Anastatia
2 jours...
2 jours que je n'ai pas eus de nouvelles de lui.
2 jours que je suis à l'hôpital près de mon père.
2 jours que les médecins l'ont mis dans un coma artificielle.
2 jours que Tommy m'harcèle. Je ne veux même pas lui répondre. Il me dégoûte comme lui...
Tu n'aurais jamais dû l'embrasser ! Et pourtant je dois admettre que ma conscience a raison...
Ma mère vient de temps en temps, elle a l'air sous le choque à chaque visite. Elle a des cernes violettes et je me dis qu'elle a peut-être un cœur. Dès qu'elle vient, je les laisse entre eux et à chaque fois elle ressort en pleurant. Elle ne fait pas attention à moi mais j'ai remarqué qu'elle a ressorti la bague que mon père lui a achetée il y a quelques années. Elle ne l'avait jamais mise avant aujourd'hui. Moi ? Les médecins ont tellement eu de la peine pour moi qu'ils m'ont installé un matelas avec un oreiller et une couverture. Les infirmières sont gentilles. Elles ne parlent pas beaucoup mais leurs regards en disent longs.
Je ne vais plus en cours, de toute façon ce n'est pas une grande perte. Il m'a ouvert les yeux. Enfin Tommy m'a ouvert les yeux. J'ai encore la conversation qui tourne en boucle dans ma tête.
Après ce baiser, il se recule et me fixe.
-Il n'est pas bon pour toi.
-Qui ?
-Alexandre.
-Je ne veux pas en parler.
-Il faut que je te dise la vérité.
Il va vers un banc et s'assoit. Je fais de même.
- Dis-moi...
-Tu n'étais qu'un pari...
-Quoi !?
Les larmes commencent à venir mais je tiens bon. Je ne dois pleurer devant lui.
-Toute cette histoire, été un pari. Il voulait se taper une petite étrangère des vieux quartiers. Il voulait essayer. S'amuser. Voir ce que ça faisait. J'ai cherché à l'en dissuader mais c'est tellement un connard qu'il ne m'a pas écouté.
Je ne trouve plus les mots. Alors c'est vrai. Le mythe « un riche avec une pauvre » n'existe que dans les livres. Je me sens mal. J'ai faillis perdre ma virginité avec lui ! Quelle idiote je fais...Tous ses regards, ses mots...c'étaient de la comédie ! En fait je suis bonne à devenir comme ma mère ou au mieux femme de ménage ou prostitué...
-Il est comme son père, raciste en vers vous...Ils étaient d'accord pour la division de la ville !
Le « vous » me fait froid dans le dos. Et là, ma colère s'empare de me veines et j'explose.
-Tu oses oublier que tu faisais parti de ce « vous « !? Tu as souffert comme nous tous ici nous souffrons. Alors ne prends pas ton petit air supérieur juste parce que tu as atterrie de l'autre côté de la limite ! Tu es devenu comme eux ! Raciste et sans cœur pour nous ! Tu me dégoûtes ! En fait tu dis qu'Alexandre est en connard mais toi aussi !
-Non ce n'est pas vrai !
-Si ! Tu es pareil que lui ! Je ne veux plus que tu m'approches c'est clair !? Je veux tu m'oublies ! Je ne t'aime pas et je t'aimerai jamais !
-Ana...
-Tais-toi !
Après cette discussion animée, je me suis enfuie. Il a essayé de me rattraper mais en vain...Je connais toutes les cachettes de cette cité et il a dû les oublier. Dommage pour lui.
-Mademoiselle ?
Je me retourne et je vois une infirmière. Elle a un petit sourire compatissant et je sais que mon père est entre de bonne main.
-Je vais procéder à la toilette de votre père.
-Euh oui...je vais me chercher un petit quelque chose à boire.
-Tenez...C'est moi qui vous l'offre.
-Merci mais je ne peux pas accepter...
-Si prenez, ça me fais plaisir.
Je prends l'argent qu'elle me tend et après un sourire chaleureux, je m'en vais vers la cafétéria.
-Un chocolat chaud s'il vous plaît.
-Pas de problème.
Après trois minutes d'attente, mon chocolat arrive. Je cherche une table vide. Je regarde la salle et je constate que TOUTES les tables sont vides. Personne ne vient rendre visite aux malades. Je vais me mettre près de la fenêtre et mon regard se porte sur une jeune fille. Elle est très belle. Ses cheveux bruns sont longs. Sa peau blanche ressemble à une peau d'anglaise et ses yeux bleus me surprennent. Elle lui ressemble. Elle me voit et vient vers moi. Je regarde autour de moi pour voir s'il y a quelqu'un d'autre. Personne. Elle se rapproche de plus en plus et je remarque qu'elle est dans une robe très élégante. Blanche, et elle s'arrête légèrement au dessus du genou. Elle a des chaussures blanches aussi. Elle n'est pas maquillée. Son visage me revient en mémoire. Mes larmes reviennent mais je les efface vite. Cette fille doit avoir quoi...15 ans ?
-Bonjour, je peux m'assoir ?
Cette voix me réveille d'un coup. Cette voix !
-Je...oui bien sûr.
Elle s'assoit et me fait face.
-Je vais être directe. Je suis la fille qui vous a répondu lorsque vous avez appelé sur le portable d'Alexandre.
Je suis perdue entre le vouvoiement qu'elle utilise et le fait qu'elle me parle de...je prends une gorgé de mon chocolat.
-Je suis sa sœur.
Je recrache immédiatement ce que j'avais dans la bouche. Heureusement que ce n'est que la table qui a été touché.
-Tu...Vous...Sa sœur !?
Elle joue avec ses doigts. Elle est nerveuse et moi aussi ! Je suis en plein rêve ! Je me suis vengé pour rien !
-Oui...Je vous ai pris pour une de ses groupies qui tourne autour de mon frère. Mais lorsque mon frère m'ad dit qu'il...bref je me suis sentie vraiment mal.
Elle arrête de parler et me regarde droit dans les yeux. Je ne sais pas quoi dire. J'ai conclu trop vite. Mais j'étais tellement déçue...je n'ai pas réfléchi...
-Alors il...il n'a pas joué avec moi... ?
-Non et c'est bien la première fois. J'ai été surprise. Alors j'ai cherché à savoir où vous étiez et...
- Tutoie-moi si tu veux.
- Oui...donc j'ai cherché où tu étais et je t'ai trouvé.
Je me sens perplexe....
-Comment tu as fais ?
-Ne cherche pas à savoir. Tout ce que tu dois savoir c'est que mon frère t'apprécie énormément et moi aussi...Il a changé. Quand je lui ai dis que j'ai répondu à sa place il était...mal ? Il avait peur. Puis quand il t'a appelé et que tu as embrassé Tommy...
-Je voulais juste me venger...j'étais blessée et Tommy m'a dit qu'Alexandre était raciste et qu'il voulait se taper une étrangère...
-Tommy est jaloux c'est tout. Alexandre n'est pas raciste ! Et il ne joue pas avec toi, je te le jure.
Je me sens rassurée mais il faut que je sache que je sache quelque chose.
-Ton frère m'aime ?
Elle n'est même pas étonnée. On dirait qu'elle attendait cette question.
-Pour te répondre franchement...je ne sais pas, mais il a tellement changé, je veux dire qu'il regarde moins les filles et même s'il est énervé après toi, il ne cesse de parler de toi. Je pense que tu dois le bouleverser, ça c'est sûr ! En même temps tu es jolie et tu lui « résiste ».
Je me sens rougir et je baisse les yeux. Elle se lève et je fais de même. Elle me prend dans ses bras et me chuchote :
-je t'aime bien. Récupère mon frère, il a besoin de toi.
-Comm...
-Au revoir.
Et elle part comme ça. Il a besoin de moi ? Mais qu'est ce que je peux faire pour lui ? Je cours vers la chambre de mon père. Les infirmières ont fini. Mon père est toujours dans le même état. Les médecins ne veulent pas le réveiller. Je ne sais pas pourquoi. Je prends mon portable et je m'assoie près de lui. Je cherche « Alexandre » tout en prenant la main de mon père dans la mienne. Je la sers fort lorsque que j'entends les sonneries. Une, deux, trois...Il ne répondra pas. Lorsque je m'apprête à raccrocher et que mes larmes menacent de s'écharper j'entends...
-Anastatia ?