Against the clocks

By AlexyanTourquetil

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Pour sa première année en Formule 1, Julian sait qu'il peut compter sur son meilleur ami et son grand frère... More

Avant-Propos et TW
Equipes, pilotes, team manager, nationalités & âges
Chapitre 1 - Julian
Chapitre 3 - Julian
Chapitre 4 - Nolah
Chapitre 5 - Julian
Chapitre 6 - Nolah

Chapitre 2 - Nolah

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By AlexyanTourquetil

 L'abruti que je suis venu voir me fait un signe et j'obtempère alors qu'il indique à son coéquipier qu'il n'en a pas pour longtemps. Les immenses yeux gris d'un gamin me fixent et je sens l'angoisse qui monte en moi. Les gosses me détestent en règle générale et celui-ci me fixe trop étrangement pour que j'ai envie de prendre le risque de m'approcher. Je fais un bref signe à Pierre et me dirige vers l'arrière de la zone de Floryan qui me suit rapidement.

— On était d'accord, No ! On ne se parle pas sur les paddocks. On s'évite le plus possible pour éviter que ça jase dans les médias. Je ne tiens pas à ce qu'un scandale m'éclate à la gueule.

— T'es putain de sérieux, là ? Tu vas vraiment faire comme si tout allait parfaitement bien ? Comme si t'étais pas un putain de connard ?


Il fronce les sourcils et je me rends compte qu'il va faire l'ignorant. Ou qu'il est suffisamment stupide pour ne pas comprendre ce que je lui reproche.

— Lola baise bien ? craché-je.


Il devient livide en un quart de seconde et je sais qu'il comprend où je veux en venir et ce que je mentionne. Il sait que nier ne servirait à rien, que je sais déjà tout. Nous sommes en couple depuis des années et je l'ai surpris au plumard avec une autre fille. Et mon cœur a explosé dans ma poitrine alors que je m'y attendais. Je savais que ça arriverait. Parce que Floryan Masson est comme ça. Un tombeur.

— C'est stupide... Je croyais en tes belles déclarations. Quand tu disais que tu avais changé, je voulais y croire. Je voulais m'accrocher à l'espoir que c'était la vérité. Mais t'es qu'un putain de menteur. Elle a quoi de plus que moi ?


Il hésite et je secoue la tête, me rendant compte que j'ai été naïve, encore une fois.

— Quoi ? Tu ne sais même pas pourquoi tu la préfères elle ? Vraiment ?

— Putain, mais, elle, elle me traite comme si j'étais quelqu'un d'important ! Elle m'aime et elle ne me laisse pas tomber.


La pointe accusatrice de sa voix me tétanise. Je sais ce dont il parle et il est particulièrement horrible parce qu'il sait que je n'aurais pas pu être là. Que ce n'était pas une volonté. Je n'ai jamais eu le choix de ne pas être présente pour lui quand il est devenu champion du monde, il y a deux ans et quelques mois. J'aurais préféré être à ses côtés plutôt que nul part ailleurs. Mais ce qui est arrivé a eu lieu et je n'ai rien pu faire pour changer l'avis des médecins au sujet de me laisser sortir, à l'époque.

— Est-ce qu'elle t'aimerait autant si tu n'étais pas un pilote de Formule 1 ?


Visiblement furieux, il fait un pas vers moi et je recule. Je viens de toucher un point sensible et j'en ai parfaitement conscience. Tout comme du fait qu'il peut devenir violent. Il ne l'a jamais été avec moi, mais je sais qu'il a les poings qui le démangent facilement. Il est pourtant celui qui a décidé que tous les coups étaient permis. Il est celui qui a décidé qu'on se bombardait sans prendre les sentiments de l'autre en considération. En mentionnant mon absence, même de façon implicite, il savait que ça me ferait sortir de mes gonds.

Il serre les dents et secoue la tête. Il va trouver quelque chose à dire. Il trouve toujours quoi dire pour essayer de me rallier à sa cause. Sauf que cette fois, je ne lui donnerais pas l'occasion de me manipuler à nouveau. Si je le laisse faire, il continuera son petit jeu de pouvoir et il se servira de moi contre son nouveau coéquipier. Parce que, dans le fond, Floryan est comme ça. Manipulateur. Pervers. Un vrai détraqué qui aime le pouvoir sur tout le monde, tout le temps. C'est lui qui a demandé à ce que son équipe signe Julian Kilmer plutôt qu'un autre. Parce qu'il savait que ça rendrait Konrad fou de rage de savoir son petit frère dans l'équipe de son pire ennemi.

— Personne ne s'intéressait à moi et ne m'aimait avant.


Je sais à quel point ça a été dur, dans son enfance. Je sais qu'il a fait tout ce qu'il pouvait pour s'en sortir et que son père n'était pas un tendre. Mais il a eu une mère aimante et deux grandes sœurs exceptionnelles. Il ne s'en rend juste pas compte. Il n'a aucune conscience de la chance qu'il a eu d'être élevé par ces trois merveilleuses femmes qui vont me manquer. Et il ne se rend pas compte que je l'aimais bien avant sa célébrité.

Ou alors il le sait et il s'en sert pour me faire du mal, comme il a toujours parfaitement su le faire. Ce qui est une possibilité à ne pas négliger quand il s'agit de ce mec.

Nous nous sommes rencontrés quand j'avais huit ans et lui onze. Et le petit garçon qu'il était à l'époque n'existe plus. Il a été remplacé par un jeune homme de vingt-cinq ans complètement fermé, terriblement distant et froid. Plus froid que de la glace. Même le Pôle Nord n'est pas aussi glacé que le cœur de cet homme avec lequel je sors depuis quatre ans.

Sortais, me souffle ma conscience. Et elle a raison. Parce que j'ai découvert qu'il me trompait avec la fille du team principal de son équipe. Je l'ai aimé. Comme une folle. Et j'ai l'impression qu'il vient de me briser le cœur en des milliers de petits morceaux que personne ne pourra jamais réparer.

— Je pense qu'il est mieux qu'on mette fin à notre relation. Et qu'on arrête de se voiler la face, un peu. Nous deux, ça n'aurait jamais pu fonctionner. Tu es trop jeune pour moi et je n'ai pas envie de te détruire plus que je n'ai déjà commencé à le faire. Ce serait injuste pour toi.


Et je sais qu'il a raison, même si ça me fait un mal de chien. Nous nous détruisons. Aucun de nous n'est sain pour l'autre. Et il est temps que ça se termine maintenant. Avant qu'on ne fasse encore plus de dégâts. Le seul problème, c'est sa façon de laisser sous-entendre que c'est lui qui met fin à notre relation alors qu'on sait tous les deux que c'est moi qui suis en train de rompre, à la base. Je lui laisse pourtant espérer que c'est lui qui met fin à notre relation. Il semble convaincu d'être celui qui a le pouvoir et ça pourrait presque me faire rire si mon cœur n'était pas aussi brisé. Je me demande d'ailleurs pourquoi il se brise aussi durement alors que je savais dans quel foutoir je m'embarquais en commençant à sortir avec Floryan.

Mon portable qui vibre dans ma poche me rappelle que je suis là pour travailler. Je le sors rapidement alors que Floryan m'observe, les bras croisés. Je décroche et m'éloigne, non sans tendre le badge qui me donne accès à cette partie des paddocks à un mécanicien. Habitué à me voir me promener ici, il fronce les sourcils alors que mon père me hurle dans l'oreille que je dois rentrer dans nos garages.

— Je n'en aurais plus besoin, Anton. Tu peux le donner à ton directeur ?

— Anton ? J'ai besoin d'une précision concernant ... Désolé ! Je dérange ?


Je me tourne vers le rookie de Campbell's. Il a l'air nerveux et je sais à quel point c'est sans doute vraiment le cas. Il doit être terrifié pour sa première course et c'est normal, peu importe ce que peuvent en dire les gens. La Formule 1 est un sport. Et il est loin d'être facile, contrairement à l'avis que certaines personnes peuvent avoir.

— Non, tu ne déranges pas. Je partais. Merci de votre hospitalité.


Je glisse le badge dans la poche du mécano qui pose son regard sur son pilote, puis sur moi. Je sais qu'il est perdu et qu'il ne comprend sans doute pas pourquoi je ne remettrais plus jamais les pieds ici. Je souris rapidement au petit nouveau et constate que s'il ne porte plus l'enfant qu'il avait entre les bras tout à l'heure, l'enfant n'est pas très loin pour autant. Caché derrière la jambe de Julian, il s'accroche à lui et me fixe.

— Sois prudent, Kilmer. Je n'aimerais pas que tes rêves et tes espoirs se trouvent piétinés trop vite. Tu mérites d'être heureux et de trouver ta place.


Il pâlit légèrement et me lance un regard, un peu perdu. Une lueur de peur teinte le fond de son regard et je fronce les sourcils. Peu importe ce qui se passe, il n'a pas l'air serein du tout et je déteste cette idée. Parce qu'un pilote qui est aussi terrifié que lui, c'est dangereux pour soi-même, mais aussi pour les autres. L'idée d'en parler à son frère me traverse l'esprit, mais je décide finalement que c'est mieux de le laisser se confier s'il va vraiment mal. Je n'ai aucune envie de m'imposer dans cette famille. Ils n'ont pas besoin de moi. Et je détesterais que quelqu'un se mêle de ma vie pour la raconter à mon frère aîné sans vraiment savoir ce dont il retourne. Je préfère donc largement laisser ce gosse tranquille pour être sûr de ne pas envenimer la situation pour lui. Il a dix-huit ans et même s'il est encore jeune, il est totalement en capacité de décider s'il veut s'ouvrir à son frangin ou non. Peut-être même que c'est déjà le cas, pour ce que j'en sais.

— On dit souvent que la Formule 1 est un monde de requins. On dit également que c'est une grande famille. J'ai tendance à dire aux petits nouveaux : réfléchissez bien avant de faire confiance à n'importe qui. Dans chaque famille, il y a des requins, des personnes qui vont essayer de nous noyer, de vous bouffer tout cru. Les deux expressions sont vraies. Bienvenue dans une famille de requins, Julian. J'espère pour toi que tu y survivras.


Il semble se détendre et même si c'est imperceptible pour son mécano, moi, je le remarque. J'ai connu beaucoup de situations dans lesquelles mon frère était tendu. Je savais reconnaître les moments où il allait bien et les moments où il se crispait. Je peux définir avec exactitude à quel moment Nicholas passe de l'un à l'autre, en règle générale.

— Merci. Je suis sûr que tout ira bien.


Et il semble avoir confiance en ce qu'il vient de dire. J'ai beau être surprise de l'aplomb avec lequel il vient de prononcer ces quelques mots, je ne fais aucune remarque. S'il veut avoir confiance en lui, c'est le principal. J'espère simplement que son coéquipier ne le brisera pas comme il a l'habitude de le faire avec ses coéquipiers.

Je me dirige vers l'écurie que mon père dirige d'une main de maître. Mon badge me permet d'entrer rapidement. Je m'approche des deux pilotes qui rigolent en parlant avec leur team principal. Celui-ci me fusille du regard alors que je fais la bise à ses poulains.

— On peut savoir où tu étais ?

— Parti rendre le badge de chez Campbell's.


Un petit sourire fier apparaît sur son visage et je déteste ça. Il m'insupporte quand il est aussi arrogant et sûr de lui. Pourtant, je n'ai pas le choix de travailler avec lui. Il est le seul qui m'ait donné ma chance et si je sais qu'il l'a fait uniquement parce que je suis sa fille, il est tout de même celui qui m'a sauvé, il y a quatre ans. C'est lui qui m'a sorti la tête hors de l'eau. C'est grâce à lui si je m'entends aussi bien avec les dix-huit pilotes qui ne sont plus des rookies, même si j'ai quelques difficultés avec certains d'entre eux. Sans mon père, je serais probablement morte depuis des années et je devrais lui en être reconnaissante. Pourtant, je n'y arrive pas. Sans doute parce que chaque jour qui passe, il me rappelle à quel point je ne suis rien sans lui. Chaque jour il appuie sur mes points sensibles pour me détruire, petit à petit et je le déteste pour ça. Parce qu'il ne fait qu'accroître mes insécurités, autant qu'il le fait avec Nic. Il n'est pas capable de faire autre chose que de nous briser aussi fort.

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