Lui
J'ai eu aucun mal à tout lui dire. Et ses yeux noisettes n'ont jamais été autant terrifié qu'à cet instant précis. M'imaginer la perdre me serait désormais inacceptable. Elle n'ira nulle part. Sa place est auprès de moi, aujourd'hui et demain.
Qu'importe le monstre que je suis, elle est la seule chose positive et agréable que ma vie possède encore. Elle brille comme un espoir dans ma poitrine et si je devais perdre Mia, je crois que plus rien ne m'animerait vraiment.
— Ne m'en veut pas d'être si dur, lui destiné-je alors qu'elle serre fort Lino contre sa poitrine.
Elle garde le silence. Ses pleurs sont presque inaudible.
— Je ne souhaite pas te faire souffrir en te confiant ces choses sur moi.
Le regard qu'elle me destine soudainement m'ébranle entièrement. Je suis terrifié de la perdre à cause de mon obsession pour la vengeance.
— Mia? insisté-je alors qu'elle garde le silence.
— Tu n'es pas un monstre Ezequiel. Tu ne feras rien de cruel. Promet le moi?
Pas toi Mia ! Pas toi ! Ne te met pas à travers mon chemin.
— Je ne serai jamais un monstre avec toi Mia. Jamais. Je ne te souhaite aucun mal.
Elle lève les yeux au ciel. Comment peut-elle croire une seconde que sa souffrance pourrait être l'un de mes souhaits?
Je tuerai pour elle. Je mourrai pour elle, s'il le fallait.
La jolie brune, essuie ses joues humides avec la manche de son pull. Et puis elle se lève.
— Je... J'ai besoin de prendre l'air.
— Ok. Je t'accompagne.
— Non, me stoppe t-elle en levant la main pour faire stop.
Je l'inspecte sans oser me relever du lit pour la suivre.
— J'ai besoin de me retrouver seule, s'il te plait. Ces derniers jours ont été compliqué pour moi.
— Lino t'accompagne alors.
Elle soulève ses épaules avec résignation et quitte la pièce. Je suis suffisamment conscient pour comprendre que mes révélations sont un choc pour elle. Je viens clairement de lui dire, que je suis sur le point de buter le gouverneur de Georgie et sa fille.
Quel avenir y a t-il avec un homme comme moi? Aucun.
Pour autant, je refuse de la perdre ou de laisser un autre s'en emparer. Jamais. Elle est mienne. Eternellement. Dans cette vie et dans l'autre.
Je l'entend quitter l'appartement quelques minutes plus tard. J'ai le coeur serré. Ça m'étonne encore de ressentir ce petit con, battre. Pour elle.
Mon portable sonne à ce moment. Snake. Justement. J'attendais de ces nouvelles. Il m'avait juré de me donner des nouvelles sur le fiancé de cette putain que je dois buter.
— Ouais Snake, je t'écoute, décroché-je sans hésitation.
— Toujours aussi rapide, Ezequiel.
— Quand c'est toi, je sais être vif.
Snake laisse son rire de loup répondre à mon affirmation.
— J'ai du nouveau pour toi. Faut que tu viennes me voir.
— A Princetown?
— Ouais. J'ai trouvé la fille.
Mon coeur s'emballe. Je suis comme un fou à qui on a promis sa dose.
— J'arrive, promet-je avant de raccrocher.
Enfin.
Je n'attendais que ça. Je ne vivais que pour ce moment. Le seul grain de sable dans mon rouage maintenant se trouve être ce grain de bonheur, cette superbe femme qui anime de l'espoir en moi.
Et prendre ce chemin, alors qu'elle est à mes cotés, n'est pas si simple à entreprendre. Bien que j'y sois obligé.
C'est ainsi. Pour toi Isaac. Pour toi aussi Mamma de mon coeur.
Je pénètre dans ce même immeuble, dans lequel Romario avait été enfermé il y a bientôt un mois de cela. Un léger rictus s'affiche quand je me souviens qu'il avait bien faillit se marier avec la soeur de Snake.
Une situation lunaire.
Les hommes de Snake m'indiquent le chemin. Cette fois Snake m'attend dans un salon différent. Plus petit, moins loufoque. Quant à lui, il n'a pas changé d'un atome, sauf qu'aujourd'hui il porte un horrible pull imprimé léopard. Ses longs dreadlocks semblent s'être raccourcis depuis ma dernière visite et quand il me sourit je retrouve cette canine argenté, très étonnante.
— Ezequiel ! Tu as battu ton record. Quarante cinq minutes pour venir.
— J'ai mes raccourcis.
— Tu roules sur les passants, c'est ça?
— Ne l'ébruite pas trop, je n'aimerai qu'on soit trop nombreux à le faire.
Snake explose de rire et il m'invite à m'asseoir. Une jolie nana vient me servir une bière. Ça fait longtemps que j'ai pas bu. Je l'accepte volontiers.
Mon hôte attend qu'elle décapsule nos bières puis il se penche vers moi pour faire tinter nos bouteilles.
— A notre amitié ! trinque t-il avec bonheur.
Quel amitié? Je suis l'ami de personne. Je reste silencieux après avoir bu goulument la moitié du liquide entre mes mains.
— Je t'écoute Snake, ne me fais pas patienter plus longtemps.
Le mafieux repose sa bière sur l'accoudoir de son siège et il se penche vers la table en face de nous. Pour y récupérer une large enveloppe.
Il l'inspecte en premier.
— J'ai eu des nouvelles par un indic qui bosse au coté du gouverneur de New York.
Un signe de tête lui fait comprendre que je veux qu'il poursuivre.
— Ce gouverneur serait un ami proche d'Oliver Riviera. Des rumeurs se répandent concernant sa fille.
— Accouche Snake... m'impatienté-je.
— Elle s'appèlerait Serena Riviera, âgée de 26 ans, et fiancé à Jared , un avocat New Yorkais.
Ses informations ont le don de me faire plaisir.
— Elle aurait disparu depuis bientôt un mois. Son père ferait tout pour la retrouver. Voilà pourquoi elle n'était pas là, ce fameux soir quand je t'avais donné l'information. Elle s'est volatilisée.
Panique ! Et si un autre ennemi d'Oliver l'avait attrapé avant moi? Je refuse que quelqu'un d'autre s'empare de ma vengeance. Elle est à moi.
— J'ai quelques photos du couple. Ce sont des rares clichés que mon indic m'a fourni, dit-il en me tendant l'enveloppe.
Je la saisis, galvanisé par la curiosité. Ma main plonge à l'intérieur. Deux clichés sont entre mes doigts.
Ma poitrine se fend en deux.
En deux... en mille.
Deux yeux noisettes fixent un homme un peu plus grand qu'elle. Il lui tient la main avec complicité dans le premier cliché. Dans le second il l'embrasse amoureusement.
Il embrasse ma Mia.
Qui n'est rien d'autre qu'une putain de menteuse. Traîtresse.
Mes mains tremblent. Mon corps n'est que fusion. Je me sens lésé, abusé... Je suis un traitre moi aussi. J'ai laissé le poison s'infuser dans mes veines. J'ai hébergé celle que je dois tuer. J'ai protégé celle que je veux faire souffrir... J'ai apprécié chaque seconde auprès de cette... Serena Riviera.
Je suis le plus grand des cons, le plus grand des batard. Qu'ai-je fait? Qu'ai je fait bordel ?!
L'évidence était là, sous mes yeux, sa fuite, son incapacité à me dire qui était son père... Sa crainte permanente de parler d'elle.
L'a t-il envoyé pour me nuire?
Est-ce un piège?
Je me relève sans un mot pour Snake.
— Tu pars déjà?
— Cette affaire a assez duré. Je la trouverai avant la nuit et lui planterai une balle dans la tête !
— T'es certain de vouloir faire ça?
Je lance un regard à Snake qui veut en dire beaucoup sur mon trouble immédiat. Je disparais sans répondre.
Je n'ai moi même plus de réponse.
Je ne sais plus quoi faire. Mais pourtant il faudra le faire. Comment vivre dans un monde ou je serai un traitre?
Aussi...
Comment vivre dans un monde dans lequel j'aurai son sang à elle sur les mains?
Ma Kawasaki fend le sol, les routes. Je suis enflammée par la colère. Je vais devoir arracher la vie de celle qui habite ma poitrine désormais. Je vais devoir dire adieu à son rire, à son sourire, à ses lèvres...
Je vais devoir l'éteindre. Cette lumière qui éclairait ma vie.
Souffler sur l'unique chandelle qui reposait encore sur mon chemin.
L'appartement est vide. Elle n'est pas là. Lino à l'occurence si. Signe qu'elle a fait un passage à l'appartement. Je l'appelle sans attendre une seconde. Elle a intérêt à ramener son cul.
— T'es où? hurlé-je alors que sa frêle voix se fait à peine entendre de l'autre coté du téléphone.
— Je... suis partie.
— Quoi?! Je sais que t'es partie. Ce que je veux c'est que tu te ramènes et maintenant bordel !
— Ezequiel... Je suis partie, définitivement.
Le monde s'effondre. Elle va pas me filer entre les doigts de cette façon.
— Qu'est-ce que tu me racontes? Ramènes toi...
Tout en lui sommant de rentrer, j'avance vers sa chambre. Plus aucune affaire. Rien. Une lettre repose sur lit.
— Je t'ai écris quelque chose. Je te demande pardon Eze...
— T'as pas le droit de partir comme ça ! Reviens immédiatement.
— Lis la lettre et tu comprendras ! me somme t-elle.
— Non. Je la lierai pas ta putain de lettre.
— Ezequiel...renifle t-elle.
— Rentres Serena, déclaré-je avec froideur.
Un sanglot déchirant se fait entendre quand elle comprend que je sais tout. Même mon coeur de pierre ne peut résister à un crie aussi douloureux.
Après un long silence.
— Rentres. Je dois te tuer, ajouté-je sans réellement y croire.
Elle ne dit rien. Seuls ses sanglots se font entendre. Et puis après un long moment, ou je l'entend pleurer avec déchirement, elle inspire en raclant sa gorge. Sa voix est fragile.
— Lis la lettre Ezequiel... Je ne souhaite pas échapper au destin que tu me réserves. Je m'offre un peu de temps c'est tout. Tu me retrouveras, je le sais.
— Sans aucun doute.
— Par pitié... ne me laisse pas voir ton visage quand tu prendras ma vie, implore t-elle.
Ces mots sont horribles à entendre.
— Je ne veux pas que ce soit la dernière image que je garderai de toi.
— Je te le promet.
Elle inspire avec force.
— Merci, je t'attendrai, finit-elle par conclure avant de raccrocher.
Souffler par ce que je viens d'entendre de cette femme que je ne parviens pas à détester. J'envoie mon poing contre la porte de sa chambre, laissant l'empreinte de mes doigts sur le bois. Je ne suis même pas sur que sa mort sera suffisante pour panser mon coeur désormais.
La lettre est en face de moi. Tremblant de fureur je m'en empare et fais glisser mes deux billes noirs sur le courrier.
« Ezequiel,
Y a t-il une chance? Une infime chance pour que tu me pardonne d'être ton ennemi? L'ai-je seulement choisi?
Je suis celle que tu recherches, je suis Serena Rivieira.
Comment pourrais-je être ton ennemi quand je t'aime aussi fort? Comment pourrais-je te vouloir du mal? Comment pourrais-je accepter que tu souhaites ma mort?
Je n'y parviens pas.
Pardonne moi Ezequiel. Pardonne moi de te fuir.
Je ne crains pas Ezequiel, mais je crains la force de ta parole. Elle est ton seule guide. A coté, je ne vaux rien.
Je ne te supplierai pas de m'épargner. En ai-je seulement la capacité?
Isaac est la raison de ma fuite, la raison du rejet envers mon père. J'adorai Isaac. Et quand il y a un mois, j'ai appris que mon père était impliqué dans sa mort, je n'ai pas supporté. J'ai fuis ce criminel et cette atrocité qui me liait à lui.
J'ignore si Isaac est mon demi-frère, à vrai dire je n'en sais rien. Je l'ai aimé et cela seul m'importe.
J'ignore les raisons qui ont poussé mon père à commettre cette injustice. J'ai désormais la conviction de vouloir éclaircir cette affaire...
Ainsi tu sauras ou me trouver... près de mon père.
Je te donnerai la véritable de la mort d'Isaac, ça sera ainsi une façon pour moi de t'être reconnaissante pour tout le bien que tu as fait pour moi.
Concernant Lino, il faut que tu saches qu'il est un présent que j'avais offert à Isaac. Voila enfin la raison de l'amour qu'il me porte. Tout s'explique et depuis le début.
Malgré tout, merci Ezequiel. Tu as su faire battre mon coeur pour la première fois. Et quoi que tu apprennes sur moi. Un homme a sur me rendre heureuse dans la vie.
Et malheureusement il doit prendre la mienne. C'est le prix à payer.
Je t'aime et je te pardonne.
Serena.
Je lis et relis cette lettre. Je la lis si fort, qu'elle me fait autant de mal que de bien. J'inspecte Lino. J'inspecte les draps vides. J'hurle à la mort.
Je dois la retrouver. Hors de question qu'elle retourne chez son père. Hors de question qu'elle retrouve son trou du cul de fiancé de mes deux...
Hello les cactus,
On plonge encore dans les révélations !
Ca va toujours?