4. Némésis

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J'allais rencontrer mon père.

J'allais vraiment le rencontrer. Ce n'était pas un rêve ou simplement une envie.

Pas même le délire d'une petite fille. Oh non.

C'était la réalité.

Ce qui allait réellement se passer. Et j'étais dans un tel état ! J'étais en mode automatique sous la douche et mes mains tremblaient. Je ne pensais à rien d'autre. Comment est-ce que j'aurais pu sérieusement penser à autre chose ?

Il n'y avait que cet homme que j'avais vu et que j'avais cru ne jamais revoir après que Timothy m'ait amené avec lui.

Pourtant, j'étais là. Et je n'aurais voulus être nulle part ailleurs. Même si je avais que j'allais avoir des problèmes, même si je savais que toute cette histoire n'allait pas aussi bien se finir que je voulais bien le croire.

Je voulais juste le voir.

Je voulais juste savoir. Et comprendre. C'était la seule chose que je désirai depuis des siècles. La seule chose qui me permettait de tenir, malgré tout.

Maintenant que j'étais ici, je... stressais un peu. C'était bien plus que ça même. Il n'y avait pas de mot qui me venait en tête pour décrire mon état.

Excitation ?

Fébrilité ?

Peur ?

Stress ?

Peut-être un subtil mélange de tout ça.

C'était trop de sensations d'un seul coup, même si j'avais cru être prête après tant de temps.

Même si j'avais cru que j'arriverais à ce moment en étant sereine. Comme quoi, lire de milliers de livres ne servait pas à grand-chose dans ce genre de situation. Peut-être que si j'avais passé plus de temps avec des gens qu'avec des livres, j'aurais su comment gérer tout ça. Mais bon sang, c'était loin d'être le cas et... je ne me voyais pas demander ça à Zoran.

C'était mon problème après tout.

J'étais venu pour savoir.

Et il n'y avait pas trente six mille façons pour ça. Il fallait que j'arrête de trop penser. Là était peut-être la solution.

Pour ce que j'en savais.

J'étais trop anxieuse. Je me sentais presque aussi mal que quand il y avait trop de monde autour de moi.

Vieille phobie.

Vieille crise idiote. Surtout pour un lycanthrope. Nous étions destinés à vivre en communauté, en meute. Alors il y avait vraiment de quoi rigoler.

Je coupai l'eau, le cœur aux bords des lèvres.

Je m'enroulai dans une serviette et cherchai mon sac des yeux. Je l'avais laissé dans ma chambre ? Non, dans celle de Zoran, je l'avais ramené après l'avoir remis au lit et après et pour avoir un pull chaud sur le dos. Et j'avais passé la nuit à le veiller après.

Si... je n'avais pas été là, que lui serait-il arrivé ? Pourquoi les loups de nos jours n'avaient aucune connaissance en la médecine des plantes ? Les Soigneurs étaient presque un mythe pour notre peuple. Zoran était assez vieux pour en avoir entendu parler, peut-être même pour en avoir vu un ou deux, mais sinon, personne ne s'en souvenait. Et c'était bien dommage, parce que c'était grâce à eux, à leurs savoirs et à leurs connaissances que j'avais pu aider la Main de Boise. Et si je n'avais pas lu les vieux ouvrages de Benjamin, aurais-je été capable de faire quelque chose ?

DE SANG ET D'ARGENT T4 Find out [Terminée]Where stories live. Discover now