Je me réveille de bon matin, aux alentours de huit heures; aussitôt, les souvenirs de la veille m'assaillent.
Comment gérer un demi-frère pareil?
Il a profité du fait que mes parents soient partis...
Je n'ai personne à qui me confier ou qui pourrait m'aider; mes parents et ma sœur ne sont pas là, et j'ai reçu un message de Bea comme quoi sa famille partaient en voyage surprise à la campagne et qu'elle n'aurait pas le wifi....
Personne.
Je vais m'occuper de tout moi-même, alors...
Tout d'abord, je vérifie que Matthieu n'est pas rentré. Mon objectif de départ tient toujours : l'éviter le plus possible!
Je prie pour qu'il ne ramène plus jamais de filles à la maison. Qu'il reste avec elles dans n'importe quel autre endroit, mais pas ici!
J'ai envie de tout oublier, ne serait-ce qu'un petit moment. Je saisis les clés de la maison, appelle Sam, prend mon iPod et mes écouteurs, et pars me balader dans les champs. Je m'enfonce dans les herbes hautes et respire l'air frais de cet endroit.
Oublie-le. Il ne vaut pas la peine que tu t'énerves autant pour lui.
N'empêche, s'il rentre, ou pire, qu'il recommence, là, il va avoir affaire à moi!
Le chien me toune autour en jappant et en sautillant de tous côtés : ça faisait longtemps qu'il n'était pas sorti.
Je lui assène une petite tape affective sur le crâne puis le pousse à courir devant afin que je ne trébuche pas sur lui.
Ma promenade se finit plus vite que je ne pensais et j'ai réussi à oublier Matthieu pendant une heure.
Malheureusement, quand je rentre, impossible d'y échapper; il est là...
Tranquillement assis sur le canapé, sans Karim — c'est déjà ça — il regarde une émission débile.
Lorsqu'il m'entend, il se lève et vient à ma rencontre, je l'arrête:
– Ne me parle pas.
– Chloé...
Je lui assène une claque; merde, celle-là est partie toute seule.
– Ne me parle pas, ne me touche pas, continué-je cependant d'un air dur. J'en ai marre.
Il reste planté sur place en se massant la joue, l'air abasourdi.
– Ça n'a servi à rien que Bea te parle, hein? Tu n'en fais qu'à ta tête sans penser aux autres. Et là, ne viens avec une excuse bidon! Tu as fait exprès, tu savais parfaitement que ce qui s'est passé hier soir ne passerait pas avec moi! Tu savais que c'était la chose à ne pas faire. Tu t'en fous de moi, avoue. Bon, ça tombe bien, je m'en fiche aussi. À la rigueur tu veux continer à coucher avec tout ce qui bouge, mais pas ici, à la fin! ... tu savais que c'était LE truc de trop pour moi. »
Je ne trouve plus mes mots; ma phrase s'éteint doucement dans un tremblement de voix.
Je rage et je désespère. De toute façon, à quoi ça sert de lui dire tout ça...
– ...je ne vois même pas pourquoi je te dis ça, vu que tu t'en fous et que tu vas recommencer, hein?
Il me regarde, l'expression indéchiffrable.
– Ça te dérange pas de jouer avec les gens comme tu fais? terminé-je.
Il m'agrippe le bras avec force.
– Quoi? dis-je, soudain inquiète.
Peut-être que j'y suis allé trop fort?
– Matthieu? répété-je.
Il me tient toujours le bras cependant ses yeux fixent une ligne invisible derrière moi.
Brusquement, il me tire jusque dans la chambre. Euh?
Il me force à m'assoir sur le lit. Je n'ouvre plus la bouche.
De ses mains, il m'agrippe les poignets et m'observe un moment avant de démarrer d'un ton maladroit:
– Ouais, j'ai foiré hier. J'avais un peu bu...et j'avais envie de jouer, comme tu dis. J'ai foiré, répète-t-il. Mais je suis pas toujours comme ça. J'ai d'autres facettes. Je ne suis pas le mec dur et joueur que tu t'imagines tout le temps... Je vais te montrer que tu peux me faire confiance, alors.
Il marque une pause sans me lâcher des yeux.
– Trois jours, continue-t-il. Jusqu'à ce que tes parents reviennent. Si jusque là je n'ai pas fait de gaffe, tu pourras me faire confiance, promis. Si je foire, tu pourras me détester à vie. Personne ne m'a encore jamais fait de scène pareille. Alors je vais te montrer. »
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corrigé & relu entièrement le 7 août 2017.