Chapitre 5 - Julian

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Floryan me colle un verre d'alcool entre les mains et je lui en veux. Parce que même si j'ai, légalement, le droit de boire, je n'en ai pas l'autorisation. Mes parents et mon frère me tueraient si je buvais alors que je suis en week-end de courses. Surtout avec mes problèmes passés. Ce serait de très mauvais goût de leur faire le coups maintenant.

Chacun des pilotes autour de la table me paraît très sympathique, même si certains semblent être plus réservés que d'autres. Si mon frère parle à tout le monde, bouge dans tous les sens et fait le con, son coéquipier est la personne la plus calme qu'il m'ait été donné de rencontrer depuis un moment. Ismail Demir est calme, posé et réfléchi. Je peux le voir rien qu'en remarquant à quel point il fait tout pour ne pas attirer l'attention sur lui, contrairement à mon frangin. Celui-ci est extrêmement tactile avec tout le monde et je remarque que ça crispe quelques-uns de nos concurrents qui ne semblent pas être très friands de contacts physiques.

Les plus vieux et Marcus semblent habitués. Ils savent visiblement comment se comporte Konrad lors de leurs soirées et ils connaissent les techniques pour ne pas le laisser déborder de trop. D'autres, comme Isma et les frères Webber semblent être plus tendus que nécessaire. Les copines des gars qui sont en couple sont là mais restent principalement entre elles. La seule qui se mêle à nous, sans l'ombre d'une hésitation, c'est Nolah.

Nolah et son verre de bourbon. Nolah et son rire cristallin. Nolah et sa joie de vivre débordante qui devrait réussir à me détendre. Nolah et sa gentillesse infinie. Nolah qui essaie de faire des efforts alors que je reste dans mon coin, en silence. J'ai dit à Lucas de ne pas s'inquiéter pour moi et de continuer à vivre sa vie, de profiter de sa soirée. C'est ce qu'il fait, d'ailleurs. Plutôt bien. Il doit être à son cinquième verre de whisky. Demain, il va s'en tirer les cheveux et il va venir se plaindre qu'il aurait jamais dû boire autant.

— Tiens.


Je me tourne pour remarquer que la brune me tend un Kinder. Je me doutais bien qu'elle l'avait vu, mais j'espérais qu'elle ne s'en serve pas contre moi. Qu'elle fasse comme si elle n'avait rien vu.

— C'est idiot parce que je déteste le Kinder, mais mon frère continue de m'en mettre dans mon sac à main. Je trouve toujours un moyen de les refourguer à quelqu'un. C'est toujours plus compliqué qu'on ne le croit. Maintenant que tu es là ? Je me ferais un plaisir de me débarrasser de ces œufs en te les donnant. Tu en raffoles et je les déteste. C'est un deal honnête, non ?


J'hésite une seconde, mais je finis par me saisir du chocolat qu'elle me tend. Son sourire sincère me prouve qu'elle n'est pas là pour juger, ni pour se moquer. Elle veut vraiment m'aider et me tendre la main. Elle n'est pas là pour me faire du mal, peu importe ce que j'avais l'air de penser, il y a quelques heures.

— C'est ton fils, le petit bout qui te suit partout ?

— Il s'appelle Mats. Il a dix-huit mois. Et... oui. C'est mon fils. Je ne crois pas que je tienne vraiment à en parler. Je... Désolé.

— C'est okay. Je ne vais pas te forcer à me parler.


Je la remercie et je croque dans un morceau du chocolat qu'elle m'a donné. Mon regard croise celui de Lucas, moqueur. Il ne réalise pas à quel point les Kinder sont importants dans ma vie et je lui en veux de me juger sans essayer de comprendre. Il n'a même jamais posé la moindre question. Il a beau être mon meilleur ami, il me juge bêtement pour ça et je lui en veux, parfois.

— J'ai un doudou.


Je me tourne vers la brune qui me sourit. Elle sait un truc considéré comme étant honteux à propos de moi alors elle me donne l'occasion d'être à égalité avec elle.

Against the clocksWhere stories live. Discover now