Le cadavre sexy du monsieur t...

Bởi Susi-Petruchka

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« Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre, à ce jeune homme de bonne composition, pour venir mourir sur la so... Xem Thêm

II. Un cadavre dans la bibliothèque
III. Pension de Touchet
IV. Le meurtre de Valmont Desmiers
V. Témoin à charge
VI. Je ne suis pas coupable
VII. Le chat et les pigeons
VIII. Cartes sur table
IX. Drame en trois actes
X. La Maison du Péril
XI. Pourquoi pas Georgianna ?
XII. Les Enquêtes de Patrick Fondement
XIII. Associés contre le crime
XIV. Témoin indésirable
XV. Les Quatre
XVI. La Nuit qui ne finit pas
XVII. Le Miroir se brisa
XVIII. Cinq petits cochons
XIX. Les Indiscrétions de Patrick Fondement
XX. La Plume empoisonnée
XXI. Cinq heures vingt-cinq
XXII. Le couteau sur la Nuque
XXIII. Un, deux, trois...
XXIV. La dernière énigme
XXV. La duchesse de la mort
Épilogue

I. Témoin muet

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Bởi Susi-Petruchka

Seul avec le silence, Stanislas arpentait le manoir. Une obscurité paresseuse stagnait tout autour de lui, déchirée çà et là par quelques rayons de lune. Une nuit sombre et solitaire pour une promenade inattendue. À l'étage, les pensionnaires dormaient sans doute, ignorant tout du visiteur nocturne qui, sans se soucier d'être vu ou entendu, poursuivait son exploration. Il connaissait bien les lieux ; son pas était sûr, quoique sa destination demeurait inconnue. Il obliquait sans véritable but, son attention virant d'un meuble aux pieds dorés au gland d'un coussin qui traînait par terre. Il ne ressentait ni peur ni appréhension, trop certain que personne n'apercevrait sa silhouette. Stanislas pouvait se glisser dans les ombres et les recoins, aussi rapide et furtif qu'un coup de vent. Les paresseuses demoiselles qui occupaient d'ordinaire l'honorable bâtisse ne lui faisaient pas peur ; tant qu'il refuserait d'être vu, il pensait pouvoir demeurer inaperçu. Et si par malheur l'une d'elles devait souffrir d'insomnie et le trouver là, dans le grand salon, Stanislas saurait la soumettre à sa volonté d'un seul regard. Il avait ce genre de pouvoir sur les donzelles.

Un bruit sourd, comme un vase qu'on renverse – mais sans les éclats.

Absorbé par ses explorations nocturnes, Stanislas sentit ses poils se hérisser. Il y avait donc quelqu'un ? Il se recroquevilla derrière la silhouette grotesque d'une bergère, dont les jours, manchettes et coussins se déclinaient en autant de couleurs passées et d'odeurs poussiéreuses. Il ne put d'ailleurs se retenir d'éternuer – un petit bruit aigu qui perça le silence aussi sûrement que la griffe la plus aiguisée. Stanislas se figea, craignant un instant que celui qui avait causé le bruit, dans l'autre pièce, ne vienne le trouver. Mais rien ne bougea.

Plus curieux qu'apeuré, il renonça à détruire son refuge improvisé – l'idée lui était venue tout d'un coup, terriblement alléchante – et s'aventura dans le couloir. Pas une bribe de lumière ne l'éclairait, mais il connaissait l'emplacement des choses et n'y voyait pas trop mal dans le noir. Il atteignit la porte de la bibliothèque sans encombre. D'ordinaire, celle-ci était toujours fermée, détail qui frustrait terriblement les élans exploratoires de Stanislas. Il la trouva toutefois entrouverte cette fois, et se glissa à l'intérieur sans l'once d'une hésitation.

Là, la grande baie vitrée laissait à nouveau pénétrer la lumière argentée de l'astre nocturne. En noir et blanc, on devinait une grande pièce à l'air élégant, meublée avec goût et recherche. Tous les murs de la pièce, sans exception, se trouvaient couverts d'étagères – lesquelles débordaient de romans, d'essais et de livres de poésie. Toute la connaissance du monde dans une seule pièce – ou du moins toute la connaissance que se devait de posséder une jeune femme de bonne famille selon la très exigeante Mademoiselle de Touchet, directrice de ce prestigieux établissement voué à l'éducation des jeunes personnes prometteuses de la région, plus quelques pages oubliées largement plus sulfureuses qui faisaient la joie des pensionnaires. Ça ne manquait jamais : lorsque l'une de ces petites idiotes mettait la main sur un de ces romans à l'eau de rose, elle gloussait beaucoup en tournant les pages, les joues rouges, un air faussement choqué cloué au visage. Immanquablement, elles chassaient Stanislas de signes de la main outrés – il se vengeait généralement en leur mordant les orteils.

Ce fut justement l'une de ces ravissantes gourdes, de ces pensionnaires auxquels Mademoiselle de Touchet vouait tant d'amitié, qui surgit bientôt du fond de la pièce pour disparaître à son tour dans le couloir sombre. Stanislas ne lui accorda même pas un regard. Les jeunes filles ne l'intéressaient pas ; elles le gênaient plus souvent qu'autre chose, ne comprenant rien à l'art délicat avec lequel il détruisait leurs affaires.

En revanche, il se trouva bien plus intéressé par l'immense bête qu'il voyait reposer au fond de la pièce, au pied de la cheminée de pierre et de fer artistiquement forgé. Il la connaissait bien, cette bête-là – ce n'était plus vraiment une bête d'ailleurs, juste sa peau, arrachée aux os, débarrassée de la chair pour se voir convertie en tapis d'intérieur. Cela faisait des années que Stanislas tentait de faire une sieste sur ce formidable trésor poilu ; mais on l'y attrapait toujours avant qu'il ne puisse savourer son répit durement conquis. Cette fois, il ne serait pas dérangé ! Il s'avança vers sa couchette autoproclamée d'un air conquérant.

Quelle ne fut pas sa déception lorsqu'il réalisa que la place était déjà occupée ! Un homme dormait là, bien installé sur le dos. Il exhalait une impression étrange, aussi Stanislas se pencha-t-il vers lui et renifla un bon coup. Il perçut une odeur de charogne, de viande vouée à la pourriture. Une odeur de mort.

Stanislas miaula, et décida que puisque son nouveau terrain de sieste se trouvait déjà occupé, il allait retourner au salon et achever la destruction cette affreuse bergère en guise de représailles.

***

Si Domitille Valette se leva si tôt ce matin-là, ce fut parce que SATAN grattait à la porte de toute la force de ses vilaines petites griffes de chat diabolique. SATAN, c'était Stanislas Albert Théodore Aimé Napoléon, le délicieux animal de compagnie de Mademoiselle de Touchet – propriétaire et directrice de l'internat qui portait son nom. Ce dernier statut protégeait la bête démoniaque de toute espèce de représailles de la part des pensionnaires qu'il martyrisait régulièrement ; deux jours plus tôt, il avait notamment condamné la robe de chambre de Calixte, la sœur de Domitille, à passer de vie à trépas, et on ne comptait plus le nombre de tasses brisées, de mollets griffés ou de coussins déchiquetés qu'il affichait à son tableau de chasse. En règle générale, Domitille aimait les chats, mais celui-là était depuis longtemps sorti de ses bonnes grâces.

Ce fut pourquoi, dans un premier temps, elle rabattit son oreiller sur sa tête et s'efforça de regagner le sommeil. Dans le lit d'à côté, Calixte dormait comme une bienheureuse, ignorante de la guerre des nerfs qui venaient de s'engager. Domitille savait sa bataille d'ores et déjà perdue : SATAN possédait bien plus de persévérance qu'elle de patience. Il gratta à la porte encore quelques minutes, s'interrompit brusquement – Domitille manqua de lâcher un hourra – miaula de sa vilaine petite voix rauque et se remit à gratter avec une énergie renouvelée. Bon. La cause semblait perdue.

– Sale bête, maugréa Domitille en s'arrachant brusquement aux draps.

Elle chercha un instant sa robe de chambre – celle qui avait survécu au chat –, soupira en la retrouvant à l'autre bout de la pièce et s'efforça de l'attraper entre ses orteils histoire d'éviter d'avoir à se baisser. À la suite d'une gymnastique matinale des plus revigorantes, la jeune fille parvint enfin à faire passer le tissu désiré du sol à son gros orteil, et dudit gros orteil à sa main impatiente. Elle enfila le vêtement d'un geste brusque. Enfin décente, la blonde Domitille ouvrit la porte au chat. Ce dernier bondit dans la pièce comme un diable hors de sa boîte et sauta sur les deux lits, piétinant allègrement Calixte – qui dormait tout aussi allègrement. La boule de poil blanche et touffue s'arrêta après avoir bondi une énième fois, fixant ses grands yeux de hibou droit sur Domitille, sa petite langue rose perlant entre ses dents. La demoiselle résista à l'envie d'attraper le monstre par la peau du cou et de le balancer par la fenêtre – sa chambre n'était qu'au premier étage, il survivrait, non ? Mais l'idée que Mademoiselle de Touchet puisse l'apercevoir la retint, de même que le vilain pressentiment que son bras s'en ressortirait couvert de griffures si elle approchait trop de SATAN. À défaut de mieux, elle quitta donc sa chambre, prenant bien soin d'enfermer Calixte avec l'affreux félin. Apparemment, ils ne s'entendaient pas trop mal, et de toute façon, Calixte aurait dormi à travers vents, marées et tremblements de terre. Ce n'était pas SATAN qui la dérangerait.

On était samedi matin, et l'internat dormait encore. Point d'obligations pour ses occupantes ce jour-là, si ce n'étaient les cours de ce que le corps enseignant avait pompeusement dénommé « le développement personnel de l'âme et du corps » l'après-midi – concrètement, il s'agissait de sport pour la plupart des pensionnaires, sauf Calixte, toujours prompte à se distinguer, qui prenait des cours de saxophone, et Muguette, qui vouait un amour immodéré aux arts textiles et passait donc ses samedis après-midi à broder des canards sur une armada de mouchoirs en soie. La plupart des filles s'étaient couchées tard la veille, profitant de cette longue soirée d'octobre pour se réunir au coin du feu et entamer quelques occupations innocentes – pour la forme, et pour faire plaisir à Mademoiselle de Touchet – tout en entretenant des conversations largement moins innocentes. Une soirée comme les autres, en somme, si ce n'était qu'elles s'étaient toutes couchées largement après leur couvre-feu habituel.

Domitille dévala l'escalier et se retrouva donc seule dans le long couloir, à essayer de déterminer si elle voulait profiter du matin pour rêvasser sous le soleil automnal tout en dégustant une tasse de thé fumant, ou si elle préférait s'affaler sur un fauteuil et feuilleter le journal de la veille à la recherche de quelques potins politiques à jeter dans d'éventuelles conversations futures pour établir sa culture – un sport très en vogue au pensionnat de Touchet, qui voyait bien souvent Domitille affronter ses camarades d'étage, notamment Philiberte, mais plus souvent encore les garçons du bâtiment d'en face – des créatures dont le degré d'immaturité approchait celui de vilenie de SATAN. Un détail attira toutefois l'attention de la jeune femme : la porte de la bibliothèque était entrouverte.

– Zut  ! jura-t-elle de toute sa précieuse vulgarité, en longeant le couloir pour aller refermer le battant.

Elle espérait sincèrement que SATAN n'avait commis aucun dégât, car il ne faisait nul doute que Mademoiselle de Touchet tiendrait ses pensionnaires pour responsable de la négligence, plutôt que de remettre en cause la santé mentale de son chat bien-aimé. La vénérable demoiselle pouvait s'avérer terriblement mordante sous ses dehors de petite vieille douce et respectable. Domitille voulut donc pénétrer dans la pièce pour vérifier que tout y était à sa place. Et en l'occurrence, tout était effectivement à sa place ; SATAN n'avait pas causé le moindre dégât, pour une fois. C'était bien la première bonne nouvelle de la journée.

En revanche, un détail clochait. Un tout petit détail pas si insignifiant que ça, en fait, qui se manifestait sous la forme d'une silhouette allongée, sur la peau d'ours polaire qui traînait devant la cheminée. Ça, ce n'était définitivement pas normal. Encore moins habituel était le fait que l'homme en question s'avérait totalement nu. À la fois hypnotisée et estomaquée, Domitille esquissa quelques pas prudents dans la pièce. Il fallait dire que l'intrus, en plus d'être jeune et d'une composition qui flattait indéniablement le regard, se voyait doté d'un engin de taille tout à fait respectable, qui reposait sagement entre ses jambes tout aussi nues que le reste de sa personne. C'était la première fois que Domitille en voyait un en vrai – un homme nu, donc. La bibliothèque du pensionnat de Touchet comportait bien quelques livres d'anatomie aux gravures pas toujours sages, mais c'était quand même autre chose de poser les yeux sur un véritable spécimen masculin – l'intérêt de Domitille était évidemment scientifique et dénué de ces basses considérations qui peuvent parfois distraire les esprits des jeunes filles de dix-sept ans. Elle s'approcha un peu plus ; l'intrus semblait dormir, confortablement installé sur la peau d'ours.

Domitille dut effectuer un effort de volonté poussé pour forcer son regard à abandonner les parties intéressantes pour remonter le long des abdominaux – dessiné de manière toute aussi exquise, véritable cours d'anatomie musculaire – puis se poser enfin sur le torse. Ce fut alors qu'elle nota la chaussure à talon. Cette dernière paraissait comme posée – plantée plutôt ? – sur la poitrine du magnifique intrus. Un frisson remonta le long de la colonne vertébrale de la jeune fille, qui prit une profonde inspiration et se força à s'approcher encore un peu. Sur la peau d'ours polaire aux longs poils immaculés, on devinait une tache sombre ; du sang séché. Était-ce possible qu'il soit... mort ? Pragmatique, Domitille songea que ça ne serait pas pratique du tout à nettoyer. Mademoiselle de Touchet serait furieuse, à coup sûr. Elle soupira en anticipant les remontrances.

Qu'est-ce qui avait bien pu lui prendre, à ce jeune homme de bonne composition, pour venir mourir sur la somptueuse peau d'ours polaire à laquelle la directrice de l'établissement semblait si attachée ? Parce que oui, plus Domitille s'en approchait et plus il lui semblait évident que le bel intrus était récemment passé de vie à trépas. Elle n'avait pas très envie de se pencher trop avant sur la question, mais il lui paraissait certain que le talon de la chaussure avait été planté à travers sa poitrine, atteignant sans doute le cœur. Ça avait dû demander une sacrée force, pas de doute à avoir là-dessus. Lors du dernier bal de l'école, Calixte s'était efforcée de transpercer le pied de cet imbécile de Charles-Conrad d'un coup d'escarpin bien placé, mais elle n'était parvenue qu'à dessiner un gros bleu violacé sur le pied du jeune homme, qu'il avait pardonné avec sa bonté habituelle en clamant qu'une pauvre créature féminine ne pouvait être tenue responsable de tous ses actes, dénuée du bon sens masculin. Domitille se demandait toujours s'il était sérieux ou pas. Charles-Conrad possédait une morale relativement douteuse, quoique fort prononcée.

Ces quelques considérations hautement philosophiques achevées, la jeune fille osa enfin poser les yeux sur le visage du mort, qu'elle avait jusque-là soigneusement évité – même si elle demeurait assez difficilement impressionnable et ne paniquait pas plus que tant pour le moment, n'ayant pas terminé d'assimiler l'idée selon laquelle elle venait de trouver le cadavre sexy d'un homme nu sur la peau d'ours dans la bibliothèque, Domitille souhaitait s'éviter les cauchemars qu'entraîneraient à coup sûr sa macabre découverte. Elle préférait qu'il ne demeure qu'un corps, un corps mort et incroyablement bien fait de sa personne – quel gâchis, vraiment. Mais la curiosité fut plus forte : elle ne put s'empêcher de regarder. De jeter juste un tout petit coup d'œil. Et le reconnut.

– Valmont ?

Un cri lui échappa. Domitille Valette s'évanouit aux pieds du mort.

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