DE SANG ET D'ARGENT T4 Find o...

Od Shirayukitaki

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DE SANG ET D'ARGENT TOME 4. L'existence de Némésis Lane est un secret. Un secret bien gardé par le Gardien... Viac

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Meute Jahyan & Shana Pearson
Rangs des loups
1. Zoran
1. Némésis
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Informations épilogue !
Épilogue PDV 01 Zoran
Épilogue PDV 01 Némésis
Épilogue PDV 02 Zoran
Épilogue PDV 02 Némésis
Épilogue PDV 03 Zoran
Épilogue PDV 03 Némésis FIN
Suite des événements !!!!!!!
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4. Némésis

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Od Shirayukitaki

J'allais rencontrer mon père.

J'allais vraiment le rencontrer. Ce n'était pas un rêve ou simplement une envie.

Pas même le délire d'une petite fille. Oh non.

C'était la réalité.

Ce qui allait réellement se passer. Et j'étais dans un tel état ! J'étais en mode automatique sous la douche et mes mains tremblaient. Je ne pensais à rien d'autre. Comment est-ce que j'aurais pu sérieusement penser à autre chose ?

Il n'y avait que cet homme que j'avais vu et que j'avais cru ne jamais revoir après que Timothy m'ait amené avec lui.

Pourtant, j'étais là. Et je n'aurais voulus être nulle part ailleurs. Même si je avais que j'allais avoir des problèmes, même si je savais que toute cette histoire n'allait pas aussi bien se finir que je voulais bien le croire.

Je voulais juste le voir.

Je voulais juste savoir. Et comprendre. C'était la seule chose que je désirai depuis des siècles. La seule chose qui me permettait de tenir, malgré tout.

Maintenant que j'étais ici, je... stressais un peu. C'était bien plus que ça même. Il n'y avait pas de mot qui me venait en tête pour décrire mon état.

Excitation ?

Fébrilité ?

Peur ?

Stress ?

Peut-être un subtil mélange de tout ça.

C'était trop de sensations d'un seul coup, même si j'avais cru être prête après tant de temps.

Même si j'avais cru que j'arriverais à ce moment en étant sereine. Comme quoi, lire de milliers de livres ne servait pas à grand-chose dans ce genre de situation. Peut-être que si j'avais passé plus de temps avec des gens qu'avec des livres, j'aurais su comment gérer tout ça. Mais bon sang, c'était loin d'être le cas et... je ne me voyais pas demander ça à Zoran.

C'était mon problème après tout.

J'étais venu pour savoir.

Et il n'y avait pas trente six mille façons pour ça. Il fallait que j'arrête de trop penser. Là était peut-être la solution.

Pour ce que j'en savais.

J'étais trop anxieuse. Je me sentais presque aussi mal que quand il y avait trop de monde autour de moi.

Vieille phobie.

Vieille crise idiote. Surtout pour un lycanthrope. Nous étions destinés à vivre en communauté, en meute. Alors il y avait vraiment de quoi rigoler.

Je coupai l'eau, le cœur aux bords des lèvres.

Je m'enroulai dans une serviette et cherchai mon sac des yeux. Je l'avais laissé dans ma chambre ? Non, dans celle de Zoran, je l'avais ramené après l'avoir remis au lit et après et pour avoir un pull chaud sur le dos. Et j'avais passé la nuit à le veiller après.

Si... je n'avais pas été là, que lui serait-il arrivé ? Pourquoi les loups de nos jours n'avaient aucune connaissance en la médecine des plantes ? Les Soigneurs étaient presque un mythe pour notre peuple. Zoran était assez vieux pour en avoir entendu parler, peut-être même pour en avoir vu un ou deux, mais sinon, personne ne s'en souvenait. Et c'était bien dommage, parce que c'était grâce à eux, à leurs savoirs et à leurs connaissances que j'avais pu aider la Main de Boise. Et si je n'avais pas lu les vieux ouvrages de Benjamin, aurais-je été capable de faire quelque chose ?

Je ne voulais pas trop penser à ça. Ce n'était pas bien. J'avais pu l'aider, c'est tout ce qui comptait.

Je posai ma main sur la poignée. J'écoutai, mais n'entendis pas Zoran. Il était discret. Comme un loup. Comme une Main.

Il pouvait devenir le silence. Il pouvait devenir une ombre s'il le souhaitait.

J'avais toujours trouvé ce côté fascinant chez les Mains. Depuis leur plus jeune âge on le leur enseignait et avec les années, l'expérience venait.

Je n'avais pas encore eu l'occasion de visiter une Maison, mais Timothy avait promit de m'y amener dans l'été. Et le Gardien tenait toujours ses promesses.

Bien plus qu'un devoir, une qualité.

J'inspirai et ouvris la porte. Je traversai le couloir presque sur la pointe des pieds et entrai dans la chambre de Zoran après y avoir jeté un rapide coup d'œil, pour être sur que j'étais toute seule. J'attrapai mon sac que je posai sur le lit avant de me pencher dessus pour en tirer de quoi m'habiller.

Bien sur dedans, il y avait des livres, mais aussi mon calepin.

Je m'étais dis que j'aurais du temps à tuer avant qu'on ne vienne me trouver et avant qu'il ne se passe quoi que ce soit. Et puis je trouverais toujours du temps pour faire le travail de Timothy. C'était mon rôle après tout.

J'enfilai une petite culotte et mon jean par-dessous la serviette. Je sautillai un instant sur place et défis la serviette pour pouvoir mettre mon soutien-gorge. Un bruit me parvint alors et je me retournai, la serviette dans la main pour voir Zoran entrer et retirer l'attelle de fortune que je lui avais faite. Il grommela quelque chose et releva les yeux à cet instant.

Il se figea, me fixant alors que je le fusillai du regard :

— Qu'est-ce que tu crois faire, là ? Soufflai-je.

Il fronça légèrement les sourcils, ne semblant pas comprendre de quoi je parlais. Je pointai l'attelle du bout des doigts :

— Tu crois que c'était pour faire beau ? J'aurais opté pour des petites licornes si ça avait été le cas. Ou des petits chats.

Zoran haussa un sourcil, un très léger sourire aux lèvres. Je soupirai :

— Remet ça où tu vas avoir mal.

Mais je savais que c'était comme parler à un mur. Il n'allait pas gentiment obéir juste parce que je le lui demandais. C'était un homme après tout et même si j'avais eu très peu de contact avec le sexe opposé, les livres savaient très bien parler de leur égo. Surtout celui des loups. C'était décuplé. Et beaucoup plus agaçant aussi. Zoran était un homme, il n'était pas différent des autres. Alors quelque chose me disait que j'allais juste brasser de l'air.

— Je ne peux pas conduire avec ça, finit-il par dire.

— Je pourrais presque faire comme si c'était une raison valable, mais... non.

Son sourire s'agrandit.

Même s'il avait un visage dur, il y avait quelque chose de... tendre dans son regard, dans sa voix, mais aussi dans ses gestes. Et étrangement, me retrouver avec lui ne me faisait pas peur, pas comme avec les autres.

Est-ce que ça venait du fait que nous avions passés quelques jours que tous les deux ? Je n'aurais pas été jusqu'à dire que je lui faisais confiance, mais il n'y avait aucune méfiance quand peut-être, il y aurait du en avoir. C'était une Main après tout et ces dernières étaient considérées comme très dangereuses. Leur rôle était de chasser et de tuer généralement, alors forcément que la confiance n'aurait pas du être là.

— Et moi je pourrais presque avoir envie de t'écouter... si je te trouvais sérieuse en soutien-gorge, le doigt pointé sur moi. Mais ce n'est pas le cas.

Ma bouche s'ouvrit et je rougie violemment avant de lui jeter la serviette en plein visage :

— E... es... espèce de...

Je criai de rage en attrapant mon débardeur et mon pull et passai à côté de lui, fulminant et rouge comme pas possible. Je claquai la porte de ma chambre et m'appuyai contre, le cœur battant la chamade.

Quelle espèce de goujat ! De.... Bon sang. Quelle idiote !

Mon cœur battait trop vite dans ma cage thoracique et j'avais excessivement chaud. Pourquoi était-il entré comme ça ? Parce que c'était sa chambre, petite idiote !

Mon dieu, mon dieu, mon dieu.

Me mettre dans un tel état juste parce qu'il m'avait vu en soutien-gorge... ce n'était pas la fin du monde non plus. Il avait déjà du voir bien plus chez d'autre femme. Et ses yeux n'avaient pas quittés mon visage une seule fois. Il avait des manières. Quoi que j'en dise ou que j'en pense, il avait des manières.

Je soufflai et rejetai mes cheveux derrière mes épaules. Il fallait que je les coupe. Je n'allais pas les supporter longtemps.

Je décollai mon dos de la porte et enfilai mon débardeur, tirant un peu dessus dans un geste stressé. Ma rencontre avec mon père était de nouveau présente dans mon esprit, occultant ce qui venait de se passer, même si mon visage était encore bien rouge.

J'inspirai, essayant de trouver un rythme de respiration normal.

Comment est-ce que ça allait se passer ?

N'y avait-il pas des... règles pour ce genre de chose ? Peut-être aurais-je du lire un livre traitant de ça. Peut-être aurais-je du demander à quelqu'un.

Timothy.

Maël.

Heaven peut-être même. Mais quelqu'un le savait-il seulement ?

Rien n'était écrit. Parce que tous les enfants abandonnés n'étaient pas les mêmes. Parce que tous ne devaient pas stresser autant que moi.

Est-ce que j'allais seulement y arriver ?

Est-ce que j'allais seulement pouvoir... comprendre et pardonner ?

Je n'en savais rien. Je n'étais même pas sur de réussir à me tenir devant cet homme, alors...

Je passai mon pull par-dessus mon débardeur et passai une main dans mes cheveux avant de descendre en bas, attendant Zoran dans le salon. J'étais incapable de rester assise sans bouger. J'étais incapable de rester tranquille.

Alors je tournai en rond. Jusqu'à ce que Zoran descende en jean, t-shirt et veste de cuir. J'avais l'impression que ce n'était pas seulement pour conduire qu'il avait enlevé son attelle de fortune, mais aussi pour le cacher à la meute. Quel idiot. Mais c'était son problème après tout. Je n'avais pas à m'en mêler, ni même à mettre mon nez dedans.

Il posa nos sacs et je le vis retenir une grimace. Il avait mal. En même temps tout était encore récent et il n'était pas de pierre.

Je le regardai attraper les clés de sa moto et se baisser pour reprendre les sacs, mais je le devançai ; pas la peine qu'il force pour rien.

— Je m'en occupe, dis-je.

Zoran me fixa un instant et finit par hocher la tête. C'est moi qui l'avais soigné, alors ça ne servait à rien qu'il joue les durs. Et il le savait.

Je le suivis dehors et il ferma à clé. Je mis les sacs dans mon dos et attendit qu'il soit sur la moto pour y grimper à mon tour, après qu'il eut mit le casque sur ma tête.

Je m'accrochai à sa taille et la bruit du moteur nous enveloppa. Je posai ma joue contre son dos alors qu'il se dirigeait vers Boise.

Vers mon père.

C'était maintenant. Le moment de ma vie que j'avais toujours espéré voir arriver...

— Tu crois que tous les parents attendent de voir revenir leur enfant abandonné ? Soufflai-je, tournant les pages du livre devant moi.

Je ne relevai pas les yeux, le sentant tout près de moi, me fixant. Il souffla sa fumée et bougea légèrement sur sa chaise.

— Ce serait presque beau dis comme ça. Mais pourquoi les auraient-ils abandonnés si c'est pour les accueillir à bras ouverts plus tard ?

Dehors, il pleuvait. Il pleuvait depuis des semaines en fait et j'avais l'impression que ça ne finirait jamais.

La pluie ne me dérangeait pas. Il y avait une espèce de fascination qui me saisissait à chaque fois et j'aimais regarder, j'aimais observer.

— Ils avaient peut-être une raison. Ils étaient peut-être obligés.

Un rire.

Je tournai enfin mon visage vers Benjamin, clope au bec, qui fixait le plafond, bras croisés sur son torse.

— Tu es encore si jeune, petite Némésis. Si naïve du monde à l'extérieur.

Je fis la moue et il m'observa, amusé.

Benjamin était étrange. Son loup avait ce grain de folie qui pouvait vite devenir dangereux, mais je l'adorais. J'adorais cet homme qui m'avait ouvert sa maison, qui m'avait offert son savoir et ses connaissances.

— Les gens ne sont pas aussi bons et gentils que tu semble le penser. Les parents abandonnent leur marmaille pour tout un tas de raison. Et ce n'est pas toujours aussi noble ou aussi... nécessaire que tu sembles le croire. Parfois ils le font parce qu'ils ne veulent pas d'un bébé. Certains tuent leur enfant.

Ses paroles étaient dures, mais vraies. Benjamin avait vu tellement de choses. Il connaissait le monde comme personne.

— Le mal gangrène l'humanité. Il est présent en chacun d'entre nous. Des actes qui peuvent paraître noble ne le sont pas forcément. Ne t'attends jamais à grand-chose de la vie, Némésis, parce que tu finiras déçue, triste et seule.

Je l'étais déjà. J'avais abandonnée tout le monde et j'étais ici, avec un vieux loup faisant parti d'une meute puissance, mais qui semblait bien seul.

Benjamin était-il seulement heureux ?

— Parfois un acte bon n'est qu'un acte bon, répliquai-je.

Nouveau sourire. Je lu une certaine tendresse dans ses yeux. Différente de celle qu'il avait quand sa fille venait le voir, mais de la tendresse quand même.

— C'est vrai. Mais n'espère pas trop, Némésis. Tu ne retrouveras peut-être jamais tes parents. Mais si c'est le cas, tu ne trouveras pas forcément ce que tu attendais. Et tu ne t'en sentiras que plus seule et malheureuse.

Ne pas trop espéré pour ne pas avoir mal à la fin.

Se préserver soi-même.

Être forte.

— Tu n'es pas très réconfortant, tu sais ? Fis-je avec une moue.

— Tu n'es plus une enfant. Prépare-toi à avoir mal souvent. Et à devoir te relever sans l'aide de personne.

Zoran zigzaguait entre les voitures, filant à toute allure.

Je me cramponnai à lui, essayant de ne pas trop serrer pour ne pas l'étouffer. Mais c'était dur ; ce n'était que la deuxième fois que je me retrouvai sur un engin pareil.

C'était une sensation assez grisante et je ne pus m'empêcher de sourire. Il traversa le centre ville de Boise, se rapprochant toujours plus de l'endroit où se trouvait mon père. Le trajet m'avait parut aller tellement vite. Et je n'avais cessé d'avoir une certaine douleur au niveau de la poitrine.

Le stress et la peur.

Se préparer à avoir mal et à se relever toute seule.

L'étais-je ? Ne l'avais-je pas déjà expérimenté des centaines de fois ? Alors j'étais prête pour ce moment, non ? Comme j'aurais aimé le croire.

Juste un peu. Juste histoire de me rassurer.

Mais ce n'était pas facile. Et je craignais de ne pas être assez forte pour surmonter cette épreuve, ce moment que j'avais attendu toute ma vie.

J'allais forcément... merder quelque part. Après tout, j'étais si peu à l'aise avec les gens. J'allais devoir prendre sur moi. Mais c'était pour la bonne cause. Alors je pouvais le faire. Et j'allais le faire.

Pour avoir des réponses.

Juste pour comprendre.

Et après, je pourrais enfin avancer. Je pourrais enfin me concentrer sur ce futur qui me tendait les bras.

Zoran ralentit et nous arrivâmes aux abords d'une grande et belle maison dont le jardin était bien camouflé pour que personne ne puisse voir ce qui s'y passait.

Il n'y avait que très peu de voitures garé devant et Zoran se gara, coupant le contact et attendit que je descende pour pouvoir caler la moto avec la béquille. Je retirai le casque et secouai la tête pour que l'électricité statique s'en aille. Je regardai la façade, puis les alentours. C'était à n'en pas douter la demeure de l'Alpha, là où la meute se réunissait. Je ne sentais que quelques personnes à l'intérieur et en fut soulagée, même si ça restait un bien grand mot.

Zoran me fit signe de le suivre et il passa devant moi. Il ouvrit la porte d'entrée et s'effaça pour me laisser entrer.

J'avais le cœur aux bords des lèvres. Encore une fois. Et une terrible envie de vomir me tiraillait. J'avais chaud, mais en même temps terriblement froid.

Je détestai ça.

Ma louve était agitée.

Anxieuse aussi. Elle ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas s'il y avait quelque chose à faire de toute façon.

Le hall était grand et lumineux. J'entendis des voix.

Je reconnus celle de Shana. Et celle d'un homme. Je paniquai et me retournai, prête à faire demi-tour, mais je me tapai presque dans le torse de Zoran qui fronça les sourcils, baissant son regard sur mon visage.

Je devais être toute pâle. Comme une morte. Je n'étais pas sûre de survivre à cette rencontre. Pas sur que mon cœur tienne le coup.

J'étais terrorisée.

— Je... je ne...

Ne suis pas sûre de réussir ?

Pas sûre de vouloir y aller ?

Mon cœur battait trop vite et trop fort.

Zoran releva alors la tête et la voix de Shana résonna juste derrière moi.

— Vous voilà enfin.

Elle s'avança et embrassa la nuque de Zoran avant de se tourner vers moi et de vouloir me prendre dans ses bras, mais je reculai, préférant lui offrir ma nuque. Elle ne dit rien et ne sembla pas blessée plus que ça ; après tout, elle ne me connaissait pas. Et je n'aimais pas qu'on me touche de trop, tout comme ma louve.

— Tu es prête ? Souffla-t-elle, avec un léger sourire.

Elle était vraiment belle. Et ses cheveux étaient tellement longs ! Ça ne la dérangeait même pas un peu ?

Elle aussi semblait stressée par tout ça. Est-ce que c'était normal ? Elle était la femelle Dominante de cette meute, alors peut-être que oui...

— Aller, viens.

Shana me tourna le dos et je senti Zoran me pousser doucement, sa main dans le creux de mon dos. Nous nous retrouvâmes dans la cuisine ; immense et encore plus lumineuse que l'entrée. C'était tellement spacieux, tellement... classe. Tout avait été décoré avec soin, ça se voyait.

Je m'arrêtai et Zoran se retrouva à côté de moi.

Sa présence avait quelque chose de rassurant. Il était la seule personne que je... connaissais. Un peu. Mais c'était déjà ça.

La cuisine donnait sur un immense salon et Shana disparue par la baie vitrée. Il y avait un homme sur la terrasse surélevée, je pouvais le voir.

Et je savais qui c'était. Son énergie appelait la mienne.

— Elle est là, souffla la voix de Shana.

Ma main attrapa celle de Zoran.

Il fallait que je m'accroche à quelque chose. Il fallait que je m'accroche à quelque chose pour ne pas tomber. Pour m'ancrer à la réalité.

Je serrai ses doigts, ne sentant plus que mon cœur.

C'était à moi d'y aller. D'avancer vers cet homme.

C'était moi après tout qui étais venu pour le voir.

C'était à moi d'aller au bout de tout ça.

Je levai les yeux vers Zoran, la bouche sèche. Il me regardait, aucune expression notable sur son visage.

Il était fermé, mais il y avait tout de même quelque chose dans son regard. À aucun moment il ne détourna son regard, comprenant sûrement que j'en avais besoin.

Je senti une pression. Ses doigts se refermant sur les miens.

Je déglutis.

Je ne savais plus si je voulais y aller.

Je ne savais plus ce que je voulais.

J'avais peur. Peur de me retrouver devant mon père. De le rencontrer. Qu'est-ce que j'allais pouvoir lui dire ? Qu'est-ce que je l'allais pouvoir lui demander ?

Zoran avait dit qu'il voulait me voir, mais... pourquoi ? Il avait une famille. Une femme et des enfants. Je n'étais rien pour lui, alors...

Je paniquai. J'avais l'impression de suffoquer. Trop peur. Trop de pensées.

Zoran fit un geste de la tête, comme pour m'inviter à y aller. Ma main glissa lentement de la sienne et sa chaleur s'éloigna.

Je serrai des poings et tout en inspirant, j'avançai. J'avais l'impression d'aller au ralenti, l'impression que je n'arriverais jamais dehors. Shana apparut et me fit un clin d'œil avant de disparaitre derrière moi pour rejoindre Zoran.

Je fermai les yeux une seconde, posant ma main sur la baie vitrée. Ma louve monta, coula dans mes membres, mais ne fit rien de plus.

Je rouvris les yeux et le vit.

Mon cœur se serra.

Je... lui ressemblais. C'était indéniable. C'était un peu comme le nez au milieu de la figure. Nous avions presque les mêmes cheveux, même si les miens tiraient plus vers l'auburn.

Notre teint était le même, mais il était bien plus bronzé que moi, preuve qu'il passait beaucoup de temps dehors, au soleil.

Nos yeux n'étaient pas de la même couleur. Je devais donc tenir ça de ma mère à n'en pas douter.

Il était grand aussi.

Et il ressemblait beaucoup à Jahyan Pearson, surtout au niveau de la carrure. On aurait presque pu croire qu'ils étaient frères, c'était assez... déstabilisant. Mais pas dérangeant.

C'était un bel homme. Et il y avait de la douceur dans ses traits et beaucoup de... tendresse dans son regard. C'était un homme bon.

Un homme gentil.

Ça se sentait. Il y avait des signes qui ne trompaient pas.

Son loup était présent dans ses yeux. Je sentais sa puissance sourde et brute.

Une puissance de Second.

Un Second d'une vieille meute.

Un Second d'une meute puissante.

Sa force était chaude et... rassurante. Apaisante aussi.

Ma louve grimpa et pencha la tête, pour observer ce loup, pour observer celui qui aurait du élever. Celui qui aurait du être là notre de notre première transformation, de notre première chasse. Elle ne laissa pas sa puissance monter, ne répondit pas à son appelle.

Mais elle voulait le saluer. Comme une louve salut un loup plus puissant.

Elle n'était pas à l'aise. Elle ne savait pas vraiment quoi faire. Elle avait reconnut cette énergie. Ce pouvoir.

Elle avait reconnue le lien qu'elle avait avec ce loup. Avec cet homme.

Et... ça lui faisait mal. Elle non plus n'avait jamais comprit pourquoi.

— Je sais qui tu es, souffla-t-elle, d'une voix tremblante et rauque.

Le loup sourit doucement.

Il n'y avait rien de menaçant en lui. Que douceur. Qu'amour presque.

— Je te reconnais, louve, répondit-il.

Lui aussi avait sentit, avait reconnu. Comment aurait-il pu en être autrement ? Nous étions son enfant.

Notre énergie était presque un reflet de la sienne.

Ma louve préféra me céder la place, trop mal à l'aise, trop peu sûre d'elle. Le loup ne disparut pas des yeux de mon père. Il me fixait. Il me... jaugeait presque. Est-ce qu'il avait du mal à y croire, lui aussi ? Est-ce qu'il doutait que ce soit la réalité ? Moi oui.

J'avais tellement peur que tout cela ne soit qu'un rêve. J'avais peur de me réveiller. Et de me rendre compte que rien de tout cela n'était vrai.

Il disparut alors et mon père se passa une main nerveuse dans les cheveux. Ils n'étaient pas très longs, juste de la bonne longueur d'après moi.

— Je... suis un peu... nerveux, je crois, dit-il avec un pauvre sourire d'excuse, me regardant dans les yeux.

Il avait une belle voix. Un timbre assuré, quoiqu'un peu cassé. J'aimais bien ce sourire. Il était naturel, vrai. Il ne cherchait pas à être une autre personne. Il n'essayait pas de cacher ce qu'il ressentait.

Il était direct. Et gentil.

C'était mon père. Et je me reconnaissais dans tellement de ses gestes que s'en était... incroyable.

Je déglutis. Il fallait que je dise quelque chose. N'importe quoi. Mais il fallait que je parle. Pas que je reste plantée là comme une pauvre idiote sans cervelle.

— Je m'appelle Némésis et...

— Je sais. C'est... Zoran qui me l'a dit. Némésis Lane, c'est ça ?

Je hochai la tête, n'arrivant pas à détourner mon regard de son visage. Je voulais le graver dans ma mémoire et ne jamais oublier.

Ne jamais l'oublier lui.

— Je viens de la meute de Huron, dans le Dakota du Nord.

Petite ville. Petite meute.

— L'Alpha est Lubin Thomas, c'est ça ?

Ça ne me surprit pas qu'il le sache.

Un bon Second devait savoir beaucoup de chose, même sur les autres meutes, même sur les meutes ne comptant que quelques loups.

Je hochai la tête :

— J'ai été élevée par un couple de Dominants ; Marc et Élise Lane.

Je trouvai... normal de lui dire cela. Plus je parlais et moins je stressais presque. Et il semblait attentif, vraiment attentif.

— Comment sont-ils ? Demanda-t-il.

Il y avait une certaine tristesse dans son regard.

Regrettait-il de m'avoir abandonnée et d'entendre que d'autre m'avait élevée ?

— Gentils. Ils ont été de très bons parents. Et je leur dois ce que je suis aujourd'hui en quelque sorte.

Il hocha la tête, un sourire aux lèvres :

— Tu es une très belle femme, dit-il.

Ça je le devais à ma mère et à lui, non ? Je me contentais de sourire à mon tour. C'était presque... naturel.

— Tu viens de là-bas ?

— Non. Il y a... longtemps que je ne les ai pas revus.

Et ils avaient leur propre enfant maintenant. Un petit garçon. Il s'appelait Joan et il avait tout de Marc. Son caractère, c'était Élise.

Je souris tristement à cette pensée. Il le vit, mais ne dit rien. Il comprenait sûrement que ma vie n'avait pas été aussi rose qu'il aurait pu l'espérer.

J'entendis alors des voix en bas, dans le jardin. Des rires aussi. C'était comme m'entendre rire, moi. Mon père jeta un coup d'œil et je m'avançai. Je gardai une certaine distance entre nous alors que je regardai en bas.

Il y avait deux garçons. Deux jeunes hommes. Qui se ressemblaient. Et qui ressemblait à l'homme à côté de moi.

Oren et Arthur Hubbard.

Le plus jeune leva la tête et nous vit. Son regard se focalisa sur moi. Il était étrange de voir la ressemblance entre nous, même s'il avait aussi le côté de sa mère.

Qui n'était pas la mienne.

— J'ai eu du mal à les retenir de ne pas te sauter dessus, dit Eneko.

Oren suivit le regard de son petit-frère et me vit à son tour. Sa bouche s'entrouvrit.

— Ils ont hâte de rencontrer leur grande-sœur.

Un choc.

Comme quelque chose qui se dévoile à vous.

Les larmes montèrent et coulèrent le long de mes joues silencieusement. Je me tournai vers mon père qui me regardait. Ses yeux brillèrent en voyant mes larmes et il fit un pas, rapprochant son corps du mien.

Il se pencha et ses lèvres se posèrent sur mon front.

Je fermai les yeux, essayant de me dire que tout ça était vrai. Que c'était vraiment en train d'arriver.

— Je suis heureux de faire ta connaissance, Némésis.

Est-ce que c'était la réalité ?

Est-ce que tout ça était réellement en train de se passer ?

Je ne bougeai pas.

Et les larmes se transformèrent en sanglots.

Oui. Oui, c'était vraiment en train de se passer. 

Pokračovať v čítaní

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