Au petit matin, Maddie se réveilla en sursaut. Désorientée, elle prit quelques secondes pour reconnaitre l'endroit où elle se trouvait. En boule dans le fauteuil moelleux et couverte d'un joli plaid, elle réalisa qu'elle avait le baby-sitting chez les Connan le matin même.
En cherchant son téléphone, elle pria pour qu'il soit moins de neuf heures. Elle soupira de soulagement en découvrant sept heures vingt sur l'écran de l'appareil. De nouveaux appels d'Anthony y apparurent. Maddie hésita et, rapidement, replaça le téléphone dans son sac. Elle s'étira longuement et s'attarda à observer la pièce.
Elle se leva et s'engagea dans les escaliers. Elle se dirigea timidement vers le rez-de-chaussée où se situait la cuisine. Elle y trouva Lise, s'affairant à presser du jus d'orange.
— Madeleine ! Prenez place, il y a des crêpes toutes chaudes !
Avec une gouvernante française, Maddie s'imagina que Rachel devait avoir accès à de la succulente cuisine. En plus de la si bonne spécialité, Maddie dévora du bacon et des œufs accompagnés d'un verre de jus d'orange et d'une tasse de thé. Elle était affamée.
Lise l'accompagna dans une des nombreuses salles de bains et lui donna le nécessaire pour se laver. Maddie se serait crue à l'hôtel. Elle testa les options de massage de la douche et renifla tous les produits à disposition.
Maddie voulut annoncer à Rachel qu'elle partait, mais Lise la mit en garde. Rachel faisait la grasse matinée le week-end et il ne fallait pas la réveiller. Maddie se résigna à quitter la villa sans la prévenir de son départ. Ce n'était peut-être pas plus mal. Comment justifier de partir à huit heures un dimanche matin ?
— Merci Lise, je vais la laisser dormir. Où est-ce que je peux trouver la station de bus la plus proche ?
La gouvernante lui répondit, l'air désolé.
— Il n'y en a pas par ici. Vous n'avez pas de voiture ?
Maddie secoua la tête. Comment allait-elle faire la route jusqu'à chez Ashton ? Lise se rendit dans la pièce voisine et y passa un rapide coup de fil. Elle appela Maddie.
— Suivez-moi, lui imposa-t-elle en se dirigeant vers la porte d'entrée.
Maddie reconnut l'employé de la veille, John, chauffeur attitré de la famille Duncan. Il l'attendait à côté d'une longue Mercedes, la porte ouverte. Avec un soupir, elle se laissa aller contre le dossier. Elle n'avait aucune envie de garder les enfants. Sa seule motivation était de tomber sur Ashton et de glaner quelques informations sur Anthony. S'il y avait bien quelqu'un qui serait au courant du déroulement de leur Saint-Valentin, c'était Ashton ! C'était quand même son meilleur ami.
En croisant Liz et George Connan, elle se rappela avec tristesse qu'Ashton n'était pas là. Il était en pleine nature avec Sally. Complètement abattue, elle ne mit aucun cœur à l'ouvrage. Du moment que les garçons ne dégradaient rien, Maddie restait silencieuse.
— Tu es triste aujourd'hui, observa Dean.
— Non, non, je suis fatiguée, c'est tout, lui répliqua Maddie.
— Tu sais quoi, quand mes amis sont tristes, je fais ça ! s'écria-t-il en se jetant sur elle et en la chatouillant de toutes ses forces.
Sam se joignit à lui et à eux deux, ils réussirent à faire pleurer de rire Maddie. Ces petits monstres étaient sacrément efficaces. Maddie ne se compliqua pas la vie pour le déjeuner et leur prépara ce qu'ils réclamèrent : des pâtes et des glaces.
Ils digérèrent tranquillement sur le canapé, devant la télé, en attendant le retour des parents. Sam s'assoupit sur les genoux de Maddie alors que Dean jouait sur sa console.
En fin d'après-midi, en quittant la villa des Connan, Maddie décida de rentrer à pied. Dehors, le jour baissait déjà et il ne pleuvait pas. Il y avait un bon bout de chemin pour retourner jusqu'à chez elle, mais le froid vif et sec lui plaisait. Ce week-end lui avait permis de se découvrir un réel attrait pour la marche.
Dimanche soir, après de multiples appels sans réponse, Anthony retourna chez les Harrington. Joanna vint ouvrir et lui adressa un franc sourire. Anthony sut à cet instant qu'elle n'était au courant de rien. Elle l'invita à entrer et lui permit de monter voir Maddie.
— Quelques minutes seulement ! prévint-elle en souriant.
La porte de sa chambre était close. Une discrète musique parvint à ses oreilles. Anthony toqua et après avoir entendu un puissant « quoi ? », poussa doucement la porte. Maddie se trouvait allongée, les yeux rivés au plafond. Extrêmement surprise lorsqu'elle découvrit Anthony à l'entrée de sa chambre, elle se dressa sur son lit et rugit.
— Qu'est-ce que tu fous là ?
Anthony, tout penaud, lui répondit en se passant la main nerveusement dans ses cheveux.
— Ta mère m'a laissé entrer. Il faut qu'on parle.
— Y'a rien à dire. Va-t'en !
— Non.
Anthony avait un ton vif et assuré. Maddie en resta sur les fesses et se mit en colère.
— T'es sans gêne ! Après ce que tu m'as fait, tu débarques chez moi ! Tu te présentes devant ma mère ! Tu as cru pouvoir te foutre de moi sans que je dise rien ?
Il s'avança et sans laisser le choix à Maddie, il referma la porte derrière lui.
— Ta mère n'a pas l'air au courant, ce serait dommage qu'elle t'entende hurler, non ?
Cette remarque exaspéra Maddie parce qu'il avait raison.
— Maddie, je suis l'homme le plus nul qui soit, je le sais. Je voudrais au moins qu'on parle. Quoi que tu décides ensuite, prenons le temps de discuter. Je t'en prie.
Anthony vint se placer face à elle et lui raconta le week-end qu'il avait vécu ; son réveil douloureux le vendredi soir, son téléphone détruit puis son passage chez Maddie le samedi alors qu'il n'y avait personne et, enfin, son choix d'insister et de se représenter chez elle ce soir même. Il avait les larmes aux yeux.
— Comment as-tu pu dormir ? C'est l'excuse la plus nulle que je n'ai jamais entendue ! siffla Maddie entre ses dents.
— Je ne sais pas quoi te dire pour que tu me croies !
Il leva les bras en signe d'impuissance. Il fixa ensuite ses chaussures et la tâche violette qui n'avait toujours pas disparu.
— Ton cadeau m'a laissé une belle marque, marmonna-t-il.
Le front plissé, Maddie lui lança.
— Je ne t'ai fait aucun cadeau.
— Oui, la sucette quoi. Appelle ça comme tu veux.
Maddie fronça fort les sourcils.
— De quoi tu parles ? La sucette que je voulais t'offrir est restée sur la table du resto où je t'ai attendu pendant des heures !
Anthony fronça également les sourcils.
— Et la sucette qui se trouvait sur mon casier, vendredi matin ?
Maddie ne comprenait rien, elle n'avait mis aucune sucette sur son casier. Au contraire, elle avait volontairement gardé celle qu'elle voulait lui offrir au restaurant. Il divaguait complètement.
— Tu as dû prendre celle de quelqu'un d'autre !
— Je t'assure qu'elle était sur mon casier ! C'était une fluorescente, je l'ai mangée avant de venir au restaurant. Je croyais que tu voulais...
Elle l'interrompit en piétinant sur place.
— On s'en contre fout de cette sucette ! Ne change pas de sujet !
Anthony s'approcha de Maddie et l'étreignit. La jeune fille hésita avant de se laisser faire, pour le plus grand plaisir d'Anthony. Il serra Maddie contre lui et lui murmura :
— Je suis tellement désolé. Dis-moi que tu me pardonnes et que l'on continue ensemble.
Ils restèrent dans cette position, collés l'un contre l'autre. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Anthony retenait sa respiration, écoutant les battements de son cœur.
— Je réfléchis, déclara enfin Maddie, indécise.
Le visage d'Anthony s'éclaira et il pressa fort Maddie contre lui.
— Je ferai ce qu'il faut pour que tu me pardonnes. Je ne te perdrai pas comme ça.
Maddie s'efforça de maitriser sa voix.
— Je peux te laisser une deuxième chance. Mais tu n'en auras pas d'autres. Crois-moi, ce sera la seule et l'unique. Et que tout cela reste entre nous.
Sauf Rachel, elle savait déjà tout. Mais Maddie se chargerait de lui dire de garder les confidences du week-end pour elle.