Je m'efforce de sourire, c'est ma seule option. Si je me souviens bien, nous sommes en direct. Hors de question de décrédibiliser mon couple devant des millions de téléspectateurs. Même si je suis persuadé qu'elle a saisit ce qu'il se trame, Amanda joue le jeu elle aussi. Bordel, qu'est-ce que j'en veux à Amber. Ellen s'excuse au près de nous deux en déclarant que le cliché lui avait été envoyé sur twitter et que parce qu'il semblait réaliste, elle a pensé qu'il s'agissait d'une vraie photo. Elle avait raison, mais comme elle le dit, je suis un bon acteur.
L'émission se poursuit dans une bonne ambiance avec des questions aussi intéressantes les unes que les autres. Lorsqu'elle s'achève, nous prenons un selfie à trois qu'Ellen poste sur le champs sur son compte Twitter et Instagram. D'après elle, elle a eut droit à des réactions immédiates.
Je contemple le beau paysage de Los Angeles dans le 4x4 qui nous emmène je-ne-sais-où. C'est le côté positif des nombreux voyages impromptus que je subis, contempler les paysages, remarquer les différences de chaque destinations plus pittoresques les unes que les autres. Amanda, assise sur le siège avant, a les oreilles occupées par son grand casque de musique, apparement elle écoute le dernier album de l'une de ses amies qui lui demande son avis avant la publication. Quant à moi, je suis à nouveau sur la banquette arrière, Steven est à mes côtés et Jack s'est chargé de conduire. Ma fiancée et moi ne nous sommes pas adressé un mot depuis que nous avons quitté le plateau d'Ellen et je sais pertinemment pour quelle raison. Elle n'y a pas cru une seule seconde à cette histoire de montage, ma future femme est loin d'être conne. Et le seul moyen qu'elle a trouvé de me torturer, c'est le silence. Oui, cette femme me connait assez bien pour savoir que la culpabilité étant le pire des sentiments pour moi, finirait par me rendre fou puisque ma maladie exacerbe toutes mes émotions. Elle en joue. Elle est si cruelle. Je ne peux m'empêcher de penser à Amber, c'est sur elle que je rejetterai toute la faute si jamais je suis amené à subir une confrontation contre Amanda. C'est elle qui m'a trompé, c'est elle qui m'a affirmé qu'Amanda m'avait été infidèle, et, en étant elle même, elle m'a poussé à me venger de ma fiancée. Et si elle ne m'avait pas menti d'ailleurs ?
Jack se gare devant l'hôtel où nous étions et nous descendons chacun à notre tour. Comme d'habitude, des tas d'emmerdeurs sont présents pour me les briser. Quand est-ce qu'ils comptent se mêler de leur culs ceux là ? Malgré mon ignorance constante face à leurs interrogations toujours particulières, quelques unes telles que "Qui était la blonde avec toi dans l'ascenseur, Thomas ?" , "Amanda et toi, vous allez vous séparer ?" , "Vas-tu te lancer dans le cinéma ? ont pu être entendus par mon audition tant elles étaient récurrentes. Heureusement que Jack était parmi nous, il nous a aidé à traverser toute cette horde agaçante.
Arrivés dans notre suite, toujours aucun mot n'est prononcé par Amanda. Tout ce qu'elle se contente de faire, c'est ranger les quelques affaires qu'elle s'était permise de sortir de sa valise. Ne saisissant pas ce qu'elle est sur le point de faire, je lui adresse la parole.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Sans daigner me regarder, elle poursuit ses rangements avant de se changer. Elle enfile un jean slim bleu, un débardeur à fines bretelles blanc ainsi qu'une paire de converses hautes de la même couleur. Par dessus, elle rajoute une chemise à carreau verte, bref, c'est la Amanda quand elle décline ses "responsabilités" de starlette toujours sur son 31. Le manque d'attention qu'elle me porte, il n'en fallait pas plus pour me faire sortir de mes gongs. Je quitte la porte sur laquelle je m'étais jusqu'à là appuyé pour la rejoindre sur le lit où elle se damne à fermer sa valise après y avoir mis la tenue de Tom.
- Où étais-tu le quatre juillet ? je lui demande calmement.
Elle était sur le point de continuer à m'ignorer mais pour la toute première fois de ma vie, je me comporte violemment envers elle. Je l'attrape par sa queue de cheval et la traîne jusqu'au mur en face de la porte où je la plaque brutalement. Je la bloque entre mes deux bras appuyés contre le mur et le regard qu'elle me lance ne présente aucun signe d'effroi. Non, c'est autre chose. Je dirais...de la stupeur. Ouais, elle parait subjuguée, sans doute parce que jamais elle m'aurait cru capable d'une telle chose. Ou du moins pas envers elle. Je peux le lire dans ses yeux bleus à présent rougeâtres et tout enflés avec lesquels elle me fixe. Étonné, je la libère de mes bras encombrants et recule d'un pas, la tête baissée et incapable de réprimer le rire nerveux que j'avais au travers de la gorge. À quel moment a-t-elle pleuré ?
- Tu as pleuré. C'est...c'est toi qui a commencé Amanda. Tout ça, Amanda, j'étais clean moi. Je prenais sur moi mais tu m'as provoqué.
- J'ai commencé ? Quand en aurais-je eus le temps ? elle se précipite de répondre en haussant le ton.
Je range mon sourire.
- Le quatre juillet, où étais-tu ?
- C'est quoi cette date ? Je suis censée m'en rappeler ? Qu'est-ce que ça changerait ?
- Je vais te le dire moi, quelle putain de date c'est. C'est le putain de jour où tu as mélangé ta putain de langue avec celle d'une putain de lesbienne ! m'écriais-je.
- Quoi ? Avec une fille ? Ton état s'empire vraiment, mon pauvre vieux.
Elle rit en fronçant les sourcils. Ensuite elle s'empare de son téléphone portable et y passe un coup de fil.
- Adam, dit-elle à son interlocuteur qui est son manager principal, après avoir mis le haut parleur. Tu as les dates de mes déplacements ?
- Oui, pour l'instant tu as deux semaines de repos pour le mariage et la lune de miel. Ensuite tu devras te rendre à Sao Paulo pour la pub Dior la date est encore indéterminée. Oh et avant ça, tu as une séance photo à réaliser pour le magazine de sport...
- Et les dates récentes, tu les a encore ? elle le coupe.
- Oui... normalement. Tu as oublié de faire quelque chose ?
- Oui, enfin je ne me rappelle plus très bien de la journée du quatre juillet, j'avais quoi de prévu à cette date ?
- Attend quelques instants.
On entend le son qu'émet le clavier d'Adam pendant près de trois minutes puis il reprend:
- Tu n'avais aucun rendez-vous ce jour là, annonce-t-il.
Je la fusille du regard tandis qu'elle paraît surprise.
- Tu as passé la journée avec Thomas, vous êtes allés voir le pâtissier du mariage pour choisir le gâteau et j'ai aussi noté que tu devais aller choisir ta robe de mariée.
- Tu pouvais très bien être avec cette lesbienne au moment de retirer ta robe que je n'ai jamais vu puisque je n'étais pas avec toi à ce moment là, assimilé-je en chuchotant.
- J'étais avec ta sœur et ton fils, Thomas.
- Bien-sûr, dis-je.
- La dernière information que j'ai c'est que c'était à Cannes, je n'ai rien noté de plus. Désolé.
À Cannes ? Une vague de remise en question m'envahit. Amanda raccroche.
- Je ne sais pas d'où tu tiens ces rumeurs Thomas, mais je ne t'ai jamais trompé. Cette journée là, nous l'avions passée ensemble. D'abord à goûter des tas de gâteaux chez le pâtissier à Cannes, ensuite nous avions été dîner dans un restaurant italien, puis j'ai été récupérer ma robe chez ta soeur, avec Tom et le reste de la journée nous sommes allés en Corse. Le lendemain, tu es allé à Monaco avec David et Tom. Tu ne t'en rappelles pas ?
Je secoue la tête, mitigée. Il me semble qu'Amber était à Paris, le quatre juillet... Pour l'instant, là n'est pas le problème. Pourquoi ne parviens-je pas à me souvenir de cette journée passée avec Amanda ? C'est un des symptômes de l'Huntington Muller... Me susurre ma conscience dans tous ses états, extrêmement inquiète. Quelle sera la prochaine étape ? Putain.
- Si tu veux qu'on... reprend Reyes.
Elle souffle un grand coup et poursuit en me regardant droit dans les yeux:
- Si tu veux qu'on arrête tout, il n'est pas trop tard.
- Ce n'est pas ce que tu veux, qu'on arrête tout ?
Elle secoue mollement la tête. Et soudain, une masse de culpabilité gagne l'intégralité de mon corps. La seule chose que je juge nécessaire de faire à ce moment là, c'est de la prendre dans mes bras. Heureusement, elle m'aime assez pour se laisser faire. Amber m'a menti. Elle a profité de la faiblesse que créait mon désir pour elle pour me mentir et en tant que l'être infâme que je suis, je me suis servi de cette raison pour lui faire l'amour. Que je suis stupide.
- Qui c'était ? s'enquit Amanda toujours dans mes bras.
Je ferme les yeux, cherchant désespérément un mensonge qui atténuerait sa douleur, en vain.
- Ce n'est pas nécessaire.
Elle se détache de mon étreinte, les larmes aux yeux.
- Ça l'est.
- Une hôtesse d'accueil, dis-je sur un coup de tête. Je...je venais d'apprendre...enfin je croyais que tu m'avais trompé et je...je me suis laissé emporter.
Elle acquiesce et au même moment, une larme macule son visage d'ange. Il n'en fallait pas plus pour me briser le coeur. Malgré tout, je ne trouve pas assez de bravoure en moi pour m'excuser.
Los Angeles, nous n'y avons même pas passé une journée. Amanda a tenu à ce qu'on rentre de toute urgence à Monaco lorsqu'elle a apprit que je n'avais strictement rien branlé depuis que j'ai rejoins la villa. Malgré le fait qu'elle soit complètement abattue, sa détermination au sujet du mariage demeure intacte. Cette femme me surprendra toujours. Alors nous sommes retournés à Monaco, en dépit de l'heure tardive en France et de la fatigue qu'intensifie le décalage horaire et les quatorze heures de vol que nous venons d'avoir. Nous avons été chanceux de ne croiser aucune embuscade sur notre chemin lors de notre arrivée à Monaco. Une première, je suppose.
Lorsque nous approchons la porte d'entrée du salon de la villa, nous découvrons celle-ci grande ouverte. D'abord inquiet que nous soyons cambriolés mais surtout pour mon garçon, je juge qu'il serait plus prudent si j'accédais le premier afin de vérifier les lieux. Je franchis le seuil du salon en optant pour des mouvements extrêmement lents afin de ne pas être entendu au cas où mon hypothèse s'avère vrai.
Le salon est vide. Deux verres ainsi qu'une bouteille de bourbon et plusieurs mégots de cigarettes reposent sur la table basse près de la télévision, nul ne doute qu'il s'agit d'une œuvre de Jacob et David. J'observe rapidement le salon. Rien ne semble avoir été volé alors je continue mes pas en direction de la cuisine où je crois entendre des voix. Lorsque je tourne la poignée pour y entrer après m'être muni de la bouteille de bourbon, j'y découvre avec toute la stupeur du monde, Amber et Jacob. La demoiselle a le cul posé sur le plan de travail central tandis que monsieur lui se trouve en face d'elle et la dévore clairement de ses yeux tout rouge. Je ne sais pas si je devrais être soulagé de les voir eux, ensemble plutôt que de dangereux truands. Le regard que me lance Jacob distrait Amber qui se retourne en ma direction et sourit. Impossible de ne pas noter que ses yeux à elle aussi sont rouges quand on a passé des heures à les contempler, même de loin.
- Alors, c'était comment Los Angeles ? me lance-t-elle.
- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- J'ai rompu avec Paul, je lui laisse le temps de faire ses bagages avant de rentrer et comme tu peux le voir, mon ami Jacob a tenu à me consoler, m'explique-t-elle.
Elle est complètement déchirée. Je rêve ! Comme si c'était le moment. Ce qui signifie que je ne pourrai avoir une conversation avec elle ce soir et tant mieux. Je suis si en colère après elle que je m'en contrefiche finalement qu'elle ait quitté cette vermine de Verger. Elle le mérite. C'est une menteuse. D'ailleurs si elle m'a menti au sujet d'Amanda, pourquoi n'aurait-elle pas fait de même au sujet de Lisa ? Cette pensée me broie les tripes.
- Tu dois t'en aller, tout de suite. Amanda est ici, je lui ordonne.
- Et alors ? Je suis la femme de Jacob, lâche-t-elle en souriant pleinement à mon cousin.
- Tu ne portes même pas de perruque ! s'esclaffe Jacob.
- C'est parce que mon cher mari me préfère sans, elle réplique en arborant le ton d'une bourgeoise du XXe siècle.
Jake y répond par un clin d'œil et je suis davantage en rogne. Pas parce qu'elle se rapproche dangereusement de lui, mais parce qu'il l'a délibérément poussé à le faire alors qu'il sait ce que je ressentais pour elle. Qui plus est, il est putain de marié. Lui aussi j'aurai une discussion avec lui quand il sera sobre.
- Amber, je ne me répéterai pas une seconde fois, dégage de chez moi.
Elle descend du plan de travail, s'approche de moi et fronce grandement les sourcils en plissant ses yeux qui sont déjà comparables à ceux d'une asiate.
- Depuis quand tu me parles sur ce ton ? Avant hier tu disais qu'il ne s'est pas passé un jour durant ces sept dernières années sans que tu ne penses à moi. Que quand tu n'allais pas bien, quand tu partais en vrille ou même quand l'envie de mettre fin à ta triste existence te prenait, c'est premièrement à moi que tu pensais et aujourd'hui tu t'adresses à moi comme on s'adresserait à une vulgaire putain qu'on jetterai comme une capote usagée après l'avoir baisé de toutes les manières possible ?
Je souris.
- Quand on y réfléchit bien, c'est bien ce qu'il s'est passé. Je t'ai baisé de toutes les manières possible alors crois-moi, ma belle, tu es bien plus sale qu'une capote usagée. Tu as juste été là au bon moment quand mes couilles étaient bien pleines.
Sa main s'abat violemment sur ma joue droite, puis la gauche, laissant d'intenses brûlures me démanger la peau. Rien n'aurait pu m'irriter davantage. Alors que je levais ma main avec l'intention de répliquer, Jacob la protège avant de me bousculer, de toutes ses forces, je suppose. Je me retrouve à l'extérieur de la cuisine et là, je croise le regard assassin d'Amanda. Il m'indique qu'elle a tout entendu. Que les problèmes commencent. Lias sort elle aussi de la cuisine, en furie, beuglant le nom de sa fille. Lisa aussi est ici ?
- Elle doit sûrement être en train de dormir Amber, attend demain, s'oppose Jacob en la suivant.
- Que j'attende demain ? Tu crois vraiment que je vais laisser ma fille à ce malade mental ?
- Et en plus elle a une fille maintenant, marmonne Amanda dans son coin.
Lias se retourne vers elle tout en s'y avançant.
- Oui j'ai une fille, chose qui ne t'arrivera jamais.
- Si ça pouvait arriver, au moins ma fille aurait eu le mérite d'avoir une vraie mère, pas une traînée qui sert de vide-couilles à un homme déjà pris, rapplique Amanda.
- Je ne vois aucun inconvénient au fait de vider les couilles au père de sa fille, la seule traînée ici c'est bien toi. Si tu n'as pas la mémoire aussi courte que l'espérance de vie de votre couple pathétique à présent, tu te souviendrais que c'est toi qui lui a servit de vide-couilles alors qu'il était déjà pris, il y a sept ans, explique Lias.
J'ai à nouveau droit au regard assassin d'Amanda, une ultime fois avant qu'elle tourne les talons et déguerpisse de ma villa. Sa bague de fiançailles, elle me l'a balancé avant de s'en aller. C'est officiel, après sept ans, je suis célibataire. Honteux, je reste immobile à la naissance des escaliers. Lorsque je relève les yeux, je découvre Lisa et Tom me regarder depuis le premier étage. La fille de Lias descend rejoindre sa mère qui la prend dans ses bras.
- C'est lui mon papa ? demande Lisa à sa maman en me montrant timidement du doigt.
- Oui, malheureusement, répond Amber.