Against the clocks

By AlexyanTourquetil

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Pour sa première année en Formule 1, Julian sait qu'il peut compter sur son meilleur ami et son grand frère... More

Avant-Propos et TW
Equipes, pilotes, team manager, nationalités & âges
Chapitre 1 - Julian
Chapitre 2 - Nolah
Chapitre 3 - Julian
Chapitre 4 - Nolah
Chapitre 6 - Nolah

Chapitre 5 - Julian

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By AlexyanTourquetil

Floryan me colle un verre d'alcool entre les mains et je lui en veux. Parce que même si j'ai, légalement, le droit de boire, je n'en ai pas l'autorisation. Mes parents et mon frère me tueraient si je buvais alors que je suis en week-end de courses. Surtout avec mes problèmes passés. Ce serait de très mauvais goût de leur faire le coups maintenant.

Chacun des pilotes autour de la table me paraît très sympathique, même si certains semblent être plus réservés que d'autres. Si mon frère parle à tout le monde, bouge dans tous les sens et fait le con, son coéquipier est la personne la plus calme qu'il m'ait été donné de rencontrer depuis un moment. Ismail Demir est calme, posé et réfléchi. Je peux le voir rien qu'en remarquant à quel point il fait tout pour ne pas attirer l'attention sur lui, contrairement à mon frangin. Celui-ci est extrêmement tactile avec tout le monde et je remarque que ça crispe quelques-uns de nos concurrents qui ne semblent pas être très friands de contacts physiques.

Les plus vieux et Marcus semblent habitués. Ils savent visiblement comment se comporte Konrad lors de leurs soirées et ils connaissent les techniques pour ne pas le laisser déborder de trop. D'autres, comme Isma et les frères Webber semblent être plus tendus que nécessaire. Les copines des gars qui sont en couple sont là mais restent principalement entre elles. La seule qui se mêle à nous, sans l'ombre d'une hésitation, c'est Nolah.

Nolah et son verre de bourbon. Nolah et son rire cristallin. Nolah et sa joie de vivre débordante qui devrait réussir à me détendre. Nolah et sa gentillesse infinie. Nolah qui essaie de faire des efforts alors que je reste dans mon coin, en silence. J'ai dit à Lucas de ne pas s'inquiéter pour moi et de continuer à vivre sa vie, de profiter de sa soirée. C'est ce qu'il fait, d'ailleurs. Plutôt bien. Il doit être à son cinquième verre de whisky. Demain, il va s'en tirer les cheveux et il va venir se plaindre qu'il aurait jamais dû boire autant.

— Tiens.


Je me tourne pour remarquer que la brune me tend un Kinder. Je me doutais bien qu'elle l'avait vu, mais j'espérais qu'elle ne s'en serve pas contre moi. Qu'elle fasse comme si elle n'avait rien vu.

— C'est idiot parce que je déteste le Kinder, mais mon frère continue de m'en mettre dans mon sac à main. Je trouve toujours un moyen de les refourguer à quelqu'un. C'est toujours plus compliqué qu'on ne le croit. Maintenant que tu es là ? Je me ferais un plaisir de me débarrasser de ces œufs en te les donnant. Tu en raffoles et je les déteste. C'est un deal honnête, non ?


J'hésite une seconde, mais je finis par me saisir du chocolat qu'elle me tend. Son sourire sincère me prouve qu'elle n'est pas là pour juger, ni pour se moquer. Elle veut vraiment m'aider et me tendre la main. Elle n'est pas là pour me faire du mal, peu importe ce que j'avais l'air de penser, il y a quelques heures.

— C'est ton fils, le petit bout qui te suit partout ?

— Il s'appelle Mats. Il a dix-huit mois. Et... oui. C'est mon fils. Je ne crois pas que je tienne vraiment à en parler. Je... Désolé.

— C'est okay. Je ne vais pas te forcer à me parler.


Je la remercie et je croque dans un morceau du chocolat qu'elle m'a donné. Mon regard croise celui de Lucas, moqueur. Il ne réalise pas à quel point les Kinder sont importants dans ma vie et je lui en veux de me juger sans essayer de comprendre. Il n'a même jamais posé la moindre question. Il a beau être mon meilleur ami, il me juge bêtement pour ça et je lui en veux, parfois.

— J'ai un doudou.


Je me tourne vers la brune qui me sourit. Elle sait un truc considéré comme étant honteux à propos de moi alors elle me donne l'occasion d'être à égalité avec elle.

— Il s'appelle Nate.

— Ton frère te sert de doudou ?

— Non, rit-elle. J'ai appelé mon lion en peluche comme mon grand frère, quand j'étais petite. Et c'est resté. Aussi bien le nom que le fait que je dorme avec. Toutes les nuits. Il me permet de me sentir en sécurité, même quand je suis loin de chez moi.


Mes épaules se détendent alors qu'elle se confie au sujet de son animal en tissu. Je ne pensais pas que parler avec cette fille serait aussi salvateur pour moi, mais c'est le cas. Elle m'aide à me détendre sans vraiment le savoir et elle m'écouterait attentivement si je disais quoi que ce soit, je n'en doute pas une seule seconde. Ce serait l'occasion parfaite de me confier à quelqu'un. De raconter ce qu'il se passe. De tout lui balancer. Pourtant, j'en suis incapable. Les mots ne viennent pas. Ils se bloquent dans ma gorge et je ne suis pas capable de lui parler. De lui dire que j'ai besoin d'aide.

— Est-ce que c'est quelque chose dont je devrais avoir honte ?


Je secoue négativement la tête et elle me sourit, comme pour prouver quelque chose. Et c'est sans doute le cas. Elle essaye de me faire comprendre que je n'ai pas besoin d'être aussi tendu concernant les chocolats qui me suivent partout. J'ai beau avoir l'impression que c'est un comportement de gamin, elle essaye de me rassurer : elle ne le pense pas. Et elle n'est pas la seule. Konnie essaie souvent de me convaincre que je peux me détendre, que les gens ne me jugeront pas.

Elle s'éloigne et mon coeur se serre. Quand je suis seul, j'ai le sentiment que les ténèbres vont m'engloutir. J'ai peur de moi-même. Surtout la nuit. C'est pour ça que je partagerais mes chambres d'hôtel avec mon aîné. Je me suis battu pendant des semaines avec mon équipe, mais surtout avec la sienne, pour qu'ils acceptent. Je n'aurais sans doute pas pu être pilote sans cette organisation. Parce que sans l'un des membres de ma fratrie, je suis incapable de dormir la nuit. Du moins, pas quand je suis seul. J'ai besoin d'avoir quelqu'un à mes côtés. Le reste du temps : je panique.

— Tout va bien ? Tu as l'air complètement ailleurs.


Je force un sourire en me tournant vers Marcus. Il ne boit jamais, conscient qu'il doit veiller sur son meilleur ami. Il me l'a déjà dit plusieurs fois. S'il ne picole pas pendant les soirées, c'est parce qu'il sait que Konrad va se mettre une murge et qu'il faudra le ramener en sécurité ensuite.

— Tu peux lâcher prise, souffle-je. Pour Kon, j'entends. Je suis là, maintenant. Je peux garder un œil sur lui et le coucher après les beuveries. Je suis contre l'alcool et je n'y touche jamais. Tu as le droit de t'éclater aussi, tu sais ?


Il pose sa main sur mon épaule, l'air grave.

— Tu n'es pas en Formule 1 pour surveiller ton frère. Je vais garder mon rôle. J'en suis heureux. Le mieux serait qu'il dorme avec Ismail, ce soir. C'est toujours comme ça que ça se passe après que l'alcool ait coulé à flots. Tu vas réussir à dormir seul ou tu veux que je vienne avec toi ?


Mon coeur se serre alors que je réussi à afficher un sourire convaincant.

— Je ne suis plus un bébé. Je gère de mieux en mieux mes terreurs nocturnes. Je peux me débrouiller seul, pour une nuit. Tout ira bien.


Il me sourit et ébouriffe mes cheveux avant de se diriger vers son meilleur ami qui vient de grimper debout sur une table. L'angoisse monte, lentement, en moi, alors que je suis encore entouré de gens. Je me redresse et cherche ma veste des yeux, stressé. Je dois me tirer d'ici avant que qui que ce soit se rende compte que quelque chose cloche chez moi. Je la repère enfin quand une main se pose sur mon épaule.

— Tout va bien, mon grand ?


Je me tourne vers Johannes qui m'interroge du regard. Je hoche la tête.

— Bien sûr.

— Je suis ton parrain, gamin. Je sais quand tu me mens.


L'utilisation de ma langue natale me trouble légèrement, mais mes repères linguistiques reprennent vite leur place.

— Je ne te mens pas. Je... Konrad ne dort pas dans notre chambre d'hôtel, cette nuit.


Il lâche un petit Oh et presse doucement ses doigts contre mon épaule. Il sait que l'obscurité me terrifie. Il semble réfléchir, mais je secoue négativement la tête. Il est hors de question que je me réfugie dans la piaule de l'un des meilleurs amis de mon père.

— Je verrais avec Kassie. Ou Maman.


Il soupire et s'éloigne, visiblement vexé et déçu par ma réaction. J'attrape ma veste, salue quelques pilotes et sort de la pièce. Des pas se font entendre derrière moi et je remarque que Kylian Harrison m'a suivi. Il me colle contre un mur et l'odeur d'alcool qui l'entoure me donne la nausée.

— Le petit prince allemand. C'est comme ça qu'on t'appelait, non ? Ne rêves pas trop, gamin. Tu n'as aucune chance d'être champion. T'es qu'une grosse merde. Je sais ce que tu as fait pour avoir ta place.


Mes muscles se tendent et mon cerveau analyse difficilement ce qu'il est en train d'entendre. J'ouvre la bouche, mais ses doigts se plaquent contre ma gorge et la serrent.

— Elle est à moi, petit con. Zoey et moi, on avait tout pour être heureux avant que tu arrives. Tu me le paieras.


Il me colle un coup au niveau du ventre et je me retrouve penché en avant, le souffle coupé. Bordel ! Ce mec est complètement taré. Il s'éloigne alors que je me redresse. Comment peut-il être au courant de tout ça ? Et pourquoi semble-t-il croire que j'ai la moindre envie de vivre tout ce que je vis depuis quelques mois ?

— Tout se passe bien ?


Je me tourne pour remarquer Nolah, l'air inquiet. Je soupire mais hoche la tête alors qu'elle pose une main sur mon bras, juste au-dessus du liseré de mon polo. L'inquiétude que je lis dans son regard me réchauffe le cœur, même si je sais que ça ne signifie rien. Juste qu'elle veille sur les pilotes. Si elle me parle et qu'elle fait des efforts, c'est uniquement parce qu'elle est amie avec mon frère, je le sais.

— Je te raccompagne ?


Je souris faiblement pour la remercier et nous sortons. La chance que j'ai, c'est que nous avons choisi le restaurant juste en face de mon hôtel pour faire notre repas annuel des pilotes. C'est beaucoup plus simple pour que je rentre et j'en suis reconnaissant à mon parrain et mon frère qui ont décidé que c'était ici et pas ailleurs.

— Je suis sortie avec Floryan. Je préfère te le dire avant que tu ne l'apprennes autrement. Si c'est tendu entre lui et moi, c'est uniquement pour ça. Parce que nous venons de rompre après quatre ans de relation.

— Tu n'es pas obligée de me dire quoi que ce soit. Je n'ai pas le droit de te juger ou d'émettre le moindre avis sur ta vie personnelle. Tu ne fais pas de remarques sur moi, je n'en fais pas non plus. Tu gardes mon secret concernant les Kinder, je garde le tien concernant ton lion en peluche. On a un deal. Je ne te la ferais pas à l'envers. Ce n'est pas le genre de la famille. Si tu as confiance en mon frère, alors il faudra que tu me fasses confiance, à moi aussi. Parce que sinon, ça ne pourra pas être réciproque. Je ne peux pas avoir confiance en toi si tu doute de moi. On n'est pas obligé de se confier l'un à l'autre si on n'en a pas envie. Mais on peut se serrer les coudes et aider l'autre quand il a besoin. Même si on se connait peu.


Elle me sourit et appuie sur le bouton de l'ascenseur quand nous arrivons devant. Elle hoche la tête et monte à bord de l'élévateur. Je la suis et appuie sur l'étage où je partage une chambre avec mon frère. Elle appuie sur son propre numéro et je lui souris en m'appuyant contre la paroi.

— Je sais que ça doit te faire peur, de commencer la Formule 1, mais de ce que j'ai vu aujourd'hui ? Tu as un potentiel énorme. Tu vas faire un carton.

— J'espère. Vraiment. Je ne rêve que de ça depuis que je suis petit. Mais je n'ai pas envie de me mettre trop de pression pour autant. Piloter une monoplace est déjà bien assez demandant pour que je n'essaye pas d'être champion du monde dès la première année. Je veux prendre mon temps. Je suis encore jeune.


Mon ventre se contracte alors que mon cerveau se remplit de souvenirs d'Andrea. Lui aussi, il était jeune. Lui aussi, il avait la vie devant lui. Lui aussi, il aurait pu avoir une belle carrière. Il aurait pu vivre.

— Julian ?


Je force un sourire et me concentre à nouveau sur la brune qui me fait face. Elle semble inquiète, mais je secoue la tête pour lui signifier que tout va bien. Les portes s'ouvrent et je sors, me tournant vers elle.

— Merci d'avoir veillé sur moi ce soir et de m'avoir fourni ma dose nocturne de chocolat. Je te le revaudrais. Bonne nuit avec Nate et Nathanaël.


Elle me sourit et fait un signe de la main alors que les portes se referment. Je me dirige vers ma porte et me fige devant. Quand j'entre dans la pièce, mon cœur se met à battre la chamade. Mon équipe a accepté que j'ai la même chambre que Konrad, tout ça pour que celui-ci fasse de la merde et me laisse tomber quand j'ai le plus besoin de lui. Je sais que Floryan sera juste en face, mais je sais aussi que je refuse catégoriquement qu'il soit mis au courant de mes cauchemars et de mes terreurs nocturnes. Il n'a pas besoin de savoir que son coéquipier a peur de l'obscurité, non plus. Ce soir, malgré la peur d'être seul, je ne vais pas avoir le choix. Cette nuit, c'est moi et mes démons. En tête à tête.

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