouillé. Arrivé sur place, ce n'est pas idéal. C'est mouillé à l'intérieur, mais il n'y a pas non plus de flaques. J'étends une couverture de survie d'abord, puis deux petites couvertures d'avion. Ça ira comme ça en espérant qu'il ne pleuve pas dans la tente pendant la nuit. C'est vrai qu'en réalité cette situation m'amuse, mais au fond ce soir comme aucun soir jusque-là, je rêve de la douceur de mes draps et du moelleux de mon lit. Nico me conseille de ne pas toucher les bords de la tente si je ne veux pas être mouillé. Pas facile de dormir ainsi recroquevillé. Au fait, bientôt Anne Charlotte partira au Pérou. Elle m'a proposé d'y aller avec elle. Pourquoi pas après tout ? C'est sur cette pensée que je vais essayer, cher journal, de trouver le sommeil, par-delà les gouttes. Et ce soir mon vieux, je vais te demander une chose que je ne t'ai jamais demandé jusque-là, prie pour moi.

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