One to one

By cactusdoux

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Mia est en cavale. Elle quitte la cage dorée dans laquelle elle a toujours vécu, après avoir découvert ce qu'... More

Prologue
One
Three
Four
Five
Six
Seven
Eight
Nine
Ten
Eleven
Twelve
Thirteen
Fourteen
Fifteen
Sixteen
Seventeen
Eighteen
Poste éphémère
Nineteen
Twenty
Twenty-one
Twenty-two
Twenty-three
Twenty-four
Twenty five
Twenty-six
Twenty-seven
Twenty-eight
Twenty-nine
Thirty
Thirty-one
Thirty two
Thirty three
Thirty four
Thirty five
Thirty six
Thirty seven
Thirty eight
Thirty nine
Fourty
Fourty one
Fourty two
Fourty three
Fourty four
Fourty five
Epilogue

Two

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By cactusdoux


« What's coming is better than what is gone »

Elle

Cette journée me marquera pour toujours. Je n'ai jamais ressenti une peur aussi forte que durant ce jour.

J'ai passé la majorité du temps à traverser le même genre de ruelles. La pauvreté et l'insécurité sont l'essence même de cet endroit. Je ne compte plus le nombre de fois, ou on m'a interpelé pour m'attirer vers un coin sordide.

« Approche toi ma jolie .»
«  Viens voir, j'ai quelque chose pour toi »

Sans citer les rires de diables qui raisonnent un peu partout autour de moi. Les larmes n'ont pas quitté mes yeux une seule fois depuis que je tente de me fondre parmi les ombres qui rasent les murs.

Je ne me suis jamais arrêtée de marcher, le cou rétracté et la tête baissée vers ma poitrine. Je prie pour atteindre très bientôt un coin de New York ou un visage chaleureux se montrera devant moi.

A part la vieille dame du bus, je n'ai trouvé aucune forme de sympathie ici. Ça pue le joint partout. Ça sent l'alcool, la drogue et tout les autres formes d'addiction que l'être humain consomme pour oublier qu'il est vivant.

Mes doigts sont lacérés à force de tenir mes sacs qui me paraissent bien plus lourds qu'à mon départ. Je suis à deux doigts d'en abandonner un sur la route. Je n'ai plus la force de les porter. Et je ne trouve aucun banc pour me poser un peu.

Je suis épuisée, j'ai faim, j'ai froid.

N'y a t-il pas une place pour moi quelque part?

Plus je marche, plus je m'enfonce dans cet enfer qui semble en permanence plongé dans l'obscurité.
Comme si les rayons du soleil évitaient intentionnellement d'offrir un peu de lumière et de chaleur à cette partie du monde.

Parfois, mon regard balaie les immeubles qui m'entourent, espérant y trouver un lieu accueillant.

Peine perdue, je ne trouve rien à part des tours en béton condamnées ou délabrées.
Puis il y a ces motels miteux, la clientèle qui s'y rend est clairement présente pour le plaisir charnel monnayé.
Je vois des femmes négligées, aux perruques bancales et aux faux cils imposants suivre des hommes au regard effrayant. J'ai un pincement au coeur en m'imaginant les causes qui ont du conduire ces femmes à vendre leur service à des êtres aussi répugnant que ceux que je croise.

Et puis par désespoir je m'aventure dans l'un d'entre eux. La façade du motel est prête à s'effondrer d'une minute à l'autre, le spot lumineux rose clignote à m'en faire convulser.

Il doit être pas loin de dix-sept heure. Ça y'est je ne tiens plus. Il faut que je dorme avant de me renverser sur le sol. Et je ne donne pas chère de ma peau si cela survient.

Et puis à l'extérieur, il fait presque nuit noir. Et je n'aimerai pas me retrouver dehors durant l'instabilité du crépuscule.
La journée a déjà été suffisamment éprouvante.

Je m'avance jusqu'à un comptoir positionné à l'extrémité du hall d'entrée. J'appelle ça un hall mais l'endroit est semblable à une cave malfamée. Le sol est crade. Les murs sont crades. Et je ne parles pas du mobilier, ni de l'unique fenêtre qui ne permet plus à la moindre luminosité de réchauffer l'endroit. 

Un homme au T-shirt étirée par son surpoids est assis juste derrière ce fameux comptoir. Il ne prête aucune attention à moi et reste cooncentré sur le petit poste de television placé sur le mur.

Le marchand de sommeil est plongé dans une série mexicaine. Je n'existe pas pour lui et j'en ai la confirmation quand un couple d'une nuit fait son apparition dans la pièce.

L'homme qui tient la jeune femme par la main doit avoir plusieurs grammes d'alcool dans le sang. Il avance vers le comptoir en me dépassant sans se préoccuper des bonnes manières.

Il n'y a plus aucune doutes, nous sommes de l'autre coté de la ligne ici. Les codes semblent inversés.

Le réceptionniste le fixe une fraction de seconde avant de lui tendre la clé d'une chambre.

— La 12 Tino, et me dégueulasse pas les murs cette fois , prévient-il en relachant le trousseau dans la main de ce fameux Tino.

J'ai la nausée.

Le mec lui ne bronche pas. Seul un rire gras sort de la bouche de Tino, il tire de nouveau sur sa blonde. Elle est la seule qui semble m'avoir remarqué.

Elle fixe mon Birkin. Puis le sac Yves Saint Laurent que je porte en bandoulière. Une étrange lueur s'allume dans son regard noir.

— Des contrefaçons, dis-je avec une peur irrationnelle qu'elle se jette sur moi pour me les arracher.

Elle lève les yeux au ciel, et l'un de ses faux cils est à deux doigts de prendre son envol.
Le couple finit par emprunter une porte que je présume être la cage d'escalier.

Ou suis-je? Je n'ai vu aucun taxi, pas de gare, aucun arrêt de métro. Rien.

— Ouais? C'est pour la nuit? M'interpelle le réceptionniste.

J'existe enfin. J'avance de quelques pas en prenant soin de ne pas toucher aux comptoirs poisseux.

— Oui...

— T'es toute seule? Un mec va te rejoindre? Je te préviens tout de suite, y'a des règles à respecter ici. C'est deux par chambre. Pour les délires à trois c'est pas ici. La literie est pas adapté.

Quelle offense! Je reste sciée par les propos de cet inconnu.

Pour qui se prend-il? Non, plutôt, pour qui ME prend t-il?

— Je suis seule. Il n'y aura que moi.

Je me précipite à répondre en présentant que c'est peut être pas une bonne idée d'affirmer ce genre de chose.
Sans jamais relever son corps flasque de son siège à roulette.

— C'est dix dollars.

— Très bien.

Je sors un billet de cent dollars. Il élargie ses deux petits yeux encadrés par une barbe haute et des sourcils touffus.

— J'ai pas de monnaie.

— Vraiment rien?

— Non. Pas aujourd'hui en tout cas.

— C'est pas grave. Je viendrais vous voir demain.

Je répond ça naïvement en le laissant prendre mon billet. J'ai un nouveau « mauvais » pressentiment. Mais je le garde enfouie quelque part. Là faut que je dorme. Sinon j'aurai jamais la force de repartir de zéro.

— La 13. Finit par m'adresser le réceptionniste en me tendant une clé.

Je l'attrape rapidement avant qu'il détourne le regard pour se concentrer à nouveau sur la télévision.
La scène projetée sur l'écran concerne une rixe au sein même d'une prison aussi délabré que le lieu ou je m'apprête à passer la nuit.

Moi, je reste plantée devant lui.

Lui ne me donne pas plus d'information. Ne se propose pas pour m'accompagner. Il a repris la même attitude qu'au début. Je n'existe plus.

— Excusez moi...

Je le dérange clairement, et ça se lit dans son regard froid.

— Y a t-il une salle de bain dans la chambre?

La question que je pose, me surprend moi même. Mais j'ai la conviction qu'elle n'est pas désuète.

Le vendeur de sommeil referme ses paupières et inspire avec agacement.

— Y'a tout ce qui faut, lance t-il en indiquant la cage d'escalier d'un signe de tête.

Nul doute qu'il veut que je lui foute la paix.
Alors je ramasse mes sacs et je me dirige vers cette porte qui m'enfonce un peu plus vers l'obscurité de la déchéance humaine.

Le couloir qui dessert ma chambre est à peine éclairé. Et je tairais les autres détails qui me plongent plus fort dans une angoisse douloureuse.

La porte numéro 13 est en partie fracturé. A quoi bon me sert-il d'y introduire la clé?

Je le fais quand même. Et je découvre le taudis pour lequel j'ai donné cent dollars.

Tout est immonde et répugnant. J'ai envi de fuir mais la froideur de la nuit et l'insécurité qui m'attend, me rend désormais prisonnière de cet endroit.

Mes yeux balaient la pièce. On est très loin des suites du Hilton.

Ce que je vois frôle l'insalubrité. Quoi que, la tache sur la moquette me prouve qu'on est en plein dedans.

Un lit sur lequel repose un drap et une couverture certainement pleine de punaises de lit. Mais ma gorge se noue davantage quand je comprend que le réceptionniste m'a mentis.

Pas de salle de bain.
Des toilettes sont disposés dans un coin de la pièce avec une vasque fissurée.

L'espoir de prendre une bonne douche réconfortante quitte alors mes pensées et les larmes roulent toute seule.

Rien ne va.

Je finis par me poser sur le lit, les bras tombant de chaque coté de mon corps.
Le décollage était effrayant, mais l'atterrissage est bien pire.

Et puis, à bout de force et en pleurant jusqu'à l'épuisement. Le sommeil prend le dessus.

Je m'endors profondément.






Ce rêve me secoue. J'ai l'impression qu'on m'étouffe, qu'on m'écrase avec force. Je cours alors qu'une ombre me poursuit et j'ai beau m'enfoncer dans les dédales de New York. Cette ombre me poursuit toujours...

Une sensation poisseuse frôle mon oreille, mes yeux noisettes s'ouvrent sur un spectacle traumatisant.

Le réceptionniste est affalé de tout son long sur moi, et s'agite comme si la situation était tout à fait normale.

J'hurle immédiatement en tentant de le repousser.

— Reste calme, m'impose t-il en plongeant de nouveau sa tête dans mon cou.

Son haleine est horrible. Son odeur est nauséabonde. Il me donne la nausée.

— Je vous en prie... Lâchez moi !

Les implorations semblent être mes seules armes de défenses. Je comprend rapidement que je n'ai pas la force pour m'extirper de sa poigne.
Il doit peser dans les cent dix kilos. Je ne fais pas le poids avec mon petit gabarit.

Je crie de nouveau en tentant de le cogner en plein visage. Il pousse un gémissement. Je lui ai fait mal. Et bien fait pour lui.

Je ne lui donnerai pas ce qu'il recherche. Je suis en mode survie et je n'ai pas fait tout ce chemin pour me faire abuser.

Mes coups et mes hurlements finissent par le mettre en colère. Je prie pour qu'il abandonne et qu'il me laisse.

Espoir vain... Je n'ai pas le temps de fermer les yeux, quand il m'envoie son poing en pleine face.

Aie ! La douleur est insurmontable ! Je vais mourir ici dans cette chambre froide et crasseuse?

— Carlos ! L'appelle une voix féminine.

Il s'interrompt brusquement avant de se redresser en remontant son pantalon que je ne savais pas, à ce niveau.

Tremblante j'observe vers l'entrée de ma chambre et je reconnais la blonde d'il y a quelques heures. La même qui gémissait avec exagération depuis la porte numéro 12.

— Quoi?! Grogne le « dit » Carlos en me tournant le dos.

— Y'a un problème dans la 12. Faut que tu viennes voir.

— Quoi encore?

— Je sais pas. Je crois avoir vu un rat. Lui répond t-elle.

Carlos râle en quittant la chambre, je l'entend encore se plaindre malgré qu'il soit dans le couloir.

Il ne semble ni embarrassé, ni préoccupé par ce qu'il vient de me faire subir.

Tétanisée, les yeux ronds, j'arrime mon regard à celui de la femme blonde. Elle doit lire la terreur et mon choc. Elle me fait un signe de tête que j'identifie officiellement comme le premier signe d'altruisme que je reçois depuis des heures.

Elle m'intime à quitter ce lieu sur le champs. Cette femme ne le sait peut être pas, mais â ce moment précis, elle m'offre le courage nécessaire de m'enfuir.

A la hâte et confuse, je ramasse mes quatre sac, et je me précipite dans le couloir, passant près de cette femme auprès de laquelle je suis désormais redevable.

Dévalant les escaliers, je manque de tomber â chaque instant, je respire à moitié quand je retrouve enfin l'extérieur et toute la froideur qui le compose.

Mes larmes ruissèlent sur mon visage, mon oeil me fait mal.

Le doute me gagne pour la première fois.

Ai-je bien fait de m'en aller?

Insta/Tiktok : cactus_doux

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