Rendez-vous à la fin des temps

By ChristopheNolim

1.2K 268 240

Objectif : l'an 125 410. Un voyage à boucler rapidement, de préférence. Cela ne ferait d'Arthur que le tout p... More

Avant-propos
1. Départ
2. L'ermite
3. Première étape
4. Retrouvailles
5. Le malade
6. Les villes fantômes
7. Prisonnière 61204
8. Lanthane
9. Aurélia
10. La Terre grise
12. L'apogée
13. Les derniers touristes
14. La fin d'un monde
15. Le règne du dieu
16. Le paradis terrestre
17. Le Panoptique
18. La fin des temps
19. Épilogue

11. Le monde souterrain

55 13 6
By ChristopheNolim

2055


« Mesdames et messieurs les officiers, mesdames, messieurs, bonsoir.

« Aujourd'hui, nous inaugurons le système Omni.

« L'histoire du projet Omni, c'est celle de la science la plus avancée mise au service de la sécurité nationale. La science de l'intelligence artificielle et de la cartographie neuronale. C'est aussi l'histoire d'équipes extraordinaires, l'histoire de personnes qui ont travaillé dur pendant près de deux ans, qui ont uni leurs connaissances provenant de domaines très divers, prouvant par là à nouveau que la pluridisciplinarité est l'avenir de la science humaine.

« L'histoire du projet Omni, c'est celle de la naissance de l'intelligence artificielle la plus puissante de cette planète, vouée à rester à jamais inégalée, grâce à sa capacité de progression et d'apprentissage. Omni, c'est donc le meilleur soldat mis au service de notre pays. Mais ce n'est pas que cela.

« Omni est la première marche d'un escalier qui nous mène à une ère de paix et de sécurité. Demain, plus rien ne passera inaperçu, toute activité menaçant la sécurité de ce pays, mais aussi des personnes, sera relevée en temps réel, et les forces de notre État en seront informées dans la seconde. Après-demain, peut-être, ce système pourra s'étendre au-delà de notre pays, auprès de nos alliés. Un jour, sans doute, le monde entier pourra vivre serein.

« Omni, c'est avant tout l'histoire de l'humanité, qui a décidé, en ce jour, de faire de son monde le paradis qu'il devait être. Un monde de sécurité.

Les applaudissements retentirent. Gênés, Arthur et Ophélie s'y joignirent. Ils n'étaient pas nommés, mais le sénateur savait qu'ils étaient la clé de voûte du projet.

Arthur vit passer Carmin, le conseiller du sénateur, qui glissait entre les convives. C'était lui qui avait milité en secret pour le projet Omni. Sans Alcide Carmin, Omni n'aurait pas vu le jour. Sachant cela, Arthur et Ophélie ne savaient quelle attitude adopter à son égard : manifester de la gratitude ? Ou feindre l'indifférence ?

Le sénateur laissa la parole au général Perlton. Et Carmin aborda les deux scientifiques.

« Pouvons-nous parler en privé ? » Demanda-t-il à Ophélie.


***

3120


La VA était primordiale pour comprendre la petite ville dans laquelle il se trouvait ; par exemple, toute la signalisation pour les véhicules électriques qui se déplaçaient dans les rues étroites. De temps à autre, il observait ce qu'il se passait s'il déconnectait le système, et cela le surprenait. Les automobiles quadriplaces et les gens semblaient avancer au hasard.

Fonctionnement de la VA.

Une interface neuronale nanorobotique permet d'exciter directement l'aire de la vision. De cette façon, le cerveau croit que des informations supplémentaires lui parviennent et se rajoutent à la réalité. En fait, ces informations sont purement abstraites.

La VA est obligatoire pour tous les citoyens du Système Mondial depuis le Troisième Millénaire.

Compréhension du langage naturel.

L'un des objectifs de la Conférence du Troisième Millénaire, en plus d'inverser la destruction de la couche d'ozone et de l'environnement externe, a été défini comme « supprimer les barrières linguistiques ».

Pour ce faire, le nouveau système de « parole augmentée » a été mis au point. Une interface neuronale semblable à celle de la VA, constituée elle aussi de nanorobots, est insérée dans l'aire du langage. Cette interface a pour but de traduire les langages connus par le Système Mondial et regroupés en banque de données. Ces langages sont immédiatement retraduits dans la carte neuronale de l'individu. Le but du système, à terme, est que tous les individus utilisent le même langage. C'est matériellement possible grâce à l'existence même de la banque de données linguistiques mondiale.

Arthur s'arrêta au coin d'une ruelle. L'éclairage public était quasiment inexistant, mais la VA prodiguait une fausse lumière. Elle remplaçait même le plafond lugubre par un ciel bleu. Arthur ne préférait pas activer cette option pour le moment, mais il comprenait que les humains autour de lui le fassent.

Ils sont drogués à la réalité augmentée.

« Attention, lui dit quelqu'un en manquant de le percuter.

C'était un androïde pourvu de quatre bras, qu'il ne reconnut pas tout de suite comme tel, car son visage de silicone était parfaitement humain. La VA lui fournit aussitôt des informations sur l'individu, qu'il laissa de côté.

Arthur s'arrêta devant un distributeur pour se commander à manger.

On est en l'an 3120, et ils ont encore des distributeurs.

De manière générale, la technologie ne semblait pas avoir connu d'avancée fulgurante. L'humanité enterrée devait plutôt péricliter.

Si les choses n'évoluent pas, le travail d'Omni est simplifié.

Arthur fit une transaction virtuelle, directement depuis la VA sur son compte, pour s'acheter à manger. Impossible de savoir quelle nourriture c'était, simplement une dose de glucides, de protéines et de calories.

L'appareil lui cracha trois barres colorées emballées dans un bioplastique.

Il déchira celui-ci et analysa le premier produit.

Protéines, dit la VA.

Il tenta une première bouchée. Le goût artificiel le surprit un peu. Un mélange de parfum chimique et de poivre.

Composition ?

Farine de vers d'Ormuz lyophilisés et extrait de microchampignons, extrait biologique de bactéries génétiquement modifiées. Agent colorant : broyat de cochenille ; agent conservateur : 135 norme F.

Toutefois, il parvint au bout, ainsi que les deux autres produits standardisés, car il avait vraiment faim.

« Arthur.

– C'est moi, dit-il en se retournant.

Une femme portant des vêtements locaux – c'est-à-dire le même gris que tout le monde, mais que la vision augmentée transformait en un rouge agressif – lui adressa un sourire amusé.

– La VA ne vous donne pas de nom de famille, ni de nom d'usage, dit-elle. C'est étonnant.

– Bah, c'est mon enregistrement qui a foiré.

– Et vous parlez un anglais du 21e siècle.

– J'adore les langues anciennes.

– Vous savez, Arthur, les voyages temporels ne sont pas officiellement interdits. Il n'y a pas de honte à avoir. Ne faites pas comme si vous apparteniez à cette époque.

Elle avait les cheveux courts, sur lesquels était teint un motif repris sur sa combinaison, et les mains très fines recouvertes par des gants de prix. Ainsi qu'un visage retouché chirurgicalement pour le rendre parfait au regard de la plupart des conventions sociales du début du millénaire.

– Attendez...

– Oui, c'est bien moi, Aurélia Cooper, en plus c'est marqué dans la VA.

– Miss Cooper, vous n'auriez pas changé de tête ?

– C'est fort possible. Cela vous dirait-il de faire un bout de chemin avec moi ? L'an 3120 est mortellement ennuyeux, j'ai hâte de quitter cet endroit.

Elle lui tendit la main et Arthur l'accepta de bonne grâce. L'étoffe synthétique de ses gants avait presque le toucher de la peau humaine.

– Vous êtes une bien étrange voyageuse.

– J'explore les époques une à une. Je visite. Je fais l'activité la plus évoluée inventée par l'espèce humaine ces derniers millénaires : le tourisme.

« Vous, en revanche, vous êtes assez mystérieux. Cela vous donne un charme fou. Vous venez de 2055, c'est ça ?

– Ouais.

– Moi, du XXIIe siècle. C'était amusant, quand je suis arrivée au XXVIe siècle, de voir les effets du dérèglement climatique. Ce n'était pas du tout ce qui était prévu, mais les scientifiques qui nous prédisaient la fin du monde n'avaient pas si tort que ça.

– Cela ne vous donnait pas envie de retourner dans le passé, changer les choses ?

– Il n'y a rien à changer, Arthur. C'est le grand enseignement des voyages temporels. La réalité est telle que les paradoxes n'existent pas. Ce qui est fait, est fait.

Elle lui jetait de temps à autre des regards vifs. Manifestement, en plus de sa beauté artificielle, il y avait une quelconque routine dans la VA qui la faisait paraître encore plus resplendissante.

– Ils faisaient de la très bonne chirurgie esthétique en 2255, dit-elle comme pour répondre à sa question. J'ai changé de visage trois fois, je me suis bien amusée. En 3120, c'est pas mal non plus, avec leur nanotech, alors j'en ai profité.

– Tant mieux pour vous.

– Toujours pas d'idée sur la raison de votre voyage ?

– La dernière fois qu'on s'est vu, c'était il y a quelques heures. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'y réfléchir depuis. Je dois rejoindre l'an 125 410, c'est tout.

– Le mystère, c'est le meilleur. Quand on a tout facilement comme moi, il ne reste plus que ça d'intéressant.

– Ou d'énervant.

– Ça vous reviendra.

Elle lâcha sa main en mimant la déception, et lui fit avec celle-ci un semblant de baiser d'adieu.

– Je vous laisse, Arthur. Je vais arranger notre voyage. Il n'y a rien d'intéressant en 3120. L'an 5000, c'est beaucoup mieux. C'est l'apogée culturelle et technologique de l'humanité. Et après, l'an 80 000, c'est pas mal non plus. Vous verrez bien. Juste une chose : arrêtez-vous avant la fin. Personne ne veut mourir carbonisé par une supernova. »


***


La nanoargile s'ouvrit devant Arthur et Lanthane, formant un nouveau couloir.

« Ça coûte beaucoup plus cher, maintenant, de se rendre dans le futur, mais j'avais prévu ça.

– Les gens doivent avoir envie de quitter cette époque. Elle est assez pourrie.

– C'est de la faute de leur parents. Ils n'avaient qu'à pas mettre leur planète en danger. De toute manière, tout cela se sera amélioré dans deux siècles.

Une musique classique commença à déferler dans les oreilles d'Arthur. Ou peut-être pas exactement les oreilles.

– Ah, oui, dit Lanthane devant son air étonné, c'est de l'audition augmentée. En développement. Elle fonctionne plutôt bien, non ?

– La musique me dit quelque chose.

– C'est encore la symphonie de la fin des temps. La seule que l'on n'oublie pas. Les instruments changent, mais le mouvement reste exactement le même.

– Lanthane, on aura le temps de se poser un peu, la prochaine fois ?

– Vous voulez dire, à votre prochaine étape ? En l'an 5000 ? J'espère. Le temps de retrouver dans votre mémoire pourquoi vous voulez aller voir de vos yeux la fin du monde.

– Ouais, et voir aussi si on peut prévoir un voyage de retour.

– Il serait peut-être temps de se poser la question, même si ce n'est que dans 122 000 ans.

Ils arrivèrent dans une salle d'attente, où plusieurs personnes étaient assises et feuilletaient des journaux invisibles.

« Encore vous, souffla Aurélia Cooper, adossée au mur.

– À dans deux mille ans », fit Arthur.

Elle lui lança un sourire charmeur et désarmant.

« Je vous ai payé le voyage, annonça-t-elle, exprès pour vous revoir et parce que vous m'intriguez.

– Eh bien, tous mes remerciements.

– Vous me devez quelque chose, maintenant. Je trouverai bien quoi. »

Continue Reading

You'll Also Like

605K 51K 70
𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐈𝐧𝐜𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥... " 𝐵𝑜𝑙𝑖𝑛𝑔𝑜 𝑛𝑎𝑦𝑜 𝑖𝑚𝑚𝑢𝑎𝑏𝑙𝑒 𝒂𝒎𝒐𝒖𝒓 𝒊𝒏𝒄𝒐𝒏𝒅𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏𝒏𝒆𝒍 𝑒ℎ 𝐽𝑒𝑠𝑢𝑠 𝑚𝑜𝑛...
347 70 40
C'est l'histoire d'un mec qui n'aimait pas les gens qui disent yoman, sauf quand il rencontrera le roi des yoman.
3.9K 467 13
Felix a l'habitude de recevoir des compliments sur sa voix magnifique. Mais Changbin est bien le seul à la trouver aussi magique. Chapitres courts. ...
HEAVEN By AnaRaconte

Science Fiction

1.5M 140K 62
2047, le monde subit un choc. Un virus d'origine inconnue se propage aux quatre coins de la planète. Il ne touche que les femmes. En quelques semaine...