Ce matin, en me réveillant, je suis éblouie par la lumière du soleil qui traverse le rideau. Je me prépare en écoutant la musique « Daddy's Eyes » en arrière-plan. Ma valise n'a pas encore été rangée, toutes mes affaires personnelles sont éparpillées sur mon lit.
— Je rangerais tout ça quand je reviendrais. Me dis-je.
Je quitte ma chambre pour aller me préparer un café. Je réalise que mon souhait d'hier soir n'a pas été exaucé, lorsque je vois le groupe d'hier accaparer tout le salon.
— Harper, viens ! Me crie Mason dès qu'il me voit arrivée.
Il se lève du canapé et me présente à tout le monde.
— Celui que tu vois avec la cigarette au niveau de la fenêtre, c'est Grayson Lewis. Lui, c'est Tyler Parsons, celui qui est allongé sur Ivan Cortez, en train d'étouffer. Et celui qui te regarde de haut en bas depuis tout à l'heure, c'est le dragueur du groupe, Clyde Vazquez. Je ne te présente pas Jace, puisque tu l'as déjà aperçu hier.
Je salue tout le monde d'un geste de main accompagné d'un sourire crispé. Alors que je pique Mason.
— J'aurai pourtant parié que c'était toi le dragueur du groupe.
J'entends Clyde rire à pleins poumons.
— Cette fille, je vais bien l'aimer ! Ça ne risque pas ! Mason est bien trop incompétent dans le domaine ! Lui c'est plutôt celui qui a un ego surdimensionné.
— Oui ! Comme dans le fameux bar où il est ressorti tremper parce qu'une fille lui a jeté son verre en plein visage ! Réplique Tyler.
Mason fait une grimace et offre un rire agressif.
— Elle était lesbienne, j'en mets ma main à couper !
Tandis que je les entends se chamailler pour savoir qui à la plus grande, je termine de boire mon café et je prends mon sac pour sortir de l'appartement.
— Tu vas où ? En entendant la voix de Jace derrière moi, je me retourne rapidement et sursaute.
— Tu devrais éviter de surgir comme ça. Je vais finir par faire une crise cardiaque !
Il me jauge avec curiosité, mais il ne semble pas affecté par mon agacement.
— Tu n'as pas répondu à ma question.
Je lève les yeux vers le plafond et souffle :
— Au lycée. Figure-toi que j'ai une vie.
En prenant les clés du logement, je remarque que Jace enfile sa veste en cuir.
— Tu vas où Jace ?! Demande Grayson.
— Au lycée messieurs. Declan veut vous voir, et n'oubliez pas que cette année, la situation a changé.
Je recule d'un pas.
— NON ! J'y vais toute seule, je n'ai pas besoin de ton aide.
Il me sourit pour la première fois, un sourire effrayant.
— Ce n'était pas une question.
Je prends mon manteau, et en descendant, je ne peux m'empêcher de l'affronter.
— Alors restes à plus d'un mètre de moi !
Toutefois, il ne réagit à rien. Je prends place dans le SUV et il me conduit jusqu'au lycée dans un silence absolu. Ses mains sont serrées sur le volant, il est visiblement concentré sur la route, mais sa mâchoire se contracte sans arrêt. Il semble être ailleurs. Avant de fermer la portière, je prends mon sac et je me tourne vers Jace.
— Je ne sais pas pourquoi tu m'as amené, mais merci. En revanche, je n'ai ni besoin de baby-sitter, ni besoin d'un garde du corps ou même d'un chauffeur. Alors, restes loin de moi.
Je claque la porte sans lui laisser le temps de me répondre. Je me délecte d'un grand bol d'air. Son regard, empli de haine, fixait l'horizon devant lui, durant mon petit discours. Il est possible que je me sois laissé emporter, mais c'est mieux ainsi.
En montant les marches, une fille me bouscule violemment en courant, ce qui fait tomber et éparpiller mes affaires sur le sol. Alors que je soupire et les ramasse.
— Je suis vraiment désolé, j'étais pressée et je ne t'ai pas vue arriver.
Elle se redresse et me tend sa main.
— Je m'appelle Sadie, Sadie Larsen.
Je lui présente la mienne à mon tour, afin qu'elle puisse m'aider à me relever.
— Et moi, c'est Harper, Harper Evans.
Elle me sourit de toutes ses dents.
— Oh ! Tu es Harper, la nouvelle ?!
J'acquiesce en hochant la tête. Les nouvelles circulent rapidement, à ce que je vois.
— Viens, je vais te faire visiter l'établissement.
Elle paraît encore plus enthousiaste que moi à l'idée de recevoir une nouvelle dans son lycée. Alors qu'elle me pose une multitude de questions, nous explorons l'ensemble de l'établissement. Elle me présente plusieurs pièces et me fait découvrir différents groupes et activités. J'ai appris qu'il y a des chambres étudiantes dans le lycée. Si je veux quitter cette colocation déconcertante, je dois prendre en compte cette information.
— Tu vis dans le campus ?
Elle hoche la tête pour acquiescer.
— Et toi, tu as emménagé où ? Me demande-t-elle curieuse.
— Dans les immeubles qui se situent la rue juste derrière. Précisé-je.
Ses yeux pétillent en me regardant, j'ai l'impression qu'elle découvre pour la première fois son idole.
— Tu es sérieuse ? D'après ce que j'ai compris, les immeubles dans cette rue sont sublimes, et il y a souvent des beaux garçons qui vont là-bas !
Je soupire bruyamment, roulant des yeux vers le haut.
— C'est vrai que mon séjour aurait pu être pas mal, si seulement je n'étais pas contrainte de faire une colocation.
— Oh et qu'elle est ton heureuse élue ?
Je commence à afficher un sourire nerveux. L'agacement m'envahit et je lui réponds d'une voix rauque.
— Ce n'est pas une fille, ça aurait été trop beau pour être vrai, non, c'est ce cher Mason Lee et sa débordante énergie !
Ses yeux s'écarquillent et son visage blanchit, comme si elle était revenue tout droit des tréfonds de l'enfer.
— Tout va bien ? J'ai presque l'impression que tu vas passer l'arme à gauche là !
— Et... Tu n'as rencontré que lui ? Ou... Aussi ses « amis » ?
Son comportement devient vraiment étrange en entendant ce prénom.
— Oui, toute sa bande se reposait sur mon canapé, dans mon salon ! Tu te rends compte ? Dès le matin !
— Tu n'as pas l'air de savoir qui ils sont ? Pas vrai ?
Je plisse les yeux face à sa question. Elle me laisse perplexe, et maintenant toute mon attention est porter sur elle.
— Si je prends le fait qu'ils ont tous une même veste avec écrit dessus « The Fallen Brotherhood » Je dirais, des abrutis venant d'une même secte ?
— Qui est-ce que tu traites d'abruti, Colocataire ?
Je me retourne en sursautant. C'est Mason qui se trouve juste derrière moi. Depuis combien de temps, il m'écoute celui-là ? Et qu'est-ce qu'il fait ici ?
— Pardon ? Qu'est-ce que tu fais ici toi ?!
— Calme-toi, je suis simplement venu voir la directrice.
Il passe une main sur mon épaule m'offrant son sourire le plus charmeur. Il termine par faire un clin d'œil à Sadie.
— À tout à l'heure, colocataire.
Il aime jouer avec mes nerfs ce n'est pas possible ! Je me retourne vers Sadie qui se trouve encore plus blanche que tout à l'heure. Elle respire encore ?
— Sadie ? On dirait que tu as vu un fantôme.
Alors que Mason est perdu de vue, elle se retourne vers moi d'un ton tremblant.
— Harper ? Il faut que l'on parle.
Nous allons dans la cafétéria nous installer avec un petit-déjeuner. Ça m'a manqué de manger, j'avais terriblement faim.
— Calme-toi ! On dirait que tu n'as pas mangé depuis une semaine !
— Alors, raconte-moi, qui sont-ils ?
— Ce sont le gang de Biker de la ville.
En train de m'étrangler, je recrache mon petit pain sur le plateau. Elle rigole, j'espère ? À choisir, j'aurais préféré entendre que ce soit une secte qui s'amuse à terroriser des papillons dans la rue.
— Tu te fou de moi là ?
Elle répond dans la négative, je ne sais pas ce que je devrais en penser, mais maintenant, une chose est sûr, je dois partir de cet appartement le plus vite possible.
— Comment je peux faire pour ne pas avoir à faire à eux ? Je n'ai pas l'argent qu'il faut pour partir.
Elle s'approche de moi et me chuchote.
— Va voir la directrice, et surtout ne te retourne pas.
Instinctivement, je regarde en arrière, je vois Jace au loin, l'épaule posée contre le mur, il discute avec une fille. Il a plutôt l'air de la draguer. Il lui donne un petit bout de papier en lui murmurant à l'oreille. Alors qu'il part, il me jette un coup d'œil avant de se retourner.
— Pourquoi je les croise aussi dans le bâtiment ? Lui demandé-je dans l'incompréhension.
— Certains se sont scolarisés ici pour cette année. Et je crois que Mason a fait de même en allant voir la directrice aujourd'hui.
Je me lève brusquement, les poings serrés sur la table alors que la sonnerie retentit.
— La directrice, tu dis ? À tout à l'heure Sadie.
Je me précipite dans les couloirs à la recherche du bureau principal. Je me retrouve devant la secrétaire.
— Bonjour, je recherche le bureau de la directrice s'il vous plaît ?
Elle me réserve un accueil chaleureux avec un sourire qui illumine son visage.
— Oh, laissez-moi deviner. Vous êtes Harper Evans ? Le bureau est dans le fond du couloir à gauche.
Je lui souris poliment et la remercie. Je frappe à la porte et une voix féminine m'incite à entrer.
Je vois cette femme, vêtue d'un costard pour dame. Elle est vraiment charismatique, et super jolie. Cheveux mi-long, brune aux yeux verts. Elle semble avoir tout d'un chef. Sur son visage, je peux comprendre qu'elle doit être une femme très caractérielle.
— Bonjour madame la directrice.
— Bonjour Harper, asseyez-vous.
Je prends place devant son bureau, elle s'assied à son tour et me regarde droit dans les yeux. Je dois me faire des idées, mais mise à part Sadie, tout le monde me regarde étrangement depuis mon arrivée.
— En quoi puis-je vous aider ?
— Je, je medemandais, si vous avez encore des chambres de disponible sur le campus ?
Elle écrase un sourire pour le dissimuler, mais étant une personne qui a l'œil, je l'ai remarqué. Pourtant, je continue de faire semblant.
— Désolé, Harper, mais nous n'avons plus aucune chambre de disponible.
— Vous êtes sûr ? Vous n'avez pas regardé sur l'ordinateur.
Elle se relève et regarde à travers la fenêtre en fronçant les sourcils.
— Désolé Harper, maintenant il faut que vous alliez en cours.
Elle me raccompagne jusqu'à sa porte me laissant passer et la referme brusquement. Les personnes de cette ville se comportent vraiment bizarrement.
La journée se passe plus vite que prévu. Je suis arrivée en retard au premier cours. Entre midi Sadie m'a rejoint et m'a proposé une soirée chez un de ses amis, Skyler Weiss. Ce n'était pas de refus. Finalement, me faire de nouveau amies ce n'est pas si difficile, surtout si c'est une fille comme Sadie, une fille pétillante et pleine d'énergie. Elle me fait penser à Mason, mais version fille.
Je rentre à l'appartement, il est dix-huit heures, la soirée est prévue pour vingt heure. Sadie est sensée venir me chercher avec la voiture de son frère. Lorsque j'ai essayé d'en savoir plus sur elle et sa famille, elle m'a complètement ignoré, après tout, elle débite tellement de mots en une seule phrase, qu'elle passe souvent du coq-à-l'âne.
Je suis vêtue d'une robe patineuse simple, avec des baskets. C'est peut-être une soirée, mais je ne suis pas du genre à m'apprêter comme si c'était mon dernier soir. On a toujours parlé de moi comme étant une personne humble. Après tout, ils n'ont sûrement pas tort, je suis plutôt du genre, respectueuse, et je n'aime pas être au centre de l'attention. Je suis plutôt réservée avec une bonne éloquence et de bonnes réparties.
En sortant de ma chambre, je perçois Mason, devant la télévision. Lorsqu'il me voit approcher, il émet un siffler discret, ce qui reste flatteur.
— Tu vas où comme ça Harper ?
Je m'installe sur le canapé en attendant un signe de Sadie pour la retrouver en bas.
— Ça ne te regarde pas à ce que je sache.
Il roule les yeux vers le haut.
— Je sais que l'on est parti du mauvais pied. Notre rencontre était très... Exotique. Mais, si nous devons nous supporter pendant un an, il vaudrait mieux que l'on s'entende toi et moi, tu ne crois pas ?
Je le contemple pour essayer de trouver la moindre trace de moquerie dans son regard. Pour une fois, il à l'air sérieux dans ses paroles. Je reçois un message de Sadie. Elle est ici. Je me lève brusquement, prenant ma veste et les doubles de clés.
Je ne sais plus quoi lui répondre, sachant maintenant qui ils sont. Ils sont le diable incarné. Je n'ai pas envie de me faire assassiner pendant mon sommeil. Je devrais penser à mettre une serrure à ma porte. Juste au cas où. Pourtant, quand je regarde Mason, il n'a pas du tout l'air hostile. Peut-être Jace, qui lui, à un tempérament tout différent, et qu'il me fait frissonner à chaque mot qui sort de ses lèvres rosées. Cela dit, je ne suis pas prête a me laisser marcher sur les pieds.
— Je vais y réfléchir.