BAD BROTHER | ✔️

Chapitre #8 ✔️

Il me prend la main et une sorte de décharge électrique se propage dans mon corps. Euh, stop, il ne me fait rien. Enfin, ça vaudrait mieux.

« C'est pas nul l'amour, me contredit-il. Enfin, si, mais il y a aussi des points positifs.

– Parce que, toi, tu vas me dire que tu t'y connais? rétorqué-je. Est-ce que tu as déjà vraiment été amoureux, vraiment amoureux, une seule fois dans ta vie? Non. De toute façon, j'aurais du mal à croire que tu ai aimé quelqu'un.

Il reste pensif un moment.

– C'est vrai, concède-t-il d'une voix étonnamment calme. Et toi? Je veux dire, tu a déjà été amoureuse, profondément? Même si tu n'es pas sorti avec le gars qui t'intéressait?

– Non. Comme toi. Sauf que moi je ne couche pas avec le premier venu. On peut parler d'autre chose?

– D'accord. »

Il lâche ma main, et un pincement de regret s'insinue en moi, pincement que je chasse vite.

Je me redresse.

– Je vais faire un tour dans le quartier.

Il arque les sourcils
– Tu viens de marcher super longtemps!

– Courir, corrigé-je. En fait, je vais juste voir une amie qui habite pas loin.

Un éclair de malice et de curiosité passe dans son regard.

– Je peux venir? demande-t-il innocemment.

– Non! protesté-je en criant.

– Mais... s'il te plaît! Je connais personne ici, il faudra bien que je me fasse des amis!

– Tu ne toucheras pas à mes amis, grogné-je.»

J'enfile un gilet et pars dehors en trombe.

Je sais que Bea a envie de le voir. Elle aussi aime "jouer" avec les mecs. Oh, pas de la même façon que lui, bien sûr! Elle ne couche pas avec le premier venu. Mais elle prend ça comme un jeu. Comme lui. Je n'ai pas envie qu'ils se rencontrent, ça pourrait... mal tourner.

Qu'est-ce que je dis? Mal tourner... s'ils finissent par coucher ensemble, ce n'est pas mon problème!

Ce que je ressens est compliqué à expliquer. Enfin, passons à autre chose; je ne veux pas qu'il vienne, c'est tout.

J'entame mon petit trajet. Comme je suis un peu fatiguée, je décide de couper par le bois. Une petite forêt de pins assez jolie dans laquelle j'apprécie particulièrement me promener.

Tout en marchant, je pense à Matthieu. Est-ce que je vais finir par l'aimer? Je veux dire, l'aimer comme un frère?

Et lui, que peut-il penser de moi? Va-t-il se plaire avec nous? Je ne suis pas le genre de fille qu'il cherche, ou qu'il apprécie, et pourtant, il insinue le contraire...
Néanmoins, quelque chose m'empêche de l'apprécier, de mon côté. Certes je le trouve beau, et je serais ravie qu'on s'entende aussi bien que deux vrais frères et sœurs, je serais fière de m'afficher avec lui et de pouvoir déclarer 'c'est mon frère' car il est séduisant, beau gosse, ...bref.

Mais quelque chose m'en empêche. Je ne sais pas quoi exactement. À chaque chose qu'il dit, je ressens le besoin de le rabaisser un peu, et j'ai parfois envie de m'énerver pour rien. Je ne supporte pas encore tout à fait sa présence, en tout cas aujourd'hui.

Et puis, tout ce qu'il me dit... cela me trouble. Selon lui je suis belle, alors? Nous sommes demi-frère et demi-sœur... Ou alors, comme il l'a dit, je suis coincée et je me fais des idées.

Demi-frère et demi-sœur. Vraiment? J'ai encore du mal à y croire. Nous n'avons aucune ressemblance, à vue d'œil! Puis, si ça se trouve, je suis naïve et il cherche juste à s'amuser avec moi.

Soudain, un craquement m'arrache à mes pensées embrouillées. Je me retourne brutalement, et...

« Matthieu !!

– Quoi? Je me balade, comme toi! se défend le concerné.

– Arrête de me suivre! Tu ne verras pas Bea!

– Alors, c'est comme ça qu'elle s'appelle, ta copine? Bof, ça passe...je préfère quand même Chloé, dit-il en inclinant légèrement la tête et en me fixant de ses yeux brillants. »

Le même regard intense, qui s'insinue au plus profond de moi, comme s'il guettait ma moindre réaction, mon moindre mouvement, comme s'il voulait lire en moi....

À mon grand désespoir, ce regard commence à me faire de l'effet.
Malgré moi, encore, oui.

C'est ton demi-frère, Chloé. Ton demi-frère, juste ton demi-frère.

Je me répète cette phrase en boucle dans mon esprit, mais visiblement cela ne change strictement rien. Indéniablement, à ce moment-là, il me fait de l'effet. Il me déstabilise.

Gênée, je baisse les yeux et focalise mon attention sur la végétation verdoyante qui m'entoure.

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corrigé & relu entièrement le 7 août 2017.