Water Lily

By RosalineOscar

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Son doigt effleura ma peau. Froid et chaud à la fois. M'électrisant au simple contact. Il traça la courbe lég... More

Pitié, pas de rat.
Ou comment se retrouver sur le cul.
Adieu le rêve, bonjour le cauchemar.
Ce que je suis ? Oh je sais pas. Peut-être un truc poilu.
Moi bizarre ? Vous vous êtes regardés peut-être ?
Ou comment dire : je cours à la catastrophe.
Je n'ai pas besoin d'un chien de garde. Quoique. Tu mords bien ?
Ou comment se sentir plus monstrueuse que monstrueuse.
Qu'est-ce que je suis ?
Besoin de temps. Acte I, scène I.
Besoin de temps. Acte I, scène II.
Avance et ne recule plus.
Evolution. Non je ne parle pas de Darwin. Ni de Pokémon.
Avoir un petit-ami surprise en une leçon.
Oui maman, je ne suis plus une enfant. Ah et oui. J'attire les psychopathes.
J'entends des voix. C'est pas suffisant ? Bien, je vois des fantômes alors.
Finalement, je vais peut-être avoir quelques poils.
J'ai, comme qui dirait, un léger mal de crâne.
Baisé mouillé.
Doucement, tu grandiras encore. Si tu survies jusque là.
Envie d'une reconversion ? Essayez dompteuse de Lion.
Je ne deviendrai pas dompteuse de lion.
Passé. Présent. Rêve. Réalité. Je ne sais pas ce que je préfère.
La mélodie de la lune.
Plongé en terre inconnue.
Passion pour les frites.
Ou comment le Dieu des céréales m'a prise en grippe.
Monstre ou humaine. Un pas vite franchi.
Comment gérer les catastrophes (ou pas) pour les nuls.
Tuatha de Dannan, d'histoires en histoires.
Lien. Pas tout à fait celui que j'attendais.
Water lily, la puissance du nénuphar.
Marron. Ils étaient marron.
Sacrifice.
Epilogue
Tome 2

Hier, je te détestai. Aujourd'hui, tu vas me manquer.

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By RosalineOscar




- Tu es blessée ?

La voix rauque de mon père tressautait dans une inquiétude qui me lacéra la poitrine. J'avais toujours été persuadée n'avoir aucun souvenir de lui, tout au plus quelques bribes d'un passé que je pouvais concevoir comme simple fiction de mon esprit. Et pourtant, cette voix tremblante d'inquiétude m'était familière. Il ne l'avait que trop souvent eu alors que, enfant, j'avais témoigné d'un caractère intrépide et aventurier qui m'avait causé bien des maux. Et encore plus à mes parents, paniqué lorsqu'il me découvrait perché au sommet d'un arbre. Sans savoir comment j'y avais grimpée. Pour dire vrai, je ne m'en souvenais pas moi-même. Je me rappelais juste avoir rire aux éclats en contemplant mon père se hisser, habilement, entre les branches pour venir me dérober à mon perchoir.

Je détournai les yeux précipitamment tandis qu'il plantait ses iris dans les miennes, me laissant y lire cette inquiétude que je n'avais aucune envie de constater. Cela me faisait trop penser qu'il tenait à moi, qu'il m'aimait. Comme un père normal. Un père qui n'aurait pas abandonné sa famille. Je serrai les dents et Maël posa sa main sur mon épaule, m'influant un capable que je peinai à conserver. Isidora, elle, préféra se montrer moins aimable, grognant simplement à l'encontre de cet homme qui me bouleversait tant. Elle se fichait de savoir qui il était, tout ce qui lui importait était de savoir que je n'avais aucune envie qu'il s'approche plus de moi. D'ailleurs, la menace dû être suffisamment parlante car il stoppa le mouvement qu'il venait d'entamer afin de se rapprocher. David soupira lourdement, cherchant mes yeux que je lui refusais toujours. Il finit par renoncer et reprit son interrogation :

- Que s'est-il passé ? Ta blessure est-elle grave ?

- Elle a essayé de se faire une nouvelle amie, mais elle est encore un peu maladroite dans les relations sociales.

Je tournai mes yeux vers ma droite, contemplant Kenan qui planta ses iris sombres dans les miennes, sans me surprendre. Je savais qu'il n'allait pas apprécier la main de Maël qui venait de glisser de mon épaule à ma taille, m'assurant ainsi sa présence à mes côtés. Je grimaçai lorsqu'ils échangèrent un regard meurtrier et passai ma main dans ma nuque, mal à l'aise. Je n'étais pas prête à les affronter tous deux, pas quand j'ignorai encore comment agir avec eux.

Mais, décidée à me focaliser sur un problème à la fois, je relevai le visage pour affronter celui de mon père. Il était probablement aussi crispé que le mien, fusillant Kenan d'un regard accusateur. Il semblait avoir mal prit le trait d'humour du démon et attendait une explication plus claire sur la situation. Il détestait que l'on plaisante sur ma santé. Mon cœur se gonflait d'allégresse à ce constat mais l'amertume régnait toujours en maître dans mon esprit.

- Une manticore a attaqué le château, expliquai-je sommairement. Et pour résumer elle a pensé que me mettre au bout de ses pics, les décoreraient joliment.

Je me mordis la lèvre, coupable, lorsque son visage devint livide. Ses yeux s'écarquillèrent et ses doigts se serrèrent dans ses paumes. Son souffle se coupa et je sentis avec perfection son désarrois. Il aurait voulu être là pour éviter une telle chose. Et se demandait surtout ce qui allait m'arriver d'autre. Cela ne faisait que quelques mois que j'étais à Dacer mais le monde marqué m'avait déjà témoigné sa volonté de m'éradiquer de sa surface.

- Il faut que tu partes d'ici. Sur le champ, lâcha-t-il, articulant difficilement tant sa mâchoire était serrée.

- Ce serait déraisonnable, assura calmement Andrew. Je comprends votre inquiétude mais c'est ici qu'elle est le plus en sécurité.

- La preuve, souligna mon père, froidement. Une manticore a pu l'atteindre. Nous ne devons pas avoir la même notion de sécurité.

- Elle était en dehors du bâtiment, répliqua Andrew sans se laisser démonter. Si elle avait respecté les règles, elle n'aurait pas été mise en danger.

- Donc vous comptez la cloîtrer entre vos murs ? Elle en partit une fois, elle recommencera.

- Je suis dé...

- Certes, me coupa Andrew alors que je me contentai finalement de soupirer lourdement tandis que les deux hommes s'affrontaient. Mais nous pallierons à ce détail. Je vous assure que votre fille est en sécurité dans mon école.

- Peut-être pour l'instant, concéda mon père. Mais cela ne sera plus le cas dans très peu de temps.

Ses yeux se posèrent sur moi alors que je semblai enfin ne plus être invisible. Je fronçai les sourcils, remarquant seulement les nombreuses entailles qui couvraient sa peau. Les longues estafilades n'étaient pas profonde, ressemblant plus à des éraflures que de réelle coupures. Je pus en estimer la cause : il avait traversé la forêt en courant, dans une précipitation qui l'avait poussé à négliger son corps. J'inspirai lentement, mon corps se raidissant.

Il savait quelque chose que nous ignorions. Quelque chose qui allait faire basculer la tempête, qui ne cessait de souffler sur moi depuis mon arrivée, en un véritable ouragan. Le poids lourd de la réalité s'écrasait sur mes épaules. Une menace plus grande que toute celle que j'avais pu imaginer allait m'emporter et m'écraser. Les yeux emplit d'inquiétude et d'angoisse de mon père voulant me confirmer que j'avais de bonne raison de me sentir tétaniser.

Il était plus que nerveux, son pied ne cessant de battre sur le sol du bureau d'Andrew, où celui-ci nous avait tous conviés pour discuter. Il ne cessait de regarder autour de lui, alerte, comme si, soudainement, quelqu'un allait surgir du plafond ou d'une des bibliothèques d'Andrew. Son comportement suffit à m'enfoncer dans un stress qui me broyait l'estomac. Qu'allait-il donc encore m'arriver ? À quoi devais-je m'attendre ? Qu'est-ce qui pouvait autant l'effrayer, lui, que l'on m'avait dépeint comme un incroyable loup-garou ? J'avalai ma salive alors que Kenan fut le premier à perdre patience :

- Expliquez-vous, somma-t-il.

- Je n'ai pas confiance en vous, rétorqua mon père en affrontant le jeune effronté que représentait le démon, à ses yeux. Je ne suis venu que pour la récupérer.

- Je ne te suivrai pas, rétorquai-je platement. Je suis chez moi ici, je n'ai aucune raison de t'accompagner.

- Je suis ton père ! Assena-t-il en haussant le ton, me fixant avec sévérité. Je ne te demande pas ton avis, jeune fille. Tu vas obéir, un point c'est tout.

Mon père s'avança, menaçant et je ne flanchai pas, restant parfaitement immobile. S'il pensait que j'allais me laisser faire, il se mettait le doigt dans l'œil. Je n'étais plus l'enfant qu'il avait laissé derrière lui, des années auparavant. Je n'étais certainement plus sa petite-fille. Je n'étais plus l'enfant à qui il pouvait donner des ordres. Il n'avait peut-être pas eu l'occasion de le voir, mais j'étais devenue une adulte. Plus une enfant. Et, de toute façon, il avait perdu ce rôle de père qu'il voulait revendiquer aujourd'hui. Pendant des années il m'avait ignoré, m'avait délaissé. Et maintenant il voulait que je redevienne sa petite fille qui lui obéit sagement ? C'était hors de question.

Sa main se posa sur mon avant-bras et, d'un geste sec, je lui fis lâcher la mince prise qu'il pensait avoir obtenu. Il fronça les sourcils, agacé et j'affrontai son regard avec une colère grossissante. La main de Maël chercha à se presser plus fermement contre ma taille, craignant sans doute que je ne perde le contrôle de mes sentiments. Il voulut m'influer du calme mais je l'écartai sèchement, le faisant soupirer. Je savais que j'agissais comme une enfant capricieuse, mais je n'avais aucune envie de canaliser mes émotions. Je l'avais fait pendant des années et aujourd'hui, j'avais l'opportunité de laisser exploser toute la rancœur que j'éprouvai envers lui.

- Si je peux me permettre de vous donnez un conseil, débuta Tamara, un large sourire aux lèvres alors qu'elle était assise sur le bureau d'Andrew. Vous devriez reculer. Je n'ai pas spécialement envie de nettoyer les dégâts.

Une brève seconde, il tourna ses yeux vers elle, méfiant et hésitant. Ses épaules s'affaissèrent alors qu'il soupirait avant de replanter ses yeux dans les miens. Pendant, une minute supplémentaire, il sembla vouloir juger s'il était apte à m'affronter. Je restai immobile, l'affrontant froidement. Isidora feula contre ma jambe, ajoutant une menace supplémentaire. Qui sembla enfin le dissuader. Il recula d'un pas prudent, déviant son attention sur Andrew. J'inspirai longuement, glissant mes doigts dans la fourrure d'Isidora pour apaiser mon cœur tambourinant de colère. J'allais essayer de ne pas tuer ce père que je venais à peine de retrouver. Mais je pouvais peut-être griller quelques uns de ses poils de loup-garou, non ? Non. Définitivement, cela ne me semblait pas l'idée la plus lumineuse possible.

- Maintenant que vous semblez avoir compris qu'elle n'irait nulle part, peut-être pourriez-vous nous expliquer la situation, tenta Devon, quelque peu sarcastique.

- J'ai confiance en eux, rajoutai-je, sur la défensive. Contrairement à toi. Si tu veux que ce fait change, tu vas devoir m'en convaincre.

- Très bien, soupira-t-il une seconde fois, laissant, néanmoins, passer tout son mécontentement. J'ai pu obtenir des informations sur ceux qui en ont après toi.

- Les partisans de Borvo ? Interrogeai-je, l'estomac noué alors que l'angoisse se propageait en moi furieusement, terrassant toute forme de colère.

- Je ne connais pas leur nom, répondit-il en haussant les épaules. Cependant, je sais que tu es danger dans l'enceinte de ce bâtiment.

- L'établissement est sûr, rétorqua Andrew, les bras croisés devant lui alors qu'il était assis à son bureau, très calme.

- Pas tant que ça, visiblement, affirma-t-il, agacé. Plusieurs hommes faisant partis de cette organisation se trouve parmi vos élèves.

Un silence pesant s'établit que personnes n'osaient rompre, tous préférant contempler, tour à tour, le visage crispé de mon père et celui serein d'Andrew. Celui-ci savait que David avait raison. Dan m'avait averti en personne : certains se trouvaient plus proche que je ne le pensais. Je n'avais aucunement oubliée cette affirmation lugubre qui voulait me pousser à me méfier de tout ceux m'approchant. Mais leur manque d'action avait finit par me pousser à penser que Dan avait pu se tromper. Erreur totale. Mais alors, pourquoi avaient-ils tant attendue ? J'avais été une proie facile à mon arrivée. Une proie qu'ils auraient pu dévorer sans la moindre difficulté. Alors pourquoi avoir prit le risque de me laisser monter en puissance ? Cela n'avait aucun sens.

- Vous ne nous apprenez rien, assura Cyriel, me surprenant par son intervention. Et surtout, je doute qu'un loup, tel que vous, prenne le risque de venir ici pour une raison aussi... faible. Qu'avez-vous appris ayant pu vous poussez à agir aussi déraisonnablement ?

- Ils ont levé des moyens colossales, murmura-t-il, ses doigts se serrant un peu plus contre ses paumes. Les loups ne sont pas tous foncièrement bon. Tout comme chaque créature ... mais plus encore lorsqu'il s'agit de pouvoir anéantir une marquée. Une membre de l'espèce que certain d'entre nous haïsse profondément.

- Où voulez-vous en venir ? S'alarma Andrew en se redressant de son siège dans un silence lourd.

- Un groupe conséquent de loup, accompagné de nombreuses créatures, se dirige ici. Et ils ne viennent pas dans l'espoir que vous leur offriez hospitalité et une tasse de thé.

Le choc était rude. Le coup cuisant. Le silence qui s'installait n'était plus aussi muet. Les esprits tourbillonnaient, échangeaient. Les questions fusaient en tout sens. Les hypothèses de réponses s'enchaînant dans un chaos incohérent. Pour moi. Je perdis le fil, perdue dans les méandres de conversation qui ne m'était pas adressé. Andrew et Tamara échangeaient sur les probabilités que certains des élèves souhaitent nous prêter mains fortes. Kenan et Epona, tentaient d'établir un plan quelconque que je peinai à suivre. Je perdis pieds, contemplant mon père dans un effarement total.

Je ne comprenais pas. Pourquoi ? Pourquoi ces hommes faisaient-ils tout ça ? J'étais la cible. Bien. Mais pourquoi ? Cela n'avait aucun sens. Pourquoi lever une armée ? Pourquoi en faire autant ? Qu'est-ce que je représentais pour eux ? Je ne savais même pas ce que j'étais, comment pouvaient-ils juger que je valais la peine d'une telle démesure ? Les questions se bousculaient et aucune réponse ne venait y succéder. Je rivai mes yeux sur le sol, cherchant des solutions à un amas de problème trop colossale pour les épaules d'une adolescente de dix huit ans. J'allais m'effondrer au sol, écrasée par le poids trop lourd qui me tombait dessus.

- On fait évacuer l'école, ordonna Andrew, rompant le silence et coupant mes pensées lugubres. Tamara et Cyriel, je vous laisse vous chargez de cela. Ne faite rester que ceux en qui vous avez parfaitement confiance et qui souhaiterai rester se battre à nos côtés.

- Et si certain refuse de partir ? Sourit Tamara, bondissant du bureau avec entrain.

- Faite le nécessaire, soupira Andrew dans un mince hochement de tête.

Tamara glapit de contentement, se ruant aussitôt vers la porte qui lui permettrait d'accéder à l'immense ring de boxe que Andrew venait de lui offrir. Au passage, elle me gratifia d'une grande claque dans le dos qui me fit gémir.

« - Arrête de pâlir. Attends un peu avant de te transformer en cadavre, le plus amusant n'a même pas encore commencé. »

Son euphorie n'avait rien de contagieuse et je me contentai de lui grimacer un semblant de sourire. Elle leva les yeux au ciel, exaspérée, avant de disparaître de mon champ de vision. Cyriel la suivit, mollement. Il était le seul dont l'esprit morne semblait détaché face à tout ce qui se déroulait. J'avais cru que nous nous étions rapprochés, mais j'avais peut-être eu tort, il semblait tellement amorphe que je ne pouvais que comprendre son indifférence.

Andrew soupira avant de tourner les yeux vers Devon, se faisant suppliant. Le loup se tourna vers son lié qui hocha vaguement la tête à l'interrogation muette. Devon grimaça, passant sa main dans sa nuque avant de maugréer tout bas en quittant la pièce : « - Elle va encore m'attirer des ennuies ». Et il ne parlait aucunement de moi. Seul le comportement de Tamara l'angoissait. Dans une autre situation, j'aurai souris, amusée. Mais là, je parvenais à peine à respirer, je n'allais certainement pas me permettre d'exprimer une autre émotion que l'angoisse qui se propageait en moi.

- Maël, tu peux me prendre les plans du château dans l'étagère derrière toi ? Continua Andrew, menant les directives avec une main de maître. Nous devons décider des zones à risques. Ils attaqueront probablement par le flan es...

- Vous comptez rester ici ? Coupa mon père, ahuri. C'est du suicide !

- Au contraire, désapprouva Andrew, posément tandis que Maël étendait, sur le bureau, une carte jaunis garnis de trait noir représentant le manoir de Dacer. Nous sommes en position de force tant que nous restons sur un terrain que nous maîtrisons. Nous aurons plus l'avantage que si nous prenons le risque d'être rattrapé en forêt.

- Il a raison, approuva Kenan en se rapprochant du bureau pour détailler le plan étalé sous ses yeux. De plus, ce château a été construit dans la prévision de tel assaut. Il regorge de cavité, de couloir dérobé, de zone en hauteur parfaite pour nos archers et de retranchement si nécessaire. En forêt, nous serions fichu face à des loups-garous qui sont habitués à s'y déplacer.

- Combien de temps avons-nous ? Enchaîna Andrew, ne laissant pas à David le temps d'analyser leurs réponses.

- Un jour, peut-être deux tout au plus, répondit-il du bout des lèvres. Je peux faire venir ma meute ici, mais ils mettront environ deux à trois jours.

- Faite, approuva Andrew. De l'aide ne sera certainement pas de trop. Je dois pouvoir aussi contacter quelques amis me devant des services.

En retrait, je n'osai pas intervenir alors que les quatre hommes échangeaient déjà leurs idées. Un tas de plan s'établissaient, se défaisaient, se reconstruisaient, s'amélioraient. Mon père trouvait parfaitement sa place entre l'ange, le démon et le métamorphe. Jamais je ne l'avais vu aussi sérieux. Il était apte à juger les risques d'un combat, apte à mener une troupe, apte à voir quelles actions seraient les plus propices. C'était un guerrier. Un combattant. Et un chef. Il n'avait rien du père qui résidait encore dans de mince souvenir.

Isidora tapa brusquement sa tête dans mon genou, m'obligeant à le plier. Je posai des yeux surpris sur elle alors que mon esprit s'était vidé. Plus de pensée. Plus de question. Juste un unique constat tétanisant : ils allaient mettre leurs vies en jeu. Pour moi. À cause de moi. Des gens que je ne connaissais même pas allait devoir se battre à cause de ma présence dans ce château. À cause d'une raison que je ne comprenais pas moi-même.

« - Calme-toi, gronda-t-elle, sa grosse voix résonnant dans mon esprit. Ils savent ce qu'ils font.

- Pas moi, avouai-je en détournant les yeux. Ils n'ont pas à faire tout ça, Isidora.

- Bien sûr que si, désapprouva-t-elle. Tu fais partis des leur. »

Je me mordis la lèvre, durement. Elle avait raison. Je faisais partis d'un tout, d'une famille, d'un groupe, « des leur ». Kenan et Maël étaient liés à moi. Andrew était un ami précieux. Devon était, sans aucun doute, devenu un meilleur ami, taquin et espiègle. Tamara était en voie de devenir ma première amie féminine. Cyriel. Bon d'accord. Cyriel était un cas complexe, mais j'avais bonne espoir qu'il finisse par m'accepter. Et il y avait Epona, cas tout aussi compliqué, une certaine méfiance voulait persisté mais elle m'avait témoignée une réelle affection qui me poussait à vouloir l'inclure dans ce tout, nouveau. Ils étaient tous devenues des personnes plus qu'importante. En quelques mois, il avaient chamboulés mon envie de solitude. En quelques mois, ils étaient devenues essentielle. En quelques mois, ils m'avaient permis de découvrir ce qu'était l'amitié, l'affection et même l'amour.

Mais si je faisais partit de leur tout, il faisait aussi partit du mien. J'étais des leur. Et ils étaient des miens. Ils étaient devenues une seconde famille. Ma famille. Ils voulaient me protéger. Me défendre. Me soutenir. Mais c'était aussi mon rôle. On protège sa famille. Même à son détriment.

- Je peux faire quelque chose ? Questionnai-je, me décidant enfin à signaler ma présence dans la pièce.

- Va te reposer, m'assura Andrew, sans me surprendre. Nous aurons besoin de toi plus tard, ta puissance nous sera précieuse. Maël et Kenan viendront te rejoindre dans une trentaine de minute et resteront avec toi afin d'assurer ta protection.

Je hochai la tête, lourdement alors qu'ils étaient tous trop préoccupés pour remarquer les gigantesques murs que j'avais érigés dans mes pensées. Enfin presque tous. Les iris sombres de Kenan se redressèrent sur moi, suspicieux mais Andrew détournait déjà son attention, l'interrogeant sur une idée qu'il avait émise avant que je ne les interrompes. Il se détourna, hésitant mais je m'empressai de pousser Isidora pour que nous quittions les lieux le plus rapidement possible.

Je n'avais que peu de temps avant qu'il ne réalise son erreur. Kenan avait bien trop accès à mon esprit pour que je prenne le risque de perdre une seule seconde. Isidora feula, me témoignant son désaccord le plus profond, mais j'étais décidée. Rien ne me ferait changer d'avis. Et même si elle se montrait particulièrement mécontente, elle resterait à mes côtés. C'était un fait rassurant face à ce que je m'apprêtais à faire.

Dans le couloir, j'accélérai le pas, étouffant un gémissement de douleur lorsque mon dos se rappela à mon bon souvenir. J'étais encore blessée, je ne pouvais pas agir aussi librement que d'ordinaire, je ne devais pas l'oublier. J'inspirai et me dépêchai, malgré tout, de retourner dans ma chambre où je m'étais pas rendue depuis de nombreux jours. Isidora se hissa sur le lit, rugissant sourdement alors qu'elle me contemplait enfourner dans un sac des vêtements pour plusieurs jours. Pour autant de jour que possible. De plus en plus agacée, elle enfonça ses griffes dans les draps, les déchirants dans une brusquerie typique du griffon. Je ne relevai pas, désintéressée par l'état de mon lit. Je n'allais pas dormir dedans ce soir. Peut-être même plus jamais. Une boule se forma dans ma gorge et je secouai la tête.

- Ne commence pas, Keyli, m'intimai-je tout bas. Pas d'idée noire. Tout ira bien.

« - Ah oui, vraiment ? Gronda Isidora. Je suis désolée de te l'annoncer, mais tu es morte si tu sors seule d'ici. Tu ne peux pas faire ça.

- Je peux m'en sortir, assurai-je, cherchant à me convaincre autant qu'à convaincre la créature ailée. Il est hors de questions qu'ils se mettent en danger pour moi.

- C'est leurs choix, Keylinda, feula-t-elle, haussant la voix. Personnes ne les a obligés à prendre cette décision. Tu souhaites les protéger et ils souhaitent te protéger, ne peux-tu pas comprendre ?

- Je comprends, assurai-je plus fermement. Mais j'ai pris ma décision. À toi de voir si tu viens avec moi ou non, je comprendrais que tu souhaites rester avec eux.

- N'importe quoi, s'indigna-t-elle dans rugissement sonore. Là n'est pas la question. C'est du suicide, mais je te suivrais partout où tu iras. »

Je la remerciai d'un maigre sourire, peu convainquant, avant de me ruer vers la salle de bain. J'eus le réflexe de vouloir emmener ma brosse à dent et le nécessaire pour ma toilette mais je ne savais même pas où j'allais me rendre, donc je savais encore moins si l'opportunité d'une douche se présenterait à moi dans les dix prochains jours. Je grimaçai. Et puis, de toute façon, personnes n'allaient avoir l'occasion de profiter de mon haleine. Mon objectif étant d'éviter toutes personnes. Humaines ou animales.

Malgré tout, je me décidai à les emporter. C'était peut-être idiot et s'encombrer d'un poids inutile, mais il était rassurant de penser que j'aurai l'occasion d'agir normalement. Je soupirai, contrite. Je n'étais qu'une idiote. Le cœur battant toujours aussi frénétiquement, je retirai mon pull vert, beaucoup trop voyant et encombrant, le troquant contre un T-shirt noir et un sweat de la même couleur. Moins ample. Moins encombrant. Moins voyant. Parfait.

Tout c'était passé en quelques minutes. Et lorsque je hissai la lanière de mon sac sur mon épaule, je ne pu m'empêcher de me stopper quelques secondes supplémentaire. Les battements effrénés de mon cœur ralentir, s'alourdissant face à ce lieu déjà chargé de souvenir. C'était ici que j'avais parlé pour la première fois, longuement, avec Maël. Ici que j'avais rencontré Dan, d'une certaine façon. Ici que je me sentais bien. Ici que je me sentais chez moi.

« - Cela va me manquer aussi, souffla Isidora plus doucement, venant taper sa tête contre ma jambe pour me distraire.

- Nous reviendrons, tentai-je d'affirmer malgré ma voix tremblant.

- Bien sûr, approuva-t-elle sobrement. Si tu souhaites réellement partir, il faut le faire maintenant. L'ange et le démon ne tarderont pas à sentir ton trouble, si ce n'est pas déjà fait. »

J'approuvai d'un signe de tête et remontai ma lanière convenablement. Devant la porte, j'hésitai encore une seconde. Il y a quelques mois de cela, je n'avais aucune envie de venir à Dacer. J'avais supplié le dieu des céréales pour m'éviter ce calvaire. Et aujourd'hui, alors que je devais quitter l'école, j'étais presque incapable de le faire. L'établissement tout entier était devenu un cocon doux et rassurant. Un cocon où je m'épanouissais. Un cocon que je ne voulais pas quitter. C'était plutôt ironique comme situation. Ma vie était devenue chaotique depuis que j'étais arrivée Dacer et pourtant, je prenais conscience du point au quelle j'aimais cette nouvelle vie. J'aimais tout ce qu'elle m'avait apporté. J'avais été heureuse. Plus que jamais auparavant.

Dans une profonde inspiration, je refermai la porte en bois, me promettant tout bas que je reviendrai un jour. Je devais revenir. J'avais trop de chose à découvrir, trop de chose à apprendre. Il ne me restait plus qu'à espérer que Dana m'en laisserait l'occasion. Je me détournai, quittant le couloir du château le cœur lourd et les épaules chargés d'un poids permanent.

« - Par ici ,m'ordonna Isidora.

- Tu es sûre de toi ? Gémis-je en poussant une branche d'arbre. La forêt semble de plus en plus épaisse.

- Quoi ? Tu veux passer sur les grandes routes et être visible aux yeux de toutes bestioles volantes ? Je tiens pas à être le quatre heure d'un dragon.

- Un dragon ? Palis-je aussitôt.

- Je plaisantai, assura-t-elle. Les dragons se font rares. Ce sera une manticore.

- Je n'ai pas une très bonne expérience avec cette espèce, grimaçai-je.

- Avance alors, gronda-t-elle, agacée. Cela t'évitera de retenter la chose.

- À vos ordres, soupirai-je. »

Elle grogna vaguement alors que j'avançai bien moins vite qu'elle. Il fallait dire que ses ailes la plaçaient hors d'atteinte des bosquets et des branches envahissantes qui me barraient la route. Je transpirait à grosse goûte tant l'effort qu'elle me demandait était important. Je n'avais pas pensé que ce déplacer en forêt serait une tâche aussi rude.

Je me résolus à retirer mon sweat, l'enfournant dans mon sac déjà bien rempli avant de reprendre mon chemin. Les bras nues, ma peau s'ouvrait en de petites entailles à cause de mon environnement, mais c'était toujours moins désagréable que d'étouffer dans une chaleur asphyxiante. Cependant, je parvenais de plus en plus à suivre Isidora, me déplaçant avec plus d'aisance qu'une heure auparavant lorsque nous avions débuté notre aventure sauvage.

Mais je n'étais pas encore suffisamment loin du château. Les pensées d'Andrew cherchaient les miennes et je savais qu'ils avaient dû se rendre compte de ma disparition. Je devais faire vite. J'avais pleinement conscience que les murs épais qui barraient mon esprit ne suffirait pas à leur cacher où je me trouvais. Il fallait que j'agrandisse la distance entre nous, seule moyen d'affaiblir leurs possibilités d'action. Le lien télépathique ne se romprait pas pleinement, mais ils ne pourraient plus forcer le barrage que je prenais soin de conserver.

« - Tu es lente, me grogna-t-elle.

- Je ne suis pas un griffon, rétorquai-je agacée. Je ne peux pas me faufiler partout, comme toi. Et puis tu devrais pas te plaindre, je te signale qu'on avance déjà beaucoup plus vite que si je n'étais qu'une simple humaine.

- Encore heureux, feula-t-elle. »

J'allais protester mais, soudainement, ses oreilles se dressèrent sur le sommet de son crâne. Ses pupilles se firent oblique alors qu'elle scrutait un point dans mon dos. Je me retournai, lentement et prête à bondir sur tout assaillant. Mais je ne pu que contempler les nombreuses branches cassées que j'avais laissé sur mon passage. Peu discrètes, soit dite en passant. Je reposai mes yeux sur elle, inquisitrice et elle ne tarda pas à m'expliquer son comportement.

« - Quelque chose approche.

- Déjà ? Murmurai-je, crispée. Tu penses que nous sommes en danger ?

- Non, assura-t-elle. Ce sont deux créatures ailées. J'irai même jusqu'à émettre une supposition : deux créatures ailées ayant un lien tout particulier avec toi. »

Merde alors. Kenan et Maël. Comment avaient-il fait ? Comment avaient-ils pu me retrouver aussi aisément ? Sans me laisser le temps de réfléchir plus longuement à la question, Isidora se détourna en me grognant après pour que j'avance plus vite. J'obtempérai en grognant à mon tour. Il ne fallait pas qu'ils me mettent la main dessus. Il était hors de question qu'après autant d'effort, ils puissent aussi aisément me rattraper.

Je me mis à courir, luttant contre la douleur lancinante toujours présente dans mon dos. Et je réalisai alors que j'avais des capacités physiques encore inexploités. Je courais. Vite. Probablement moins que Tamara ou Devon, mais plus qu'un humain normal. Plus que Cyriel. Et malgré l'effort, mon souffle ne se saccadait pas, restant au même rythme. C'était facile. Trop facile pour être normal. Mais, pour la première fois, je me sentis heureuse d'être tout sauf ce mot tant adoré.

Mais eux non plus ne l'étaient pas. Je glapis de frustration et de surprise quand on me tomba dessus. Littéralement. Je me débattis farouchement dans un geste purement instinctif mais, prévoyant ma réaction, la main ferme de Kenan enferma la mienne avant que je ne puisse le frapper. Ses iris noires se plantèrent dans les miennes. Mes épaules s'affaissèrent lourdement. J'étais fichue. Je m'étais fait avoir dans les grandes largeurs.

- Recule, ordonnai-je, malgré tout dans l'espoir de pouvoir m'échapper. Et lâche mon poignet.

- Keyli ! S'époumona Maël, atterrissant plus doucement que son frère, à côté de moi. Qu'est-ce que tu as fichues bon sang ! Es-tu idiote ?!

Je détournai les yeux, consciente qu'ils ne pourraient pas comprendre. Tout comme je ne comprenais pas qu'ils souhaitent se mettre en danger pour moi. C'était un jeu où aucun gagnant ne pouvait être donné. Notre volonté était la même : protéger ceux qui nous étaient chère. Seul le moyen de l'obtenir divergeait.

- C'est une question débile, balança Kenan, froidement. Y a qu'une fille idiote pour prendre des décisions aussi conne que celle-ci.

- Lâche-moi, ordonnai-je cette fois-ci beaucoup plus froidement.

Kenan affronta, sans ciller, mon regard. La colère monta plus durement. Il ne comprenait rien et ne cherchait pas à le faire. Mais céder à cette pulsion ne servirait à rien, pas ici, pas maintenant. Je serrai donc les dents, refoulant ce sentiment envahissant. D'un geste sec, je me libérai de son étreinte et il plissa les yeux, luttant, lui-même contre son propre agacement.

Décidée à l'ignorer, je grimaçai cependant en affrontant le visage de son frère. Ses sourcils blonds aussi froncés que ceux de son frère. Le mécontentement était donc contagieux. Mon trait d'humour ne déridait aucun d'entre nous. Me détournant une seconde fois, je ramassais mon sac, tombé au sol lorsque Kenan avait bondit sur moi. Je le remontai sur mon épaule, attendant patiemment que l'un ou l'autre prenne la parole. Ce fut Maël qui se lança le premier :

- Où comptes-tu aller ? Tu n'as aucun refuge où te dissimuler. Si tu escomptais retourner chez ta mère, c'est une pure folie. C'est le premier endroit où ils te chercheront.

- Je ne suis pas aussi stupide que tu sembles le penser, rétorquai-je, froidement. Je n'ai aucune idée d'où je vais, mais je sais que je ne reste pas à Dacer.

- Encore dans tes états d'âmes de pauvre gamine pleurnicharde, railla Kenan, immobile.

- Exactement, affirmai-je en me plantant face à lui, mes yeux rivés dans les siens. La gamine pleurnicharde peut se débrouiller seule. Allez-vous en.

Mais il était trop prétentieux de penser pouvoir échapper aux deux frères qui, pour une fois, semblaient s'accorder sur un point : me barrer la route. Leurs grandes ailes se mélangeaient créant une barrière noir et blanche qui s'érigeait devant moi. Ils allaient même jusqu'à partager un même air insatisfait en me contemplant. Au moins, je pus me sentir heureuse d'avoir su les réunir.

Isidora feula, attirant mon regard sur elle. Tournant en rond, elle tanguait entre agacement et inquiétude. Elle n'aimait pas rester statique en sachant que, à tout instant, quelqu'un pourrait débouler et ne pas être aussi cordiale que Kenan et Maël. Quoi que. Ce n'était pas comme s'ils se montraient, actuellement, très chaleureux.

- Si nous te laissons partir je ne te donne pas plus de deux heures avant de te faire tuer, assena Kenan. Ne sois pas idiote et rentre au château, avec nous.

- Il a raison, Keyli, enchaîna Maël, plus doucement. C'est de la folie de partir seule. Qu'espères-tu ?

- Je n'espère rien, avouai-je, en détournant les yeux, les rivant sur mes pieds. Je ne veux juste pas mettre la vie de tous ces gens en danger. Je ne serais pas le déclencheur d'une guerre dont je ne comprends rien. J'ai pris une décision et je ne comptes pas changer d'avis. Alors, s'il vous plaît, poussez-vous.

Je redressai les yeux, plus décidé que jamais. Je ne voulais pas qu'ils soient en danger et plus je serais loin d'eux, plus se serait le cas. C'était moi qu'ils recherchaient. Moi qu'ils voulaient. Si je quittais le château, ils le quitteraient aussi. Je comprenais leurs paroles. Je comprenais leurs inquiétudes et leurs sentiments. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne pouvais pas rester « une gamine pleurnicharde » terrée dans le château pendant que d'autres se battaient en première ligne. C'était hors de question.

Isidora grogna tout bas et, comme elle semblait l'avoir désirée, nos regards se rencontrèrent. Ce fut suffisant pour qu'elle m'ordonne brusquement de me baisser et de m'apprêter à courir. J'eus à peine le temps de plier mes genoux qu'elle bondissait furieusement, déployant ses ailes, bien plus imposantes que celle de l'ange et du démon. Tout d'eux, surpris, s'écartèrent pour éviter de recevoir, de plein fouet, le griffon aux griffes aiguisées. Une brèche s'ouvrit pile devant moi. Je m'y précipitai, obéissant aux glapissement encourageant d'Isidora.

Cours. L'ordre que je m'imposai à moi-même sembla plus efficace que ce que je n'avais espéré. La puissance se diffusa dans mes membres, naissant dans le creux de ma poitrine pour se diffuser de mes chevilles à mon cerveau. La forêt autour de moi s'ouvrait soudainement, me permettant de me déplacer avec aisance. Mes jambes, plus solides, me propulsaient en avant. Aussi rapide qu'un vampire. Les sons. Les odeurs. Elles m'assaillaient de toute part, m'enivrant dans une nature devenue mienne.

Isidora rugit, toute proche, me poussant un peu plus à laisser mes dons se propager. Mon cœur, tambourinant jusqu'à présent, se gonfla, occupant le mince espace de ma poitrine. Ses battements devenaient sourd alors que je m'enfonçai dans la forêt, sans me retourner. Seule. Et le cœur plein d'un unique sentiment : la peur. Peur de ne jamais revenir. Peur d'être seule alors que je n'étais pas certaine que Isidora parvienne à se défaire de Kenan et de Maël afin de me rejoindre. Peur de faire un mauvais choix. Mais mes jambes continuèrent à me porter comme voulant m'assurer que je prenais la bonne décision. La seule solution que je pouvais réellement prendre.

Je devais les protéger. Coûte que coûte.

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