MUSIQUES
VOGUE - MADONNA
LONG WAY TO GO - CASSIE
——————
Une fois qu'Isaac m'a déposé au restaurant, je rejoins les copines. Maya et Brandi sont déjà installées autour de la table. Pour ce soir nous avons décidé de manger japonais, pour mon plus grand bonheur. Je les salue chacune dans un rapide câlin qui m'a bien manqué, pose mon sac par terre et m'assois sur la chaise qui m'est attribué. Nous discutons rapidement de tout et de rien, principalement des cours jusqu'à ce que le serveur vienne prendre la commande. Je crois que je prends presque toute la carte au vu des yeux qu'il fait, eh oui, je vais tout manger ! Lorsque le serveur repars, Maya commence à parler de sa situation avec Jack.
— Je crois que demain je le quitte.
— T'as raison, c'est un mec de merde, s'exclame Brandi.
— Pas si vite toi, tu crois que je vois pas ton manège avec Maverick ? demande Maya.
— Et le tiens avec T.K ? questionne sa sœur en haussant un sourcil.
— Touchée, je ris.
Nous apprenons que Maya n'est plus heureuse avec son copain, ce qui n'est absolument pas un scoop. Je ne le lui disais pas mais il ne me faisait pas bonne impression, ce gars là. Mais bon, mon objectif en tant que meilleure amie n'est pas de l'engueuler lorsqu'elle fait des choix avec lesquels je ne suis pas d'accord, mais de l'aider et la ramasser à la petite cuillère s'il le faut autant de fois que nécessaire.
— Je vais faire pipi, interrompt Maya.
Je profite de l'absence de ma meilleure amie pour parler à Brandi au sujet de Raven. Je sais que Maverick lui fait entièrement confiance et l'aide pour le procès qu'il prépare.
— Il est... triste. Et désemparé. Si son père obtient la garde exclusive de Raven c'est...
— La perte de Maverick, et de Raven aussi.
— Comment c'est possible. Sérieusement Brandi, tu penses qu'il y a des chances qu'il obtienne la garde ?
— Étant donné que Maverick n'a pas un très bon passé avec l'alcool et les substances illicites et que les infractions qu'il a commise jeune ne jouent pas vraiment en sa faveur. Ça ne m'étonnerai pas que son père obtienne la garde de Raven. Mais les services sociaux vont essayer de s'en occuper, et Maverick devra évidemment témoigné contre son père.
Hochant la tête, je m'interroge sur cette affaire. Maverick ne mérite absolument pas de traîner en justice son père afin d'avoir la garde de Raven. Mais bon, ce n'est pas à moi d'en juger, j'espère simplement que ceux dont c'est le ressort feront le bon choix. Celui le plus sain, même si il implique un Maverick démuni face aux responsabilités. Parce que si son père obtient la garde exclusive, je crois que... je ne préfère pas y penser.
Maya revient et l'ambiance devient plus légère. Nous charrions Brandi sur sa relation avec Maverick. Depuis qu'ils se connaissent, ces deux là se tournent autour. Et ils traînent aussi ensemble. Ça me fascine de voir à quel point les deux sont aveugles. Cependant, penser à eux m'empêche de penser à ma propre relation. Punaise, je ne sais pas ce qui m'a pris d'agir comme je l'ai fait dans ma chambre. Je me suis frottée contre lui plus que jamais. Et j'ai aimé ça plus que jamais auparavant.
La plupart de mes relations sexuelles ne sont pas une pure partie de plaisir, même si on pourrait le croire. En réalité, c'est seulement un moyen pour moi de garder le contrôle, de me dire que ma vie ne m'échappe peut être pas autant que je le croyais. De me dire qu'un homme a échappé à mon contrôle, mais que désormais ce ne sera plus le cas. Alors oui, ça me soulage quelques fois, mais ce n'est pas autant charnel que ça l'était avec lui.
Cet homme qui m'a brisé plus d'une fois, et qui a été l'objet de mes premières fois. Pourtant, c'est avec lui que j'aimais vraiment ça, que je comprenais pourquoi les gens pratiquaient le sexe. Et désormais, je crois que j'ai envie de découvrir jusqu'où ça peut aller avec Isaac. Parce que cette petite séance m'a fait perdre tous mes moyens. Tout mon contrôle s'est échappé car je lui fais confiance. Une confiance absolue et rare. Qu'il a gagné en peu de temps, pour mon plus grand dam.
Je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais en tout cas, je n'y peux rien. Il y a un problème dans l'horlogerie, dans la matrice qui me fait habituellement tourner. Et ce problème porte un nom : Miller. Et je crois qu'il est mauvais pour moi, pour toutes les barrières que je me suis mise et que je me suis promises de garder. Il est entrain de les détruire et de les franchir petit à petit.
— Youhou ? Lev, allô la terre ici la lune, s'exprime Maya.
— T'as l'air toute chamboulée depuis que t'es rentrée, reprends Brandi.
N'y tenant plus de garder cette histoire pour moi (et un peu Maya) je balance tout. La raison de notre rapprochement, notre faux couple, mes sentiments naissants, notre pseudo dispute, l'épisode des menottes, moi qui me frotte sur lui comme une femme en manque de sexe ou que sais je. En fait, je crois que c'est le cas mais la n'est pas le sujet. Le sujet est que ça s'est passé avec lui, dans mon lit, avec lui. Oui, je sais, je l'ai déjà dit. Mais je n'ai jamais vraiment envisagé Isaac comme un potentiel partenaire sexuel. Putain même Maverick était étonné. Cependant, la réalité n'est pas la, j'étais trop obnubilée par un connard que j'en ai eu les œillères, et je n'ai jamais réalisé qu'un homme si gentil et doux qu'Isaac pouvait s'intéresser à moi. Je ne mérite pas sa gentillesse, j'ai tué ma mère j'ai...
Ce n'est pas ta faute, me répète la voix d'Isaac au fond de mon crâne.
Les filles sont compréhensives, quoiqu'un peu trop surexcitée à l'idée que je vive une de leur romance qu'elles idéalisent. Ça me fait rire car, elles n'ont pas spécialement tort. Il manquerai plus que Isaac vienne me chercher pour aller prendre un dessert à la fin du repas et voici le comble !
— Je vais régler, dis-je au serveur lorsqu'il arrive avec l'addition.
Les filles m'engueulent mais je suis plus rapide qu'elles et paye.
— Arrêtez votre fausse modestie, ricané-je.
Dès cet instant, elles arrêtent de rire et reprennent leur conversation normalement. Lorsque nous sortons du restaurant Isaac se trouve adossé contre ma voiture. Beau à tomber, il doit sortir de son entraînement car il a encore les cheveux mouillés. Je salue les copines et replace mon sac sur mon épaule en m'avançant vers lui.
— Ne me dis pas que t'es venu pour qu'on aille prendre un milkshake, puis que t'as prévu qu'on aille dans le parc pour nous embrasser jusqu'à ne plus sentir nos lèvres, dis je rapidement sous son regard perplexe.
— Clochette ? Tu jacasses.
— Désolée, je...
— J'avais effectivement prévu de t'emmener boire un milkshake dans le meilleur endroit pour boire un milkshake. Mais la partie sur le parc n'était pas au programme, à part si c'est ce dont tu as envie, toi ?
— Je... on pourra aller balader Buck ?
L'excuse la plus pourrie, en somme.
Il rit, prend ma main et nous commençons à marcher dans la rue.
— Isaac, il se peut que les copines soient au courant de... notre faux couple.
— Je ne te tenais pas la main pour frimer devant tes copines. Mais premièrement parce que j'ai ai envie, et deuxièmement parce que Ray est sûrement vers ici. Il traîne toujours dans un café pas loin de la ou on va.
— Alors c'est pour lui que tu m'emmènes prendre un milkshake ?
— Non, c'était sérieux quand je disais que c'est le meilleur milkshake du coin.
Je n'insiste pas plus et reste avec mes pensées. Et la main d'Isaac contre la mienne. Je suis tout émoustillée par ce contact, et avant que je n'ai pu dire quoique ce soit par rapport à ce qu'il s'est passé précédemment, il ouvre la porte d'un joli restaurant et me fait signe d'entrer. Nous nous asseyons à une table un peu à l'écart du reste mais ce n'est pas plus mal. Cela nous permet d'avoir un semblant d'intimité et j'ai l'impression d'être proche de lui. Pour ce dont je veux parler il y a intérêt...
— Tu sais, par rapport à tout à l'heure je...
— Ne dis pas que c'était une erreur. On sait toi comme moi que ce n'en était pas une. Tu es une adulte, et aux dernières nouvelles j'en suis un aussi. Ça arrive à tout le monde.
— Oui, mais pas dans ces circonstances. Je n'aurais simplement pas du être si...
— Si quoi ? Va au bout de ta pensée, Lev. Tu sais, j'ai peut être pas eu beaucoup de partenaires sexuelle, mais je ne suis pas pour autant puceau. Détends toi.
Je vois que je commence à le blesser alors autant arrêter le massacre maintenant. Je ne voulais pas qu'il le prenne mal, mais je voulais... je ne sais pas, en réalité. Peut être m'excuser car le contexte ne s'y prêter pas ? Ou alors est ce de fausses excuses, comme les copines qui me disputent de leur payer le repas ! En réalité, j'ai aimé ça, alors pourquoi forcément chercher à trouver une explication, quand la seule valable à été mon plaisir.
Je porte mon attention sur la carte des milkshake et sélectionne celui à la fraise, le meilleur. Ou celui au chocolat, je ne sais pas trop. Je prends mon premier choix, et au pire je reviendrai goûter l'autre.
— Tu prends rien ? je demande à Isaac quand je remarque qu'il n'a rien commandé.
— Je viens de finir mon entraînement, j'ai pas vraiment d'appétit.
— Oh... C'est normal ?
— Ça m'arrive, parfois. Quand il n'a pas été assez intense. J'ai besoin de me défouler constamment et parfois je reste des heures supplémentaires à lancer des palets pour masquer ma frustration.
— Je comprends. Ça te canalise en quelques sortes.
— C'est totalement ça. Ça me permet de ne pas refouler mes émotions et les balancer à la figure de certaines personnes.
— T'es un faux calme ? je ris.
Pourtant, il ne rit absolument pas. Son regard de feu se plante dans le mien et impossible de le détacher. J'ai presque besoin de ce regard. Ce qui est certain, c'est que je ne pourrais pas l'oublier.
— J'ai toujours eu des problèmes de colère. Quand on a diagnostiqué le cancer de ma mère ça... a prit de l'ampleur. Heureusement que j'avais déjà le hockey, mais je m'y suis jeté corps et âmes.
— T'as déjà tapé dans un mur ? je demande sans trop réfléchir.
Instantanément, je mets ma main sur ma bouche comme si je venais de dire une connerie. Ce qui est sûrement le cas. Ça m'apprendra à tourner ma langue avant de parler. Le pire, c'est que je posais la question sérieusement. Parce que non merci, je n'ai pas envie de ce genre de mec dans ma vie. S'ils tapent dans des murs après ça fini sur ta tête. Et ça, non merci. Il y a trop de femmes qui subissent les coups de leur maris, pourtant personne ne dit jamais rien. Je crois qu'il est trop difficile de s'en sortir. Et c'est terrible.
— Non, jamais. Peut être petit je balançais des chaussettes ou des peluches. Mais à part sur la glace, j'ai jamais porté de coups sur quelqu'un.
Je souris, parce qu'il a répondu sérieusement contrairement à ce qu'était ma question. Je ne me sens pas prise pour une conne même s'il aurait eu raison de le faire. Parce que bon, ma question manquait de tact, elle était un peu trop brute et honnête.
Mon milkshake arrive et je le goûte avant de pousser un gémissement. Sérieusement ? Isaac ne mentait pas quand il disait que c'était les meilleurs du coin. Punaise. Au fur et à mesure de mes gorgées, je remarque la paume d'Adam d'Isaac monter et descendre. Tout en me portant un regard profond.
— Quoi ? je demande, la bouche sur la paille.
— Si tu pouvais arrêter de pousser les mêmes gémissements que tout à l'heure ça serai bien, Lev.
— Oups.
Je lui tends la paille pour essayer de détendre l'atmosphère pleine de tension.
— Tu veux ?
Je suis le mouvement de ses lèvres qui se posent et entourent la paille. Puis, celui de sa gorge qui boit le liquide sucré. C'est beaucoup trop sexy.
Calme toi, c'est juste un mec qui boit un milkshake, et lui, au moins, il ne fait pas de bruit.
Argh.
Lorsqu'il retire la paille de sa bouche, une goute coule sur le côté et j'ai soudain envie d'y passer ma langue. Mais pour ça, il faudrai que je sois à côté de lui ou alors que je saute sur cette table. On va éviter de se casser trois membres et de finir hospitalisée, on me prendrait pour une folle. Ce qui est un peu le cas, en réalité. Nous passons le reste de la demie heure à partager le milkshake de cette manière, moi à fantasmer. Je ne parlerai pas pour lui, mais je ne sais pas ce qu'il se passe dans sa tête.
Une fois fini, il décide de payer l'addition et m'invite. Je ne rechigne pas et le remercie avant de l'enlacer. Puis, nous marchons dans la rue, le chemin inverse que nous avons fait pour venir. Au loin, j'aperçois Ray à la sortie d'un bar, sûrement bourré comme les nombreuses fois où il rentrait dans l'appartement, des senteurs d'alcool plein les habits. Je ne le fais pas remarquer à Isaac, cependant, je pense que Ray a bien repérer mon faux petit ami, au vu du regard qu'il lui lance.
— Je peux faire une story ? je demande à Isaac.
Il passe alors devant moi et je décide de le prendre en photo de dos, afin de le poster sur mon Instagram. Je l'identifie avec en légende un emoji cœur noir. Pendant ce temps, je reçois un message de Ray, mais je ne le lis pas, je le lirais sûrement ce soir avant de pleurer un bon coup pour toutes les insultes qu'il a prévu pour moi. Pour le moment, je décide de profiter de cette pseudo sérénité. Puis, une fois que ma story est postée, je me rapproche une nouvelle fois de lui et noue mes doigts aux siens, pour mon plus grand plaisir.