Un soir d'été

By Mindell

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Marinette était confortablement installée sur son canapé, dans son petit appartement parisien. Elle regardait... More

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre19
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30 - FIN

Chapitre 20

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By Mindell

La ville de Paris était paisiblement endormie, après avoir été au préalable emmitouflée dans une épaisse couverture blanche par la neige qui tombait sans discontinuer depuis la fin d'après-midi. Les températures avaient brusquement chutées après le nouvel An, et l'hiver s'était enfin installé sur la cité. Les flocons qui voletaient gracieusement dans les airs tamisaient la douce lueur des lampadaires tout en étouffant le moindre son aux alentours, donnant ainsi une ambiance agréablement intimiste aux artères désormais immaculées de la capitale.

Rares étaient cependant les parisiens à pouvoir profiter de cet apaisant spectacle, les rues étant quasiment désertes à cette heure tardive de la nuit, et plus rares encore étaient ceux qui avaient le courage de s'aventurer dehors par ces froids polaires. Malgré ces températures hivernales, Adrien et Marinette n'en descendaient pas moins l'une des avenues de Paris, avançant à pas lents tandis que la neige crissait doucement sous leurs pieds. Les deux jeunes gens venaient de passer une très agréable soirée en compagnie de Nino et d'Alya et tentaient à présent de rejoindre le parking où Adrien avait garé sa voiture, tout en espérant que les routes soient suffisamment dégagées pour leur permettre de rejoindre sans encombre l'appartement de Marinette.

Pour le moment, ils progressaient avec précaution, prenant garde à ne pas glisser sur des plaques de verglas traitreusement dissimulées sous l'épaisse couche neigeuse. En dépit de toute l'attention dont elle faisait preuve, le légendaire sens de l'équilibre de Marinette se rappelait de temps à autre au bon souvenir de la jeune femme, qui manquait alors de s'étaler de tout son long sur le trottoir. Heureusement pour elle et pour son intégrité physique, Adrien ne manquait jamais de la rattraper, la maintenant d'une poigne ferme pour l'empêcher de poursuivre sa chute. Elle se redressait alors avec un éclat de rire gêné, glissant ensuite de nouveau son bras sous celui de son compagnon avant de poursuivre sa route à ses côtés.

Mais bien que la neige ne leur facilite guère la tâche, il en fallait beaucoup plus pour assombrir leur excellente humeur. Bien au contraire, de telles chutes de flocons s'étaient faites si rares ces dernières années qu'ils ne perdaient pas une miette de ce féérique spectacle, admirant ce nonchalant ballet de particules immaculées qui dansaient et tourbillonnaient tout autour d'eux.

Alors qu'ils passaient sous un lampadaire dont la lueur transformait les blancs flocons en paillettes d'or, Marinette arrêta brusquement Adrien. La jeune femme tendit les doigts vers sa propre écharpe, tirant légèrement dessus pour dégager sa bouche.

- « Par ici », lança-t-elle en indiquant une rue voisine d'un signe de la tête, tandis qu'un nuage vaporeux s'échappait de ses lèvres en même temps que son souffle. « Je connais un raccourci. »

Saisissant son compagnon par la main, elle l'entraina le long de l'avenue, avant de passer deux immenses grilles et de s'arrêter enfin au pied d'un immense bâtiment. Elle fouilla un instant dans son sac, sa tâche rendue ardue par les gants qui emprisonnaient ses mains et par le froid qui rendaient ses doigts gourds. Cependant, son regard fini par s'illuminer après une minute d'acharnement, et c'est avec une petite exclamation triomphante qu'elle exhiba fièrement une carte d'accès. Elle déverrouilla la porte, avant de s'écarter pour laisser passer Adrien et de le suivre ensuite à l'intérieur.

Le jeune homme se tourna vers Marinette, qui passait à présent ses mains sur ses épaules pour en chasser la neige. Son nez et ses joues étaient rougis par le froid, et de légers flocons s'accrochaient encore à ses longs cils, avant de fondre doucement pour former d'humides perles qui glissaient au coin de ses yeux. La jeune femme passa ses doigts sur ses paupières afin d'en chasser ces traces de neige fondue, avant de réaliser qu'Adrien n'avait manifestement aucune idée de ce qu'ils faisaient tous deux ici.

- « On est sur un campus », expliqua-t-elle devant le regard interrogateur de son compagnon. « J'ai été étudiante ici, et j'ai gardé une carte d'accès pour pouvoir continuer à profiter de leur bibliothèque. Si on traverse ce bâtiment », poursuivit-elle avec un geste de la main en direction d'un couloir voisin, « on devrait pouvoir se retrouver de l'autre côté du pâté de maisons en deux fois moins de temps et en restant au sec. »

- « Excellente idée », approuva Adrien, ôtant son bonnet avant de secouer la tête pour en faire tomber les dernières flocons de neige, s'ébrouant tel un chat qui se serait malencontreusement prit une gerbe d'eau. « Par contre, ça ira ? On a le droit d'être ici en pleine nuit ? »

- « Oui », répondit aussitôt Marinette. « Enfin, je suppose », reprit-elle avec un petit sourire contrit. « Je suis déjà passée plusieurs fois par ici à des heures pas vraiment... conventionnelles, et je n'ai jamais eu d'ennuis. Hey ! » s'exclama-t-elle alors qu'Adrien la dévisageait d'un air goguenard, visiblement amusé par sa réponse. « Ce n'est pas de ma faute si ce campus est pile sur le trajet entre le meilleur restaurant italien de Paris et le plus proche métro pour rentrer chez moi. »

Renonçant à se renseigner sur la fréquence des incursions nocturnes de sa compagne entre ces murs, Adrien éclata de rire, puis saisit sa main tendue pour la suivre dans les entrailles du bâtiment.




L'écho de leurs pas résonnait dans les couloirs déserts, se réverbérant contre les murs pour mieux briser le silence qui régnait sur les lieux. L'atmosphère de l'endroit était presque irréelle, les longs couloirs n'étant illuminé que par des éclairages clairsemés qui projetaient de rassurantes flaques de lumières dans la pénombre ambiante. D'immenses baies vitrées permettaient aux deux jeunes gens d'apercevoir la neige qui continuait de tomber à gros flocons au dehors, les blanches particules poursuivant leur hypnotisante danse tandis que les lueurs du bâtiment les faisaient ressortir de façon stupéfiante dans la nuit noire.

Alors qu'ils arrivaient dans un hall que desservaient une demi-douzaine de couloirs, un objet massif attira aussitôt l'arrention d'Adrien, tant sa présence lui paraissait incongrue.

Un piano.

Un gigantesque piano à queue fait de bois clair, et qui semblait être en parfait état, à l'exeption de l'un de ses pieds qui avait été grossièrement réparé à l'aide d'une cale disgracieuse.

Adrien jeta un regard surpris à Marinette, stupéfait de trouver un tel instrument à cet endroit, mais la jeune femme haussa les épaules en signe d'ignorance.

- « Je l'ai toujours vu ici », expliqua-t-elle en réponse à la muette question de son compagnon. « Le foyer des étudiants est là-haut », poursuivit-elle en désignant un escalier qui s'élevait à peine quelques mètres derrière l'imposant piano. « Je suppose qu'il devait y aller, mais que personne n'a eu le courage de le porter plus loin. »

- « Et tu crois que je...? » commença Adrien en agitant machinalement les doigts dans les airs, les yeux brillants de convoitise.

- « Tu peux, chaton, tu peux », acheva Marinette dans un éclat de rire, tout en le poussant affectueusement en direction du piano.

Le jeune homme s'approcha de l'instrument avec déférence, soulevant délicatement le couvercle qui protégeait le clavier aux couleurs d'ébène et d'ivoire. Il appuya sur une touche, et un son clair s'éleva aussitôt dans la pièce, résonnant encore une fraction de seconde après qu'Adrien ait retiré sa main. Tirant le banc qui avait été installé pour le bénéfice des musiciens de passage, le jeune homme s'installa à ce qu'il jugea être une distance convenable, avant de poser enfin ses mains sur le clavier.

Et d'en arracher fausse note sur fausse note.

Durant de longues et décevantes minutes, Adrien tenta péniblement de se rappeler de morceaux qu'il avait autrefois joués, sa frustration grandissant de seconde en seconde alors que sa mémoire lui refusait les précieux souvenirs dont il aurait eu besoin. Ses gestes étaient raidis par le manque de pratique, et un grognement contrarié s'éleva des lèvres du jeune homme alors qu'il manquait une fois de plus un accord qu'il aurait autrefois réussit sans le moindre problème.

Serrant les dents, il s'acharna néanmoins encore quelques instants, puis à sa grande satisfaction, ses réflexes d'autrefois finirent peu à peu par lui revenir. Il n'avait presque plus joué depuis qu'il avait cessé de prendre des cours, mais ces longues années à s'entrainer avec une régularité exemplaire ne semblaient heureusement pas définitivement perdues.

Ses doigts se déliaient au fil des minutes, tandis que les enchainements de notes lui revenaient enfin en mémoire. Il réalisa soudain qu'en fermant les yeux, les mouvements qu'il avait tant et tant travaillé lui revenaient d'instinct, et il réussit à retrouver ainsi des morceaux de musique qui lui étaient familiers.

Ses mains courraient à présent avec agilité sur le clavier, caressant les touches, puis sautant et bondissant dans une folle danse, tandis que d'harmonieux sons s'élevaient dans les airs. Plus Adrien prenait de l'assurance, plus il s'attaquait à des morceaux dont la difficulté allait croissante, et plus ses gestes se faisaient vifs et précis.

Une mélodieuse musique emplissait à présent la salle, amplifiée par une acoustique dont la qualité surprenait agréablement le jeune homme. Adrien savourait chaque instant de ce concert improvisé, son cœur marquant le rythme des harmonieux enchainements de notes qui courraient sous ses doigts agiles, tandis qu'il lui suffisait de fermer ses paupières pour voir défiler devant ses yeux d'innombrables partitions qu'il connaissait par cœur. Il avait l'impression de sentir la musique, de ne faire plus qu'un avec ce merveilleux instrument dont il se jurait désormais de ne plus autant délaisser la pratique. A présent, il savourait la maitrise enfin retrouvée de ses mains, qui lui permettait de tirer d'envoûtants sons de ces touches polies par d'innombrables doigts ayant précédés les siens.

Debout à ses côtés, Marinette observait le spectacle avec fascination. La musique emplissait tant les airs que le son lui semblait presque palpable, comme si elle pouvait le ressentir dans tout son corps au lieu de seulement l'entendre. Et quelque part, c'était certainement le cas. Sa poitrine lui paraissait vibrer au rythme de la mélodie, son cœur battant joyeusement quand les notes s'envolaient dans les aigus tandis que les sons graves lui donnaient l'impression de s'insinuer en elle jusqu'au plus profond de ses os.

La vision d'Adrien en train de jouer du piano était tout aussi captivante que ne l'étaient les mélodies qu'il arrivait à tirer de cet instrument. Marinette s'était volontairement placée de manière à ne pas pouvoir manquer la vue que lui offrait son compagnon. Un sourire euphorique dansait sur les lèvres du jeune homme, illuminant son séduisant visage pour lui conférer une attirance magnétique, tandis que ses mèches blondes tressautaient alors qu'il marquait le rythme de brefs mouvements de la tête. Ses yeux d'un vert électrique étincelaient de joie tout en restant par ailleurs étrangement fixes, son regard se perdant au loin pour déchiffrer des partitions que seul lui pouvait voir. Mais le plus fascinant restait sans nul doute ses mains. Ses doigts agiles semblaient être chacun animés d'une vie propre, bougeant avec une indépendance presque surnaturelle pour s'envoler dans les airs en de gracieuses arabesques, effleurant ensuite à peine les touches le temps d'en tirer une note claire et précise, pour s'échapper de nouveau et poursuivre leur folle danse.

Cet instant de grâce n'était hélas pas destiné à durer éternellement, et c'est avec une certaine résignation qu'Adrien décida que le temps était venu pour Marinette et lui d'abandonner cet admirable instrument. D'un geste ferme, il plaqua un dernier accord, dont l'écho résonna un moment dans la salle, s'éternisant encore et encore comme s'il regrettait de devoir finalement s'évanouir dans les airs.

Le jeune homme se redressa avec un soupir nostalgique, avant de plonger un regard rêveur dans les yeux du bleu lagon de Marinette, qui battait des paupières comme si elle s'arrachait elle aussi d'un doux songe.

Adrien se leva sans dire un mot, saisissant la main de sa compagne pour y déposer un doux baiser, avant de finalement l'embrasser tendrement et de lui murmurer un merci presque inaudible au creux de l'oreille.

Il recula ensuite d'un pas, offrant son bras à la jeune femme avant que tous deux ne repartent en silence, encore bercés par le charme de ces merveilleux instants qu'ils venaient de vivre.

C'est toujours sans mot dire qu'ils sortirent du bâtiment, brusquement frappés par l'air froid qui soufflait en cette hivernale saison, mais également ravis de retrouver les allées immaculées dont la blancheur achevaient de leur donner un doux sentiments de vivre un moment détaché de la réalité.

La neige tombait toujours, et c'est sous d'aériens flocons que les deux amoureux poursuivirent leur lente route à travers les rues de la capitale.




Ce n'est que le lendemain de cette féérique soirée qu'Adrien fut finalement arraché à ce charmant état de rêve éveillé dans lequel il était jusque-là toujours plongé.

Alors qu'il se réveillait péniblement, admirant par la fenêtre la blancheur de Paris vêtu de son manteau de neige, il nota brusquement que l'indicateur d'un appel manqué clignotait sur son téléphone.

Un appel de son père.

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