J'étais juste incapable de dire quoi que ce soit, je me contentais de regarder Momar. Je ne comprenais pas cet acharnement sur ma personne. Nous sommes restés un bon moment, comme ça, juste assis, perdus dans nos pensées. N'y tenant sûrement plus, mon petit ami a brisé le silence.
Momar : Je vais aller à la maison, j'ai besoin de discuter avec ma mère.
Moi : Je vois. Je ne veux pas que tu aies des problèmes avec ta famille à cause de moi. Je me sentirais juste mal, j'ai vécu assez de stress dans ma vie, je n'en veux pas davantage.
Momar : Donnes moi le temps de régler tout ça s'il te plaît. Je suis conscient que ce n'est pas facile, mais maman Diatou est très importante pour moi Maguy. Je vais la convaincre et lui expliquer certains points. Elle ne te connait pas.
Moi : Je t'interdis de lui expliquer quoi que ce soit sur ma vie. Elle ne m'a montrée aucun respect, aucune considération. J'étais déjà fautive depuis le début. Elle s'est présentée ce jour là juste pour m'humilier. Comme elle est si importante pour toi, vas l'épouser ou épouse celle qu'elle va choisir.
Momar : Si je devais suivre ses conseils, je serais déjà marié. Je ne suis que mon coeur et il est à toi. Je ne veux juste pas la blesser, il faut que je sois diplomate.
Moi : Non mais je rêve ou quoi? Elle n'est même pas ta mère et se permet de te dire quoi faire de ta vie? Et tu l'acceptes en plus?
Momar : Ce n'est pas aussi simple, elle m'a élevée comme son propre fils. Elle a tout fait pour moi, plus que ma mère et ce, jusqu'à son mariage. Comprends moi s'il te plaît.
Moi : Elle te demande carrément de choisir entre elle et moi!!! Quelle genre de personne ferait ça? Elle ne va jamais me supporter. Je vais bientôt retourner à Connecticut d'ailleurs. Mon séjour est terminé, il ne me reste que quatre jours ici. Je vais me consacrer à mon avenir et mes études. C'est mieux.
Momar : Maguy, arrête stp, j'ai besoin de savoir que tu seras là quoiqu'il arrive.
Moi : Je t'aime, n'en doute pas, mais je ne suis pas prête à supporter ces enfantillages stupides et cet acharnement injustifié. Je suis encore fragile émotionnellement et je ne prendrai pas de risques inutiles. Si tu tiens tant à elle, fais ce qu'elle te dit et laisse moi vivre ma vie en paix.
Momar : Tu ne penses pas ce que tu dis mon amour. Je ne fais aucun choix, tu es déjà ma femme dans mon esprit. Il reste juste à tout concrétiser.
Il m'a attirée dans ses bras et m'a donné un long baiser. Je n'y répondais pas au début, mais j'avais fini par me laisser gagner par sa douceur. Je l'ai ensuite pris dans mes bras pour lui faire un câlin. Ça un duré un bon moment, il me serrait très fort. À un moment, il s'est détaché et m'a dit qu'il devait vraiment y aller. Je me sentais vraiment impuissante face à toute cette situation, ma mère voulait encore foutre le bordel dans ma vie. Quand est ce qu'elle allait arrêter ? Il fallait que je lui parle une bonne fois pour toutes.
Après le départ de Momar, je suis allée me doucher et ai fait mes prières. Je n'avais plus envie de manger, ma faim s'était envolée. J'avais comme une grosse boule au niveau de la gorge. Momar et moi nous envoyions des messages durant une bonne partie de la nuit, il essayait de me rassurer et de me renouveler son amour. Le lendemain, mon ex-future belle mère m'avait demandé de passer chez elle pour éclaircir certains points . Je n'avais aucune envie d'y aller et j'ai trouvé des excuses. Je me demandais s'il fallait que j'en parle à Mamie ou pas. Elle avait tellement de soucis avec Tata Soda qui était enceinte (tout le temps migraineuse) et tata Lissa qui était malade aussi. Je me disais que Momar trouverait les mots justes pour les rassurer et les aider à m'accepter.
Il me restait deux jours de vacances à Dakar et j'ai fait toutes mes courses en attendant le jour du départ. Momar se faisait un peu rare, car il avait beaucoup de boulot et je ne pouvais pas, par respect pour Mamie, le recevoir à la maison à des heures tardives. Je suis par contre allée chez lui pour faire mes adieux à ses parents. Étant donné qu'il y'avait du monde, tata Mariama ne m'avait posée aucune question. J'étais trop soulagée.
De retour à la maison, j'ai trouvé tata Malaika dans le salon avec Mamie, tata Soda, tata Lissa et d'autres femmes. Je les ai saluées mais elles semblaient toutes bizarres.
Moi : Mamie, qu'est-ce qui ne va pas? Je suis désolée, je t'avais dit que je n'allais pas durer, mais tu connais tata Mariama. Elle voulait que je reste un peu plus longtemps que prévu.
Mamie : Non ma chérie. Ce n'est rien. Je sais que tu ne maîtrises pas ces éléments. Tu as bien fait de rester.
Moi : Pourquoi vous êtes toutes muettes? Qu'ai je encore fait? Ah, je vais vous manquer, c'est ça? (Je faisais un câlin à mamie en même temps.)
Tata Malaika : Décidément, tu ne changeras jamais. En fait, Aïda nous a appelées pour nous apprendre que ton homonyme a fait un accident de voiture, au niveau du campement Nguekokh, en revenant de Thiés.
Moi : Oh mon Dieu!! Quand?
Tata Malaika : Hier nuit!! Elle était allée à un baptême mais n'a pas voulu passer la nuit à Thiés. Tu sais qu'elle n'aime pas s'éloigner de Mbour.
Moi : Irez-vous à son enterrement?
Mamie Anta : MAGUYYY!!!
Moi : (la touchant) pourquoi cries-tu mamie? Qu'ai-je dit?
Mamie Anta : Kana maka na dè! Taa ka bo n'koro!!! (Ne me touches pas! Sors d'ici, va t'en!!!)
Moi : Je ne comprends pas Mamie.
Je me tournais vers mes tantes. Quand Mamie parle Bambara là, c'est que c'est chaud!!
Moi : Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas?
Mamie : Est-ce comme ça que je t'ai éduquée? Comment peux tu souhaiter la mort de quelqu'un ? Seul Dieu a le doit de nous juger! Tu me déçois beaucoup.
Moi : Je ne souhaite la mort de personne, mais vous êtes toutes bizarres et tristes, c'est normal que je pense qu'elle est décédée! Tu sais que je ne suis pas comme mon homonyme.
Tata Malaika : Elle est juste dans un état critique, elle a beaucoup de fractures et est vraiment mal en point.
Moi : Qu'Allah l'assiste! Ça ne doit pas être facile. Bon, je vais me doucher et faire mes prières.
Je sortais du salon, ne sachant pas quoi penser. Je suis montée à l'étage et me suis mise sur le balcon. Je n'étais pas vraiment triste pour Mamie Maguette, j'étais juste indifférente. J'avais assez de soucis dans ma vie. Je lui souhaitais néanmoins un prompt rétablissement. J'ai appelé Momar pour lui annoncer la nouvelle, il était peiné pour elle, sans plus. Il tenait à parler de nous. Il disait que je ne faisais pas assez d'efforts pour comprendre sa tante. Il disait aussi que je fuyais sa mère et que je devais faire preuve de plus d'hauteur et de respect.
Moi : Je n'ai rien à prouver à ta famille. Ils peuvent m'accepter telle que je suis ou me laisser en paix.
Momar : C'est difficile pour moi aussi bb. Je leur ai expliqué certaines choses mais Tata Diatou n'y crois pas. Elle dit que ce sont des histoires que tu inventes afin de nous duper. J'ai l'impression de ne plus la connaître.
Moi : Cette femme est pire que ma grand-mère. Je n'ai pas de temps à perdre, épouse celle qu'elles auront choisie et laisse moi en paix. Je suis fatiguée. (J'éclatais en sanglots).
Momar : Ta mère est très convaincante ma chérie. Tu la connais très bien, elle a décidé de te gâcher la vie, elle ne reculera pas. Maman Diatou est passée la voir et elle a dû rajouter des choses ignobles. Ne la juge pas bb, elle est manipulée par ta mère. Dis moi que tu me comprends s'il te plaît !!!
Je ne disais rien. J'avais des envies de meurtre, qu'Allah me pardonne.
Momar : Je refuse de te laisser Maguy. Tu as tenu tête à ta grand-mère et à Raïssa car tu voulais rester avec moi, tu m'as soutenu quand je ne croyais plus en moi, tu m'as aidé à faire un choix dans ma carrière. Tu m'apportais à manger quand je logeais à l'Université, tu fatiguais la pauvre Rose juste pour moi. Tu as fait plein d'autres choses pour moi et je ne les oublierais jamais. Tu seras ma femme et j'y tiens.
Je n'arrivais pas à parler à cause des sanglots. Momar a paniqué à un moment et a décidé de raccrocher pour me laisser reprendre mes esprits. Tata Soda m'avait retrouvée sur le balcon juste après.
Tata Soda: Maguy, lanela? (Maguy, que se passe t-il?)
Moi : Rien Tata.
Tata Soda: Ne me mens pas s'il te plaît !! Je sais que tu parlais avec Momar. Vous vous êtes disputés, c'est ça?
Moi : J'ai peur de le perdre Tata.
Tata Soda: Ne dis pas de bêtises. Il tient beaucoup à toi et est prêt à t'épouser le plus tôt possible. Qui sait? On pourra peut-être tout finaliser quand Djiby sera là.
Moi : La distance m'angoisse, j'ignore ce que je ferai, loin de lui et comment j'arriverai à gérer tout ça.
Tata Soda: Gérer la distance ne sera pas facile. J'en sais quelque chose. Depuis qu'Ibrahima est parti pour sa formation, je n'ai plus envie de rien. C'est pour cela que je suis venue habiter ici, le temps qu'il revienne. C'est vraiment difficile, le téléphone et skype ne suffisent vraiment pas.
Moi : Tata, il sera là avant ton accouchement, il est parti depuis juste 3 semaines. Tu exagères, moi je ne verrais pas mon mari pendant des mois.
Tata Soda: Je t'ai donné un exemple chérie. Parles-en à Raïssa ou à Aminata pour voir ce qu'elles en pensent.
Moi : Depuis qu'elle est avec Aicha au Nebraska, c'est impossible de la joindre. Aminata est juste insouciante. Je ne veux pas angoisser Raï avec mes problèmes, sa grossesse la fatigue assez.
Tata Soda: Tu as raison. J'ai vraiment hâte d'accoucher, les derniers mois sont les plus durs. Je n'en peux vraiment plus et maman s'inquiète trop pour moi.
Moi : Elle est là pour tout le monde, elle est juste merveilleuse. Vous allez tous me manquer. Les jours passent tellement vite.
Tata Soda: C'est vrai! Demain, à cette heure ci, tu seras à l'aéroport.
Moi : Oui, c'est vrai.
Je lui ai fait un câlin (pas évident avec son gros ventre) et m'en allais dans ma chambre. La maison était calme. Tout le monde dormait sauf Mamie car j'ai vu de la lumière à travers la porte de sa chambre. Il n'était même pas 22h. J'ai appelé Raïssa et Papis pour voir comment ils s'en sortaient. Raï était enceinte de jumeaux et elle m'a appris que ses belles soeurs Ramata et Karine étaient enceintes aussi. J'étais contente pour elles et je me mettais à rêver des enfants que j'aurais avec Momar. Je voulais être à lui et lui faire des enfants. La joie de Papis était si palpable et contagieuse que je décidais de me battre pour que mon fiancé éprouve la même joie. Je savais qu'il ferait un excellent père. Je disais au couple Sow que tout allait bien avec Momar, je ne voulais pas gâcher leur bonne humeur. Je ne pouvais pas parler de notre relation de toute façon. J'étais tout le temps submergée par les émotions.