Chapitre 4 - Nolah

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Nathanaël se laisse tomber dans le canapé à mes côtés et pose aussitôt sa tête sur mes genoux. Je glisse une main dedans et les caresse doucement pour essayer de le détendre. Ses résultats de la journée ne le satisfont pas. Marvelous, la team pour laquelle il pilote depuis le début de l'année dernière, ne se bat pas pour le champion. Au contraire. Et je sais à quel point ça frustre mon aîné. Du haut de ses trente-deux ans, il est persuadé qu'il y a des tonnes de choses qu'il peut encore faire. Il aimerait être champion du monde une nouvelle fois. Comme il l'a déjà été, il y a sept ans, quand il était chez Campbell's. Le problème, c'est que notre paternel lui met beaucoup trop de pression sur les épaules et qu'il est en train de le tuer à petit feu. Volontairement ou non, il faudrait qu'il arrête. J'ai l'impression que mon aîné est en train de devenir un vrai fantôme et ça me terrifie.

— Tu veux un verre de bourbon ?


Il secoue négativement la tête et, mentalement, j'applaudis sa détermination à tenir bon. À ne sombrer dans aucune addiction, contrairement à moi. Il se redresse et je l'observe faire. Il se tourne vers moi et tend la main. Je sais ce qu'il veut faire. Mais je sais aussi qu'il n'insistera pas si je lui indique que non, je ne lâcherais pas mon verre. Mon mouvement de tête lui donne la réponse qu'il attendait et il soupire.

— Quoi ? Il est dix-neuf heures. Tu vas trouver quelque chose à redire sur l'heure ? Trop tard ? Trop tôt ?

— On sait tous les deux que ce n'est pas ton premier. Cette bouteille était pleine ce matin, quand j'ai quitté notre chambre d'hôtel, à 7 heures. Il reste quoi ? Un verre ? Tu ne peux pas continuer, petite sœur.

— Et pourquoi pas ?


Il soupire et secoue la tête. Il a conscience qu'il ne parviendra pas à me convaincre. Il a déjà essayé. Il se bat constamment pour me faire décrocher de l'alcool. Je n'y parviens juste pas. La porte s'ouvre et notre père entre. Il observe le verre entre mes mains et roule des yeux.

— Ne sois pas aussi condescendant, c'est de ta faute !

— On en a déjà parlé et je te l'ai dit un demi-million de fois : je suis désolé.


Je lâche un rire nerveux. C'est trop simple. Et je le lui ai dit autant de fois qu'il s'est excusé. Il a détruit notre famille et un je suis désolé ne sera jamais suffisant pour combler les trous que ses conneries ont créé.

— Ne sois pas ingrate.


Je serre les dents pour ne pas lui balancer des horreurs à la gueule. Je pourrais le faire. Il le mériterait totalement. Pourtant, il faut bien que l'un de nous se comporte en adulte. Et puis-ce que ça ne sera pas lui, il faut bien que ça soit mon frère et moi. On doit faire en sorte de maintenir un certain équilibre entre nous, si on ne veut pas que tout se casse totalement la gueule.

— On dîne en...

— On a déjà quelque chose de prévu.


Je lance un regard à mon frangin au-dessus de mon verre. Peu importe où il veut m'emmener, je vais encore me faire embarquer dans des histoires un peu folles. C'est souvent le cas quand Nate m'embarque pour des soirées.

— Le vendredi de la première course, on mange toujours ensemble. Tu es pilote depuis douze ans et on n'a pas loupé une seule...

— Les traditions ont pris fin en même temps que la vie de Maman.

Against the clocksWhere stories live. Discover now