Je suis assise à côté de ce très cher Cameron qui chantonne quelque chose qui va bientôt m'énerver. Je suis avec mon vieux short et mon sweat -c'est à dire mon pyjama.
Les autres sont surexcités et crient quelques fois. La plupart des participants n'ont pas été tirée de leurs lits par la force. Conséquence ? Ils ne sont pas en pyjama.
Je commence à triturer le pli de mon sweat en pensant à ce qui va m'arriver, et surtout, où vont-ils nous emmener ? On dirait presque un voyage scolaire vu le monde qu'il y a dans ce bus, qui est de plus particulièrement grand.
- T'inquiète Emé, là-bas tu auras tout ce qu'il te faut pour t'habiller, me confirme Cameron en me tapant sur l'épaule amicalement.
Je lui lance un regard grave en soupirant. Je me retourne de nouveau vers la vitre.
Je n'ai pas l'impression que nous nous en allions trop loin de Miami, et pourtant, j'ai peur. Je ne suis jamais partie une fois de cette ville qui suffisait bien à mon père et moi.
- Où va-t-on ? lui demandé-je alors qu'il avait encore les écouteurs.
Il se retourne vers moi et enlève sa musique pour me laisser parler. En y repensant, je n'ai même pas mon portable...
- Où va-t-on ? répété-je.
- Secret, me répond-il avec un sourire gravée aux lèvres.
Il remet ses écouteurs, et pendant ce cours instant j'ai vu qu'il écoutait Still Loving You de Scorpions.
- Tu écoutes du Scorpions ? dis-je à voix basse pour que personne ne me remarque.
Il enlève une fois de plus ses écouteurs pour me répondre.
- Oui ! crie-t-il pour bien m'énerver.
C'est assez étonnant, mais bon je préfère m'abstenir de répondre. Avec lui, ça ne sert rien. C'est pire qu'un gamin.
Au milieu de nos deux sièges côte à côte, il y a un petit rangement et je décide de l'ouvrir, de toute façon je n'ai que ça à faire. Dedans, il n'y a que la petite caméra rouge que je sors par la même occasion.
Je la regarde de plus près et décide de l'allumer pour filmer. Tout le monde dort, même Cameron dont la bouche est grande ouverte. J'esquisse un petit sourire, il est assez mignon, mais plutôt comme un gamin. J'appuie sur le petit bouton et commence à le filmer, même s'il décide d'enlever cette séquence, c'est ma petite vengeance personnelle. Je le film et tourne la caméra autour dans le bus, assez calme. C'est vrai qu'il n'est qu'à peine sept heures du matin, moi je suis assez matinale, donc ça ne me dérange pas plus que ça.
Le paysage défile peu à peu et je décide de poser ma caméra sur le bord de la fenêtre pour qu'elle continue à filmer le paysage. Je regarde, pensive à ce qui va bien pouvoir se passer. Je n'ai aucune de mes affaires, ni mon portable, ni mon ordinateur, juste un pyjama qui me fout la honte. Quand je suis entrée de le bus, tout le monde a rigolé. Gabrielle m'avait pointé du doigt avec sa caméra bleu foncé, qui signifie qu'elle est avec Nash.
Un point positif sur le fait que je n'ai pas mon portable c'est que je ne serais plus tenté de regarder les messages méchants que l'on m'envoie.
Un panneau passe rapidement devant mes yeux indiquant où l'on arrive.
Orlando, m'affiche-t-il.
J'aurais dû m'en douter...
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Orlando est la ville la plus prisé de Floride après Miami. Avec ses parcs d'attraction comment ne voulez-vous pas succomber ? Une boule se forme dans mon ventre, surement parce que je n'ai jamais voyagé, même si cette ville n'est qu'à peine quatre heures de chez moi.
Plus nous nous avançons, et plus je découvre cette ville. Avec ses magasins Disney à chaque rue, et ses distributeurs de billets pour divers parcs tels que Universal Studio.
La ville du rêve, bien loin de la réalité, de ma réalité.
« Je te propulserais vers ce rêve que tu as espéré en faisant tes vidéos.
- Les rêves ne sont faits que pour être brisés. » (Voir 3 #IHateYouCD)
Quelle ironie n'est-ce pas ?
Tout le monde se réveille et je sursaute dès qu'on annonce aux enceintes qu'on est bientôt arrivé.
- Bien dormi Camé ? commencé-je en le regardant, profitant que les autres sont à moitié conscients de ce qui se passe.
Il me lance un clin d'œil.
- Ne crois pas que je ne t'ai pas vu filmer, Emé ? Même quand tu crois que je ne suis pas là, je serais toujours en train de t'observer. Nous arrivons de toute façon.
- On dirait une réplique de film d'horreur, bon ce n'est pas trop surprenant vu ta tête, dis-je en haussant les épaules.
Assez contente de ma réponse, je lui lance un clin d'œil. Lui, il se contente de rigoler et de ranger ses affaires. Je ne suis jamais comme ça avec les gens d'habitude, mais bizarrement, je n'ai pas peur qu'il aille me détruire la vie.
C'est comme si nous étions... amis ? Cameron et moi, amis ? Je suis une éternelle solitaire, et je crois bien que je préfère le rester, vu tout ce qui m'ait arrivé dans le passé...
Tout à coup je vois une tête brune se lever au-devant du bus. C'est Gabrielle. Toute ma confiance s'évapore une nouvelle fois. Tout revient comme un boomerang dans ma figure. Elle m'observe un moment puis détourne les yeux.
Réveille-toi Emeline, les gens comme toi ne sont jamais gagnants, contrairement aux histoires.
Pourquoi d'un coup je remets toute cette affaire sur le tapi ? Peut-être parce que j'ai un passé qui me hantera toujours. La raison de mon harcèlement n'est peut-être pas exactement ce que j'ai déclaré être en réalité. Cette blessure qui me hante reste gravée comme une cicatrice sur ma peau. Sauf, que celle-ci est bien profonde, et bien plus marquante que toute.
La tristesse revient s'incruster.
Cameron n'a l'air d'avoir rien remarquer. De toute façon, il ne sait rien de cette histoire et n'en saura jamais rien.
Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter de partager à ce stupide jeu ? De toute façon je n'avais pas vraiment le choix.
- ENFIN ! crie le garçon choisi par Carter.
Je sursaute. Cameron s'en aperçoit et pause sa main sur mon épaule, et ce contact chaud me fait reprendre mes esprits.
- Ca va Emé ? me demande-t-il.
Personne ne doit jamais en savoir un mot, me rappelle cette petite voix dans mon esprit.
- Oui, je reprends en laissant paraitre une moue un peu plus enjouée.
- Bien, prends ça ! déclare-t-il en pointant la caméra posée devant la vitre.
Je la reprends délicatement et m'engage dans la queue pour descendre de ce bus.
Le soleil éblouie mon visage au moment où je descends du véhicule. J'ai enlevé mon sweat et je ne suis plus qu'en t-shirt. J'ai les cheveux attachés, ce qui me permets de ne pas avoir trop chaud.
La petite caméra est toujours allumée, et je la pointe direction vers le grand hôtel devant moi.
- Bonjour le Magcon, lis-je sur le panneau en haut de l'énorme hôtel devant moi.
Il n'est pas spécialement haut, mais il est très large. Le soleil nous brûlant tous, nous décidons de rentrer. L'intérieur est encore plus impressionnant, le bâtiment est particulièrement classe. Maho est en train de parler avec la secrétaire je suppose, puisque je les regarde à travers la porte en verre. Quand nos pas se font retentir sur le carrelage, tous les clients, particulièrement bien habillés -inutile de vous dire que moi je fais sensation avec mon pyjama sortant de Primark. Des adolescentes sourient particulièrement aux garçons qui avaient pris les devants. D'un coup je sens quelqu'un me bousculer. Je tombe avec ma caméra dans un bruit assourdissant, et cette fois-ci les regards admiratifs se transforment en regards de dégoût en ma direction. Je relève la tête pour voir cette personne, et devinez qui c'est ? Non ce n'est pas Cameron, mais cette pute de Gabrielle.
Calme-toi Emeline... Ignore-la comme tu fais toujours.
Elle me lance un bisou de loin, et je ne fais rien en retour à part la fusiller du regard. Je ne suis rien à côté d'elle, il faut me rendre à l'évidence. Je soupire.
Mais dans un sursaut deux bras commencent à me relever.
C'est Cameron. Cette fois-ci mes yeux plongent dans les siens et je ressens encore ce sentiment de courage prendre tout mon être.
Je lance mon regard vers Gabrielle. Celle-ci rigole et Nash a son bras autour de ses épaules.
C'est maintenant ou jamais. J'éteins ma caméra. Je fais un clin d'œil à Cameron, et celui-ci me voyant regarder Gabrielle comprend tout de suite mon plan. Il me sourit et me libère de ses bras. Et puis, je la regarde plus attentivement et j'hésite. J'ai toujours essayé de lui répondre, ou de la blesser comme elle le fait avec moi, plusieurs fois même, mais ça s'est toujours terminé mal pour moi.
Pourquoi avec lui j'y arrive et pas avec elle ? Mais avant que j'aie pu réfléchir à d'autres hypothèses sur mes différents comportements, Cameron attrape mon bras et colle ses lèvres contre mon oreille en soufflant délicatement :
- Fais ce que tu dois faire, tu n'as rien à craindre, je suis là.
L'adrénaline monte en moi comme une fusée et je fonce vers ma cible. Je reproduis le geste qu'elle a fait avec moi, même si elle fait bien dix/quinze centimètres que moi, je réussis mon coup. Elle tombe à son tour et tout le monde rigole. Elle me lance un regard noir, et je lui envoie des milliers de bisous d'une manière encore plus ironique. Mais avant qu'elle se soit relevé, Cameron vient à côté de moi, comme si d'un coup il était une barrière entre elle et moi. Il avait raison, je n'ai pas à craindre d'elle. La confiance qu'il m'a donné a plutôt bien marché.
Nous arrivons en fin au bout de cette immense salle d'accueil. Maho, qui était appuyée sur le comptoir, se relève vers nous. Elle me lance un sourire, comme si elle était contente que je sois là, ce qui est surement le cas.
- Hello ! déclare Maho. Comment allez-vous depuis la soirée d'hier ?
Les personnes crient un « bien » général, alors que moi je ne préfère pas vraiment répondre.
- On va vous donner les clés des suites que vous partagerez à trois, sauf une chambre de deux. Vous serez avec vos concurrents bien sûr... Abby vous donnera vos clés. Sachez juste une chose avant de partir vers vos chambres, c'est à partir d'aujourd'hui que commence vraiment le YouTube Game, donc tenez-vous prêts.
Je reste indifférente face à cette déclaration alors que les autres crient encore une fois.
Abby, que je surnommais la secrétaire, s'avance et donne des clés à chacun de nous. Ma clé porte le numéro trois. Je regarde autour de moi avec qui je vais être. Il n'y a que trois garçons sur les onze participants, et ils sont ensemble. Je vois d'un coup Gabrielle s'approchant de moi en secouant ses clés dans un bruit aigu. Non, c'est une blague j'espère...
- Alors Emeline ? Tu n'es pas contente qu'on soit dans la même chambre ? déclare-t-elle d'un air ironique.
Je pince mes lèvres jusqu'au sang, j'aurais peut-être dû garder ma vengeance pour plus tard...
- Hey ! crie une fille d'à peu près ma taille à côté de nous.
Elle a des cheveux roux et des yeux verts. Elle fait à peu près ma taille, bien que ce soit difficile d'égaler mon mètre soixante et un. C'est la candidate d'Hayes, le frère de Nash.
J'aperçois le même chiffre que Gabrielle sur ses clefs.
- Je suis Ema ! hurle-t-elle de nouveau surexcitée.
Nous nous regardons, elle en souriant, et Gabrielle et moi en nous fusillant du regard.
Je sens que ce week-end va être bien long...
##
La femme rousse ouvre enfin la porte de notre chambre après avoir traversée la foule ainsi que cinq autres étages. Ils ne restent plus que nous trois.
- Voici la suite Rêve, déclare-t-elle.
Je pense que Cameron y est pour quelque chose... Bref. Les deux filles avancent, et, quand c'est à mon tour d'entrer, j'écarquille les yeux devant la beauté de cette chambre.
Il y a un énorme salon avec un canapé et un écran plat, un couloir qui je suppose mènent à nos chambres et à la salle de bain. Tout est blanc à part le carrelage qui est noir. Il y a également une énorme baie vitrée ouvrant sur une vue à couper le souffle.
Ema crie et fonce vers une des quatre portes où il y a écrit son prénom. La curiosité me pique et je la suis dans le long couloir. Je passe ma tête pour regarder, et j'aperçois l'intérieur vert et blanc super classe de sa chambre. Je détourne rapidement les yeux quand je vois à côté mon prénom inscrit. Je m'avance vers cette porte et l'ouvre.
Bon, soit il est devin ou très bien informé.
L'intérieur est bleu marine, c'est-à-dire ma couleur préférée, et blanc. C'est exactement la même qu'Ema. Elle est également immense avec une baie vitrée laissant passer beaucoup de lumière.
Je m'avance vers mon lit qui est contre le mur devant la porte. Je le caresse de la main. Il a l'air très agréable, même si ce n'est que pour un week-end. Très vite, je m'aperçois qu'il y a une armoire. Parfait. J'ouvre celle-ci et je suis encore plus éblouie par l'immensité de cette garde-robe. Je regarde plus attentivement, ouvre un tiroir et m'aperçois qu'il y a un papier posé sur les maillots de bain.
Nous t'attendons, y a-t-il écrit.
J'entends le cri euphorique de Ema retentir et je me doute qu'elle a reçu le même message que moi.