"Je n'ai pas de leçon à recevoir d'un blaireau qui a un sens des responsabilités comparable à celui d'une mouette
Nos jours heureux.".
Mon réveil sonne et je le balance contre le mur avant de me rendre compte que c'est la sonnerie d'un appel. En grognant, je rampe à travers le lit telle une limace gluante et me laisse à moitié glissée sur la moquette de ma chambre, les jambes encore sur mon lit et je tends le bras pour rattraper mon téléphone. Je m'en empare au moment où la sonnerie s'arrête.
- Et merde, si c'est important ça rappellera, grogné-je pour moi-même en me remettant assise.
Je ne suis vraiment pas du matin. Surtout si je suis réveillée par un appel. Mon café. Il me faut ma dose de caféine. Je descends à peine de mon lit que mon smartphone se remet à hurler. Putain, je ne peux pas être tranquille cinq minutes !!
- Oui !! hurlé-je en décrochant, sans me soucier que mon interlocuteur pourrait être un de mes supérieurs.
- Et merde, je t'ai réveillé, bougonne la voix d'Isaac. Je suis désolé, princesse.
Je soupire en me levant pour descendre à la cuisine. Il me faut cette putain de tasse de café.
- Ce n'est pas grave. Ça doit être important si tu m'appelles à ( je regarde ma pendule accrochée sur le mur qui donne sur le salon ) six heures ?! Mais tu es fou, je me levais que dans une heure et demi !
- Je sais, couine-t-il et j'imagine son sourire crispé en signe d'excuse. Pardon mais j'ai besoin de toi.
- Pourquoi ?
Je me sers un mug de café chaud (merci à l'inventeur de la machine programmable !). Je suis en train de boire une gorgée quand Isaac daigne répondre.
- Parce que Seth arrive à huit heures !
Je recrache ma boisson dans un geste pas super élégant. Mais en cet instant, les bonnes manières, je m'en tamponne le syphon.
- Il n'était pas censé venir ce soir ? demandé-je en m'etouffant presque.
- Si mais il m'a envoyé un mail sur l'adresse que tu lui a donné, il a un empêchement et... enfin...
- C'est le bordel dans la baraque, n'est-ce pas ?
- Disons que la femme de ménage est tombée malade.
Je lève les yeux au ciel.
- Tu n'as pas de femme de ménage, soupiré-je, exaspérée.
- C'est ce que je dis.
- Ok je me prépare, j'arrive.
- Merci princesse.
- Oh j'y crois pas, je rêve !
Voilà. Ça, c'est la réaction de Seth quand Isaac lui a ouvert la porte et qu'il l'a reconnu. Je suis à moitié dissimulée derrière mon meilleur ami et mets toutes mes forces mentales en action pour ne pas éclater de rire.
Nous n'avons pas nettoyé l'appartement de fond en comble non plus mais nous l'avons rendu plus confortable. Seth se passe la main sur le visage, comme s'il pensait rêver et qu'en faisant son geste, il reviendrait à la réalité.
- Alors je vais cohabiter avec ton mec ? dit-il en me lançant un regard... menaçant ?
Je lève les yeux au ciel, pas le moins du monde affectée. Il m'en veut. Mais je m'en tape.
- Euh, Joh n'est pas ma copine, intervient Isaac. On est juste amis.
- Ouais c'est ce qu'on dit, bougonne le sportif en entrant dans l'appartement, bousculant un peu Isaac sur son passage. Bon, je m'installe où ?
- Dans la cave, ne puis-je m'empêcher de rétorquer sèchement, lasse de son comportement arrogant et puéril.
Seth s'approche dangereusement de moi, son visage a quelques centimètres a peine du mien et son regard me lance des couteaux bien aiguisés. Mais je ne flanche pas même si ses yeux verts flamboyants déclenchent en moi une autre rasade de chaleur. Je sens son parfum muscé et tellement viril... Oh la vache qu'il sent bon... On est si proche qu'il me suffirait de me mettre sur la pointe des pieds pour goûter à ses lèvres parfaites...
- On t'a préparé la deuxième chambre, c'est par là, déclare Isaac, puis me lançant un regard de reproche avant de me chuchoter du bout des lèvres.
Zeeeeen !
Je hausse les épaules. Comment rester stoïque avec un connard pareil passé en mode rébellion pré- pubère ? Je ne les suis pas, bien qu'une part au fond de moi meurt d'envie de se coller à lui comme une moule à son rocher. Je ne veux pas lui donner la satisfaction de penser que je ne peux pas me passer de lui. Et c'est ce que je fais en ramassant mon sac sur le canapé désormais débarrassé de toutes les cochonneries et les revues pornos de mon ami et crie en me dirigeant vers la sortie.
- Je vais bosser ! À tout à l'heure mon biquet !
- À plus, princesse !
Je sors en espérant que cet échange affectueux ait bien mis Monsieur Je-Pète-Plus-Haut-Que-Mon-Cul en rogne.
C'est une journée merdique que je viens de passer. Je n'arrive pas à me concentrer sur la pile des dossiers des sportifs qu'il me reste encore à traiter. Et ma courte nuit n'est pas la seule fautive. Non, mes pensées sont accaparées par le visage de Seth depuis ce matin. L'attraction sexuelle qui m'a animée quand il s'est imposé devant moi du haut de son mètre quatre-vingt-dix. J'espère que tout s'est bien passé après mon départ. Isaac m'a envoyé un texto pour me dire que son nouveau colocataire avait l'air plutôt satisfait de sa chambre. Je reste sceptique, néanmoins. Connaissant mon meilleur ami, il pourrait y avoir l'Apocalypse qu'il dirait que tout ce passe bien.
Je parcours le dossier d'un certain Blake Cooper quand mon téléphone annonce un nouveau message:
"Il m'a demandé si tu était souvent libre le soir".
Ma bouche s'ouvre sous la surprise. Quoi ?! Je lui répond laconiquement.
" Dis lui que non".
Sa réponse ne se fait pas attendre.
"Trop tard !".
Je grogne. Dans le genre Meilleur Gaffeur, Isaac remporterait la Palme d'or haut la main.
Je finis de consulter le dernier dossier quand l'heure pour moi de rentrer sonne enfin. Je me gare devant mon immeuble en me promettant un bon bain chaud à la senteur de rose et seulement éclairé par des bougies. Dans l'ascenseur, j'ôte mes escarpins, libérant mes pauvres pieds endoloris. J'adore les fins de journées ! Tout en marchant jusqu'à mon appartement je cherche mes clés dans mon sac.
Arrivée devant ma porte, elle sont toujours introuvables. Bizarre, je les mets toujours dans mon sac à main, pourtant ! Ah non je les ai dans la poche de ma veste ! Mais la encore, elle n'y sont pas. Merde. Elles ne sont tout de même pas tombées dans la voiture ! Je repars en bas pour vérifier, agacée.
Je retourne tout dans ma Mini Cooper et toujours rien. Que dalle. Je ne peux pas les avoir oublié au bureau. Il ne me reste donc qu'une option. Je m'installe donc au volant et fonce en direction de chez Isaac en espérant qu'il y soit seul.
Malheureusement quand je frappe à la porte de l'appartement de mon ami, c'est son nouveau colocataire ultra-sexy qui m'ouvre.
- Isaac est là ? demandé-je en rentrant.
- Salut à toi aussi, raille Seth en refermant la porte. Il a eu un appel urgent. Qu'est ce qui t'amènes ?
- Je ne trouve plus les clés de chez moi, réponds-je en soulevant les coussins du sofa à la recherche de mon trousseau. Je suis venue voir si je ne les ai pas oublié ici.
- Non il n'y a rien.
J'abandonne les recherches. Il faut que j'aille aux toilettes sinon je vais me faire pipi dessus. Au bout du compte, je finis par prévenir Isaac que je suis chez lui en me justifiant et fais couler un bain. La prochaine fois qu'un pépin de ce genre se représente - ce que je n'espère pas -, je penserai à emporter une culotte de rechange dans ma poche. Faire le chemin du retour en jupe et sans culotte ne m'enchante pas tellement. Mais pas le choix.
Je me glisse dans l'eau bouillante en soupirant de satisfaction et de bien-être. Mon corps fatigué se détend, ça fait un bien fou ! Je ferme les yeux et me projette mentalement vers un endroit paisible, loin de la réalité. Cette réalité même ou Seth se trouve à quelques mètres de moi.
Soudain, la porte s'ouvre et je pousse un cri strident en voyant celui-ci, un sourire machiavélique lézardant son visage. Même si la mousse dissimule mon corps nu, je me cache avec mes mains.
- Mais ça va pas ?! Dégage !! hurlé- je en me maudissant de ne pas avoir pensé à verrouiller la porte.
Son sourire craquant et arrogant s'étire davantage quand il brandit un trousseau de clés devant mes yeux.
- Ce n'est pas ça que tu cherchais ?
Mes clés !
- Mais qu'est ce que... Comment...
Même s'il est un peu loin, je peux déceler un éclair de malice dans ses prunelles émeraudes. Il s'appuie contre le chambranle de la porte sur une épaule, comme si je n'étais pas à poil dans mon bain devant lui, bien sûr que non.
- Tu étais tellement en train de me dévorer des yeux ce matin que tu n'as même pas remarqué que j'avais la main dans ta poche, m'explique-t-il ce que je viens de comprendre.
L'enfoiré ! Si je n'étais pas cul-nul, je l'étriperai !
- Pourquoi ?! m'indigné-je à défaut de ne pas pouvoir bouger.
Il met un moment avant de répondre, son regard électrisant parcourant l'eau sous laquelle mes seins sont dressés à l'extrême.
- Parce que je t'en voulais de m'avoir laissé penser que tu étais avec Isaac.
Et de ne pas m'avoir prévenu que c'était lui mon nouveau colocataire. Et enfin, pour être sûr que je te reverrai aujourd'hui.