Maintenant que Maddie n'avait plus aucune raison de se trouver à moins de dix mètres d'une Venus, elle choisit de vivre pleinement la fin du lycée et de ne plus se laisser accabler par des regrets ou des remords. Elle avait été humiliée par tout le lycée et si elle avait réussi à le supporter, c'était grâce à Anthony. Il protégeait au maximum sa petite amie. Sans lui, elle aurait craqué depuis longtemps. Elle souhaitait le remercier à la hauteur de son soutien, mais la requête qu'il lui fit ne l'enchanta pas.
— T'accompagner au bal de fin d'année ? s'était-elle étranglée en entendant sa demande. Oh non !
Maddie avait soigneusement évité le sujet les jours suivants. Un soir, devant son entêtement, Anthony s'emporta.
— Tu t'en fous des autres ! On y va pour nous, s'énerva-t-il.
Maddie hésita longuement, mais l'insistance d'Anthony était telle qu'elle finit par céder. Elle fit le bonheur de sa mère en lui annonçant la nouvelle. Joanna se mit à planifier l'achat de la robe ainsi que tous les préparatifs. La mère était plus excitée que la fille. Joanna tint le même propos qu'Anthony.
— Ma puce, on ne vit cette expérience qu'une fois !
— Vous vous êtes passé le mot ou quoi, marmonna Maddie avant d'accepter que sa mère organise sa préparation.
Les jours passants et le bal se rapprochant, Maddie se surprit à se prendre au jeu. Elle était finalement emballée par cet évènement. Le bal était organisé par les Venus mais Maddie n'avait pas été conviée à participer à la préparation. Elle ne s'en portait pas plus mal. Elle imaginait bien la situation se retourner contre elle si un incident avait lieu.
Dans les couloirs et dans les salles de classe, les lycéens ne parlaient que du bal et de l'élection du roi et de la reine. Les différents candidats étaient en pleine campagne et distribuaient des flyers pour récolter des voix. Sally en faisait partie et Maddie ne supportait plus de l'entendre hurler dans les couloirs pour se faire voir et attirer l'attention.
Depuis qu'elle s'était désintéressée de Maddie, Sally avait mis toute son attention et son énergie dans sa campagne.
Sally était satisfaite de ce qu'elle avait accompli avec Maddie. Elle se sentait plus intelligente et plus maligne que tout le monde. Personne n'avait pu lire dans son jeu et n'avait eu le cran de remettre en doute sa parole et de croire les propos de Maddie.
Même si Maddie coulait des jours heureux avec Anthony, Sally ne s'y intéressait plus. Elle avait mieux à faire. Elle devait se concentrer sur le bal et l'élection.
Le samedi matin, Joanna vint réveiller Maddie peu après l'aube, impatiente de passer du temps avec sa fille.
Elle entra dans la chambre d'un pas léger et ouvrit les rideaux en grand sur une belle journée ensoleillée.
— J'ai planifié le moindre de tes faits et gestes, ma puce !
Les yeux collés par l'heure bien matinale, Maddie grimaça et enfouit la tête dans l'oreiller. Sa mère était d'une telle bonne humeur que Maddie retint ses reproches concernant la luminosité trop importante pour ses pupilles.
Elle s'étira longuement avant de trouver la force de se lever. La nuit avait été courte ; Maddie avait passé des heures sur internet afin de trouver la coiffure idéale.
Les yeux mi-clos, elle se dirigea d'un pas traînant vers la salle de bain, se déshabillant en route.
Après un petit déjeuner accompagné par le flot de paroles de Joanna, Maddie se retrouva en voiture.
En entrant dans le salon de coiffure, elle flasha sur la couverture d'un magazine laissé à disposition et demanda qu'on lui fasse la coiffure du mannequin. Oublié le choix fait après avoir passé la moitié de la nuit sur son écran.
Deux heures plus tard, elle ressortit du salon, enchantée du résultat et excitée par la suite du programme.
— À ton avis, prochain rendez-vous ? demanda Joanna avec un sourire en coin.
— Ongles ? Accessoires ? Maquillage ? lança Maddie à toute vitesse.
— Tu ne pourras pas te servir de tes mains un petit moment ! Il vaut mieux que tu manges un bout avant.
— La manucure, oui oui oui ! s'exclama Maddie en sautillant.
Elles s'installèrent à une terrasse pour profiter de la journée ensoleillée. Elles dégustèrent un plat rapide qui leur plaisait à toutes les deux.
En se plaçant face à l'esthéticienne, Maddie annonça que sa robe était blanche pour que la professionnelle puisse en tenir compte. Joanna s'extasia sur toutes les étapes de sa manucure et sembla encore plus ravie que Maddie.
— Ils sont magnifiques ! répétait inlassablement Joanna.
Joliment vernis et décorés, ses ongles brillaient de mille feux.
— À occasion exceptionnelle, préparation exceptionnelle ! dit Maddie, ne sachant pas quoi faire de ses mains.
— Direction... la maison ! enchaîna Joanna en la prenant par le bras.
— Et mon visage ? Mascara, rouge à lèvres et tout ça ? paniqua Maddie.
Joanna lui adressa un clin d'œil. Talentueuse dans la réalisation du maquillage, Joanna s'était réservé cette partie de la préparation pour passer un moment privilégié en tête à tête avec sa fille.
Arrivées chez elles et assises sur le lit de Maddie, Joanna s'appliqua et réalisa soigneusement ce que sa fille souhaitait. L'heure du bal se rapprochait et Maddie sentait la pression monter. Ses mains étaient moites.
— C'est fini. Tu es merveilleuse, Mad, la complimenta Joanna en déposant son pinceau.
La jeune fille se leva et resta bouche bée en se découvrant devant le miroir. Elle porta les mains à son visage.
— Ne touche pas ! Avec tes doigts tout gras, je n'aurais plus qu'à recommencer ! s'exclama Joanna en affichant une moue dégoûtée avant de sourire.
Maddie lui tira la langue et se jeta sur elle en mimant de s'essuyer sur sa chemise en soie. Elles furent prises d'une crise de fou rire.
— Ça libère, hein ! fit Joanna entre deux hoquets.
Après s'être esclaffée de longues minutes, Maddie bascula à la renverse sur son lit.
— Je me sens plus légère, c'est vrai ! avoua-t-elle en se tenant les côtes.
Joanna s'appuya sur un coude pour la regarder. Maddie croisa son regard en souriant avant de se relever, décidée à enfiler sa robe pour être fin prête.
Elle la sortit de la penderie et la déposa précautionneusement sur le lit. Alors qu'elle caressait le tissu soyeux du bout des doigts, la sonnette retentit.
Maddie jeta un œil à son portable.
— Il est super en avance ! bougonna-t-elle. On avait dit dix-sept heures et il n'est que seize heures ! Il abuse.
— Je m'en occupe, la rassura Joanna en quittant la pièce pour se rendre au rez-de-chaussée.
Maddie resta attentive et fut surprise qu'aucun bruit ne lui parvienne.
— Maman ? C'est bien Anthony ?
Pendant quelques instants, elle n'eut aucune réponse. Alors qu'elle allait se diriger vers la sortie de sa chambre, une main se posa sur son épaule et la fit sursauter de peur. Elle se retourna et une vague de joie la submergea.
Sa grand-mère, Michelle, se tenait face à elle. Juste derrière, Maddie aperçut Lindsey, la sœur de Joanna, ainsi que ses filles jumelles de sept ans, June et Ava. Maddie leur tomba dans les bras.
— Vous êtes là ! dit-elle en retenant ses sanglots.
— Ma chérie, on ne pouvait pas manquer ça, répondit sa grand-mère en l'étreignant.
— Comme on ne loupera pas ta remise de diplôme, ajouta Lindsey en clignant d'un œil.
Ses deux petites cousines étaient ébahies.
— T'es belle ! souffla June en portant ses mains sur son cœur.
— T'es trop belle même ! s'exclama Ava en imitant sa sœur.
Après de longues embrassades, Maddie demanda à tout le monde de quitter la pièce. Ses deux cousines tentèrent de rester, mais Maddie déclina toute aide et les accompagna à la porte de sa chambre.
Lorsque la sonnette retentit une nouvelle fois, une trentaine de minutes plus tard, Maddie était prête.