Je patiente dans la chambre, anxieux mais plutôt confiant. Après quelques minutes d'attente, Amb fait son entrée, bredouille. La frustration coule sur son visage humide, ce qui me fait saisir qu'une fois de plus, notre tentative de nous procréer a été un échec. Je soupire bruyamment pour manifester mon mécontentement ainsi que mon découragement. Elle se mord sa lèvre inférieure avant de venir s'asseoir près de moi, dans notre grand lit baldaquin.
— Ça va finir par arriver, ne désespère pas. Ça ne fait que deux semaines que nous essayons.
Elle semble sincèrement et profondément peinée, j'irais même jusqu'à dire qu'une once de sentiment de culpabilité est lisible dans ses billes vertes. Bordel, ce n'est pas de ta faute bébé. Pour la rassurer, je lui pince son petit nez avant d'y déposer un doux baiser et esquisser un petit sourire en coin.
— Tu as raison. Et puis ce n'est pas comme si nous n'aimions pas tenter de nous reproduire, je lui dis de manière espiègle.
Elle sourit timidement et il m'est impossible de résister à la terrible envie d'embrasser sa pommette bombée par ce sourire à tomber. Elle y répond par un fort enlacement que Lisa interrompt en s'introduisant brutalement dans notre chambre. Putain ! On frappe avant d'entrer. Et si nous étions tous les deux dans des tenues indécentes ? Et si j'étais en train de lui baiser sa mère ? Haha.
— Tonton Elliott est là ! elle s'écrit avec gaieté.
— Déjà ? s'étonne Amber.
— Oh tu sais Elliott est bizarre par moment, tu lui donnes un rendez-vous à huit heures, il vient à cinq heures pour être sûr d'être à l'heure. Tu lui dis de venir chez toi à quinze heures mais il s'y pointe à midi. Bref, habille-toi vite. Nos hôtes ne devraient pas tarder.
Je quitte notre chambre après avoir jeté le test de grossesse négatif qu'elle tenait toujours dans ses mains. J'y retourne pour lui ordonner:
— Par contre, tu évites tout ce qui est moulant, décolleté ou court. Tu connais Erwin, tu connais André. Et il me semble qu'Ethan avait un faible pour toi, non ?
— Je m'habille comme je veux Jacob, elle me contredit en me balançant son string à la gueule.
Je le renifle, qu'il sent bon... Si nous ne recevions pas nos proches aujourd'hui afin de célébrer notre nouvel aménagement ici, Dieu sait ce que je n'aurais pas hésité à lui faire. Dis donc, où est passé le gentleman qui sommeille en toi, Jake ?
Je rejoins mon frangin préféré dans le salon. Il s'est installé dans la cuisine d'où il regarde la télévision depuis le comptoir, tout en sirotant un verre de vin aussi rouge que la courbe de ses yeux verts. On pourrait croire qu'il n'a pas dormi durant les trois derniers mois.
— Décidément, toi et la ponctualité ! je lui lance.
— Je suis en retard là ?
— Non, mais tu es en avance Eli.
— C'est parce que j'ai quelque chose d'assez important à te dire.
J'arque un sourcil et l'observe d'un air interrogateur.
— Elena, me dit-il simplement.
Je jette un regard à ma droite et à ma gauche avant de le prendre à part, dans le jardin.
— Elle va bien ? Tout va bien ?
— Maintenant oui.
— Maintenant ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Hier soir, je l'ai emmené aux urgences. Elle avait des contractions et...
— Le bébé va bien ? je le coupe immédiatement, quelques peu angoissé.
— Oui, oui, parce qu'elle a pu me joindre moi et j'ai pu l'accompagner aux urgences. Si non, qui sait ce qui aurait pu lui arriver ? Je n'ai pas dormi de la nuit, Jake. Elle dit t'avoir appelé à plusieurs reprises et tu as ignoré tous ses appels avant d'éteindre ton téléphone.
Je passe la main dans mes cheveux. Cette situation devient de plus en plus délicate, bon sang. Pourquoi ai-je la sensation que j'ai pris de gros risques qui peuvent me retirer tout le bonheur auquel je goutte quotidiennement avec Amber ?
— Je...je..., balbutié-je. J'étais avec Amber, je ne pouvais pas répondre et en plus je pensais qu'elle avait encore l'une de ses envies de fraises ou de mangue.
— Elle est enceinte de sept mois et demi Jacob. Putain, dans moins de deux mois, elle te pondra un gosse ! Peut-être le seul que tu auras ! Alors peu importe la raison, que ce soit pour te raconter sa journée, te parler de mode ou te dire qu'elle a envie de pisser, quand elle t'appelle, tu lui réponds. Jake, elle frôle la dépression parce qu'elle perd peu à peu l'espoir que tu lui reviennes et ce n'est pas en la délaissant complètement comme tu le fais qu'elle ira mieux. Les médecins disent que cet état dépressif peut être néfaste pour ta fille !
Je souffle pour me libérer de la culpabilité qui entame son règne en moi.
— Qu'est-ce que tu me conseilles de faire Eli ? je me rend, au bord du précipice.
— Passe du temps avec. Prend une semaine, prend un week-end. Sois là pour la future mère de ton enfant.
— Tu plaisantes ? Et qu'est-ce que je dirais à Amber pour justifier mes absences ?
— Je ne sais pas moi ! Raconte-lui un autre bobard, tu lui fais croire que tu es divorcé depuis six mois, t'es un bon menteur.
— Je ne veux plus lui mentir Elliott, je déclare avec tristesse. Ne crois pas que tout ceci me fait plaisir. J'ai horreur de la regarder dans les yeux tout en sachant tout ce que je lui cache.
— Écoute, je n'ai rien contre Amber, au contraire. Avant d'apprendre pour la grossesse d'Elena, je t'ai encouragé à aller vers elle. Mais Jacob, tu as une femme et bientôt une fille, tu as une famille. Je commence à me dire qu'il faut que tu réfléchisses longuement à ce que tu devrais faire. À mon sens, tu devrais revoir tes priorités. Ta femme, portant un enfant de toi, toujours éprise de toi malgré ce que tu lui fais endurer depuis des mois ou ton amoureuse de six mois avec qui la certitude d'un avenir lointain n'existe pas.
Je baisse la tête, mentalement accablé. En voilà un dilemme cornélien.
— Elliott ! s'exclame Amber en nous rejoignant dans sa petite robe blanche.
La longueur de cette robe est un peu trop courte à mon goût, mais bon. M'a-t-elle déjà écouté ? Je la regarde sourire et s'avancer vers Elliott qui la zieute avec une lueur étincelante dans les yeux.
— Fais gaffe à tes yeux, ça serait dommage que tu perdes la capacité de mater mon amoureuse comme tu le fais, je chuchote contre l'oreille de mon frère.
Il se raidit et me fusille du regard.
— T'es complètement malade, elle ne m'intéresse même pas.
La grande table rectangulaire de la terrasse est quasiment pleine. Aussi bien de mets et de boissons que de personnes. C'est sous une toute aussi grande voile d'ombrage au dessus de nos têtes qui nous accommode du soleil que nous papotons avec ceux venus nous rendre visite en l'honneur de notre nouvelle maison. À savoir: André, Erwin, Elliott, Ethan, Ashley et Thomas. Le sujet de conversation est footballistique. Il s'agit d'un débat quant à la finale de la ligue des champions, remportée par l'équipe que je haie, le Real Madrid, hier soir. Les seuls très peu bavards quant à ce sujet qui fait hausser les voix, eh bien ce sont L'éternel muet publiquement, Elliott, Amber et Thomas qui profite du fait d'être en face de ma belle pour lui lancer des regards furtifs.
— Bon, on arrête tout, décide André. Si non on va se taper dessus. Oui, le but de Ramos était hors jeu mais n'oubliez pas le penalty imaginaire de Griezmann. On a été quittes.
— Penalty imaginaire ? Tu te fous de la gueule de qui ? proteste Erwin.
— Changeons de sujet, quoi que nous puissions dire, ça ne fera pas retirer le trophée au Real, s'interpose Thomas.
— C'est vrai, répond Ethan.
— Quelqu'un a remarqué comme Elliott est beau aujourd'hui ? lance Erwin.
Tout le monde rit, tous les regards se braquent sur Elliott. Je crois qu'Erwin est, comme à son habitude, bourré.
— Bah répondez ! insiste l'unique brun parmi mes frères.
— Elliott a toujours été beau, je déclare en faisant un clin d'œil à mon frère.
Le complimenté qui se trouve à la droite de Thomas esquisse un léger sourire tout en rougissant.
— C'est vrai, surenchérit Amber.
Je la toise gentiment tandis que je vois Thomas préférer baisser la tête et faire comme s'il n'avait rien entendu.
— Ah oui ? demande Erwin. Fais-nous un petit classement là.
— Un classement ? répète Amber.
— Oui, un classement de beauté de tous les hommes présents ici.
Ethan et Ashley rient. A présent, tous les regards sont sur Lias qui rougit également. Elle m'interroge des yeux et je ne m'oppose pas à la demande de mon frangin. J'aimerai connaître ce qu'elle pense d'eux physiquement.
— Euh...je... bégaye Amber.
— Erwin en premier, je sais, se vante le cadet.
Amber lui rit presque au nez.
— Non, non le premier selon moi ce serait...
Thomas ?
— Ce serait Elliott, elle finit par répondre.
Le complimenté rougit de nouveau avant d'avaler avidement son verre de vin.
— Merci belle-sœur, dit-il nageant dans l'embarras.
Je souris nerveusement. Je n'aime pas ça du tout. André et Erwin semblent s'amuser de la situation puisqu'ils me connaissent par coeur.
— Ensuite euh...je dirais...Jacob et André, Ethan et puis Erwin, énumère-t-elle.
Thomas baisse la tête une seconde fois et ne peux s'empêcher de sourire.
— Merci mon amour, je la remercie en lui embrassant la joue, mais je crois que tu as oublié quelqu'un, j'ajoute en regardant Tommy avec un sourire taquin sur les lèvres.
— Oh, Thomas. Euh...je le mettrais après Erwin.
Cette fois, il ricane fortement. Comme s'il se moquait de moi. Comme s'il savait quelque chose que j'ignorais.
— Au fait Amber, commence Thomas tandis que tous les autres bavardent de leur côté. J'ai fais les doubles des photos que tu étais revenue chercher la semaine dernière chez moi.
L'intonation qu'arbore mon cousin recèle clairement son idée de vengeance quant à sa place dans le classement d'Amber. Celle ci lui jette un regard noir avant d'acquiescer poliment. Et quant à moi, je sens la supercherie roder dans l'air.
— Tu l'as revu la semaine dernière ? je demande à Amber.
Je m'adresse gentiment à ma belle pour montrer à Tommy qu'il en faudrait bien plus pour semer la zizanie entre nous. Mais au fond de moi, une lueur de paranoïa commence à prendre forme.
— Oui, quand je suis allée chercher la tablette de Lisa...
— Et que tu es revenue vers vingt trois heures ? Je m'en souviens, lâché-je sans le vouloir.
Thomas sourit. Pourquoi me l'a-t-elle caché ? Avait-elle une raison de le faire ? Au même moment, le téléphone d'Elliott se à met à vibrer sur la table. Il me lance un regard très significatif avant de s'excuser, quitter la table, s'éloigner de nous et répondre. C'est Elena à l'autre bout du fil. J'en suis convaincu à cent pour-cent. Alors je ne le quitte pas des yeux afin de lire les expressions de son visage. Il déambule frénétiquement dans le jardin tout en passant constamment sa main dans ses cheveux. Je le connais par coeur. Ce sont ses tiques liés au stress. Et ce stress est contagieux puisque je suis sans doute concerné. Trois petites minutes plus tard, je le vois taper je-ne-sais-quoi sur son portable. L'attente est insoutenable. Les gens autour de moi parlent mais tout ce qu'ils se racontent se métamorphose en un brouhaha auquel je ne prête guère attention. J'ai chaud. J'ai froid. J'ai peur.
Pitié, faites que ma fille aille bien, faites que ma fille aille bien, faites que ma fille aille bien, faites que ma fille aille- Mon téléphone vibre dans ma poche et je vois Elliott m'observer au loin. Je crains le contenu de ce qu'il m'a probablement envoyé. Alors c'est en tremblotant que je sors iPhone de ma poche. C'est bien un message d'Elliott. Un message composé de trois mots: "Tentative de suicide."
Hors de moi, à bout de nerfs, j'avale avidement tout le liquide se trouvant dans ma flasque. Ma mâchoire se crispe naturellement et mes poings se serrent instantanément. La minute d'après, l'adrénaline étant à un niveau surélevé, le verre de vin d'Amber que je tenais se brise en deux après une forte pression de mes mains. Je saigne, mais putain, qu'est-ce que j'en ai rien à branler ! Extérieurement, il n'y a rien de plus neutre mais intérieurement je rugis de colère, de rage, de haine. Que dois-je faire ? Renoncer à cette gamine dont j'attends impatiemment la venue ou tenter de lui sauver la vie en allant dire deux mots à sa mère ? Tic-tac,Tic-tac,Tic-tac. Lorsqu'Elliott regagne la table, je remarque que cette fois-ci, tous les pairs d'yeux s'abattent sur moi. Sur un coup de tête, je me lève et prends le seul au courant de cette grossesse à part.
— Où est-elle ? je l'interroge.
— Aux urgences près de chez moi, je peux t'y emmener.
— Non. Toi tu restes ici. Surveille Thomas, je ne lui fais pas confiance. Tu ne pars pas d'ici tant que je ne suis pas revenu, c'est clair ?
Elliott hoche la tête.
— C'est clair.
Puisque c'est clair, je vais aller revoir ma femme. Je vais tenter de la raisonner. Sans rien dire à personne, pas même à Amber, je prends ma voiture et sors de mon humble demeure.
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NDA
Désolée du retard de publication...
Je tenais également à vous remercier car j'ai remarqué qu'il y a de plus en plus de personnes qui me lisent notamment des personnes qui viennent tout juste de finir le Tome 1. Ça me fait très plaisir 😘